11 août 2024

RACHID TAHA : Voilà, voilà que ça recommence


Acquis par correspondance via Ebay en juillet 2024
Réf : 861 850-2 -- Édité par Barclay en France en 1993
Support : CD 12 cm
Titres : Voilà, voilà que ça recommence -- Yamess

Voilà, voilà que ça recommence
est une chanson de plus de trente ans qui reste terriblement d'actualité :
"Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancent
La leçon n’a pas suffi
Faut dire qu’à la mémoire, on a choisi l’oubli
Partout, partout, les discours sont les mêmes
Étranger, tu es la cause de nos problèmes"
Je me garderais bien de tenter de répertorier les endroits du monde où la haine de l'étranger fait des ravages mais, si on s'en tient à la France, on a le Rassemblement National qui est passé d'1,5 million de voix et 8 députés aux législatives de 2017 à 3,5 millions de voix et 89 députés en 2017 pour atteindre 10 millions voix et 142 députés en 2022.
Parallèlement, Marine Le Pen à la présidentielle a obtenu 6 millions de voix en 2012 (éliminée au 1er tour), puis 10,5 millions en 2017 et 13 millions en 2022.
Après la délirante soirée de "victoire" au soir du deuxième tour, qui a complètement oblitéré le fait que le RN est actuellement, et de loin, le premier parti politique en France, on vit depuis plus d'un mois dans un entre-deux dangereux, sans gouvernement ni majorité parlementaire. Ça nous en promet d'ici à la présidentielle de 2027 et s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que chaque jour qui passe où le monde politique fait mine d'ignorer ou de minimiser le vote en faveur du RN, c'est des votes gagnés pour ce parti aux prochaines élections et un pas de plus vers l'arrivée de l'extrême-droite au pouvoir par chez nous.

Il y a une chose qui me surprend, c'est la suite du texte de Rachid Taha :
"Moi, je croyais qu’ c’était fini
Mais non, mais non, ce n’était qu’un répit"
Il me semble qu'il fait là un surprenant aveu de naïveté. On est toujours l'étranger de quelqu'un et je crains que les moments dans l'histoire où la fraternité l'emporte sur l'hostilité sont bien rares. Le problème n'est pas tant que ça recommence, mais plutôt que ça ne s'arrête jamais. Pour ce qui est de la France, je n'ai pas le sentiment qu'il y ait eu un "répit" dans les années précédant la sortie de la chanson en 1993, avec le mouvement SOS Racisme au milieu des années 1980 (s'il s'est développé, ce n'est pas sans raison), le duo Pasqua-Pandraud au gouvernement de 1986 à 1988 et la sortie sur "Le bruit et l'odeur" de Chirac en 1991.

Ce single est tiré du deuxième album, sans titre, de Rachid Taha, qui marque le début de sa fructueuse collaboration avec Steve Hillage. Je suis bien sûr qu'elle a été jouée lors du concert au Printemps de Bourges le 23 avril 1994 auquel j'ai assisté.
Musicalement, l'atmosphère est techno/dansante, très bien dosée. En écoutant, je me disais qu'on n'était pas loin de ce que faisait Jah Wobble à l'époque avec ses Invaders of the Heart. J'avais juste oublié que c'est justement lui qui tient la basse sur ce titre !
Sur les couplets, le chant-parlé de Rachid Taha m'a rappelé celui de Gainsbourg sur Bonnie and Clyde. Je ne sais pas qui fait la voix grave qui dit le texte en anglais dans la dernière partie de la chanson.
La chanson a été raccourcie d'une minute trente par rapport à la version de l'album. C'est la fin qui a été coupée; il ne manque rien d'essentiel.
La sortie de ce single a été accompagnée d'une série de remixes, principalement par Justin Robertson, notamment pour le marché anglais. La plupart du temps, les paroles y sont réduites au titre. C'est très techno pour le coup et globalement sans intérêt. Je ne vous mets même pas de liens, mais il y a une bonne présentation ici.

Vingt ans plus tard, Rachid Taha a enregistré une nouvelle version de Voilà voilà pour son album Zoom. Cette fois avec Brian Eno qui co-produit et joue plein de trucs et Mick Jones à la guitare et au chant. Cette version est plus électrique, mais je préfère l'originale. En tout cas, mieux vaut la version de l'album Zoom à celle de la vidéo avec plein de chanteurs invités, de  Rodolphe Burger à Eric Cantona, en passant par Oxmo Puccino et Camilia Jordana, ce qui rappelle les grands projets à but humanitaire façon Live aid ou Tam tam pour l'Ethiopie.

La face B, Yamess, est le titre qui ouvrait l'album. Apparemment, le titre signifie Hier en arabe. C'est une excellente chanson.

Rachid Taha est mort en 2018 à presque 60 ans. S'il avait vécu plus longtemps, il aurait malheureusement eu de nombreuses occasions de chanter ou de ré-enregistrer Voilà, voilà que ça recommence.




Rachid Taha, Voilà, voilà que ça recommence, une très bonne version en direct dans l'émission Le Cercle de Minuit sur France 2 le 29 novembre 1993.


Rachid Taha, Voilà, voilà que ça recommence, une des versions très techno, en concert le 11 mars 2001 à l'Ancienne Belgique de Bruxelles, extrait du CD/DVD Live.


Rachi Taha, Yamess, avec toute la première partie en solo par Hakim Hamadouche, en concert le 13 juillet 2016 au Métropolis de Montréal dans le cadre des 30 ans des Nuits d'Afrique.

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