18 avril 2025

FAWZI AL-AIEDY : Amina


Acquis sur le vide-grenier de Oiry le 6 avril 2025
Réf : K 167 -- Édité par Arc En Ciel en France en 1981
Support : cassette
16 titres

C'était mon premier vide-grenier de village de l'année, sous un franc soleil. Ne manquait plus que d'en ramener une cargaison de disques curieux et inconnus. Ce fut presque que le cas, car j'ai eu à un moment en main une poignée de 45t africains en bon état et alléchants. Mais je n'y croyais pas trop car le propriétaire du stand m'avait fait une réponse que je déteste quand j'avais demandé le prix des disques en arrivant : "Choisissez et on verra ensemble après". On a vite vu. Je n'avais pas fait attention aux petites étiquettes blanches bêtement collées sur le recto des pochettes. Ah oui, c'était le 'prix Discogs', comme base de discussion. J'ai à peine regardé ces étiquettes, mais ça allait de 15 à 25 €. Sachant que mon prix de base est à 1 €, et que je peux exceptionnellement monter à 2 voire 3 € si ça le justifie, je n'ai pas pris la peine de faire une offre et j'ai reposé les disques.
J'ai aussi failli reposer cette cassette, étant donné que, quand je lui ai demandé le prix, l'antiquaire qui la vendait m'a dit qu'elle me faisait le carton à chaussures qui en contenait une quinzaine à 1 €. Je lui ai répondu que je n'en voulais qu'une et, vu le prix du lot, je lui en ai proposé 20 centimes. Elle trouvait que ce n'était pas suffisant, mais a changé d'avis quand j'ai fait mine de la reposer. Heureusement car, cet album m'ayant vraiment plu, ça aurait été dommage de m'en priver pour quelques centimes.

Fawzi Al-Aiedy est né et a grandi en Irak. Il est venu vivre en France en 1971. Il a étudié la musique dans ces deux pays et cela s'entend dans ses productions. C'est lui-même qui l'explique le mieux : "Mon double bagage culturel m'a placé face à une alternative : ou je devenais un musicien traditionnel oriental, ou bien je restais un musicien classique européen. Alors je me suis trouvé une troisième voie ! Celle de la création, que m'indiquait mon amour de la poésie, et dont le fer de lance serait cette dualité entre Orient et Occident."
De 1977 à 1985, il a participé, avec Guy Jacquet, comédien, et Hassan Massoudy calligraphe, au groupe Khamsa, qui a produit le spectacle L'Arabesque à voir et à entendre, associant poésie, calligraphies et chants arabes.
Je pense que cet album est en partie issu de cette collaboration au sein de Khamsa, puisque Guy Jacquet signe deux textes et Hassan Massoudy s'est chargé de la calligraphie du livret.

Amina est sous-titré "Chansons et musiques pour enfants".  Mais on sait bien que la musique plaît ou ne plaît pas, mais quand elle plaît elle captive aussi bien les jeunes que les moins jeunes. La plupart des chansons interprétées ici sont de tradition populaire, d'Irak, de Palestine, du Maghreb..., mais même si elles sont nées en tant que comptines, elles n'ont rien de spécifiquement 'jeunesse'. Et un disque où le plus grand nombre de crédits est pour des "rires", j'ai tout de suite envie de l'écouter !

L'album s'ouvre avec Ya chauffeur, avec un violoncelle qui évoque le son d'un autobus. Il y a des instruments qui font le klaxon. Les enfants encouragent le chauffeur, comme dans la chanson "Chauffeur, si t'es champion, appuie sur le champignon" que j'ai souvent chantée !
Pour La mariée, les chœurs font des youyous.
Les rires, c'est à la fin de Gahou gahi qu'on les entend. A l'écoute, ce titre m'évoquait certaines chansons catalanes. Il y a peut-être un rapport puisque je vois que l'album Trobar e tarab de 1995 de Fawzi Al-Aiedy avait pour thème la voix occitane et arabe des troubadours.

Ce court album de seize titres comprend deux instrumentaux. Je pensais qu'il y en avait trois, mais les crédits indiquent que le presque expérimental Conversations lunaires est une improvisation vocale.
Parmi mes chansons préférées de l'album, il y a celle sur Toubou le vendeur de pommes, Djindjil, et surtout Autobus n° 11. Il faut savoir que "prendre l'autobus n° 11" est une expression qui signifie aller à pied. Et pourtant, on en couvre du terrain dans cette chanson, qui mentionne de nombreuses villes, de Samarkand à Tell al Zaatar.
Chachalabi et Hlayil sont aussi des chansons qui m'ont particulièrement marqué dans cet album qui, de fait, m'a réjoui de bout en bout.

Amina est en vente en numérique sur le site de Fawzi Al-Aiedy
. On peut y écouter Autobus n° 11 en entier, ainsi qu'un extrait de toutes les autres chansons.

Fawzi Al-Aiedy
se produit régulièrement, avec ses fils dans sa formation. J'espère avoir l'occasion de le voir en concert. Son dernier album, Ishtar connection, date de 2019.
Noces-Bayna, son album 'jeunesse' de 2009, a été réédité en 2023.



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