25 juin 2022

MOSHÉ : Hey ba bare bop !


Acquis aux 40 ans de Radio Primitive à Reims le 8 mai 2022
Réf : 45.612 -- Édité par Stenco en France vers 1975
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Hey ba bare bop ! -/- Bongós

Radio Primitive avait prévu de fêter ses 40 ans d'existence légale en 2021. La fête, sous le chapiteau du Temps des Cerises, a dû être reportée à 2022.
Entre les deux soirées de concerts, l'ambiance le dimanche en fin de matinée était plutôt au réveil difficile et à la gueule de bois. C'est ce moment calme que j'ai choisi pour venir faire quelques bonnes affaires aux quelques stands de la bourse aux disques organisée à cette occasion.
L'un des vendeurs avait une boite de 45 tours à 2 €. A ce prix-là, je ne me lance pas trop dans l'inconnu, mais j'ai néanmoins pris deux 45 tours, l'un d'un groupe de Guadeloupe, Les Madikeras, et l'autre celui qui nous intéresse aujourd'hui.
Il a fallu être attentif et perspicace pour ne pas laisser passer ce disque. En effet, une version dite "Rock" de Hey ! Ba-ba-re-bop de Lionel Hampton, pourquoi pas, mais il n'y a pas de quoi me faire relever la nuit. Mais j'ai remarqué que ce disque est édité par un label appelé Stenco. Et, à force de grenouiller autour de la musique d'Afrique, j'ai déjà eu l'occasion de voir passer un label portant ce nom.
A part la mention d'une distribution par Dom Disques à Paris, il n'y a aucune indication géographique. Mais, en sortant le disque pour essayer d'en savoir plus, j'ai vu que la face B est co-signée par Essous et Stein. Et Essous pareil, sans pouvoir en dire beaucoup plus, je savais qu'il y avait un musicien africain important qui portait ce nom.

Vérification faite une fois rentré à la maison, j'ai su que je ne m'étais pas trompé : Jean-Serge Essous, saxophoniste congolais qui est mort en 2009 à 74 ans, est le co-fondateur des Bantous de la Capitale, et il a joué aussi avec l'OK Jazz (il est présent sur le disque Congo rythm que j'ai chroniqué). Il a aussi joué notamment avec Manu Dibango et aux Antilles avec Le Ry-Co Jazz. Et Les Bantous ont enregistré chez Stenco, label qui a opéré de 1962 à 1966, avec au catalogue, outre les Bantous, principalement Cercul Jazz et Fiesta Negro.
Notons que Stenco a été fondé par à Brazzaville par le commerçant et homme d'affaires français Maurice Stein.
Cela complète le triangle de références repéré sur mon disque (Stenco, Essous et Stein), mais ne nous dit absolument rien sur Moshé, ni sur l'histoire de la publication de ce disque à une époque, 1975 si j'en crois le code prix "NA" qui figure au dos, où le label Stenco est censé avoir cessé d'exister depuis longtemps. Peut-être s'agit-il d'une relance ponctuelle du label ??

Alors intéressons-nous au disque lui-même.
Hey ! Ba-ba-re-bop est un titre du domaine du jazz que j'ai tendance à associer par exemple à Oop-pop-a-da de Dizzy Gillespie, c'est à dire un style de jazz que j'aime plutôt bien !
La preuve, j'ai un EP qui réédite la version originale de 1946 par Lionel Hampton, qui s'est apparemment inspiré de deux autres chansons pour créer celle-ci.
Coïncidence, le 1er mai je m'étais procuré le 45 tours Rock and roll parade crédité à Jacques Hélian et son Orchestre, enregistré en 1956 en l'absence pour maladie du chef d'orchestre. On y trouve une version de Hey ! Ba-ba-re-bop. Mais ils étaient loin d'être les premiers français à se lancer dans cet exercice. Les frères Salvador ont aussi interprété cette chanson, Henri dès 1946 avec l'orchestre de Ray Ventura, et André en 1948 avec celui d'André Ekyan.
Comme annoncé, la version de Hey ba bare bop ! par Moshé renforce le côté proto-rockabilly (si on veut, en insistant un peu) de la chanson originale. Rien de renversant là-dedans, mais il est clair en tout cas que cette version n'a rien de particulièrement "africain".

Pour la face B, j'ai cru trouver une piste quand j'ai découvert qu'il existe un 45 tours des années 1960 des Bantous de la Capitale dont la face A, Bongo, est signée par Essous. Mais le Bongo des Bantous n'a rien à voir avec les Bongós de Moshé ! Si je devais trouver un point de référence pour ce court titre, largement instrumental et plus intéressant que la face A, ce serait tout simplement la musique de Mission impossible par Lalo Schifrin. Peut-être plus un truc comme The plot que l'indicatif d'ailleurs, mais c'est plus une question d'ambiance qu'autre chose, car en écoutant les deux bouts à bout le lien ne me parait plus si évident.

En tout cas, ce disque est un mystère comme je les aime bien. Je ne sais pas si Moshé est un artiste ou un groupe. Je ne sais pas quel Essous ni quel Stein ont signé la face B, et je ne sais comment il a bien pu se faire qu'un label Stenco sorte un disque de façon isolée dans les années 1970. J'espère que quelqu'un pourra m'apporter des réponses...

A écouter :
Moshé : Hey ba bare bop !
Moshé : Bongós


A lire :
Les Bantous de la Capitale : 60 ans par Clément Ossimonde

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