01 avril 2023

DEEP PURPLE : Smoke on the water


Acquis chez La Pièce Unique à Épernay le 31 janvier 2023
Réf : 2C 006 - 94.583 -- Édité par Purple en France en 1973
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Smoke on the water -/- Smoke on the water (Live version)

Je connaissais le magasin La Pièce Unique de Cormontreuil, mais je ne savais même pas où se situait la boutique de cette franchise à Épernay. Mais ce jour-là, ça tombait bien, l'itinéraire de la manifestation passait devant. Je me suis donc éclipsé du défilé pendant quelques minutes pour aller voir s'ils avaient des disques. Et effectivement, il y en avait un peu, une poignée de CD et de 45 tours à un prix correct, et une caisse de 33 tours trop chers. J'en suis reparti avec ce 45 tours à 2 € et, ce qui m'arrive rarement, j'ai rajouté 20 centimes pour avoir la pochette vide du 1969 des Stooges. On ne sait jamais, si un jour je tombe sur le 45 tours tout seul, ça me fera une belle pièce pas unique.

Quand j'ai vaguement et vainement tenté d'apprendre à jouer de la guitare vers 10-12 ans, je n'avais que deux titres à mon répertoire, Jeux interdits et Smoke on the water, soit pour ce dernier douze notes que je jouais une à une (pas d'accords) et très mal !
Dans mon quartier aux Grévières, plus encore qu'AC/DC et Kiss, Deep Purple était le groupe qui de hard rock faisait l'unanimité, les disques considérés comme essentiels étant In rock, Machine head et Made in Japan. Et ceux qui suivaient vraiment le gropupe avaient aussi des disques de Rainbow et Coverdale. Je me souviens d'ailleurs avoir enregistré le premier Coverdale sur cassette, mais je n'ai pas acheté de disque de Deep Purple à l'époque. Et pourtant, c'est bien intégré dans ma culture puisque je connais encore aujourd'hui les prénoms des membres de la formation de l'époque, Blackmore, Gillan, Glover, Lord et Paice (Je vous laisse réviser...).
Je pense pouvoir affirmer sans me tromper que Smoke on the water est le titre emblématique de Deep Purple, leur classique. Et pourtant, ce 45 tours, sorti un an après l'album Machine head, après le succès du live Made in Japan, n'a pas dû être énormément vendu. On voyait assez régulièrement Black night sur les stands des vide-greniers, mais beaucoup moins souvent Smoke on the water il me semble.

Les circonstances qui ont donné lieu à la création de cette chanson sont bien connues. Elles ont été souvent racontées, et encore récemment en détails dans le n° 312 de Classic Rock daté de mars 2023.
Le groupe avait prévu d'enregistrer en décembre 1971 au Casino de Montreux avec le studio mobile des Rolling Stones, au lendemain du dernier concert du fameux Festival de Jazz de la ville. Ils étaient présents ce soir-là pour la prestation de Frank Zappa & the Mothers of Invention, brutalement interrompue quand quelqu'un a déclenché un incendie en lançant une fusée de détresse dans l'enceinte du concert.


Claude Nobs et Jean-Paul Marquis lors de l'incendie du Casino en 1971. Photo : Alain Bettex.

Le casino a entièrement brûlé, miraculeusement sans faire de victime, et l'organisateur du festival Claude Nobs s'est mis en quête d'un nouveau lieu d'enregistrement pour Deep Purple.
Au Pavillon, une salle de concert en ville, ils n'ont tenu qu'une nuit car ils dérangeaient le voisinage. Juste le temps de jammer en instrumental autour d'un riff de Ritchie Blackmore. C'est finalement au Grand Hôtel que Machine Head a été enregistré en deux semaines. Sauf que, au dernier moment, ils se sont rendus compte qu'il leur manquait quelques minutes pour atteindre la durée d'un album. En catastrophe, ils sont revenus sur l'enregistrement du tout début, qu'ils ont travaillé et complété en une journée. Et pour les paroles, c'est simple, elles racontent leurs aventures à Montreux, en citant au passage Frank et Claude.
Pour le groupe, cette chanson n'était qu'un bouche-trou. C'est leur label américain qui a décelé son potentiel commercial.

Ce qui est bien avec les versions de Smoke on the water sur les deux faces de ce 45 tours, c'est qu'elles sont raccourcies autour de la barre des 4 minutes, ce qui est largement suffisant (sur Machine Head, elle dure 5'40, et presque 7'30 sur Made in Japan). La version studio est parfaite. La version en concert n'est pas fondamentalement différente.
Ce qui "fait" la chanson, c'est donc son riff, qu'on joue tous à la guitare imaginaire, et son refrain des plus basiques ("Smoke on the water and fire in the sky") qu'on peut beugler en chœur. La présence de l'orgue de Jon Lord est appréciable, mais c'est assez ironique que, pour cette composition initiale de Blackmore, on se fiche complètement de savoir s'il y a un solo de guitare ou pas.
Pour ce qui est de l'origine de ce riff de guitare, plusieurs pistes sont évoquées. Blackmore a mentionné une déconstruction de l'ouverture de la 5ème symphonie de Beethoven (!), mais j'aime bien l'idée qu'il se serait inconsciemment ou pas inspiré de quelques notes qu'on entend en introduction de la bossa nova Maria quiet d'Astrud Gilberto, sortie en 1966.

J'ai lâché Deep Purple aussi vite que j'ai lâché ma guitare. Pour la nostalgie, j'aurais pu boucler la boucle et aller voir le groupe à la foire de Châlons le 30 août 2015. Outre mon frère, je suis sûr que j'y aurais retrouvé plein de copains du quartier. Et bien sûr, ils ont joué Smoke on the water ce soir-là, comme sûrement tous les soirs.

Une version du groupe est en tournée mondiale cette année, avec trois des membres de l'époque de Machine head encore dans sa formation (Ritchie Blackmore n'en est pas et Jon Lord a l'excuse imparable d'être mort). Une date française est annoncée
Une publicité pour Smoke on the water parue dans la presse professionnelle américaine, récupérée chez Retro Music Ads.


Deep Purple, Smoke on the water, en concert au Budokan à Tokyo le 17 août 1972.


Deep Purple, Smoke on the water, en concert à New York en 1973.



4 commentaires:

Anonyme a dit…

ah ah DP à vivonzeureux, pourquoi pas. Rendons leur justice le In Rock a fait l'effet d'un coup de tonnerre à l'époque et pourtant les révélations ne manquaient pas ces années là. Il faut dire aussi que les albums précédents étaient bcp plus eclectiques et inégaux, avec des pochettes chiadées mais le gros succès n'était qd même pas au RV. Avec In Rock ils ont ouvert en grand une voie personnelle dans le hard naissant. J'ai complètement lâché avec smoke on the water, cette fois ci c'était trop lourd pour moi . A l'époque la fracture était nette si on aimait le Floyd, soft m, ayers, zappa et cie il était iconoclaste de se mélanger aux fans de deep purple!ph

Kalcha a dit…

Ah mince, moi, j'ai le 45-t des Stooges mais pas sa pochette... C'est peut-être la paire séparée? 😅

Pol Dodu a dit…

Philippe,
Vers 1977-1978, ce n'était pas rare de trouver chez certains de mes potes à la fois des albums de Pink Floyd et Genesis et d'autres de Deep Purple ou Kiss. Mais je suis d'accord, d'une manière générale, la ligne était très marquée entre hard rockeux et fans de progressif.

Kalcha,
Tout est possible, c'est pour ça que j'ai pris la pochette. Il m'a fallu plus de vingt ans pour réunir un disque de Final solution et sa pochette !

Anonyme a dit…

oui m'sieur dodu mais moi je te parle du début des années 70, en 78 le rock était coulé par les genesis et autres, le floyd sombrait depuis un moment dans la grandiloquence, et tout ça allait prendre un sacré coup avec la vague qui arrivait et le retour à l"énergie.