03 mars 2012

THE OXFORD AMERICAN : Thirteenth annual Southern music issue


Acquis par correspondance chez Oxford American aux Etats-Unis en janvier 2012
Réf : N° 75 -- Edité par Oxford American aux Etats-Unis en 2011
Support : 196 pages 28 cm + CD 12 cm
38 + 27 titres

J'avais repéré le magazine Oxford American une première fois en 2007 grâce à un billet de Living In Stereo. Présentement, je n'arrive pas à remettre la main sur le billet d'un autre blog qui, fin 2011, m'a annoncé la sortie du tout dernier numéro de cette revue, mais toujours est-il que, après avoir vu la superbe couverture avec Chester Burnett qui hurle sur un fond rouge et après avoir découvert que la chose était livrée avec un CD rempli jusqu'à la gueule, j'ai su tout de suite qu'il fallait que je me la procure.
Oxford American est une revue éditée par une structure à but non lucratif, hébergée sur le campus de l'université de Central Arkansas. On voit pas trop ce genre d'association par chez nous... C'est une revue littéraire qui accueille des écrivains, des universitaires et des journalistes pour des numéros thématiques sur tous les aspects de la culture du Sud des Etats-Unis. Et, comme le titre l'indique, OA dédie chaque année l'un de ses numéros entièrement à la musique, avec un CD (deux parfois) pour l'accompagner. Celui de 2011 est entièrement consacré au Mississippi et je l'ai engouffré et m'en suis délecté autant que si on m'avait servi un plat de côtes de porc grillées au barbecue à la mode de là-bas.
Côté textes, il y plein de choses intéressantes, avec des vedettes comme Peter Guralnick (l'article sur Howlin' Wolf, la plus grande découverte de Sam Phillips ?, déjà publié au moins en partie je crois dans Feel like going home) et Nick Hornby (un Top 5 d'une page), des connaissances comme LD Beghtol (sur l'appel de la côtelette, justement) mais aussi des textes intéressants, par exemple sur les rapports des écrivains Eudora Welty et Barry Hannah avec la musique.
Les deux-tiers du magazine portent sur les 27 artistes qu'on trouve sur le CD, et là encore c'est une joie : au lieu d'avoir droit à seulement quelques lignes de notes de pochette, on a à chaque fois à au moins deux pages d'un vrai article, et c'est tant mieux car si, dans le lot, il y a quelques célébrités (Howlin' Wolf , donc, Bo Diddley avec un excellent titre de 1955 resté inédit à l'époque, Guitar Slim, Charles Wright & the Watts 103rd Street Rhythm Brass Band), la plupart de ces gens, qui ont tous un rapport avec le Mississippi, m'étaient complètement inconnus.
La plus belle histoire d'entre toutes, c'est sûrement celle des International Sweethearts of Rhythm, qui font la couverture du CD. A l'origine, en 1937, le groupe est constitué uniquement de jeunes filles élèves d'une école très stricte, qui tournent en bus dans tous les Etats-Unis. Le succès vient, mais les élèves se sentent exploitées et à un moment, elles fuguent littéralement (avec le bus !) et poursuivent leur carrière indépendamment de l'école, ce qui ne fut pas toujours facile. Un groupe entièrement composé de jeunes femmes, ce n'était déjà pas courant dans les années quarante, mais quand elles osent associer une blanche à des noires, ça chauffe, notamment lors des concerts dans le Sud...
Le CD couvre de nombreux genres musicaux et 80% du vingtième siècle, des années 1920 à 1990. Ça ne l'empêche pas d'être excellent et passionnant de bout en bout.
Une fois de plus, je me surprend à réellement apprécier des enregistrements de 1928, le folk endiablé (quasiment une gigue) de Carter Brothers and Sons et l'ode à son chien (Old dog Blue) de Jim Jackson.
Au gré des pistes, on se ballade du folk-blues (Mattie Delaney en 1930, Henry Green) à la country (Ernie Chaffin) en passant par le rockabilly (Travis Wammack) et le rhythm & blues (Harold Dofman, Jimmy Donley et Leon Bass avec l'excellent Love-a-rama). Il y a plusieurs bons titres funky, de The Golden Nugget (Gospel train, du gospel à la sauce Diddley), Ruby Andrews et surtout Syl Johnson, qui, comme d'autres, a été sauvé de la misère par les samples des rappers.
Je ne vous parle pas du jazz et de la musique contemporaine, également représentés, mais on a droit à un groupe entre les Shaggs et les Calamités, The Riviaires, à du bon post-punk entre Delta 5 et Au-Pairs avec The Germans, et même  à un excellent titre de The Hilltops dans la lignée de R.E.M..
L'album se termine en beauté avec une reprise du Biloxi de Jesse Winchester par Ted Hawkins. Ça date de 1994, sur l'album The next hundred years (Hawkins, lui, est mort dans les mois suivant sa la sortie du disque) et ça m'évoque un autre Sudiste, Vic Chesnutt, surtout lorsqu'il était accompagné par le groupe de Sudistes Lambchop.
Cerise sur la gâteau, Oxford American est un magazine où même les publicités sont intéressantes. Elles vous font voyager et surtout, du Robert Johnson Life & legacy tour au Country music highway en passant par l'Arkansas Delta music trail, elles révèlent à quel point une industrie touristique s'est développée autour du passé musical du Sud.

Certains articles sont en accès libre en ligne ici et . La revue est en vente ici et les autres numéros spéciaux sur la musique . Des titres complémentaires à ceux du CD sont disponibles ici et .



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