03 juin 2022

GOL GAPPAS : Roman


Acquis sur le vide-grenier de Condé-sur-Marne le 18 avril 2022
Réf : 102201 -- Édité par Vogue en France en 1987
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Roman (Remix) -/- Albert Parker

Plutôt un bon signe : lors de l'une des premières brocantes de l'année, sur le premier stand, je trouve un 45 tours qui figure dans la liste des disques que je recherche (une liste qui existe beaucoup dans ma tête et un peu sur Discogs...) !
Oh, sur le coup, je ne savais même plus pourquoi je cherchais ce disque, mais j'étais quand même content de le trouver.

Él Records, filiale de Blanco Y Negro puis de Cherry Red, est un label anglais indépendant important des années 1980. Un peu à la façon du label belge Les Disques du Crépuscule, son catalogue donne l'impression d'une grande qualité artistique, qui reflète les goûts de son patron Mike Alway, et l'unité graphique  de l'ensemble des parutions donne l'impression d'avoir affaire à une collection. Chez Él, on fait grosso modo dans la pop sophistiquée, avec une petite bande d'artistes parmi lesquels on compte Momus, Bid du Monochrome Set, Simon Fisher Turner (le plus souvent sous le pseudonyme The King of Luxembourg), le français Louis Philippe et même un groupe nommé Always.
Les disques Él sont assez recherchés, mais à l'époque de leur sortie une bonne partie des journalistes qui les recevaient devaient les revendre aussitôt chez Record and Tape Exchange à Londres : c'est là  que j'ai acheté la grosse poignée de disques du label que je possède, à chaque fois pour presque rien (de 20 pence à 1,20 £).
C'est comme ça que je me suis procuré, par erreur, Dinner with nougat, le premier des deux singles que Gol Gappas (le nom du groupe vient d'un plat indien, une sorte de friand salé, également connu sous le nom de Panipuri) a sortis chez Él en 1986 : ce maxi était glissé dans la pochette du maxi d'Anthony Adverse et The King of Luxembourg, qui m'intéressait particulièrement car on y trouve deux reprises de The Monochrome Set et une de Vic Godard.
J'aime bien Dinner with nougat, c'est l'un de mes disques Él préférés parmi ceux que je connais, mais le fait de l'avoir sans sa pochette a toujours diminué l'intérêt que je lui porte (Heureusement, j'ai réussi à trouver une deuxième fois la pochette d'Anthony Adverse et The King of Luxembourg, avec le bon disque dedans cette fois).
Gol Gappas et Mike Alway se connaissaient bien depuis longtemps. En effet, les deux membres du groupe, Colin Roxborough et Nik East, avaient fait partie précédemment de Scissor Fits et Mike Alway a signé ou co-signé des titres sur leurs deux 45 tours sortis en 1979.

Et sinon, pourquoi je cherchais ce Roman de Gol Gappas ? Eh bien, c'est à cause de mon homologue écossais JC The Vinyl Villain. Parmi les séries de chroniques qu'il publie, il y en a une intitulée Some songs make great short stories et la 49e chronique de cette série était dédiée à la chanson Albert Parker de Gol Gappas.
JC y reproduisait un extrait du livret du coffret Scared to get happy, où l'on pouvait lire à propos de la face B du second single West 14 : "Its B-side, ‘Roman’, was remixed for a French-only single (backed again by ‘Albert Parker’) on Vogue in 1987".

C'est cette phrase qui m'a attiré l’œil et intrigué. En effet, un bon nombre de disques du catalogue Él ont été édités au Japon, et quelques autres en Espagne et en Grèce, mais à ma connaissance aucun n'avait jamais été publié en France.
J'ai donc vérifié l'existence de ce disque "français" sur Discogs, et je me suis fait une note de le prendre si je tombais un jour dessus. Ce qui, de façon assez improbable, est arrivé à dix bornes de chez moi et moins d'un an plus tard !

Ce 45 tours Roman de 1987 est une véritable énigme et j'espère que quelqu'un pourra nous donner des informations sur sa genèse.
Voici donc un groupe anglais des plus obscurs, sorti sur un label très arty. Et quelqu'un, chez Vogue ou ayant réussi à négocier un contrat avec Vogue, a pris la peine de contacter Cherry Red pour négocier un contrat de licence et sortir en France la face B de leur deuxième single ! Et ce n'est pas tout, car Vogue a pris la peine d'investir du budget pour remixer ce single, aux studios Guillaume Tell à Suresnes, avec l'ingénieur du son Bruno Mylonas, et en faisant appel pour les chœurs à Aliss Terrell, chanteuse que je connais surtout pour sa reprise de I'll be your mirror sur la compilation Les enfants du Velvet.
Il y a aussi la pochette, avec ce "superbe" tableau crédité à Gol Gappas, et aussi une version "dance" pour l'édition en maxi du single.
Tout ça pour que, en commentaire sur YouTube il y a neuf ans, Nik east indique - à tort - qu'il pensait que ce remix n'était jamais sorti !!

Je n'ai pas trouvé le remix en ligne, mais il n'est pas si différent de la version originale de Roman. On y entend Aliss Terrell chanter "Too bad" et "So sad" en chœur tout au long du morceau, pas juste à la fin comme dans la version originale, et il y a en plus une courte partie rappée. On est dans la ligne "jangly pop" du groupe, mais c'est loin d'être leur meilleure chanson.

Ce qui sauve ce disque au bout du compte, c'est sa face B.
Là aussi c'est étonnant. Quitte à faire un échange, on se serait attendu à retrouver ici West 14, l'autre face du single anglais. Mais non, Vogue a eu la bonne idée d'aller plutôt repêcher Albert Parker, l'un de mes titres préférés de Dinner with nougat, avec St. Lucy.
Albert Parker, fait partie d'un style de chanson pop psychédélique, une veine que les anglais affectionnent, depuis le Pink Floyd époque Syd Barrett jusqu'aux Page Boys, en passant par certains chansons de  Television Personalities ou les Dukes of Stratosphear, qui eux aussi avaient une chanson à propos d'un Albert (You're a good man Albert Brown sur leur deuxième album Sonic Psunspot).

Él s'est arrêté en 1989, après une engueulade entre Mike Alway et Iain McNay de Cherry Red. Mais ils se sont rabibochés par la suite et Él a repris, en se spécialisant dans des rééditions. On peut voir sur YouTube un entretien en trois parties entre McNay et Alway sur l'histoire d'Él Records.
Et Mike Alway a d'autres cordes à son arc : au début des années 2000, c'est lui qui s'est chargé de la ligne graphique de Poptones, le label lancé par Alan McGee après Creation.

1 commentaire:

Papa de William a dit…

Il y a avait un gars à l"époque chez Vogue qui avait fait miroiter une éventuelle signature aux Freluquets. J'imagine que c'est peut-être le même. Beauvallet doit sûrement le connaître.