06 juin 2021

FINGERPRINTZ : Bullet proof heart


Acquis au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres en 1983 ou 1984
Réf : VS 358 -- Édité par Virgin en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Bullet proof heart -/- Hide and seek

Je suis tombé sur ce 45 tours dans la cave du Record and Tape Exchange. A l'époque, les 45 tours qui atterrissaient là, dernière étape avant la benne, y étaient bradés à 10 pence. Je ne connaissais Fingerprintz que de nom, mais l'illustration de couverture, très réussie, ne m'était pas inconnue : elle faisait partie d'une série de cartes postales que j'avais vue en vente à quelques centaines de mètres de là, chez Rough Trade. L'artiste est John Stalin, qui bossait régulièrement pour le NME dans ces années-là, il me semble.
On retrouve cette illustration sur la pochette de l'album Distinguishing marks dont ce 45 tours est tiré, avec un paquet d'autres pour illustrer chacune de ces chansons. C'est Peter Saville qui a conçu la pochette et une fois de plus il n'a pas failli à sa réputation de toujours trouver un moyen pour que la pochette coûte cher à fabriquer : pour le premier tirage, les pochettes étaient perforées de façon à ce qu'on puisse, si on tenait à détruire sa pochette, découper les illustrations pour les transformer en cartes postales. Peut-être que ce que j'avais vu chez Rough Trade c'était tout ce qu'il restait d'un exemplaire de Distinguishing marks !

Fingerprintz  (un nom en référence aux Residents ?) est un groupe d'écossais qui s'est formé en 1978. Ils ont signé chez Virgin et, pour leur deuxième album, c'est un artiste maison, Nick Garvey des Motors, qui a été chargé de la production.
Bullet proof heart est un titre qui fonctionne bien. Avec son accroche mélodique au synthé et son refrain qui reste en tête ("In this town, you need a bullet proof heart"), on comprend que le label l'ait sélectionné comme single. Apparemment, les paroles évoquent les événements d'Irlande du Nord, ce qui explique peut-être les roulements de batterie un peu "militaires" sur la fin. La chanson a un côté "anthemic", comme disent les anglais : si on reste sur l'Irlande, on pourra évoquer U2, alors que côté Écosse, ce serait plutôt les Skids, ou mieux encore, on pourrait dire que Fingerprintz annonce un peu leurs successeurs Big Country.
En face B, Hide and seek, un autre titre de l'album, est dans la même veine. Mon homologue JC le Vinyl Villain écossais a trouvé les paroles suffisamment intéressantes pour l'inclure dans sa série sur les chansons qui auraient pu être des nouvelles.

Ni Bullet proof heart, ni Houdini love, l'autre 45 tours extrait de Distinguishing marks, ni l'album lui-même n'ont eu de succès. Idem pour Beat noir, le troisième album, sorti en 1981 (le seul autre disque du groupe que j'ai). Sans trop de surprise, Fingerprintz s'est séparé peu de temps après. Fin de l'histoire. Un groupe obscur de plus dont les connaisseurs peuvent rechercher les disques des années plus tard (et pour pas trop cher).

Sauf que, non, pas cette fois-là. Jimme O'Neill, guitariste, chanteur et principal auteur-compositeur de Fingerprintz, et le guitariste Cha Burns se sont lancés dans une nouvelle aventure en 1985 en fondant The Silencers. Et The Silencers ont tout de suite eu du succès, avec les singles Painted moon et The real McCoy notamment, extraits de leurs deux premiers albums A letter from St. Paul (1987) et A blues for Buddha (1988). D'une manière générale, le groupe "marche" mieux en Europe et aux États-Unis que chez lui au Royaume-Uni.
Arrivent 1991 et le troisième album, Dance to the holy man, et, pour une raison ou pour une autre (des regrets et le souhait de lui donner une nouvelle chance ? un manque de nouvelles chansons accrocheuses ?), ils enregistrent une nouvelle version de Bulletproof heart, qui ouvre l'album et qui en est le premier extrait en 45 tours. Onze ans plus tard, la nouvelle version n'est pas fondamentalement différente, mais cette fois-ci c'est un très grand succès, particulièrement en France et en Espagne. Comme quoi, il y a de l'espoir, même pour d'obscures pépites new wave oubliées !
En 2010, Jim Kerr de Simple Minds a repris Bulletproof heart sur son album Lostboy! aka Jim Kerr.

Une première compilation CD de Fingerprintz (les albums n'ont jamais été réédités) est sortie en 2020. The best of Fingerprintz : Bullet proof heart a été chroniquée en deux parties (1 et 2) par Post-Punk Monk.


Fingerprintz, Bullet proof heart, en direct dans l'émission Old grey whistle test le 3 décembre 1980.


The Silencers, Bullet proof heart, dans l'émission Nulle part ailleurs vers 1993.

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