13 août 2016

LES SOEURS ETIENNE : Les beaux soirs d'autrefois


Acquis chez Oxfam à Marcinelle le 2 août 2016
Réf : 20.170 -- Édité par Decca en France en 1948
Support : 78 tours 25 cm
Titres : Les beaux soirs d'autrefois (La fiera di San Colombano)-/- La marchina (Marquigna)

Cela fait un moment que je souhaitais chroniquer un disque des Sœurs Étienne pour leur rendre hommage. La dernière fois, c'était au printemps dernier, quand on a appris la mort de Louise Étienne, l'aînée du duo de chanteuses qu'elle constituait avec Odette, morte en 2013. Heureusement, contrairement à ce qu'on a pu lire un peu partout, la dernière des sœurs Étienne n'était pas décédée puisque, hors le duo, trois sœurs leur ont survécu, Danielle, Claudette et Catherine.
Mais voilà, en mars dernier je ne possédais qu'un seul disque de Sœurs Étienne, le tout dernier qu'elles ont publié je crois, un 45 tours sorti en 1987 avec Symphonie en face A. Certes, il est sympathiquement dédicacé au verso ("Pour Ginette et Maurice, avec toute la sympathie de deux rémoises"), mais il y a aussi au verso la mention de Pascal Sevran, qui a signé les paroles de la face B, et il y a des limites que je ne suis pas encore préparé à franchir, d'autant que ce 45 tours tardif n'est pas représentatif de leur période de succès, qui couvre une dizaine d'années de 1945 à 1955.
Heureusement, lors de ma virée belge au début de ce mois, j'ai trouvé ce 78 tours, au même endroit que le Oscar Denayer. Certes, ce disque a été exporté de France en Belgique au moment de sa commercialisation en 1948, mais il n'a sûrement pas beaucoup bougé depuis car je l'ai acheté 68 ans plus tard à quelques centaines de mètres de l'endroit où il a été initialement vendu, chez Marcel Debaix (Disques phonos, Instruments de musique), 41 rue Émile Tumelaire à Charleroi. L'étiquette du marchand avec son saxophoniste noir est très belle. Je la mets ici en gros plan pour faire un clin d'oeil à l'ami Le Colonel et à sa Collection Kangourou :



Donc, Les Sœurs Étienne étaient "deux rémoises", et c'est bien ça qui m'intéressait. Et qui m'attriste car, je ne vais pas vous refaire le coup du prophète en son pays, mais il est clair que personne ou presque dans leur ville natale ne s'est intéressé à elles quand il était encore temps (et du temps il y en a eu, puisque Louise et Odette sont mortes respectivement à 91 et 85 ans), pour leur rendre hommage et documenter leur parcours. Il n'y a pourtant pas tant d'artistes rémois qui ont eu une telle audience à l'échelle nationale... (Cependant, on apprend chez Reims Punk 'n' Roll que Jacques Pessis a réalisé en 1996 un documentaire de 24 minutes. Il a probablement été diffusé sur La Cinquième, qui l'a co-produit, mais n'est pas actuellement disponible en ligne).
Alors, on prend ici et là pour reconstituer à gros traits leur parcours. Elles sont nées rue de la Neuvillette et ont aussi habité rue Lesage. Leur famille tenait un dancing, le Modern Parc, situé près de la Vesle, vers le Pont Fléchambault (on pouvait encore voir le socle du kiosque à musique en 2013). En 2015, il était question de raser la Maison Verte, située sur ce parc, en bord de Vesle.
En 1943, la famille Étienne a déménagé à Paris, et Les Sœurs Étienne ont très vite rencontré le succès, en réussissant à harmoniser parfaitement leurs voix pour faire à deux et en français ce que The Andrews Sisters faisaient à trois et en anglais.
Leur plus grand succès, c'est C'est si bon, qu'elles ont été les premières à chanter en 1948 (Yves Montand a raté le coche de peu). La chanson est depuis devenue un classique dans le monde entier, interprétée par des centaines d'artistes, grâce notamment à Louis Armstrong.
En tout, le duo a gravé plus d'une centaine de titres en dix ans. Si j'en crois les numéros de catalogue, mon 78 tours est le deuxième à être sorti après C'est si bon (20.168), Tant pis tant pis (20.169) s'étant glissé entre les deux.
En face A, on trouve Les beaux soirs d'autrefois, adapté d'une chanson italienne La fiera di San Colombano. Je ne sais pas si c'est la version originale, mais j'ai trouvé en ligne une interprétation italienne de 1947 par Marisa Fiodaliso et Enrico Gentile. Le thème est très classique, la nostalgie pour les fêtes villageoises d'autrefois, mais l'arrangement de cette valse par l'Orchestre de Raymond Legrand est très bien léché et, surtout, les deux sœurs font des prouesses vocales, celles qui ont fait leur succès, d'autant plus impressionnantes que, à l'époque, les enregistrements étaient sûrement faits intégralement en direct.
En face B, on trouve une version de La marchina, du film Deux amours. La version originale dans le film est par Tino Rossi. Cette fois, il s'agit d'une samba, avec là aussi un thème éternel, celui de la nouvelle danse qui va faire oublier toutes les autres. l'interprétation des Sœurs Étienne est beaucoup plus enjouée et rythmée et, comme pour la face A, je la préfère, et de loin, à la version originale.
J'espérais depuis quelques temps trouver un 78 tours des Sœurs Étienne. C'est chose faite, et en plus je l'apprécie. Il doit en rester au bas mot une soixantaine d'autres à glaner...

Plusieurs compilations des Sœurs Étienne ont été éditées en CD au fil du temps, mais aucune ne semble actuellement distribuée. Du coup, les CD existants sont vendus à prix prohibitif. Cherchez plutôt la bonne occasion ou écoutez en ligne...

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