27 août 2022

ALTERED IMAGES : I could be happy


Acquis sur le vide-grenier de Pogny le 12 mai 2019
Réf : A-1834 -- Édité par Epic en Europe en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : I could be happy -/- Insects

Il y a quelques années, j'avais dans l'idée de chroniquer ici mon maxi I could be happy  d'Altered Images, acheté neuf au Carrefour de Châlons-sur-Marne au moment de sa sortie. Impossible de mettre la main dessus. Pourtant, pour les 30 cm, il y a moins de possibilités de les égarer que les 45 tours, qui sont un peu partout dans la maison.
Assez vite, j'ai trouvé ma compilation Collected images, achetée 10 francs au stand d'A La Clé de Sol à Reims lors de la braderie de la Quasimodo, vers la fin des années 1980, mais aucune trace du maxi qui aurait dû se situer à ses côtés (je n'ai pas d'autre grand format de ce groupe).
Ce n'est que quelques temps plus tard, quand j'ai entrepris une nouvelle recherche, que les souvenirs ont commencé à remonter des brumes de mon cerveau. En étudiant la liste des titres de la compilation, je me suis rendu compte que c'est la version maxi d'I could be happy qui y figure. Alors, petit à petit, j'ai refait le raisonnement que j'avais dû faire au début des années 1990, quasiment la seule période où j'ai revendu une toute petite partie de mes disques : puisque les titres du maxi sont tous sur la compilation, alors pas besoin de garder le maxi, ça fera de la place et rentrera un petit peu d'argent.
Je n'en ai aucun souvenir précis, mais c'est bien ce que j'ai dû faire, vu que je n'ai plus le disque. Et inutile de préciser que je trouve aujourd'hui que c'est un raisonnement à la con et que j'aurais mieux fait de garder mon maxi. Et c'est pour rattraper en partie les choses que j'ai pris ce 45 tours quand je suis tombé dessus pas si loin que ça de Châlons il y a trois ans.

Je me souviens très bien de ma première écoute d'I could be happy. C'était la version longue, dans l'émission Feedback de Bernard Lenoir, et il l'avait introduite en parlant des procédés de production sur ce remix de Martin Rushent (réputé pour son travail avec les Stranglers, les Buzzccoks, Téléphone et le Human League de la deuxième génération). Apparemment, la rumeur disait que la batterie qu'on entend sur ce remix n'est pas jouée par un humain, mais serait "électronique", même s'il est impossible d'entendre la différence... De ce point de vue là, les choses ont beaucoup évolué en quarante ans ! Et de nos jours, on peut revoir facilement l'émission de la télévision anglaise Riverside diffusée le 25 mars 1982, au cours de laquelle Martin Rushent explique justement comment il fabrique un "dance mix" de See those eyes, le single suivant du groupe.

Ce que je ne connaissais pas à l'époque, c'est le lien entre les écossais Altered Images et Siouxie and the Banshees. En bons fans, les membres d'Altered Images avaient envoyé une cassette démo à Siouxsie and the Banshees, ce qui les a menés à faire leur première partie lors d'une tournée en 1980. Et c'est le bassiste des Banshees Steven Severin qui a produit leur premier album, à l'exception notable de la chanson-titre Happy birthday, pour laquelle on trouvait déjà Martin Rushent aux manettes.
Musicalement, il y a des cousinages entre les deux, mais du point de vue de l'ambiance et de l'image, Altered Images avec leur côté pop, acidulé et coloré c'est un peu le yin et le yang avec Siouxsie et ses Banshees, qui font plutôt dans le sombre, tendance gothique.

I could be happy est sortie à peine trois mois après le premier album. Ce single a eu du succès, en se classant dans les dix meilleures ventes du moment, mais pas autant qu'Happy birthday, qui était monté à la deuxième place. C'est une chanson on ne peut plus gaie et légère, sauf que, en y regardant bien, les paroles évoquent une rupture, ou en tout cas un projet de rupture.
On était en pleine vague synthétique et Martin Rushent était réputé pour ses innovations électroniques, mais pour ce titre la formule musicale reste très basique, avec guitares, basse, batterie et pas de claviers.
La chanson est excellente, avec rien que dans les trente premières secondes deux plans intéressants de guitare, avec un son un peu surf music, et une ligne de basse intéressante. La version maxi rallonge la sauce de plus de deux minutes mais, dans ce genre d'exercice assez casse-gueule, c'est plutôt une réussite.
Une version enregistrée sans fioritures pour la BBC a un petit côté Bow Wow Wow au niveau de la batterie.

J'ai toujours beaucoup aimé la face B Insects. Quand j'ai vu que la chanson figurait déjà sur l'album Happy birthday, produite par Steven Severin, j'ai cru qu'il avait une erreur dans les crédits du single, qui indiquent Rushent comme producteur. Mais non, la chanson a bien été ré-enregistrée pour cette face B. Et si, pour le coup, on entend bien l'influence des Banshees, c'est la deuxième version que je préfère.
Il y avait eu une première version, enregistrée dès 1980 pour une Peel session.

Une autre raison pour ne pas vendre mon maxi, c'est que je me suis planté en pensant que les trois pistes du disque étaient sur ma compilation. Certes, on y trouve bien le premier single Dead pop stars, mais sur le maxi c'était aussi une version ré-enregistrée qu'on trouvait en deuxième face B. Retitrée Disco pop stars et jouée sur un rythme un peu ska, cette version est pour le coup très décevante.

I could be happy
(version longue) a été repris sur le deuxième album Pinky blue en 1982. Le groupe s'est séparé après la sortie du troisième album Bite en 1983. John Peel, qui soutenait le groupe et qui fait même une apparition sur Pinky blue, a bien expliqué comment les branchés ont très vite tourné le dos à Altered Images, pour les raisons mêmes qui les avaient fait les apprécier au départ, leur côté léger, enjoué et coloré. Et comme le succès grand public n'a pas été au rendez-vous, le groupe s'est vite retrouvé dans une impasse.

Depuis le début du siècle, la chanteuse Clare Grogan se produit régulièrement sur scène sous le nom d'Altered Images, mais c'est un hasard complet si je chronique ce vieux 45 tours au lendemain même de la sortie du quatrième album du groupe, Mascara streaks, qui arrive donc 39 ans après le précédent. Clare Grogan est la seule membre originale du groupe, mais Stephen Lironi était déjà présent sur Bite (et il est maintenant l'époux de Clare Grogan).




Altered Images, Insects, en direct dans l'émission Old Grey Whistle Test, probablement en 1981.

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