05 août 2022

TERRY MONTANA : Why can't we live together (Pourquoi ne pas vivre ensemble)


Acquis au Foyer Aubois à La Chapelle Saint Luc le 25 mars 2022
Réf : 45 V. 4226 -- Édité par Vogue en France en 1973
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Why can't we live together (Pourquoi ne pas vivre ensemble) -/- Just a little talk with you

Après l'André Brasseur et le Blues de Bresse, c'est le troisième disque lié à Vogue que je chronique de suite, mais c'est un pur hasard. En tout cas, c'est une confirmation de la variété des disques produits au fil des décennies par ce label.

Ce jour-là, avant de me rendre au concert de Gontard et d'acheter un 45 tours d'Eliott sur les lieux mêmes du concert, je m'étais arrêté au Foyer Aubois. Il y avait beaucoup de disques, mais j'étais arrivé peu de temps avant la fermeture. J'ai donc dû aller à toute vitesse pour passer tout en revue, mais ça valait le coup car je suis reparti avec une bonne quinzaine de 45 tours et une dizaine de CD.

Dans le lot, c'est ce 45 tours qui m'a d'emblée paru le plus intéressant. D'abord parce qu'il pouvait me donner l'occasion de rendre hommage à Timmy Thomas, mort à 77 ans pile deux semaines plus tôt. Et ensuite parce que, après le titre original Why can't we live together, on trouve entre parenthèses sur la pochette et sur la rondelle un titre français, Pourquoi ne pas vivre ensemble. J'étais donc en droit d'espérer avoir affaire à une adaptation français de ce tube des années 1970.
Et puis, en m'intéressant à ce disque, je réussis l'exploit de chroniquer une deuxième version de Why can't we live together, après celle l'an dernier du Synthetic Cha Cha Band, en gardant toujours dans ma besace l'incontournable version originale par son créateur, ainsi que, dans une réédition parue en 1979 chez... Vogue (!), une version en public de ce classique.

Why can't we live together délivre un message d'espoir, de paix et de fraternité. Ça fait toujours du bien à entendre. Musicalement, la version de Terry Montana est très proche de la version originale de Timmy Thomas, avec une instrumentation à base de percussions et d'orgue. La seule déception de ce disque est que la chanson est interprétée avec ses paroles originales anglaises. Pas celles françaises signées Jean Eigel (un pseudonyme de Julien Bruyninx, apparemment). Il est pourtant bien crédité sur le disque, une pratique courante pendant longtemps en France, qui permet à l'adaptateur de toucher une partie des droits (même dans le cas d'une version instrumentale !).
En plus de ce 45 tours, j'ai trouvé en ligne une partition avec le titre français et le crédit à Jean Eigel. Je suppose que quelqu'un a dû enregistrer une version en français du tube de Timmy Thomas, mais je n'en ai pas trouvé de trace pour l'instant.

La bonne surprise et le véritable intérêt de ce disque, c'est sa face B, Just a little talk with you. On reste complètement dans l'ambiance de Why can't we live together, avec un titre dominé par les percussions et l'orgue. Sauf que là il y a en plus une basse, qui joue le Peter Gunn theme ou quelque chose d'approchant (et j'aime beaucoup les dérivés du Peter Gunn theme, comme Planet Claire des B-52's ou Macadam de Christophe). La voix est là, mais elle est peu présente (pas de paroles) : elle ne fait qu'accompagner/encourager l'interprétation des musiciens. A certains moments, il y a une ambiance un peu jazz façon Mission impossible. J'ai ressenti la même chose il y a pas longtemps avec la face B Bongós de Moshé.

La grande question, c'est de savoir qui est Terry Montana. On a la photo de pochette, qui a priori le représente. On voit un jeune homme au clavier, en train de chanter, bien mis de sa personne dans le style de l'époque. Avec ses lunettes foncées, il évoque d'autres grandes figures du clavier, comme Ray Charles, Stevie Wonder, Gilbert Montagné ou Michel Polnareff.
Et c'est tout ce que je peux dire sur Terry Montana ! A priori, il n'a pas sorti d'autre disque et je n'ai trouvé aucun autre crédit discographique le concernant. Et ce n'est pas simple de chercher des informations à son sujet car les moteurs renvoient surtout des informations sur le village de Terry dans le Montana !!

Parmi les rares bribes d'information disponibles sur la pochette, on trouve la mention "Produced by Ray Montana for Belgravia Records".
Ça laisse soupçonner l'existence d'un Ray Montana, qui serait apparenté à Terry, et l'anglais et le "Records" donnent un cachet international à l'ensemble. Sauf qu'on ne trouve rien dans Discogs sur un Ray Montana qui aurait officié à l'époque de la parution de ce disque, et rien non plus sur une éventuelle édition originale de ce disque sur un label nommé Belgravia. De toute façon, le crédit photo au français Eric d'Adhémar de Lantagnac nous confirme que ce disque, dont la principale raison d'être est d'essayer de capter une partie du succès du titre de Timmy Thomas, est une production bien de chez nous.

Et c'est confirmé par la seule information utile que j'ai fini par trouver : le crédit d'auteur de Just a little talk with you à Charles Talmage. Selon Discogs, ce serait l'un des pseudonymes utilisés par le compositeur, arrangeur et chef d'orchestre Jean-Claude Pelletier. C'est sous ce nom qu'il a notamment signé On the desert road, un titre qui a longtemps servi de générique à l'émission de télévision La séquence du spectateur.

Malheureusement, en dehors des quelques lignes en anglais de sa fiche Discogs, je n'ai trouvé aucune biographie détaillée en français de Jean-Claude Pelletier, qui est mort en 1982 à 54 ans. Il a travaillé pour la musique populaire, la télévision et le cinéma. Sa collaboration avec Vogue a débuté en 1957.

En l'absence d'informations précises, j'en suis réduit à des conjectures. Puisqu'il est mis en avant en tant qu'artiste crédité et en photo sur la pochette, il est clair que Terry Montana a existé, quel qu'ait été son vrai nom. Il est possible qu'il ait été un "jeune talent" que Vogue souhaitait lancer, ou alors il s'agissait simplement, vu le contexte et pour évoquer Timmy Thomas, de mettre en avant un organiste plutôt que de créditer simplement le disque à "Jean-Claude Pelletier et son Orchestre", un peu comme le "Featuring Burt McKay" qu'on trouve sur l'album Orgue Hammond blues de 1972.

En tout cas, toute information complémentaire sur ce disque sera la bienvenue !

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