
Offert par Les Trans Musicales à Rennes le 4 décembre 1992
Réf : TRANS 92 -- Édité par Les Trans Musicales de Rennes / ATM en France en 1992 -- Promotional copy - Vente interdite
Support : CD 12 cm
20 titres
Ce blog a vingt ans aujourd'hui et ceci est la 1864ème chronique publiée. C'est l'occasion de marquer le coup et, pas la première du genre bien sûr. Si vous voulez rembobiner l'histoire du blog et de son évolution, voici quelques-unes des précédentes bornes passées :
- 1ère chronique : Tennessee Ernie Ford
- 100ème chronique : Rock Feller
- 500ème chronique : La guitare en 10 leçons
- 5ème anniversaire : Kraftwerk
- 1000ème chronique : B. George & Mathe DeFoe
- 10ème anniversaire : Tennessee Ernie Ford
- 1500ème chronique : Burton Greene
- 15ème anniversaire : Daniel Laloux
Dans les échanges que j'ai eus avec des amis ou des lecteurs à propos du blog, la question de la mémoire revient souvent. Mes interlocuteurs se disent impressionnés par les détails dont je me souviens, notamment par le fait que j'essaie depuis le début de mentionner les conditions d'achat de mes disque. Cette réputation d'avoir une mémoire de fer et de me souvenir de tout ou presque est largement usurpée.
Effectivement, pendant des décennies, peut-être bien d'ailleurs jusqu'à ce que je me lance dans l'aventure du blog la quarantaine passée, j'ai été suffisamment présomptueux pour penser que ma mémoire conserverait parfaitement sur le long terme mes souvenirs, pour la seule raison que je ne buvais pas d'alcool et ne prenais pas d'autres drogues. C'était sans compter sur un paramètre essentiel : le temps qui passe et son corollaire la vieillerie qui me gagne. Comme le chantait Jeanne Moreau, j'ai la mémoire qui flanche, et comme le disait l'oncle de Boris Vian dans La java des bombes atomiques, "A mesure que je deviens vieux, je m’en aperçois mieux, j’ai le cerveau qui flanche. Soyons sérieux disons le mot, ce n’est plus un cerveau c’est comme de la sauce blanche !".
Au cours de ces vingt ans de blog, j'ai eu l'occasion à de multiples reprises de vérifier que ma mémoire est pleine de trous. Il y a la fois par exemple où j'ai découvert dans mon agenda la mention de Lou Reed dans la liste des concerts auxquels j'avais assistés lors d'un Printemps de Bourges. Il avait bien fallu se rendre à l'évidence, j'avais complètement oublié mon passage au concert de Lou Reed où j'étais éveillé, mais je me souvenais m'être endormi à celui de Tindersticks !
Le blog lui-même, avec toutes ces chroniques, est maintenant une béquille mémorielle géniale, bien meilleure et plus détaillées que mes agendas. Je m'y reporte souvent, et il y a plein d'événements notés dedans que j'ai oubliés depuis !!
Cette semaine encore, je lisais quelque chose à propos de Winogradoff et je vois qu'il a été membre de l'Orchestre du Splendid. Je me dis tiens, je ne devais pas connaître cette information quand j'ai chroniqué Je cherche le rock il y a bien longtemps (en 2006). Je vais relire ma chronique et l'info y figure noir sur blanc. Je l'avais apprise en rédigeant ce billet et complètement oubliée depuis...
Il y a une chose à propos du blog qui est constante : c'est le fait que mes opinions sur la musique contenue dans les disques chroniqués évolue peu. C'est arrivé maintes fois : je réécoute un disque, et après coup je vais relire la chronique rédigée parfois des années plus tôt : immanquablement, j'y retrouve telles quelles des remarques, des comparaisons que je viens de me faire à nouveau.
Alors pour ces vingt ans du blog, j'ai choisi cette compilation CD hors commerce (j'aime bien les disques hors commerce...!) diffusée par les Trans Musicales pour la promotion de l'édition 1992 du festival. Pourquoi celui-là, plutôt qu'un autre CD promo du même acabit ?
Parce qu'il y a plein de bonne musique dessus, mais surtout parce qu'il a fallu que je me batte pendant plusieurs mois pour m'assurer de façon certaine que j'étais présent cette année-là pendant une toute petite partie des Trans...!
Tout est parti de la chronique de Nirvana en juin dernier, dans laquelle je revenais sur le passage du groupe aux Trans 1991. J'expliquais qu'il ne me restait que quelques souvenirs épars de leur prestation. Mais j'avais un autre souvenir de la soirée : je me revoyais traversant le public de la salle Omnisports, peut-être bien pour en sortir, pendant que Pavement jouait. A ce moment, leur fameux batteur tout fou Gary Young s'était avancé sur le devant de la scène et avait fait une acrobatie, du genre saut périlleux arrière ou poirier.
Sauf que, quand j'ai vérifié les archives des Trans, je me suis rendu compte que mon souvenir était faussé car Pavement n'y a pas joué le même soir que Nirvana, mais l'année suivante, en 1992 !
Et quand j'ai repris mon agenda de 1992, où je notais entre autres les concerts auxquels j'ai assistés, il n'y avait rien de noté dedans à cette date, ni sur les pages du mois ni dans le planning annuel.
Et voilà que je me suis retrouvé avec un souvenir encombrant : une vision fugitive du concert de Pavement, sans moyen de la corroborer.
Le fait que je possède le CD des Trans 92 et que le graphisme de l'affiche m'est familier n'est pas un indice probant pour confirmer que j'étais aux Trans cette année-là : j'aurais aussi bien pu récupérer le CD à Radio Primitive, et d'ailleurs j'en ai quelques-uns des années où je n'ai pas fait le déplacement.
Avec un peu de courage, j'aurais pu aller fouiller dans mes boites d'archives au grenier où j'ai dû conserver mes passes de festivals, mais c'était vraiment aléatoire.
Au bout du compte, j'ai fini par trouver un élément concret confirmant que j'étais bien à Rennes début décembre 1992. Je suis tombé au grenier sur un dossier où j'ai conservé quelques documents de mes années Férarock, quand j'étais trésorier de l'association.
Si j'avais une raison particulière de me rendre à Rennes, c'était pour une réunion de la Férarock. On avait lancé le projet l'année précédente en marge des États du Rock à Montpellier et très vite on avait décidé de tenir la plupart des réunions en marge des festivals : Les Eurockéennes, Le Printemps de Bourges, Les Trans...
Le 7 décembre 1991, nous avions organisé pendant les Trans la conférence de presse de présentation de la toute nouvelle fédération, avec pour l'animer une prestation mémorable des Gamins en Folie.
Dans le dossier, j'ai retrouvé mon cahier de réunions Férarock, avec notamment cette page :

Un extrait de mes notes de la réunion Férarock du 5 décembre 1992 à Rennes.
Quel piteux trésorier je faisais : aucune cotisation encaissée à la fin de la première année complète d'existence de l'association. On se demande comment elle a pu tenir le coup !
J'étais donc bien aux Trans en 1992, mais quels concerts ai-je bien pu y voir ?
Avec l'ami Phil Sex, on a dû faire la route depuis Reims le vendredi 4. La réunion Férarock s'est tenue le samedi 5.
En consultant le programme, et en convoquant quelques sensations, qui ne méritent pas d'être qualifiées de souvenirs, je dirais que j'ai dû voir tout ou partie de ces concerts :
- Magnapop, Pavement, Sugar et Sonic Youth le 4 à la salle Omnisports
- The Disposable Heroes of Hiphoprisy le 4 à la salle de la Cité
- Un bref passage à la Rave O Trans le 5 à la salle Omnisports
Le vendredi 4, après avoir remonté la rue de la Soif depuis la salle Omnisports, on a dû arriver trop tard à la salle de la Cité pour voir DC Basehead. Mais même si je devais être fatigué après une longue journée et une longue semaine, le moi d'aujourd'hui ne comprend pas comment j'ai pu aller me coucher alors que Suicide et les Last Poets étaient au programme !! D'un autre côté, je préfère encore imaginer que c'est ça qui s'est passé, l'alternative étant d'avoir assisté à leurs prestations et de les avoir complètement effacées de ma mémoire...
Pour le samedi 5, c'est pareil, soit j'ai vu une partie de la soirée à la Cité, avec notamment Cowboy Mouth, Les Tontons Flingueurs, The Dick Nixons et The Tragically Hip et j'ai tout oublié, soit avec les membres de la Férarock on était occupé ailleurs.
Pour ce qui est du CD, il y a plusieurs titres que j'apprécie et connais bien, que je les ai découverts avant ou après le festival : l'excellent Comme Jeannie Longo de Katerine, Sad new day de Me Phi Me, 2000 BC de DC Basehead, Parla patois de Massilia Sound System, Youth against fascism de Sonic Youth, et Sugar, même si The act we act n'est pas parmi les titres du groupe que je connais le mieux.
Les deux découvertes de la compilation qui m'ont le plus marqué à l'époque et que j'ai le plus diffusées dans mon émission sont le tube rap/rock Vise le top des québécois Dédé Traké, avec une excellente utilisation d'un échantillon de Psyché rock, et l'excellente reprise de Le tourbillon par Torman et Tuscadu.
A la réécoute, deux titres dont je ne me souvenais plus m'ont vraiment bien plu : Time bomb Fon mix par 808 State et Why be blue de Suicide. Pour Suicide, de ce que j'en connais, je ne pensais pas qu'ils avaient fait quelque chose d'aussi fort après les deux premiers albums.
J'ai été surpris de trouver ici un titre d'Ali Hassan Kuban, Henna. J'ai eu l'impression de le "découvrir" en 2022 et j'ai alors acheté deux de ses albums, mais j'avais un de ses titres depuis trente ans !
Il y a encore plein de bonnes choses dans le reste du disque : Dogs with no tails de The Pale, Trigger cut de Pavement, Mary Joanna de The Stairs, Do the Dick Nixons des Dick Nixons, Blaulicht und Zwielicht d'Element of Crime, Balkans par Les Pires. J'aime beaucoup P'tit Louis des French Lovers, mais j'ai vraiment trop l'impression d'entendre Helno des Négresses Vertes.
Vingt titres sur cette compilation pour les vingt ans du blog, le compte est bon. Si seulement j'avais pu voir tous ces gens en concert à Rennes en 1992... et m'en souvenir !
Des vidéos pour la moitié des artistes du CD. Je vous conseille particulièrement les trois premières, en concert à peu près à l'époque des Trans 92 :
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