08 mars 2009
THE STRANGLERS : The meninblack
Acquis neuf à Châlons-sur-Marne vers 1985
Réf : 2C070-83084 -- Edité par Liberty en France en 1981
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
Voilà de loin mon album préféré des Stranglers, un disque pourtant considéré comme très à part dans leur discographie, malmené par la critique à sa sortie et boudé par le public, notamment les fans historiques du groupe.
Il faut dire qu'ils ont un peu fourni les bâtons pour se faire battre en sortant cet album concept (un gros mot à toute époque sauf entre 1970 et 1975, mais carrément une insulte en 1981) qui réécrit plus ou moins la Bible (ou plutôt les évangiles, si l'on en croit le titre complet qui figure au recto de la pochette, The Gospel according to The Meninblack, un titre que je n'ai pas retenu car c'est simplement The Meninblack qui figure au verso — avec la mention "The soundtrack" d'ailleurs — mais aussi sur le rond central et sur la tranche du disque) du point de vue des visites d'extra-terrestres par chez nous, en y incluant les Hommesennoir, chargés de faire taire ceux qui ont vu des atterrissages d'OVNI. Le concept est signé Hugh Cornwell, frais émoulu de son premier album solo, et on n'est pas surpris que ce disque reste à lui aussi son préféré du groupe.
Moi aussi le concept m'a rebuté dans un premier temps, et il a fallu la chanson Thrown away pour que je commence à m'intéresser à l'album. J'ai d'abord dû l'entendre sur Feedback, avant d'acheter le 45 tours à Londres fin 1983, puis la musicassette de l'album (à Londres aussi je crois), avant de finalement investir dans le 33 tours, dans le même magasin de Châlons dont j'ai oublié le nom que celui où j'avais acheté le maxi Fire de Lizzy Mercier Descloux. Et en fait, il suffit d'un coup d'oeil à l'intérieur de la pochette ouvrante de l'album pour se rendre compte que, contrairement à ce qu'ils laissaient entendre dans certaines interviews, les Stranglers conservaient une certaine distance vis-à-vis de leur concept, puisqu'on y trouve une reproduction de La Cène de Leonard de Vinci dans laquelle un des personnages a été remplacé par un Maninblack, effectivement, mais cet homme en noir est tout simplement Elwood, l'un des deux Blues Brothers !
La face A s'ouvre et se ferme avec deux instrumentaux. Le label anglais a failli sortir Waltzinblack comme deuxième single extrait de l'album, mais il s'est ravisé au dernier moment. Ils ont peut-être eu tort, puisque Waltzinblack annonce ni plus ni moins que Golden brown, l'énorme tube des Stranglers de 1982. C'est d'ailleurs ce titre qui sera le seul de l'album choisi pour figurer sur le premier best-of des Stranglers, The collection 1977-1982. Il n'est pas sûr cependant que le succès de Golden brown aurait pu être anticipé car, si Waltzinblack démarre comme une valse synthétique guillerette, on sent petit à petit le malaise s'installer avec des rires dérangés de plus en plus forts. L'excellent site français consacré aux Stranglers nous apprend que certaines de ces voix seraient celles de membres de Téléphone, qui enregistraient dans le studio voisin ! Il y avait décidément du monde dans les studios où cet album a été enregistré, à Paris, Londres et Münich, puisque les Stones enregistraient Emotional rescue à Paris tandis que, la même année, Jean-Jacques Burnel et l'ingénieur du son des Stranglers Steve Churchyard produisaient le premier album de Taxi Girl à Londres et à Paris.
Avec La folie et surtout Feline, les Stranglers allaient perdre pas mal de leur énergie, mais celle-ci est encore très présente sur The meninblack, avec cette particularité qu'elle est associée à toute une panoplie de sons électroniques, comme le souligne bien la chronique de l'album du site Guts of darkness : synthétiseurs, séquenceurs, boites à rythmes. Les trois titres chantés de la face A en sont un parfait exemple : Just like nothing on Earth, qui fut finalement le deuxième 45 tours extrait de l'album, est un titre qui à la base aurait pu figurer sur les albums des Stranglers de 1977, mais avec en plus des bruitages synthétiques, des voix trafiquées et un chant magistral de Hugh Cornwell, comme sur tout l'album (On a l'impression qu'il transforme là l'essai de son album Nosferatu). Puis viennent Second coming (La résurrection, menée par un séquenceur entêtant et un synthétiseur volontairement agaçant) et Waiting for the meninblack. On trouve sur la face B encore deux titres rapides du même excellent niveau, Two sunspots, avec encore un séquenceur très bien utilisé et même un petit solo de guitare à la Devo, et Four horsemen, l'un des titres où la grosse basse de Jean-jacques Burnel est bien en évidence, et aussi l'un des rares du disque, avec Turn the centuries turn, qui part dans une de ces longues envolées instrumentales avec orgue en solo dont le groupe a le secret.
Thrown away est un peu à part. Pour le coup, le son est carrément new wave et effectivement assez éloigné du style Stranglers. Quant aux paroles, elles semblent être celles d'une chanson d'amour (de séparation, pour être plus précis), sans rapport évident avec le concept de l'album, sauf un couplet qui semble rajouté artificiellement pour faire le lien. Il n'en reste pas moins que j'adore toujours autant cette chanson, particulièrement le chant très grave de Hugh Cornwell qui me fait dire que j'imaginerais très bien Leonard Cohen interpréter ce titre !
Je viens de réécouter l'album dans son intégralité trois fois aujourd'hui et je ne m'en lasse pas. Il mérite vraiment d'être réévalué et de figurer dans les listes "à écouter absolument" de tous les fans de new wave. Moi, ça fait longtemps maintenant que je suis converti (contaminé ?), et que je prie comme le font les Stranglers sur le dernier titre du disque : "Nos hommes en noir qui êtes aux cieux, que votre vaisseau soit sanctifié, que votre règne vienne, que vous fassiez la fête sur la terre comme au ciel".
L'album, comme la plupart de ceux des Stranglers, est régulièrement réédité. La dernière version CD en date compte trois titres bonus, dont les faces B des 45 tours, assez décevantes. Le disque est aussi en écoute chez Deezer.
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2 commentaires:
également mon favori des Stranglers (à égalité avec "The Raven"!). 33t certes un peu à part dans la disco du groupe, mais néanmoins très attachant de part sa singularité! (de toute façon, les étrangleurs ont toujours été un groupe à part, unique et singulier!).
Comme Anonyme, il s'agit de mon disque favori quand je réécoute toute leur discographie, avec "The raven" également.
Les faces B en bonus ne sont pas formidables mais elles ne sont pas honteuses non plus, le groupe a fait de superbes EP et 45T en général, et souvent je les préfére à certaines chansons de leurs albums.
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