28 juillet 2008

RICHARD JESSUP : Chanteur de choc


Acquis sur le vide-grenier d'Avenay-Val d'Or le 29 juin 2008
Réf : Série Noire 487 -- Edité par Librairie Gallimard en France en 1959
Support : 185 p. 17 cm
6 titres

Encore et toujours sur le vide-grenier d'Avenay cette année... Quand je suis arrivé sur le stand où j'ai acheté ce livre, un petit vieux était en train de faire l'affaire de sa vie : une caisse à vendanges entièrement pleine de Séries Noires, la plupart cartonnées, la plupart avec leur jaquette, et le tout à cinquante centimes pièce ! C'est un peu l'équivalent de trouver une caisse entière de EPs années 60 de groupes rock en parfait état à ce prix-là, ce qui n'arrive (plus) jamais (encore que, j'ai bien récupéré un EP dans une poubelle...mais un seul !).
Le papy a acheté 60 livres qu'il a négociés à 25 € et, dans ce qu'il avait laissé, j'en ai trouvé cinq à acheter pour moi. Même si j'étais passé avant lui, je n'en aurais pas acheté autant : j'achète et je lis beaucoup de Séries Noires, mais j'ai mes auteurs (les différents pseudos de Westlake, Charles Williams, Jean Amila, Chester Himes, E.V. Cunningham alias Howard Fast et pas mal d'autres) ou je me fie au résumé au dos pour acheter ceux d'auteurs que je ne connais pas. Mais ce livre de Richard Jessup, j'ai été bien content de le trouver dans le lot car ça fait plusieurs mois que je le cherchais. Depuis septembre 2007 en fait, depuis que j'ai vu cette photo de Pascal Comelade prise par Claude Gassian pour la promo de son album Mètode de rocanrol :

Sur le coup, j'ai noté la référence à la Série Noire, sans être surpris qu'elle intéresse Comelade. C'est quand j'ai fait attention au titre que j'ai saisi tout l'humour de la pose : associer Comelade à un Chanteur de choc c'est comme tenter de marier l'eau et le feu : impossible ! Lors de son dernier et excellent concert en date à Reims, le 29 février à La Cartonnerie, il s'est approché par deux fois du micro posé sur un pied pas très loin de ses pianos. La première fois, vers la fin du concert avant le rappel, il a remercié le public avant de balbutier "Excusez-moi, parler je sais pas faire". La seconde fois, tout à la fin, il n'a pas ouvert la bouche et a juste écarté les bras dans un geste d'impuissance !
Bon, mais si je parle ici de Chanteur de choc, c'est bien parce que tout le roman se situe dans le monde de la musique, qu'il dépeint au vitriol.
Richard Jessup, dont je ne sais pas grand chose si ce n'est qu'il est né en 1925 et mort en 1982, a publié plus d'une trentaine de romans, dont quelques-uns sous le pseudonyme de Richard Telfair, dont aussi quatre ou cinq en Série Noire. Le plus connu de ces romans, c'est sûrement Le kid de Cincinnati, mais surtout à cause du film avec Steve McQueen qui en a été tiré en 1965.
Le livre, qui n'a absolument rien d'un polar à part sa couverture de Série Noire, raconte le parcours de Walker Alise, un chanteur doué mais inconnu, un parmi les centaines qui, en cette fin des années 50, rôdent en quête de gloire autour du Brill Building, le centre névralgique du show-business new-yorkais. Les cent premières pages du livre racontent comment, à force de culot et de duplicité, Alise réussit en quelques semaines à monter suffisamment de coups médiatiques et financiers, en arnaquant ceux qui lui avaient d'abord fait confiance, pour devenir une vedette nationale.
Jessup consacre ensuite une petite quinzaine de pages pour raconter en style presque télégraphique la gloire et la déchéance du chanteur vedette, les palaces, l'argent, les femmes, les drogues.
La dernière partie du livre raconte comment, à trente-trois ans, un Alise déjà complètement usé, encore connu mais qui a tout perdu, tente un come-back désespéré sous la coupe d'un manager revanchard.
La même histoire aurait pu être raconté dans le milieu de la country (comme l'a fait par exemple Donald Westlake avec Moi, mentir ?), dans le milieu du cinéma à Hollywood (Westlake encore avec Sacred monster, parmi des milliers d'autres exemples), dans celui de la mode ou, si on reste dans la musique, il aurait pu être situé à n'importe quelle époque et dans n'importe quel genre, du rock au grunge en passant par la variété et la télé-réalité. L'intérêt de Chanteur de choc, un roman de qualité sans être un chef d'oeuvre, c'est que, dans les années 50, les romans sur ce sujet n'étaient pas encore très courants et celui-ci lève le voile de façon détaillée et féroce sur les arrières-cuisines peu ragoutantes de l'industrie musicale.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

le chanteur de gospel de harry crews est aussi un très bon livre, série noire. Tiens je vais le relire ce soir! ph

Anonyme a dit…

Il existe un autre série noire lié à Comelade, il s'agit du N° 1136, Londres -Express, de Peter Loughran, paru en 1969, et qu'il chroniqua fort bien...

Jean-François

Pol Dodu a dit…

Jean-François,
Merci pour l'info. Ça me fera une bonne raison de l'acheter si je tombe dessus un jour...