01 avril 2022
JEAN FERRAT : A Santiago
Acquis par correspondance via Rakuten en mars 2022
Réf : 71 238 -- Édité par Barclay en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm
Titres : A Santiago -- Ce qu'on est bien mon amour -/- Cuba si -- Indien
Je connais Jean Ferrat comme tous les gens de ma génération, puisqu'il a accompagné toute ma jeunesse en fond sonore. Il fait partie des grands de la chanson française "traditionnelle" et j'apprécie certains de ses classiques. Bref, il est à la montagne ce que Trenet est à la mer ! Mais c'est tout. J'ai un tout petit nombre de ses disques (moins d'une poignée) et pour la plupart je les ai récupérés plutôt qu'achetés.
Cependant, j'ai voulu me procurer ce disque en particulier car j'ai été tout surpris récemment de découvrir que, au moins une fois dans son parcours, Jean Ferrat avait fait preuve de beaucoup d'humour et d'auto-dérision ! Ce parcours, je ne le connais pas bien, juste son image publique et sa réputation, mais il y a une chose dont je suis sûr, c'est qu'on l'associe rarement à la gaudriole.
Et ce moment particulier de légèreté, c'est A Santiago, presque une pochade, une chanson volontairement con-con, qui accumule les clichés dans une ambiance de carnaval/fête foraine avec orgue à flonflons. Mais aussi une rengaine efficace que j'ai eu en tête plusieurs jours après l'avoir écoutée.
Comment en est-on arrivé là ? Eh bien tout est parti d'un voyage à Cuba et au Mexique que Jean Ferrat a fait en mai-juin 1967. Il comptait initialement y aller en touriste, mais a finalement accepté de s'y produire une dizaine de fois et a enregistré deux émissions de télévision, dont une retransmission de son spectacle. On trouve des récits de ce voyage ici et là, et surtout on peut voir sur le site de l'INA un entretien de cinq minutes à ce sujet avec Denise Glaser dans Discorama.
De son voyage, Jean Ferrat a ramené plusieurs nouvelles chansons, qu'il a enregistrées en décembre 1967 pour son album Jean Ferrat.
Outre A Santiago, Indien, Cuba si, Mourir au soleil et Les guerilleros sont visiblement toutes inspirés par cette aventure. Cette dernière a été la première extraite en EP, avant A Santiago.
Apparemment, A Santiago a été pas mal diffusée sur les radios et a connu un certain succès. Sa légèreté dérangeait sûrement moins que les prises de position politiques de Ferrat à d'autres occasions.
Les paroles sont assez classiques dans un style comique, avec une insistance sur les qualificatifs désobligeants sur sa façon de danser, plus des commentaires entendus ("C'était dur", "C'était très dur"). Sa prestation télé dans l'émission Tilt en janvier 1968 est parfaitement dans le ton : il chante en souriant, esquisse quelques pas de danse et porte son tambourin en guise de sombrero.
Le reste du disque est beaucoup plus dans le style habituel de ce qu'on connaît de Ferrat, "dans la tradition des auteurs-compositeurs français qui font des chansons d'expression", comme il le dit-lui-même à Denise Glaser pour le définir. Dois-je préciser que c'est beaucoup moins dans mes goûts ? Même si, Ce qu'on est bien mon amour, Cuba si (avec des paroles d'Henri Gougaud) et Indien sont toutes les trois des chansons de qualité.
En plus des chansons, Jean Ferrat a rapporté un autre souvenir de Cuba : sa moustache ! Il est encore glabre sur les photos prises sur place qui ornent l'album et sur la pochette du 45 tours juke-box ci-dessous. Mais sur l'EP et à la télévision il a déjà sa moustache, et je crois bien qu'elle ne l'a plus quitté par la suite.
Et sinon, Jean Ferrat ne manquait pas de caractère, comme le prouve l'épisode du rachat de Barclay par Polygram à la fin des années 1970. Mécontent du sort de son catalogue des années 1960, il a entrepris avec ses compères et complices l'arrangeur et chef d'orchestre Alain Goraguer et l'éditeur et directeur artistique Gérard Meys de réenregistrer toutes ses chansons pour Temey, le label indépendant fondé en 1968 avec Gérard Meys (Temey = Te pour Tenenbaum, le nom de naissance de Ferrat, + mey pour Meys...). Ils ont essayé de rester fidèle au plus près des versions originales, et c'est vrai qu'il faut écouter attentivement pour repérer les différences quand on écoute la version Temey d'A Santiago.
A lire ici, une chronique complémentaire à celle-ci.
Jean Ferrat, A Santiago et Cuba si, dans l'émission Tilt en janvier 1968.
La pochette du 45 tours juke-box A Santiago. Une des dernières photos de Jean Ferrat sans moustache ?
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