23 janvier 2010

BIFF BANG POW ! : The girl who runs the beat hotel


Offert par Werner Truckenbrodt par correspondance en janvier 2010
Réf : VWR 08 -- Edité par Vollwert en Allemagne en 2010 -- N° X/99
Support : CD 12 cm
10 titres

C'est un hasard total, mais le premier disque édité dans cette nouvelle décennie que je reçois me concerne au plus haut point puisqu'il s'agit de la réédition du disque de ma collection dans lequel je suis personnellement le plus impliqué (Contrairement à toute logique, cet honneur n'échoit pas au single Someone stole my wheels, crédité à JC Brouchard with Biff Bang Pow!, pour lequel j'ai prêté mon nom et mes traits mais à l'enregistrement duquel je n'ai pas participé).

Depuis quelques temps, Werner Truckenbrodt a entrepris d'éditer ou de rééditer sur son label Vollwert de nombreux disques, dont beaucoup sont sortis à l'origine dans les années 1980 chez Creation Records. Il y a la collection Edition 59, qui propose des mini-CD singles 7,5 cm en édition limitée, comme le nom l'indique, à 59 exemplaires. Et il y a le label Vollwert lui-même pour les albums, des CD-R en édition limitée à 99 exemplaires.
Quand j'ai appris, grâce à Phil king, l'existence de ce label et quand j'ai découvert qu'ils avaient réédité quasiment l'intrégralité du catalogue de Biff Bang Pow!, je suis entré en contact avec Werner et j'ai passé commande, en le remerciant de m'avoir fait un prix d'ami et de m'avoir offert plusieurs disques.

The girl who runs the beat hotel est le deuxième album de Biff Bang Pow!. Il est sorti début février 1987, soit deux ans après le premier album, Pass the paintbrush, honey. C'est un disque excellent, et ce malgré sa gestation difficile : à l'origine, il aurait dû sortir un an plus tôt, début 1986, mais le groupe n'était pas suffisamment satisfait de ses sessions d'enregistrement de novembre 1985, pour un disque dont le titre potentiel oscillait alors entre Submarines et 16 velvet Fridays. Il se sont alors contenté de sortir un maxi 4 titres (l'excellent Love's going out of fashion). Le groupe a donc remis ça en septembre 1986, toujours au studio Alaska, un bouis-bouis situé sous un pont ferroviaire (!), mais qui avait deux avantages immenses pour le Creation des débuts : les prix étaient extraordinairement bas, et en plus les ingénieurs du son étaient efficaces, ce qui permettait d'aller vite et d'enregistrer pour encore moins cher. En gros, il fallait à Biff Bang pow! trois jours pour enregistrer dix titres. Le premier jour, enregistrement dans les conditions du live (basse, guitare, batterie, guide-chant). Le deuxième jour, enregistrement du chant principal, des choeurs et des overdubs (harmonica, claviers, feedback et bidouillages en tout genre). Le troisième jour était consacré au mixage.

Le format CD, même si le gros plan a été bien sélectionné, ne rend évidemment pas parfaitement hommage à la réussite qu'est la pochette originale de l'album, qui ne comportait au verso que ces fleurs roses, sans aucune mention de groupe ou de titre, à la façon des pochettes de Peter Saville pour Factory. Je ne sais plus si c'est pour celle-ci ou pour l'autre de ses pochettes d'album fleuries (la compilation I love the smell of napalm), mais Luke Hayes de Chromatone design, qui savait lui aussi réaliser de belles choses sans budget, m'a raconté qu'il était ressorti un soir pour aller cueillir ces fleurs sur un parterre qu'il avait repéré dans le quartier. Il les a étalées par terre ou sur une table dans son salon et les a mouillées avant de les mitrailler. Résultat superbe et, le 10 février 1987, j'ai eu un sacré coup au coeur en découvrant cette pochette en vitrine chez New Rose, quelques heures justement avant de retrouver Alan McGee pour le concert de Jazz Butcher.

Le disque s'ouvre avec l'enregistrement le plus ancien, Someone stole my wheels, qui date probablement de 1984. Il a été probablement réalisé par Andrew Innes et Luke Hayes, de Revolving Paint Dream, soit en vue d'un deuxième single du groupe, soit pour le sortir sous le nom des Formica Tops, groupe pour lequel ils ont été un moment en pourparlers avec Rough Trade. Au bout du compte, cette chanson est sortie, telle quelle, en octobre 1986 sur le single avec JC Brouchard, avant d'ouvrir cet album. Je suis concerné de trop près pour en parler objectivement, mais cette histoire d'un gars qui découvre, alors qu'il pleut comme vache qui pisse, qu'on lui a piqué les roues de son scooter et qui compare sa situation à celle de la reine ("Elle doit être humaine après tout"), est suffisamment bonne pour figurer sut toutes les compilations de Biff Bang Pow!. Il faut dire qu'avec les motifs de guitare, l'orgue et les chœurs en "la la la", elle a de quoi accrocher.

Ensuite, on retrouve un autre single, Love's going out of fashion. Si certains morceaux de BBP! on un côté rétro sixties très marqué, ce n'est pas le cas ici. C'est une belle chanson d'Alan, avec de l'harmonica de Joe Foster très présent et même une sorte d'espagnolade à la guitare pendant les couplets. Les deux se retrouvent pendant le pont. Le groupe a sacrément progressé avec ce troisième single .
La séquence Alan continue dans la même veine avec deux autres chansons au tempo moyen à rapide, le très beau She never understood (Ici avec de l'orgue, il s'agit donc probablement d'un enregistrement de 1986, mais cette chanson avait déjà été enregistrée lors des sessions de 1985) et He don't need that girl, suivies de deux chansons lentes, She shivers inside et The beat hotel.

Ensuite, le disque prend une autre direction, en mettant en avant l'excellente chanteuse qu'est Christine Wanless, qui a surtout enregistré par ailleurs avec The Revolving Paint Dream. Il y a d'abord le presque jazzy The happiest girl in the world, puis If I die, une chanson bizarrement construite il me semble (pas de couplets, par exemple), qui vaut surtout pour le chant de Christine et pour l'accélération du rythme au moment deuxième refrain, après que Christine a monté d'une tranche de ton. Les paroles ne sont pas courantes non plus : "If I die on the way to work tomorrow morning, would you notice there's any difference to your life ? If I'm run down by a bus on the way to see you, would you care, would you blink an eye ?".

C'est aussi sur If I die que je fais ma première apparition enregistrée sur disque. J'ai assisté à la majorité des deux séances d'enregistrement principales de l'album, en ma qualité de conseiller spirituel du groupe. Groupe qui m'aimait bien, mais pas au point d'être assez inconscient pour me faire chanter sur leur disque. J'ai bien fait des chœurs sur un titre, I need optimism, mais on était trois ou quatre à chanter ensemble et, comme par hasard, ce titre est l'un des rares à être resté complètement inédit !
Non, sagement, les amis de BBP! m'ont demandé de parler. Sur If I die, où je répète, avec suffisamment d'écho sur ma voix, les paroles que Christine venait de chanter, et sur le morceau de bravoure psychédélique qu'est Five minutes in the life of Greenwood Goulding. Là, grâce à la technique des bandes magnétiques retournées, je réussis même l'exploit de parler à l'envers (ce qui n'empêche pas, je l'ai découvert avec surprise, de reconnaître le ton de sa voix). J'imagine qu'on a fait une seule prise, deux grand maximum si je me suis planté ou si j'ai eu un fou rire. Je me souviens seulement que j'avais le casque sur la tête et que tout le monde me faisait des signes de la main pour que je parle et que je continue à parler, mais c'est pas facile d'improviser comme ça pendant plus de quatre minutes ! Je ne me souvenais que d'une chose, c'est que j'avais à dire quelque chose sur Cilla Black, chanteuse populaire et présentatrice télé, ce qui en fait grosso modo un croisement entre Sheila et Danièle Gilbert, mais maintenant que j'ai cet album en CD, et grâce aux technologies numériques, on peut réécouter ma prestation à l'endroit :

Biff Bang Pow ! : Cilla's back from India (Five minutes in the life of Greenwood Goulding - in reverse)

"Cilla's back from India", c'était pour le côté psychédélique et parce que Cilla Black a rencontré le Yogi Maharishi avec les Beatles à Bangor en 1967 (mais Bangor, c'est au Pays de Galles, pas en Inde !). "Les premiers seront les derniers", c'est bien sûr uniquement parce que je savais que mes paroles passeraient à l'envers. A un moment, j'ébauche même un générique de l'album, histoire d'occuper le terrain... Après ça, l'album se conclut avec l'excellent instrumental sixties The whole world is turning Brouchard !, ainsi nommé uniquement je pense en raison de mon enthousiasme pour ce titre exprimé lors de l'enregistrement.

Au bout du compte, voilà un album qui, en dix titres et moins de trente minutes, est d'excellente tenue de bout en bout, alors que, avec trois sessions d'enregistrement et trois chanteurs, le risque était grand qu'il soit inégal. A l'inverse, l'album suivant, Oblivion, serait marqué par une grande unité. Il est bien évident que, si la réputation d'Alan ne s'était pas faite avant tout comme le patron de Creation, le découvreur de The Jesus and Mary Chain et d'Oasis, les disques de Biff Bang Pow ! seraient réédités aujourd'hui à plus de 99 exemplaires !



Comme après plus de vingt ans, moi-même je m'y perds, alors que j'ai suivi l'affaire de près, j'ai essayé de faire le point des différents titres enregistrés lors des sessions qui ont abouti à cet album. Entre parenthèses, j'ai indiqué sur quel disque ces enregistrements ont finalement paru.


Session de 1984 pour Revolving Paint Dream ou The Formica Tops
:

  • Someone stole my wheels (Someone stole my wheels single, The girl who runs the beat hotel)
  • Sunnydays ((Someone stole my wheels single) 
Session de novembre 1985 :
  • Love's going out of fahion (Love's going out of fahion single, The girl who runs the beat hotel)
  • In the afternoon (Love's going out of fahion single, The debasement tapes)
  • Inside the mushroom (Love's going out of fahion single, The debasement tapes)
  • It happens all the time (Alan au chant) (Love's going out of fahion single, The debasement tapes)
  • It makes you scared (Someone stole my wheels single, The debasement tapes)
  • He don't need that girl (The girl who runs the beat hotel)
  • The death of England (The whole world is turning Brouchard ! single, The debasement tapes)
  • She never understood (Alternate) (The acid house album)
  • Back to the start (Pensioners on ecstasy compilation, The debasement tapes)
  • I need optimism (Inédit)       
Session de septembre 1986 :
  • She never understood (The girl who runs the beat hotel)
  • She shivers inside (The girl who runs the beat hotel)
  • The beat hotel (Alan au chant) (The girl who runs the beat hotel)
  • The happiest girl in the world (The girl who runs the beat hotel)
  • If I die (The girl who runs the beat hotel) 
  • Five minutes in the life of Greenwood Goulding (The girl who runs the beat hotel)
  • The whole world is turning Brouchard ! (The girl who runs the beat hotel, The whole world is turning Brouchard ! single)
  • The beat hotel (Alternate) (Christine au chant) (The acid house album)
  • It happens all the time (Christine au chant) (She haunts single et Mother watch me burn de The Revolving Paint Dream, sous le titre Electra's crying loaded in the basement, après enregistrements complémentaires) 
Ajout du 20 février 2010 :

Voici un super collector : le n° spécial du fanzine Laissez-vous emporter par la cité ! de Jean-Philippe Dumas, sorti à l'occasion de la tournée française de Biff, Bang, Pow ! en février 1988, qui contient notamment une interview d'Alan McGee réalisée peu de temps avant la sortie de The girl who runs the beat hotel.

Ajout du 5 août 2018
:

Trouvé chez Discogs, voici un communiqué de presse de Creation qui accompagnait l'édition originale de l'album, "Starting 1987 as they mean to go on under the psychic influence of their guru and mentor J.C. Brouchard, this is an L.P. of classic songs and manic moments to melt your heart and warp your mind.".



12 commentaires:

kaplan a dit…

Salut JC
sais tu on l'on pourrait trouver des lyrics de B.B.P ?

amicalement.

Pol Dodu a dit…

Kaplan,
C'est pas si simple, effectivement.
Les paroles ne sont pas sur les disques, et pas en ligne non plus.
Il faudrait peut-être que je me mette à les transcrire, mais je ne suis pas sûr de trouver le temps.
J'ai quand même mis en ligne il y a quelque temps les paroles de "This must be a better life", écrites de la main même d'Alan !

kaplan a dit…

Merci camarade.J'avais trouvé sur le net il y a fort longtemps les paroles de "The Beat Hotel"...
Si tu as le temps un jour pour "someone stole my wheels" et "the chocolate elephant man"

very friendly

Pol Dodu a dit…

Kaplan,

Pour "Someone stole my wheels", absolument impossible de me défiler. J'ai presque tout, sauf un vers. Le plus facile étant les "la la la" ! :

Someone stole my wheels

Suppose you might expect it of me, but you'd never expect it of the Queen
She must be human after all, suppose she must be human after all

Wednesday morning, it's pissing with rain, and I'm so tired of watching your TV
Guess this is the end of the rainbow, but what does one more life mean to the Queen ?

La la la la la la la
La la la la la la la la

Wednesday morning, it's pissing with rain, and I'm so tired of standing on my feet,
Someone's nicked the wheels of my scooter, someone's nicked the wheels off under me

Suppose this is the end of the rainbow
(??? I was not a part ???)

Pour "The chocolate elephant man", c'est une autre paire de manches : c'est Alan qui chante (pas Andrew), il y a plein d'écho... Pour les couplets, j'ai tellement peu de bribes que je n'ose pas me lancer.

Pour le refrain, ça ressemble à ça :

It goes on and on my dear
His life seems to mean nothing
On and on and on and on
Till he burns it out

Si j'arrive à compléter ça, je te ferai signe !

kaplan a dit…

merci cher ami

Charlie Dontsurf a dit…

Merci encore Pol Dodu. Je suis en train d'écouter "Pass The Paintbrush, Honey..." et bien moi, je vais passer à la suite. Ils sont formidables, les BBP. Encore un groupe dont le nom m'a fait fuir et pourtant, c'est tout à fait une musique que j'aurais adorée dans ces mid-eighties. Bon, je lance une campagne de rattrapage.
Charlie
PS : tu parles dans la chronique de "collation" Edition 59. C'était peut être l'heure et, en ce mois de février 2010, tu avais sans doute hâte de rejoindre le bon chocolat chaud qui t'attendait mais je pense que tu voulais dire "collection", non ?

Pol Dodu a dit…

Charlie,
Pour ta campagne de rattrapage, tu peux procéder dans l'ordre : après "Paintbrush", "Beat hotel" est essentiel notamment pour sa collection de singles, et "Oblivion" puis "Love is forever" sont très homogènes, excellents tant du point de vue des compositions que du son.
PS : J'ai corrigé ma coquille...

Virginie a dit…

J'adore également BBP. Et oui oui, "Someone Stole My Wheels" est une super chanson, une de mes préférées en tous cas.
Je suis curieuse et ravie de savoir que c'est vous qui intervenez sur "If I die". J'écoute très souvent ce disque et "Pass the paintbrush, Honey". Pour moi ils ne prennent pas une ride et sont malheureusement trop peu connu.

Charlie Dontsurf a dit…

Je me suis lancé chez Amazon avec un "best of", Waterbomb, qui compile les 4 premiers. (J'en ai profité pour glisser dans la commande un Truffault, celui avec la reprise de Jonathan Richman). Après, j'irai faire un tour chez Vollwert, enfin si j'arrive à me dépatouiller du site ... en allemand.
Pour les Jasmine Minks, la compil dont tu vais parlé dans un de tes commentaires ou billets n'est plus dispo et atteint des sommes importantes en occasion.

Pol Dodu a dit…

Charlie,
"Waterbomb!" est une excellente compilation. En plus, il y a pas mal d'illustrations sur le livret intérieur piochées chez Vivonzeureux! (dont presque autant de photos de bibi que du groupe !).
Bizarrement, parmi tous les CD de rééditions Creation chez RevOla/Cherry Red, celui des Jasmine Minks est l'un des seuls qui soit épuisé.
Il est toujours dispo cependant chez Glitterhouse à moins de 13 €. Il faut juste trouver autre chose chez eux (pas dur) pour amortir les 6 € de port...

Charlie Dontsurf a dit…

Quel type épatant notre Dodu. Vive notre Pote Pol !
C'est commandé.

Pol Dodu a dit…

The Girl Who Runs The Beat Hotel a été publié il y a 30 ans, tout comme Oblivion puisque les deux disques ont été publiés à quelques mois d'écart. Vertigineux !
Pour fêter ça, j'ai répondu aux questions de Louis Teyssedou, tout comme le bassiste du groupe David Evans.
C'est à lire chez Soul Kitchen.