Acquis d'occasion dans la Marne dans les années 2000
Réf : 2C 004-13096 -- Édité par Oasis/Pathé en France en 1975
Support : 45 tours 17 cm
Titres : A vava inou va -/- Tomacahut n'teskurt
Avec The letter et Why can't we live together, A vava inou va fait partie des grandes chansons que Philippe R. tient en estime et promotionne largement autour de lui. C'est sûrement lui qui me l'a fait écouter pour la première fois.
En fait, je ne connaissais pas du tout Idir avant la sortie en 1999 de l'album de duos Identités, et notamment celui avec Manu Chao, A Tulawin (Une algérienne debout), avec la participation de Khalida Messaouadi. Je me suis rattrapé depuis en achetant plusieurs de ses disques, dont ce 45 tours qui est son plus grand succès.
La carrière d'interprète d'Idir a commencé un peu par hasard en 1973, quand il a remplacé au pied levé la chanteuse Nouara qui devait chanter à Radio Alger la berceuse Rsed a ydess qu'il avait composée. Cette année-là, Idir enregistre cette chanson ainsi que A vava inou va, avant de partir pour deux ans faire son service militaire. Je ne sais pas si le 45 tours est sorti sur Oasis Disques en Algérie dès 1973, ou plutôt en 1975, mais en tout cas la chanson se diffuse largement pendant cette période, en Algérie et internationalement.
En France, comme le raconte Farid Alilat, l'auteur d'Idir, un Kabyle du monde (Éditions du Rocher, 2022), c'est Jean-Pierre Elkabbach qui donne un coup de pouce à la chanson en la diffusant sur France Inter dans une émission sur la visite du président Giscard d'Estaing en Algérie en avril 1975.
Après son service militaire, Idir s'installe à Paris en 1975. C'est cette année-là que le 45 tours est réédité en France par Pathé. Il a dû avoir un grand succès car il n'était pas rare encore ces dernières années de le trouver d'occasion. La chanson ouvrira et donnera son titre au premier album d'Idir, sorti en 1976.
A vava inou va, c'est d'abord dès l'introduction une très belle mélodie à la guitare, composée par Idir. C'est ensuite un chant en duo, avec des paroles en langue kabyle écrites par le poète Mohamed Benhamadouche, alias Ben Mohamed, qui serait inspirées par le conte Le chêne de l'ogre, présent dans le recueil Le grain magique de Taos Amrouche.
Sur la version originale, la chanteuse qui accompagne Idir est Zahra. Sa participation est mentionnée au recto de la pochette du 45 tours algérien. Sur la moche pochette du 45 tours français, cette mention est reléguée au verso. Et sur l'album, j'ai vérifié plusieurs fois et selon moi il s'agit bien du même enregistrement, on ne trouve malheureusement plus trace de Zahra, alors que les musiciens des sessions parisiennes sont dûment crédités. Zahra, c'est Zahra N'Summer, de son vrai nom Anissa Kemmouche. En 1999, elle a enregistré sur l'album Une algérienne, d'amour et de liberté sa propre version d'A vava inouva.
La pochette du 45 tours A vava inou va sorti en Algérie.
J'ai répertorié quatre versions différentes d'A vava inou va enregistrées sur disque par Idir :
- La première version avec Zahra, sur le 45 tours de 1975 et l'album A vava inou va de 1976.
- La version réenregistrée avec Mila, sur le 45 tours et sur l'album A vava inouva de 1991.
- A vava inouva 2 avec Karen Matheson, sur l'album Identités de 1999.
- A vava inouva en public au Théâtre des Hauts de Seine de Puteaux le 6 novembre 2004, sur l'album Entre scènes et terres de 2005.
La pochette d'Ouvre-moi vite la porte par David Jisse et Dominique Marge (1975).
La face B du 45 tours, Tomacahut n'teskurt, est aussi une réussite, dans une veine proche d'A vava inou va, avec guitare et belle mélodie. Pour le coup, la version qu'on trouve sur l'album de 1976 est un enregistrement différent et réorchestré. Je préfère cette prmeière version.
Idir est mort à 74 ans en 2020. La partie centrale de la place de Ménilmontant s'appelle désormais le square Idir.
Comme pour beaucoup de versions qu'on trouve en ligne, c'est sauf erreur de ma part le réenregistrement de 1991 qu'on entend sur cette vidéo.
Idir et Karen Matheson, A vava inou va.
Idir, A vava inou va, en concert.
Idir, A vava inou va, en direct dans le Journal Afrique sur TV5 Monde en novembre 2017.
3 commentaires:
Ce morceau passait régulièrement dans les émissions du regretté Claude Villers (à cette époque, ce devait être "Marche ou Rêve"). Merci de rendre à Zahra les crédits qu'elle mérite. Elle a été trop souvent oubliée, et d'autant plus après que la chanson ait été ré-enregistrée. Dans cette version, il s'agit d'ailleurs plus d'un duo que d'une simple "participation".
Je suis d'accord avec toi pour le duo plutôt que la participation. C'est d'ailleurs le terme que j'ai utilisé prioritairement plus haut. Participation c'est le terme utilisé sur la pochette, et effectivement il dénigrait déjà quelque peu le rôle de Zahra.
Chanson magnifique, l'histoire de l'interprétation d'Idir n'est pas triste non plus, quant à Zahra la liste est longue de ces femmes artistes condamnées à l'ombre, ce qui n'est pas une consolation. Même accro à tout ce qui pouvait sonner rock à l'époque (et des trucs progressifs inécoutables désormais ça ne manquait pas) je suis tombé raide d'émotion à l'écoute de de cette perle. Et depuis elle fait partie de mon panthéon c'est vrai, avec qqes stones pour faire bonne mesure! Belle façon de terminer l'année M'sieur ph
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