Acquis probablement chez A la Clé de Sol à Reims en 1991
Réf : 67016-7 -- Édité par Barclay en France en 1991
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ancien combattant -/- Ne va pas là-bas
11 novembre 2018. La date est éminemment symbolique pour nous tous qui avons toujours vécu avec un jour férié commémorant l'armistice du 11 novembre 1918. Elle l'est peut-être un peu plus pour moi qui suis né dans la Marne, qui ai vécu à Reims, qui habite une maison qui a probablement été endommagée pendant l'une des guerres mondiales, dans un village où l'on trouve un bon nombre de tombes militaires dans le cimetière municipal.
Parmi ces tombes, il y en a plusieurs de "tirailleurs sénégalais", dont les trois ci-dessus, qui sont celles de :
- SANA, né en 1898 en Haute-Volta, mort le 18 août 1918.
- Guilaogui TIECOURA, né en 1892 en Guinée, mort le 14 août 1918.
- LANDOGO, né en 1896 en Haute-Volta, mort le 12 août 1918.
Je fais rarement dans l'actualité ou dans la commémoration pour mes chroniques de disques, mais je suis tombé cette semaine en rangeant un autre disque sur ce 45 tours de Zao, avec sa pochette très réussie dessinée par Ben Radis et je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais d'en parler.
Ancien combattant est la chanson la plus connue de Zao. La première version sur disque date de 1984. C'est la version essentielle, avec un bel arrangement, avec guitare et ce qui doit être de la flûte. Les paroles de cette chanson à la fois pacifiste et légère ont fait beaucoup pour le succès de la chanson :
"Mundasukiri
La guerre mondiaux
Ce n'est pas beau, ce n'est pas bon
Quand viendra la guerre mondiaux
Tout le monde cadavéré
Quand la balle siffle, il n'y a pas de choisir
Si tu ne fais pas vite changui, mon cher, ho!
Cadavéré
Avec le coup de matraque
Tout à coup, patatras, cadavéré"
Ces paroles, Zao l'a reconnu, sont inspirées en partie d'une chanson plus ancienne, Petit imprudent d'Idrissa Soumaoro, qui n'a jamais été crédité sur les disques de Zao. Mais "l'emprunt" de Zao se limite aux paroles. Tout ce qui "accroche" musicalement dans Ancien combattant, je ne l'entends pas dans Petit imprudent.
Sur mon 45 tours, ce n'est pas la version de 1984 d'Ancien combattant que l'on entend, mais une nouvelle version produite quand Zao a signé chez Barclay. C'est une version survitaminée, électronisée, réalisée par Rap Two et Vi Avelino. On perd beaucoup en subtilité par rapport à la version originale, mais la chanson elle-même est assez forte pour résister à ce traitement, et on comprend que Barclay ait essayé d'en faire un succès. Le disque, ça passe, donc, mais pour la vidéo j'ai vraiment du mal avec les chorégraphies et les danseuses :
Cette version d'Ancien combattant a été incluse sur l'album Barclay Zao 93, qui contient notamment une nouvelle version "techno" d'un autre ancien titre de Zao, Moustique.
Par contre, la face B du 45 tours, Ne va pas là-bas, n'est pas reprise sur l'album. C'est une chanson déconseillant l'exil, avec une production qui laisse plus de place à la guitare et aux percussions et avec des paroles très réussies :
"Là-bas on n'aime pas les autres. Si tu vas là-bas, on t'arrête. Si tu parles beaucoup, on te coupe la tête. Là-bas, on dort dehors. Toi aussi, tu vas dormir dehors. Là-bas, c'est la prostitution. Là-bas, on demande des papiers (...) Ne va pas là-bas, mon cœur est blessé, mon moral est cassé,..."
L'ironie de l'histoire, c'est que Zao a eu lui-même à souffrir de la guerre, en partie en raison de la notoriété d'Ancien combattant. Menacé, il a dû quitter Brazzaville pendant la guerre civile de 1997-1998 au Congo pour se réfugier pendant neuf mois dans la forêt, où l'un de ses enfants est mort de déshydratation.
Par la suite, il a repris son parcours artistique. En 2014, il a sorti un album dont le morceau-titre, Nouveau combattant, est une nouvelle version de son titre fétiche.
5 commentaires:
Bonjour
Très intéressant. Je viens d'ajouter votre billet en lien sur mon blog:
https://lhistgeobox.blogspot.com/2010/05/210-zao-ancien-combattant.html
Cordialement.
J. Blottière
Merci, cela fait donc un échange de liens et de bons procédés. Votre chronique m'a été très utile pour préparer la mienne.
Bon, Zao n'a certainement pas fait l'ENA mais en dit certainement tout autant, en tous les cas pas moins, que les discours présidentiels de ces derniers jours, confirmant ainsi une fois encore l'adage du Professeur Choron selon lequel "on s'instruit pendant qu'on danse"... du coup, "énarques... cadavérés ?"
Je n'en ai aucun souvenir, mais la note dans mon agenda est claire, et le programme et le CD du Printemps de Bourges 1994 le confirment : j'ai vu Zao en concert le vendredi 22 avril 1994, le même jour, et peut-être bien sur la même scène, qu'Iggy Pop et No One Is Innocent.
J'ai raté une étape importante pour comprendre l'évolution depuis le "Petit imprudent" d'Idrissa Soumaoro jusqu'à l' "Ancien combattant" de Zao : En 1974, Balla et ses Balladins ont sorti en 45 tours "Ancien combattant" et c'est probablement cette version qui a le plus inspiré Zao.
La version de Zao a ses qualités propres, notamment pour le chant et les paroles.
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