19 juin 2011

? / LE JOYEUX GANG DE MONSIEUR MO-MO : Monsieur Maurice


Acquis sur le vide-grenier de Chouilly le 19 juin 2011
Réf : 0 47 -- Edité par Majestic en France en 1969 -- Encarté exclusivement et gratuitement dans le numéro 10 "Spécial MIDEM" de la revue Le Métier - Vente rigoureusement interdite
Support : 45 tours 17 cm
Titres : ? : Monsieur Maurice -/- Le Joyeux Gang de Monsieur Mo-Mo : Monsieur Maurice

Le printemps caniculaire semblait bien loin ce matin : 12°, temps noir, bise glaciale... mais pas de pluie. J'avais les mains bleues mais j'ai fait quelques bonnes affaires sur le petit vide-grenier de Chouilly, avec notamment un album en pressage original anglais de Johnny Cash and the Tennessee Three. Certes, il s'agit probablement du tout dernier album crédité aux Tennessee Three, il est paru en 1976 et n'a que trente-cinq ans, mais étant donné que je me disais justement cette semaine que ça faisait bien longtemps que je n'avais pas trouvé d'album de Johnny Cash, ça tombait bien !
C'est à un autre stand que j'ai acheté ce 45 tours. La dame n'avait pas l'air sûre d'elle quand elle m'a annoncé un prix d'1 € pour ses disques. Je lui ai dit que le prix le plus courant était 50 centimes, elle a acquiescé et du coup je lui en ai pris cinq, dont un Frères Jacques et un Ray Tchicoray (alias Georges Jouvin) et deux paris, un disque danois de 1967 de Keld & The Donkeys (de la soupe, en fait) et ce disque-concours mystère de 1969, qui prouve que Jacques Canetti, et sa fifille Mademoiselle Françoise, tentaient des coups marketing pour convaincre les professionnels du disque à l'occasion du MIDEM.
Une fois rentré à la maison, c'est ce disque que j'ai mis en premier sur la platine. Une chanson légère très sympathique, avec un arrangement marqué par la présence d'un cuivre au son grave. La vedette avec qui le gagnant du concours allait passer un week-end de rêve à Tanger offert par l'Office Marocain du Tourisme à Paris se trouve être une chanteuse, ça je l'ai trouvé tout seul. La voix me disait vaguement quelque chose mais je ne pense pas que je serais parvenu à l'identifier. Paulette, qui passait par là, n'a entendu que quelques vers du dernier couplet et m'a dit tout de suite qu'elle avait bien l'impression que c'était Marlène Jobert qui chantait.
Fort bien. J'ai toute confiance dans les capacités de Paulette à identifier les voix. Je me suis donc mis en quête d'une confirmation en ligne, ne disposant pas sous la main du numéro de la revue Le métier dans laquelle les résultats ont été très certainement publiés... en 1969.
La chanson est créditée à Joss Baselli, Armand Canfora et Michel Jourdan. Première piste : Marlène Jobert a tourné en 1968 dans le film L'astragale, dont la musique originale est signée Joss Baselli. Elle a aussi tourné, toujours en 1968, dans le film de Michel Audiard, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, un film qui compte à son générique un certain Michel Jourdan, mais je ne suis pas sûr qu'il s'agisse du même que le célèbre parolier. De toute façon, la "preuve" suffisante me sera très vite fournie par le seul exemplaire de ce disque que j'ai trouvé en vente en ligne : il ne dispose pas de sa pochette originale ouvrante en papier mais par contre quelqu'un a pris soin d'écrire sur l'étiquette, par-dessus le ? qui désignait la vedette à découvrir, le nom de Marlène Jobert. Qu'est-ce qu'elle forte, Paulette !! A 42 ans et quelques mois près, et avec un peu de chance au tirage, elle gagnait un week-end à Tanger avec Marlène !
Je n'ai pas l'impression que cette chanson ait bénéficié d'une véritable sortie commerciale en-dehors de ce jeu concours et c'est presque dommage. Si la face B instrumentale, où l'accordéon (de Joss Baselli je présume) remplace la voix de Marlène, sonne tout de suite très musette et très quelconque, la face A est vraiment très fraiche et sympathique. Cependant, je m'interroge juste un petit peu sur les paroles et l'objectif publicitaire. Il est évidemment question à la fin, avec un passage qui sonne oriental, que Monsieur Maurice rejoigne la narratrice au soleil de Tanger, mais le portrait qui est fait auparavant de ce Monsieur Maurice pose question sur sa profession. Voilà un gars en "costume à carreaux" avec "tout plein de bagues aux doigts". Bizarrement, les copines de l'ingénue chanteuse se méfient de lui. Un seul mot lui fait peur et le met en colère, "le travail". Marlène chante : "Souvent vous insistez afin de vite m'envoyer dans un pays chaud pour me reposer" et finit en demandant "Rejoignez-moi vite car sans vous j'aurais peur toute seule à Tanger". J'ai peut-être l'esprit mal placé, mais s'il se trouve que Monsieur Maurice est un souteneur, c'est une drôle de façon de vanter Tanger et, au bout du compte, il vaut peut-être mieux pour Paulette que le concours n'ait pas eu lieu dernièrement...

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