28 mars 2020

EDDY LOUISS : Le lion est mort ce soir


Acquis d'occasion dans la Marne probablement dans les années 2000
Réf : MH 94 -- Édité par Panorama en France en 1962
Support : 45 tours 17 cm
Titres : EDDY LOUISS - ORCHESTRE DIRECTION : CLAUDE VASORI : Le lion est mort ce soir -/- ORCHESTRE JAMES AWARD : Tanganyka twist

L'autre jour, j'écoutais une compilation CD de musiques des îles et mon oreille a été attirée par les trois chansons de Pierre Louiss qui y figuraient. Je ne le connaissais pas, mais j'ai appris sans surprise qu'il était le père d'Eddy Louiss. Il a assez peu enregistré, mais Frémeaux a édité une compilation, Créole swing 1965-1975, disponible en écoute sur YouTube.
Du coup, je suis allé repêcher ce 45 tours qui patientait sagement depuis des mois dans ma pile de disques mis de côté pour une éventuelle chronique. Il s'agit d'un disque du label Panorama, qui a sorti en grand nombre des 45 tours à prix réduit (2 nouveaux francs au début des années 1960), reprenant les succès du moment. C'est un label qui me parle puisque nous en avions au moins deux ou trois disques dans la discothèque familiale, dont au moins un avec les pochettes génériques qu'ils utilisaient au début (celle-ci ou celle-là), avec un fond de base dont les couleurs variaient, complété par les titres imprimés dans une case.
Après, ils se sont mis à illustrer les pochettes par des photos couleur avec des mises en scène typiques de l'époque, comme le faisait aussi Jouvin, bien sûr. Là, comme il s'agit de reprendre le succès Le lion est mort ce soir d'Henri Salvador, on a droit à une jeune femme à perruque qui fait la moue devant un "trophée", soit une tête de lion en plastique ou en plâtre fixée sur un beau soleil en osier tressé. Sur l'édition en EP de ce disque, on a droit à la même scène en plan large, avec des fleurs et des coussins en plus :



Comme souvent chez Panorama, pas de nom d'artiste au recto de la pochette. Ce qui compte et ce qui fait vendre le disque, c'est le titre du tube. Au verso, on apprend que pour la face A l'orchestre est sous la direction de Claude Vasori. Il faut sortir le disque et lire les étiquettes du rond central pour apprendre que la face A est chantée par Eddy Louiss et que c'est un autre orchestre, l'Orchestre James Award, qui interprète l'instrumental de la face B.
Claude Vasori, vous ne connaissez sûrement pas. James Award, on ne le trouve quasiment que sur un bon paquet de faces B Panorama. Mais en fait, vous avez sûrement déjà entendu parler de ces chefs d'orchestre puisque Claude Vasori (c'est son vrai nom, premier prix de piano au Conservatoire de Reims, il est mort il y a un an à 88 ans) a utilisé le pseudonyme de James Award, mais a surtout connu le succès comme chef d'orchestre de musique de variété avec un autre pseudonyme, Caravelli, dont j'ai chroniqué un disque il y a moins d'un an.
Le lion est mort ce soir fait partie de ces chansons à l'histoire très compliquée, avec énormément de reprises, sous des titres différents. Disons pour faire simple, qu'il y a eu la version originale, Mbube par Solomon Linda's Original Evening Birds en 1939, le grand succès folk Wimoweh par The Weavers en 1952 et la version pop doo-wop The lion sleeps tonight par The Tokens en 1961.
La première version française, c'est Réveille-toi par
Gloria Lasso en 1961, assez jazzy, avec son accent exagéré, mais le plus grand succès, c'est Le lion est mort ce soir par Henri Salvador en 1962.
Jusqu'ici, je n'avais chroniqué qu'une seule version de cette chanson, Wimoweh par l'ami Jowe Head. Avec le même titre, je conseille aussi les deux versions assez proches par Brian Eno en  1975 et par Earle Mankey 1981 (et au bout du compte, de façon assez surprenante, c'est la deuxième qui est un peu plus folle).
On connaît surtout Eddy Louiss comme musicien de jazz, principalement organiste, mais ses talents et son parcours étaient bien plus diversifiés que cela. Il était aussi chanteur et multi-instrumentiste. Le voici à 17 ans, interrogé par Colette Renard dans l'émission L'école des vedettes du 15 novembre 1958 :



Son parcours discographique commence au début des années 1960, avec le Daniel Humair Soultet pour la musique originale de la pièce The connection. En 1962, il sort un premier disque sous son nom, Le climb, musique originale de l'émission Les ailes de la chanson de Radio Luxembourg, avec une version de Telstar en face B. La même année, il y a aussi cette reprise de Le lion est mort ce soir, et c'est à peu près tout à l'époque pour les sorties sous son nom.
Très vite, il rejoint comme chanteur Les Double Six, avec qui il part en tournée dans le monde entier. C'est après le service militaire qu'il reprendra son parcours de musicien de jazz, connu pour sa maîtrise de l'orgue Hammond.
Pour Le lion est mort ce soir, Eddy Louiss est chanteur, avec l'orchestre et ses chœurs masculins et féminins. L'arrangement est très proche de celui d'Henri Salvado, ce qui est logique car le but recherché est bien de s'approcher de la version à succès. Mais dans une partie instrumentale, les cuivres font une courte apparition agréable à l'oreille.
C'est l'ami Le Vieux Thorax qui en faisait la remarque, l'intérêt principal des 45 tours Panorama se niche le plus souvent dans les faces B de James Award. Ici, la face A est intéressante, mais la face B également. Tanganyka twist est un rock 'n' roll classique de fort bonne facture. Le morceau démarre brusquement, comme si on était en plein milieu de la performance, qui se termine en fondu. On en a pour moins de deux minutes mais on se dit que le groupe a peut-être fait tourner ce thème pendant un bon quart d'heure. Guitares électriques, dont la principale au son grave, saxophone, orgue. Rien d'original, mais ça balance bien et c'est très dansant, ce qui doit être le but recherché. Dans un style qui n'a rien à voir mais avec un titre approchant, j'ai beaucoup apprécié ces derniers temps le Tanganyika safari de Daudi Kabaka, l'un des membres des Eagles Lupopo. Là, je dirais qu'on touche au sublime.

A écouter:
EDDY LOUISS - ORCHESTRE DIRECTION : CLAUDE VASORI : Le lion est mort ce soir
ORCHESTRE JAMES AWARD : Tanganyka twist

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