24 septembre 2016

MATERIAL : Memories


Acquis sur le vide-grenier d'Athis le 11 septembre 2016
Réf : CEL 1927 -- Édité par Celluloid en France en 1983
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Memories -/- Take a chance

Question message incongru de promotion d'un slow sur un 45 tours, je pense que le "Free-jazz ou slow de l'hiver ?..." sur le Japan de Pharoah Sanders est imbattable, mais j'attribue une deuxième place bien méritée à ce "Spécial frotti frotta" sur le 45 tours d'un groupe new-yorkais plutôt classé arty-branché-avant-garde !
C'est ce message qui m'a décidé d'acheter ce disque à cinquante centimes, car en fait je n'ai jamais été très fan de Material. J'ai eu leur maxi Temporary music 1 et leur album Memory serves, mais je m'en suis débarrassé et je n'en éprouve aucun regret, ce qui est assez rare pour être signalé.
Les deux titres du 45 tours sont extrait de l'album One down de 1982.
Ce n'est qu'une fois rentré la maison que j'ai découvert que la face A "spécial frotti frotta" en question est une reprise de Memories, chanson composée par Hugh Hopper et chantée par Robert Wyatt.
Cette chanson, je l'ai sûrement connue par la version de Pascal Comelade, publiée en 1992 sur la réédition en CD de l'album El primitivismo. Depuis, j'ai découvert et apprécié la version de cette chanson par Soft Machine. La session date d'avril 1967, mais elle n'a été publiée pour la première fois qu'en 1972, en France sous le titre Faces and places. Ce disque a souvent été réédité depuis, notamment sous les titres At the beginning ou Jet-propelled photographs. Plusieurs versions par le groupe pré-Soft Machine The Wilde Flowers ont été publiées en 1994, dont une de 1966.
Mais la première version officiellement publiée de Memories l'a été en 1971, chantée par Wyatt sur l'album Banana moon de Daevid Allen. Wyatt l'a encore enregistrée en 1974, en face B de son premier 45 tours solo I'm a believer.
Le lien entre Soft Machine et Material est facile à faire : avant de prendre ce nom, les musiciens qui ont fondé le groupe ont tourné avec Daevid Allen sous le nom de New York Gong et l'ont accompagné sur l'album About time de 1980 !
La chanson a été composée par un tout jeune homme, mais elle réussit parfaitement à évoquer les poussées de nostalgie et les risques qui peuvent s'y attacher. Le gars se souvient de ses balades en ville au bras de son amoureuse. Ils sont jeunes, alors c'était peut-être deux semaines plus tôt, l'été dernier ou l'année d'avant au plus, mais le sentiment est bien là :
"I've got to choose between tomorrow and yesterday
I can't stop to think about my life, here today
Maybe I'll find someone to get you off my mind
Take me away from here and leave it, leave it all behind
Memories can hang you up and haunt you all your life, you know
Get so you cannot stay and yet cannot go"
J'aime vraiment la version de 1967 de Memories par Soft Machine. La voix de Robert Wyatt est si particulière, fragile. Le son n'est pas génial, mais l'accompagnement est parfait, notamment la partie de guitare et l'orgue, pour ce qui, il faut bien admettre que sur ce point la mention de pochette n'a pas tort, est effectivement un slow, une ballade digne d'Otis Redding et de tout le rhythm and blues.
Par contraste, la reprise de Memories par Material me laisse froid. Certes, ça joue bien, mais je préférerais toujours quelque chose plein d'émotion à une interprétation impressionnante de maîtrise. Et là, le saxo, il s'en donne à cœur joie. Bon, il faut dire que c'est un invité vedette, Archie Shepp. Quant à la chanteuse, elle a de la technique, du coffre, et on sent qu'elle a peut-être aussi de l'avenir, même si elle aura une fin prématurée et tragique : il s'agit de la première apparition sur disque de Whitney Houston ! Je pense que personne ne cherchait le chaînon manquant entre Robert Wyatt et Whitney Houston, mais je suis tombé dessus au coin d'une rue d'Athis !
A tout prendre, je préfère Take a chance en face B, surtout grâce à sa petite rythmique synthétique, même si ça reste très léger. Là, les chanteuses sont B.J. Nelson et Nona Hendryx, qui a collaboré plusieurs fois avec Material, et l'ambiance est au funk-soul mutant à la Was (Not was).

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ah ah ah , nous allons de surprise en surprise dans ce blog, voilà -t-y-pas que sont cités Ph Sanders et A Shepp dans la même chronique, et vlan pour faire bonne mesure (ah bien placé non?) daevid allen qui pointe le bout du nez et zou W Houston pour terminer consensuel (un ange passe!)....
Un jour il y a aura une chronique autour de Van Der Graf à ce train là!
Blague à part Memories est un excellent morceau,dans les différentes versions de la famille soft mais celle de material est un non sens:sans intérêt. En ce qui concerne le what about time de new york gong, c'est franchement pas terrible et j'ai vite revendu ce disque qui avait un morceau très proche du gong tradi (jungle window) mais déjà passéiste et un titre clin d'oeil "materialism" à qui vous savez.
Les accros du pot head pixie m'en voudront pour tjrs de dire que c'est parfaitement oubliable . Memoires et Oubkila boucle est bouclée je vous tire ma révérence cher ami.

debout a dit…

Bon, et bien moi, j'aime l'album "one down" de Material, tout comme "memory serves" ainsi que les maxis-minis albums les précédant mais, après tout ça, j'en perds définitivement la trace ainsi que celle de Bill Laswell, son âme damnée.
Mais revenons sur "one down", sur ce moment où "l'avant garde anglo-saxonne" (voire new-yorkaise) se jette sur le dance floor (comme disait la critique branchée de l'époque), dance floor ayant ses propres codes puisque, à part tenter d'y danser l'indansable "ploukepingre" du Marvelous Band, il y faut alors montrer rythmique mécanique et paillettes griffées Danceteria pour s'y lancer sinon les amateurs de frissons authentiques se voyaient immédiatement octroyer la piste couverte de sciure et de mégots du bal monté le plus proche ; Material, l'ayant compris, pondit cet album discoïdo funky ne manquant pas d'allure à défaut d'originalité, le maître mot de l'époque.
Pour ce qui y est de Gong et ses avatars, je passe mon tour n'ayant jamais accroché à leurs pitreries. Gilly Smith vient de passer l'arme à gauche et je dois bien avouer que ses space whispers et autres afféteries avaient le don de me mettre les nerfs en pelote ; la dernière fois (il y a des siècles de cela) que je la vis sur scène, c'était avec Rachid Taha featuring Steve Hillage, elle y fit ses habituels space whispers sans que cela réussisse à transcender la globale bouillasse world moulinée au forceps par le groupe.
"Personne n'est parfait" comme il est dit à la fin de "certains l'aiment chaud"