25 septembre 2016

CHUCK : My band is a computer


Acquis par correspondance chez Audio Anti-Hero en septembre 2016
Réf : AAH015 OM001 -- Édité par Audio Anti-Hero / Old Money en Angleterre en 2016
Support : Cassette + MP3
13 titres

Je suis un fidèle de la rubrique MP3 at 3PM de Magnet Magazine (un MP3 à télécharger gratuitement, publié chaque jour à 15h heure locale, vous avez tout compris). Je lis les quelques mots de description du groupe et du morceau et, si ça m'attire suffisamment (c'est assez rare), je le télécharge.
Pour Bushwick girl de CHUCK, c'est l'expression "bedroom pop with its sunny, mildly corny synthesizers" qui m'a décidé et j'ai bien fait car c'est effectivement une très bonne petite perle pop.
J'ai cherché à en savoir un peu plus sur My band is a computer, dont Bushwick girl est extrait, et j'ai découvert que l'album était disponible au format numérique, avec aussi une édition limitée en cassette à paraître prochainement.
Je sais que c'est un peu pervers, mais j'ai commandé la cassette, désormais disponible, pas seulement parce que la musique me plaisait (J'aurais pu me contenter de l'écoute en ligne ou d'acheter les MP3), mais parce que ça allait me donner une occasion de casser la cassette !
On m'a offert il y a quelques temps un t-shirt qui porte le message "Music sounds better with cassettes". Je le porte parce qu'il me va, mais je ne devrais pas car je ne suis absolument pas d'accord avec ce slogan.



Je sais bien que, au fil du temps, toutes les remises au goût du jour sont possibles, mais franchement je n'aurais pas cru voir un jour un retour en grâce, même limité, de la cassette. A ce niveau là, ce n'est plus du snobisme ou de la nostalgie mal placée, ça tend vers le néo-luddisme...
La minicassette a été développée par Philips à partir des années 1960. Elle a connu un grand succès pour deux bonnes raisons :
  • Elle était facilement transportable et, du magnétophone au radio-cassette, de l'autoradio au Walkman, la cassette a longtemps été le meilleur moyen de bouger en musique.
  • Elle était enregistrable. Cela permettait d'enregistrer ses créations ou la radio, mais surtout de copier les disques qu'on ne pouvait pas se payer et de fabriquer ses propres compilations.
Mais le développement du CD à partir des années 1980 et l'arrivée des graveurs de CD-R vers le milieu des années 1990 ont "tué" les deux seuls atouts de la cassette, et franchement je ne vois aucune raison de la sortir du musée où elle a sa place car, une chose est sûre, elle avait aussi deux gros défauts : Un son sourd, pas génial, avec du souffle, réducteur de bruit Dolby ou non. Et surtout c'est un support fragile qui vieillit très mal. Qui n'a pas passé des heures à dévisser un boîtier, couper la bande magnétique emmêlée et essayer de fixer ce qui restait à la bobine ? Qui n'a pas ressorti une vieille cassette pour s'apercevoir que les particules métalliques qui permettent l'enregistrement sur la bande se sont dégradées et que le tout est devenu à peu près inaudible ?
Je sais que beaucoup ne seront pas d'accord avec moi, mais je pense à peu près la même chose du vinyl que de la cassette, d'autant que, en-dehors de l'absence de grésillements ou de rayures, mes oreilles n'ont jamais saisi de différence fondamentale entre le son d'un vinyl et celui d'un CD.
Je ne vais évidemment pas nier que je m'intéresse aux disques vinyl, mais ceux qui m'intéressent sont ceux qui servaient de principal support de diffusion de la musique à l'époque où ils ont été commercialisés, en gros des années 1950 au milieu des années 1990. Trouver un disque d'occasion de ces années-là, pas cher, ça m'intéresse, mais je fétichise pas le vinyl et je ne vois pas vraiment l'intérêt d'éditer et de rééditer de la musique dans ce format alors que le 21e siècle est largement entamé. Je n'achète un 33 tours récent que si c'est un ami ou quelqu'un je suis de près qui le sort, et si possible s'il y a aussi un CD glissé dans la pochette plutôt qu'un simple coupon de téléchargement.
En toute logique, le format contemporain "de base" devrait être le format numérique, associant fichiers sans compression pour l'écoute haute-fidélité et format compressé type MP3 la plupart du temps, mais le numérique sans autre support a quelques inconvénients : il faut s'obliger à organiser ses sauvegardes, l'achat de titres à l'unité est souvent relativement cher, et avec le jeu des licences on n'est pas toujours sûr d'être vraiment propriétaire de ce qu'on achète.
C'est pourquoi, j'en suis presque surpris moi-même, j'en suis venu à la conclusion que le CD est actuellement le format idéal, et cela sera sûrement le cas tant que l'industrie continuera à en produire et que des lecteurs seront disponibles très facilement. En effet, le CD est numérique et on peut désormais facilement en extraire des titres pour les placer sur différents appareils, il a prouvé qu'il vieillit bien (contrairement au CD-R) et en plus son prix a pas mal baissé depuis vingt ans. Et aussi, c'est un objet qu'on peut prêter ou revendre.

Enfin bref, tout ça pour dire que je me retrouve propriétaire d'une belle cassette de CHUCK, que je n'ai pas pris le risque d'écouter sur le seul magnétophone ou les Walkman, peu fiables, qu'il me reste à la maison. Mais j'ai écouté les MP3 que j'ai achetés en même temps que la cassette et c'est très bien comme ça.
Charles Griffin Gibson enregistre sous le nom de CHUCK depuis au moins 2010. Il a une discographie déjà assez conséquente. My band is a computer est une compilation d'enregistrements de 2012-2015 que le label Audio Anti-Hero s'est proposé de diffuser.
Comme il explique dans les notes, CHUCK a commencé par faire de la musique électronique avec simplement un ordinateur. Puis sa maman lui a offert une guitare acoustique. Et grâce à internet, sa musique enregistrée à la maison dépasse désormais le cercle de ses proches et de ses collègues de bureau.
Bushwick girl est sûrement la chanson la plus immédiatement accessible ici, mais il y a plein d'autres bonnes chansons dans le lot, comme Happy new year's babe, Phoebe's lips, The Internet, Death ou Wipe out.
On peut juste regretter que CHUCK reste dans un registre purement pop. Il manque parfois ces sons un peu bizarres ou ce grain de folie qui pourraient le rapprocher par exemple de Grandaddy.





3 commentaires:

sittin'pretty a dit…

Salut Mr Dodu,

je trouve très juste vos réflexions sur les supports à musiques (j'aime bien cette expression absolument désuète).
Passionné de musiques très jeune (suis né en 1972), plongé dans la collection de vinyls paternel, j'ai commencé à en acquérir dans les années 80. D'abord des 45 tours, puis des 33. Quelle fierté de revenir de la FNAC avec mes galettes des Smiths, de REM, Jesus & Mary Chain, Prefab Sprout, Pixies ... Mais aussi des K7 (Purple Rain et Thriller en tête, puis une passion pour China Crisis)
J'ai dû acheter mes premiers CD en 1990/91, continuant en parallèle les vinyls. Et surtout, une production pléthorique de K7. J'avais en fait commencé des compils vers 1983/84, m'appliquant à copier à la hache des titres sur NRJ (à l'époque ouverte d'esprit). Ensuite, des copies de vinyls à K7, de CD à K7, de radio à K7, de K7 à K7 ... passant des jours et des nuits à calculer le bon timing (vive les albums de 45 mn !), à recopier les titres ...
Bref, tout ça pour dire qu'il y a chez mon père une cargaison de K7 que ni moi ni lui (encore moins lui) ne peut se résoudre à jeter. Et chez moi ces vinyls que je chéris mais n'écoute pas. Oui, tout ça pour dire que le CD est pour moi aussi le support idéal, même si époque oblige, je me suis aussi mis au numérique (et je vais chaparder comme un gamin de multiples choses du passé et du présent sur internet). De plus, les nouveaux packaging carton rendent les objets CD plus attachants (c'est vrai que les boitiers plastiques n'étaient pas une brillante idée).
Je pense aussi que le soit disant retour du vinyl est (a été ?) un phénomène un peu snob, en trompe l'oeil (l'oreille ?).
Re bref (désolé, je ne le suis pas, bref), votre papier a fait résonner en moi ces quelques retours sur la pratique de ma passion.
Et c'est toujours un grand plaisir de vous lire.

Ludovic

Pol Dodu a dit…

Ludovic,
Et dans tout ce lot de supports à musique, je me demande bien pourquoi mais je parierais qu'il y en a des Pastels !

Pol Dodu a dit…

Page 106 du n° 276 de Mojo, Andrew Male donne en quinze petites lignes une preuve éclatante de l'absurdité des rééditions actuelles en vinyl. Il y est question de "l'objet vinyl du mois", le coffret The Rolling Stones in mono.
Il précise que le célèbre ingénieur du son Bob Ludwig n'a pas gravé les disques à partir des bandes originales, mais à partir de copies numériques. Les bandes sont sûrement trop fragiles et trop précieuses pour les manipuler, mais on est bien passé de bandes analogiques à des fichiers numériques pour produire des microsillons analogiques !
Mais ce n'est pas tout ! En bon journaliste, il a l'honnêteté de préciser qu'il a rédigé sa chronique non pas à partir du coffret vinyl, mais à partir de copies CD !!
Le seul intérêt qu'il pourrait y avoir à cette chronique, s'il y en avait un, serait de comparer le son des disques du coffret à celui des 33 tours mono d'époque. Sinon, si c'est pour écouter ces chansons éditées des centaines de fois depuis les années 1960, il y a plus simple et moins cher.
Une confirmation de plus que le marché du vinyl neuf en 2016 est avant tout une hérétique pompe à fric...