03 mai 2014

VIC CHESNUTT : The salesman and Bernadette


Acquis au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres dans la première moitié des années 2000
Réf : PLRCD011-- Edité par Pinnacle Entertainement en Angleterre en 1998
Support : CD 12 cm
14 titres

Cela fait maintenant un peu plus de quatre ans que Vic Chesnutt est mort. Après les hommages, des fans et des amis artistes, on est dans la période grise. On ne l'a pas oublié mais il y a peu de raisons pour parler de lui. Pas de gros label pour orchestrer des sorties de rééditions, de coffrets ou d'enregistrements inédits, et il est encore un peu tôt pour pour les grandes commémorations et la période de redécouverte. Heureusement, les disques sont là, pour la plupart encore distribués ou facilement trouvables, et Vic Chesnutt en a sorti énormément en moins de vingt ans.
Dans cette discographie très riche, The salesman and Bernadette est une entrée essentielle car c'est non seulement l'un des albums les plus réussis de Vic, mais c'est aussi l'un des meilleurs enregistrements de Lambchop, qui l'accompagne sur tout le disque (même s'il y manque un élément important de leur son, la voix de Kurt Wagner). Je n'ai pas acheté le disque tout de suite après sa sortie car la Médiathèque l'avait, mais j'ai été bien content de le trouver d'occasion à 1 £ à Londres quelque temps plus tard.
Avec le mot "Fiction" apposé au recto et la présentation au verso, "Infer a lovely story... of loss and longing and sloppy story", on pourrait penser avoir affaire à un album-concept, construit autour de l'histoire du commercial et de la Bernadette du titre. Il y a de ça, mais pas tout à fait, comme il est expliqué dans le livret : "L'auteur a construit ce pseudo-roman en chansons comme un patchwork, à partir de titres anciens et d'autres très récents. En reliant ces pièces qui avaient plus ou moins des thématiques communes, il espérait créer un tissu narratif. Pendant l'enregistrement, lui, les producteurs et les ingénieurs ont collectivement fait tous les efforts possibles pour renforcer la cohésion de l'histoire, en travaillant sur chaque chanson dans l'ordre, trois chansons par week-end pendant cinq semaines consécutives."
Comme expliqué dans l'entretien ci-dessous avec David Byrne, Vic et Kurt se connaissent depuis 1990, quand Kurt fut l'une des rares personnes à s'être déplacée dans un bar miteux de Nashville pour assister au premier concert de Vic dans la ville. Pour ce qui concerne l'enregistrement, ils expliquent aussi avoir au cours de ces week-ends travaillé alternativement en jouant tous ensemble en direct, avec une place laissée à l'improvisation, ou en enregistrant les instruments séparément l'un après l'autre.
Le produit final est d'une grande cohérence, excellent de bout en bout, avec un bon équilibre entre les morceaux plutôt lents et les rapides. Si le disque s'ouvre sur Duty free avec un son typiquement Lambchop, associant pedal steel et cuivres, l'orchestration est variée et inventive tout au long. On trouve ici certains des titres les plus énergiques enregistrés par Lambchop, comme Until the led et Prick. Old hotel doit être l'une des chansons un peu plus anciennes enregistrées ici, puisque Jimmy Davidson et Alex McManus sont remerciés pour l'avoir joué "un million de fois", sous-entendu en concert. Si la version enregistrée pour WFMU pour 1996 qu'on trouvait sur un disque bonus avec certaines éditions d'About to choke était plutôt calme, très nostalgique, celle qui clôt ici  l'album est construite sur une rythmique chaloupée et joyeuse.
Tout au long, les paroles sont bourrées de trouvailles poétiques et de fulgurances, comme la "tipsy Mary Poppins", "You're feeling glummer as Summer dies off", "The beams that are boucing off the moon are hanging from my window like icicles" ou le surprenant "Emasculate me with your biology".
J'ai eu la chance d'assister à l'un des concerts de la tournée européenne de Vic Chesnutt et Lambchop qui a accompagné la sortie de ce disque. C'était le 13 octobre 1998 au New Morning à Paris et je n'ai qu'un seul regret à propos de cette soirée, c'est que je n'ai pas été en mesure de l'apprécier pleinement. Pourquoi ? Bêtement parce que j'étais en colère, en colère pour une connerie, bien sûr, comme je l'ai raconté à l'époque dans Vivonzeureux!, l'annulation de la prestation de Calexico initialement prévue à la même affiche pour donner une exclusivité au Festival des Inrockuptibles à venir. C'était con, certes, mais ça n'aurait pas dû m'obnubiler toute la soirée alors que ce sont succédé sur scène Lambchop, Calexico quand même pour une version percutante de Stray, et enfin Vic Chesnutt, qui a probablement dû jouer ce soir-là, dans une salle à taille humaine, pleine mais pas trop, à cinq-six mètres de moi, la majeure partie de cet excellent album.

En plus des disques toujours disponibles, on peut trouver sur archive.org une grande quantité d'enregistrement en public de Vic Chesnutt, mis à disposition avec son accord.


Vic Chesnutt et Lambchop, Until the led, en direct dans l'émission Late night with Conan O'Brien, en 1999.


Vic Chesnutt et Lambchop, Replenished, en concert au 40 Watt Club d'Athens, en 1998.


Vic Chesnutt et Kurt Wagner en entretien avec David Byrne dans l'émission Sessions @ West 54th.

1 commentaire:

Anonyme a dit…



Je l'avais vu en premiere partie de Dominique A à l'Olympia, c''était très très émouvant.