30 mai 2014

MARK BEER : Pretty


Acquis par correspondance vers la fin des années 2000
Réf : RT 070 -- Edité par Rough Trade en Angleterre en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Pretty -/- Per (Version)


Voilà un "classique" du Rough Trade première époque (avant les Smiths). Il a eu un certain succès en Angleterre dans les réseaux indépendants. Il a été édité en Italie et au Japon, ce qui est plutôt exceptionnel pour les parutions Rough Trade précoces, mais pas en Allemagne ni aux Etats-Unis, où le label avait des antennes. Il n'était malheureusement pas sur la cassette C81 du NME mais on le trouve sur des compilations Rough Trade allemande et espagnole. Je connais Pretty depuis 1981 (grâce à la cassette hors-commerce Best / Rough Trade) et pourtant il a fallu attendre près de trente ans que je me décide à en commander un exemplaire pas trop cher en ligne pour que j'aie en main un exemplaire du disque, avec sa pochette criarde à souhait.
Un disque rare, donc, et c'est pourtant avec celui-ci que Mark Beer a le plus été sur le devant de la scène. Avant ça, il avait sorti depuis 1978 deux 45 tours en Angleterre et deux en Belgique (dont un sous le nom de groupe Silent Types). Après ça, comme je l'ai expliqué en notes de pochette de la compilation virtuelle Recollections, il n'a rien sorti d'autre chez Rough Trade, juste deux disques sûrement auto-produits et, l'excellent album Dust on the road, plus un maxi resté inédit, Two stops to heaven. A ce moment, Mark Beer lui-même n'était pas à deux arrêts du paradis mais à un arrêt de quitter les feux de la rampe. Il a été membre du groupe Sneezes in China... Deaths in Paris, qui a tourné et enregistré des démos mais n'a jamais publié de disque, puis a arrêté, pour de bon semble-t-il, toute activité publique dans la musique.
Il nous reste ses quelques disques, donc, et Pretty est vraiment celui de ses titres qu'on devrait trouver sur toutes les anthologies new wave (ce n'est pas vraiment le cas, peut-être parce que Mark Beer ne le souhaite pas). Tous les ingrédients des grands disques du moment sont pourtant présents ici, à commencer par l'ingénieur du son Adam Kidron, le producteur maison en vue chez Rough Trade à l'époque (Raincoats, Robert Wyatt, David Thomas, Scritti Politti, Orange Juice...). Musicalement, on a un rythme légèrement déconstruit, une superbe ligne de basse, un piano minimal mais efficace et un orgue discret (tenus par le musicien belge Jean-Marc Lederman) et des paroles que je n'ai jamais trop cherché à analyser mais avec des expressions qui restent en tête ("I get sussed out everywhere, these days I just don't seem to care", "The antidote for my despair is being pretty", "A kind of superficial grace makes you pretty", "The mirror on the wall makes you pretty"). Les seuls atours un peu voyants sont une choriste parfaitement employée et un effet sonore de bisous mais aucun risque de surproduction, c'est juste excellent.
Je n'avais jamais entendu la face B avant d'acheter ce 45 tours. C'est un instrumental façon dub de la face A, comme de nombreux groupes post-punk en ont produits à l'époque (Flying Lizards ou Family Fodder me viennent à l'esprit, parmi beaucoup d'autres). L'exercice ici est un peu décevant car, pour le coup, les qualités rythmiques de la chanson se sont complètement perdues au passage et la bonne ligne de basse n'est pas bien exploitée, ce qui est quand même un comble.


Aucun commentaire: