07 avril 2013

THE UNDERTONES : Positive touch


Acquis chez Debenhams à Harrow-on-the-Hill à l'automne 1983
Réf : ARD 103 -- Edité par Ardeck en Angleterre en 1981
Support : 33 tours 30 cm
14 titres

J'ai habité près de Harrow-on-the-Hill pendant l'année que j'ai passée à Londres en 1983-1984, et au centre de Harrow il y a un magasin Debenhams, un "grand magasin" comme on dit, façon Galeries Lafayette, et je ne fréquentais pas les lieux depuis trois mois que la section disques du magasin (je ne sais plus son nom) a entrepris de se débarrasser d'une bonne partie de son stock d'albums : plusieurs centaines de 33 tours à 1 £ pièce !
J'en ai acheté un bon paquet, bien sûr, dans la limite de mes moyens. Je n'ai plus toute la liste en tête mais, outre ce troisième album des Undertones, je me souviens qu'il y avait Songs of the free de Gang of Four et Rock 'n' roll with The Modern Lovers, rien que ça !
Positive touch, avant même d'avoir l'occasion d'écouter cet excellent disque, c'est d'abord une pochette très travaillée, due à Bush Hollyhead, du studio NTA. Si au premier regard la pochette extérieure apparait comme presque entièrement blanche, elle présente en fait de nombreuses figures embossées, ainsi que le nom du groupe en braille. Si on passe le doigt sur ces éléments en relief, on ressent effectivement le toucher en positif du titre de l'album !




La pochette intérieure, elle, est très colorée. Elle permet de comprendre que les figures en relief sont des pictogrammes associés à chacune des chansons. Pour les sucettes, je n'ai jamais compris pour le coup ce qu'elles venaient faire là, mais je les ai toujours beaucoup aimées.
A ma connaissance, aucune des rééditions en CD de ce disque n'a même essayé de reproduire de près ou de loin un emballage de cette qualité (au minimum, il faudrait une pochette cartonnée en relief). Au contraire, celles que j'ai vues proposent le disque sous boitier plastique avec les pictogrammes imprimés en grisé. Du sabotage !




Je vais essayer de ne pas me lancer dans la description des quatorze titres de cet album et de me limiter dans les superlatifs, car il se trouve que j'estime que Positive touch est un disque excellent de bout en bout, sans temps morts, l'album le plus abouti des Undertones (évidemment, il y a les singles, mais on a déjà abordé la question) et une pépite pop rock/new wave généralement sous-estimée.
Les deux titres qui ouvrent l'album donnent une bonne idée de ses ingrédients et de ses qualités : Fascination s'ouvre par un petit roulement de batterie, immédiatement suivi de choeurs et d'un riff de guitare. Julie Ocean est une ballade émouvante emballée en 1'45. Il y a plein de points de référence à trouver dans les sixties, mais la particularité de Positive touch c'est qu'il n'a rien de rétro dans le son, contrairement à l'album suivant The sin of pride. Ce son est sûrement en partie dû au producteur, le même que pour les deux premiers Undertones, Roger Béchirian, un technicien vedette qui était carrément managé (!) par Jake Riviera, le même que pour Nick Lowe et Elvis Costello, deux artistes avec qui il a beaucoup collaboré. En cette même année 1981, Béchirian a notamment travaillé sur le Trust d'Elvis Costello et l'East side story de Squeeze, dont le pianiste Paul Carrack est présent ici sur deux titres.
Positive touch a été très bien accueilli à sa sortie par les deux grands magazines français : album du mois dans Best avec une chronique de Youri Lenquette qui se termine par "Chef d'oeuvre !!!", tandis que dans Rock & Folk, Michka Assayas souligne chez les Undertones "l'art consommé de conjuguer le classique et l'inattendu". Mais tout le monde n'a pas été aussi enthousiaste : dans Sounds, Dave McCullouch regrette que les Undertones aient abandonné la noisy pop naïve de leurs débuts. Et c'est vrai que les Undertones de 1981 ont mûri, perdu de leur insouciance, et qu'une certaine tristesse imprègne l'album ("Nothing good lasts forever, and sometimes nothing starts", "Sad girl, such an unusual attraction",...), mais il y a aussi des pépites speedées comme His goodlooking girlfriend, Hannah Doot et When Saturday comes. De toutes façons, le groupe avait lui bien l'intention de changer, comme John O'Neill l'expliquait à l'époque dans un entretien pour Rock & Folk : "Pour Positive touch, nous avons été très influencés par beaucoup de groupes récents, comme UB 40, The Beat, Teardrop Explodes, tous ces groupes qui expérimentent.".
Malheureusement pour les Undertones, et malgré le soutien de leur nouveau label, Positive touch n'a pas été un succès. Le single extrait de l'album au moment de sa sortie, It's going to happen !, n'a pas été un gros tube. Quelques semaines plus tard, un nouvel essai a été tenté, avec une version de Julie Ocean, malheureusement et inutilement réenregistrée pour la rallonger (!) et la réorchestrer. Une autre chanson de l'album, Life's too easy, a été réenregistrée et est sortie en 45 tours, mais c'était en face B de Beautiful friend, un titre inédit sorti début 1982, entre deux albums.
En 2013, une formation des Undertones tourne et va prochainement se produire en France. Mais cette formation n'inclut pas le chanteur Feargal Sharkey qui, s'il ne composait pas les chansons, comptait quand même énormément dans ce qui faisait l'intérêt du groupe. Mon conseil serait plutôt de se procurer un exemplaire de Positive touch, soit un 33 tours original pour la pochette, soit une réédition CD avec au moins 19 titres, c'est à dire avec en bonus les singles d'époque.


The Undertones, une vidéo pour le single It's going to happen !.

 
The Undertones, Hannah Doot, sur la scène du Palace à Paris le 11 octobre 1980. Extrait de l'émission Chorus.

 
The Undertones, The positive touch, en public à Münich le 30 septembre 1981.

1 commentaire:

Charlie Dontsurf a dit…

C'est effectivement un album magnifique. Et même assez extraordinaire. La voix de Feargal peut en rebuter quelques uns mais ce n'est pas un amateur de David Thomas qui va fuir !
En parlant de Bechirian, je réécoutais Squeeze ce weekend, suite à l'achat du single Cool For Cats en vinyle rouge au CIDISC de Paris, et c'est franchement très très bon.