27 décembre 2012
GONTARD! : Bagarres lovesongs
Acquis par correspondance chez Sorry But Home Recording en novembre 2012
Réf : #039 -- Edité par Sorry But Home Recording en France en 2012 -- n° 51/100
Support : CD 12 cm
30 titres
Le nouvel album de (Chris) Gontard! est venu éclairer d'une lumière sombre notre hiver. Sauf erreur de ma part, il s'agit de la troisième sortie solo de l'aîné des Frères Nubuck, et les trois sont sortis sous des noms différents : Frère Nubuck 1 pour La dernière tentation de la dernière roue du carosse en 1998, un disque qui a pratiquement disparu des discographies du groupe; Chris Gontard pour J'ai envie de crever en 2005, présenté comme un album de démos enregistrées entre 2000 et 2004; Gontard! enfin pour ce nouveau disque, dont la pochette est un journal de huit pages, un nom modelé sur le nouvel intitulé de son groupe, récemment réincarné en Nubuck!.
Le principe reste cependant globalement le même : des textes, beaucoup de textes, parlés/chantés, avec comme principal accompagnement musical des échantillons sonores posés sur une rythmique. Mais côté technique, les choses ont beaucoup évolué depuis le magnéto cassette et la guitare des débuts. Le matériel désormais disponible permet à Gontard! de produire des enregistrements qui restent auto-produits mais qui n'ont plus rien de bricolés. Le sont est propre, le mixage travaillé, l'ensemble d'une grande qualité.
Ce qui n'a pas changé non plus, c'est la quantité de titres : 30 en 50 minutes, de quelques secondes à plusieurs minutes. Une explication à ce phénomène est donnée dès le premier morceau, Le soleil revient : "J'ai jamais aimé finir le travail, ça me plait de laisser une chanson à moitié faite, les tripes à l'air comme cette femme que l'on bâclerait au climax.".
Au cours des dix sessions d'enregistrements étalées de 2011 à 2012, Chris a par contre visiblement plus travaillé ses vocaux. Il s'essaie même à jouer au crooner sur les deux reprises de l'album, Plus fort que nous, l'une des chansons du film Un homme et une femme chantées par Nicole Croisille 1966 et la chanson du film Johnny Guitar. Pourquoi ce choix de reprises ? Peut-être parce que, comme il est dit dans Le visage du christ, "Jamais je n'aurais pu composer ce tire-larmes. Désolé de vous décevoir.". Il s'y essaie quand même sur Les oiseaux...
Une partie de ces chansons a d'abord été diffusée par Gontard! sur sa page Bandcamp, dans une série intitulée Expression directe et les mots clés choisis par Gontard! donnent une bonne première description du contenu : "adult alternative Afghanistan spoken word erotic french pop sad bastard music seventies swing".... Entre les titres (Sous influence russe, Le manifeste des trapézistes marxistes) et certaines paroles, j'avais noté une thématique russo-soviétique pour plusieurs chansons, visiblement, c'est plutôt de l'Afghanistan d'après l'invasion de 1979 qu'il est question.
Dans et en-dehors de cette thématique, les fulgurances dans les paroles vous sautent aux oreilles, comme dans Boom ("Je suis tombé avec aplomb dans la fragilité") , Popov ("J'en ai connu des sincères qui mentent"), Comme un camion ("Je ne sais pas comment te le dire, mais je n'aime pas ton sourire") ou Dinorah ("Mais j'suis trop jeune pour une pipe tarifée qui sent l'ail, mais moi j'suis trop jeune pour m'faire sucer devant la télé et le procès Eichman.").
Dans le lot, on trouve un bon nombre de titres lents, avec en échantillons sonores de la musique classique ou de film avec pas mal de cordes. Ils sont bons et donnent sa tonalité principale à l'album. Pour ma part, j'ai toujours une propension à préférer les titres enjoués et déconneurs, comme le mini-tube (1' 04") Mami Satan, Popov, Vide, Boom, Comme un camion, Cockpit, et même les 16" de Hell's Angels.
Après une pause dans ses parutions ces derniers temps, Sorry But Home Recording est reparti de l'avant avec cet album. On attend désormais la suite avec impatience, à commencer par Mexicaine, le nouveau Nubuck!, annoncé pour début 2013.
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Bagarres lovesongs est disponible chez Sorry But Home Recording.
La vidéo de Mami Satan, réalisée par Stéphane Collin. Images : Videothèque mondiale.
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