21 avril 2012

LEWINUS MONE : The fine art of daydreaming


Offert par Al Turner par correspondance en mars 2012
Réf : MABE001 -- Edité par Mabel Revelations en Angleterre en 2001 -- Limited edition of 500
Support : CD 12 cm
20 titres

J'ai eu l'occasion de parler de Thin fine line, l'unique 45 tours du groupe anglais The Dolphins. Ce 45 tours de très bonne tenue d'un groupe complètement inconnu m'intriguait suffisamment pour que j'écrive fin 2010 au légendaire journaliste musical Fred Dellar, qui tient la rubrique Ask Fred dans Mojo, pour essayer d'en savoir plus.
Fred a donné sa langue au chat, mais il a publié ma question dans Mojo en février 2011 en lançant un appel à ses lecteurs. N'ayant eu aucune réponse à ma question dans les mois suivants cette publication, j'avais mis l'affaire de côté et je m'étais dit que ce disque resterait à jamais un mystère. Et puis, au début de cette année, j'ai finalement reçu un email d'Al Turner (le nom crédité pour la face A du 45 tours), qui me proposait de prendre contact avec lui pour parler des Dolphins (un de ses amis lui avait montré ma question dans Mojo). Ce qui fut fait, par email puis par téléphone.
Thin fine line est bel et bien le seul 45 tours (auto-)édité par The Dolphins. Le genre de sortie qui n'a pas eu de chance : le disque a bien été chroniqué dans le NME par Penny Reel mais le distributeur, qui avait reçu 500 exemplaires du disque, a fait faillite avant même qu'ils aient atteint les bacs des disquaires. Al n'a jamais su ce qu'il était advenu de ses disques. Le groupe a duré quelques temps, donnant quelques concerts, dont au moins un en première partie de Simple Minds.
Mes oreilles ne m'avaient pas trahi : le groupe qui a enregistré Thin fine line et les reprises de John Cale et Syd Barrett en face B n'était pas uniquement constitué d'amateurs tout juste sortis de leur garage. En effet, si Al n'était pas un musicien professionnel (il était plutôt disquaire), on compte au moins deux pointures parmi les musiciens du disque, John Veitch, fondateur du groupe Cafe Jacques et membre du groupe de Murray Head dans les années 1980 (il est mort en 1990), et John Bentley, à l'époque, et à nouveau maintenant, le bassiste de Squeeze. Le groupe est complété par Colin Hart à la guitare et Rob Todd à la batterie. De même, le Peter Bown mentionné dans les crédits est bien l'ingénieur du son qui a travaillé pendant des années pour EMI à Abbey Road. Il n'a pas produit le disque mais a remixé le produit des sessions d'enregistrement originales qui se sont déroulées au studio Archipelago à Pimlico.
Voilà désormais un peu de lumière faite sur un disque qui a désormais plus de trente ans.
S'il n'a pas fait une carrière professionnelle, Al Turner a continué à jouer de la musique pendant toutes ces années. Depuis 2000, il joue sous le nom de Lewinus Mone. Après quelques péripéties (Le premier exemplaire, pourtant protégé par une boite de CD en plastique très classique, m'est arrivé cassé car il avait visiblement été plié en deux ! Je n'avais jamais vu ça...), Al m'a offert un exemplaire de ce qui est je crois le seul disque sorti à ce jour par Lewinus Mone, The fine art of daydreaming.
Le titre d'ouverture, Astronomy by day, donne une bonne idée de l'album. C'est un instrumental, et le disque en compte un bon nombre, où se conjuguent les deux guitares d'Al Turner et Chazz Chessington, l'une acoustique qui fait la rythmique et l'autre électrique. Le résultat me rappelle un peu A trip to Tripville, l'album de Dr. Sean Berg et Ya Ya HD, ou les enregistrements solo de Mick Turner. Mais les points de référence d'Al Turner sont restés très stables après toutes ces années et tournent principalement autour du psychédélisme anglais. Remarquablement, on trouve à nouveau ici à la fois une reprise de John Cale (une version de Thoughtless kind, presque chuchotée à l'oreille) et une autre d'un titre écrit par Syd Barrett, le Jugband blues de Pink Floyd. Il y a une troisième et dernière reprise, une version de l'indicatif de Robin Hood, l'indicatif de la série télé anglaise Robin des Bois des années cinquante. C'est l'un de mes titres préférés du disque, mais tous les autres se trouvent parmi les originaux : Totally wessold et ses deux voix en choeur, le bluesy Thinkin about Johnson (à propos de Robert ?), le plus pop Fall asleep with you, avec bongos, basse, et trompette, le bien nommé Claret and Barrett, l'instrumental Mighty pretty country et Man in the desert.
Syd Barrett est bien une figure tutélaire pour Lewinus Mone : en plus d'une reprise et d'une référence dans un titre, on trouve même un de ses crobards sur le livret du CD (dessin non crédité, mais l'information est donnée ici).
Je ne sais pas si un nouveau disque est en préparation, mais Lewinus Mone enregistre toujours des titres récents sont en écoute sur Showcase Your Music.

On peut commander The fine art of daydreaming directement auprès de Lewinus Mone.

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