03 décembre 2011
JACK HAMMER : Twistin' king
Acquis sur le vide-grenier du Jard à Epernay le 20 novembre 2011
Réf : ABA 3383 -- Edité par ABA en France vers 1977
Support : 33 tours 30 cm
12 titres
Une brocante de fin de saison, avec surtout des vendeurs professionnels, mais un temps correct et un coup de chance : dans un bac miteux de disques à 1 € j'ai trouvé ce disque, miteux en apparence mais dont j'ai tout de suite deviné qu'il valait bien mieux que ça.
Miteux car ce disque a tout l'air d'un de ces trucs édité pour être vendu pas cher principalement sur les marchés, un peu comme le Hit Parade chanté des Pop Hits chers à Mario Cavallero Jr. Il suffit d'un coup d'oeil à une partie du catalogue ABA listée chez Discogs (Spécial Orgue Hammond, Chansons culottées, Du Tyrol au Ch'timi!) pour en avoir la confirmation. Sauf que, contrairement à A tribute to Elvis par Colin Crosby, il ne s'agit pas là de reprises de titres connus "à la manière de", ni même de nouveaux enregistrements années 70 de vieux titres des années 60, comme je l'ai craint avant écoute, mais tout simplement de la réédition d'un excellent album de twist de Jack Hammer sorti à l'origine en 1962.
Et Jack Hammer n'est pas le nom bidon avec un jeu de mots facile sur marteau-piqueur d'un groupe de studio anonyme, non, c'est un pseudonyme, effectivement, mais celui d'un grand nom méconnu du rhythm and blues, qui a d'ailleurs eu les honneurs de Blogonzeureux! à ses tous débuts avec le superbe EP Electricity.
Avec le recul, j'en sais un peu plus sur sa biographie. Earl Burroughs est né à La Nouvelle Orléans le 18 septembre 1940. Il a été un temps membre des Platters mais il a surtout brillé comme auteur-compositeur. A 14 ans, il écrit Fujiyama Mama, crédité à Earl Burrows. Le titre est enregistré par Annisteen Allen fin 1954 mais sera surtout un succès pour Wanda Jackson en 1957 (et pour moi il sera éternellement associé aux Frank Chickens, qui l'ont repris dans les années 1980). Il est également l'auteur de Plain gold ring, interprété notamment par Nina Simone et Nick Cave, Peek-a-boo, repris par les Rubinoos, Down in the subway, repris par Soft Cell en 1984 (ce qui fait que, sans le savoir, j'avais plusieurs titres de lui à la maison depuis bien longtemps...).
Pas mal, non ? C'est ce que je me disais aussi, mais il y a mieux. J'ai failli tomber de ma chaise quand j'ai appris que Jack Hammer, alias Earl Burroughs, est le co-auteur avec Otis Blackwell de rien moins que Great balls of fire !! (si je comprends bien le détail de l'histoire, il aurait surtout trouvé le titre et la chanson elle-même aurait été ensuite écrite par Otis Blackwell, sans que les deux se rencontrent).
Une chose est à peu près certaine : Jack a dû céder ses droits d'auteur pour cette chanson pour une somme fixe et ne jamais toucher un centime sur les ventes de disques et les passages radio de sa chanson, interprétée par Jerry Lee Lewis, Little Richard et des dizaines d'autres. Sinon, il n'aurait sûrement pas eu besoin de s'installer en Belgique au début des années 1960 , où il a beaucoup travaillé avec Albert van Hoogten (qui co-signe tous les titres de cet album en tant que A. Vano). Fils du propriétaire du tout premier disquaire de Belgique, Albert a ouvert son propre magasin, Ronny's, puis lancé son label Ronnex. Dans les années 1950, il a même envoyé son frère René créé une filiale aux Etats-Unis, Moonglow, surtout réputée aujourd'hui pour avoir signé les Righteous brothers avant qu'ils ne rencontrent le succès avec Phil Spector.
Même s'il aura plus marqué les esprits comme auteur, Jack Hammer a une discographie non négligeable en tant qu'interprète. Il a sorti plein de titres chez Ronnex au tout début des années 1960, à la grande époque du twist, dont certains, comme Kissin' twist, ont du succès en Europe (Il en a même enregistré une version en allemand, tout comme pour Crazy twist). Ce sont douze de ces titres qui ont été réunis sur un album, qui s'est appelé Twistin' king dans certains pays, mais aussi Le twist est roi en France ou Hammer + Beat = Twist en Angleterre.
Certes, Twistin' king est présenté comme un album de twist, mais c'est avant tout un excellent disque de rhythm and blues : contrebasse, guitare électrique, choeurs, saxophone, orgue, tous les excellents ingrédients sont là.
La face A, avec Kissin' twist, Boogie woogie twist, Twistin' blues, Spelling twist et Crazy twist est carrément un sans faute, d'autant qu'on y trouve aussi mon titre préféré de l'album, Twist talk. Sur cette chanson, Jack est accompagné par le Johnny van Horn Orchestra, mais c'est surtout un duo hilarant avec une chanteuse qui a un sacré abattage. Selon Nothing To Do With Arbroath, cette chanteuse est Jo Leemans, réputée pour être la Doris Day flamande. C'est elle aussi qui fournit les puissants cris qu'on entend sur Crazy twist.
La face B est un peu moins forte, avec des décalques (pas des reprises) comme Twist and shout et Come twist around the clock, mais le morceau Twistin' king est excellent et le disque se conclut non pas avec un twist mais avec une autre danse, lancée par Hammer lui-même, une version sauvage de The wiggle, (prétendument ?) en concert, différente de celle du 45 tours Electricity.
Jack Hammer vit désormais à Hollywood. Pris en photo récemment avec sa fille (mai 2011), on constate qu'il se porte comme un charmeur. Il aime visiblement la compagnie des jolies jeunes femmes. Il les peint également mais, sans être spécialiste, je pense pouvoir avancer qu'il est meilleur chansonnier que peintre...
Twist talk est en écoute chez Popcorn oldies et chez Nothing To Do With Arbroath.
Une compilation MP3 de 30 titres, Twistin' king - The best of, est actuellement en vente.
L'édition originale française de l'album chez Vogue,
l'édition anglaise chez Oriole...
...et un recueil de partitions anglais d'époque pour les douze titres de l'album !
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5 commentaires:
twist talk c'est quelque chose! Ca renvoie pas mal de duos du même genre aux oubliettes!
Pour notre homme c'était un sacré performer à voir cette vidéo:http://www.youtube.com/watch?v=GBV1rwa39dU&feature=related
Salutations distinguées, ph
ah oui j'oubliais pour fujiyama mama c'est un morceau qui a fait un sacré barouf à l'époque compte tenu du rapport avec les bombardements au japon.
http://atomicplatters.com/more.php?id=40_0_1_0_M
ph
Philippe,
Je n'ai pas trouvé de vidéos de son époque twist où on le verrait chanter. Je n'avais pas vu celle-ci, de 1966, et elle confirme effectivement ce que ces disques laissent penser : c'était un sacré showman !
En effet, il y avait cette reprise de "Fujiyama Mama" par les Frank Chickens, formation à géométrie et géographie variables, totalement oubliée des rééditions, et dont j'aimais beaucoup le premier album paru de ce côté ci de Fukujima par les Disques du Soleil et de l'Acier.
Plus tard Nato publia les deux excellents albums de Kahondo Style, suite logique et probable aux efforts des deux poulettes nippones (et dont les passages sur les scènes de l'est de l'hexagone me restent agréablement en mémoire)... mais là aussi, réédition rime avec total disparition... et l'annonce programmée des supports musicaux non-virtuels ne va rien arranger à l'affaire : peau d'balle (des débutantes) et balais d'crin(crin).
J'ai vu Kahondo Style aux Musiques de Traverses de Reims en 1986. Je suis presque certain de ne jamais avoir vu Frank Chickens sur scène, mais d'en parler m'a donné envie de les réécouter. Réédition ou pas, comme j'ai gardé mes disques (deux maxis et un album), on devrait les voir apparaître ici un de ces jours...
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