05 septembre 2010

HERBIE HANCOCK : Watermelon man


Acquis sur un vide-grenier de la Marne à la fin des années 2000
Réf : 45-1862 -- Edité par Blue Note en France en 1962
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Watermelon man -/- Three bags full

Ça doit faire environ un an que j'ai acheté ce disque (je n'ai pas vérifié mes notes, mais c'est sûrement à Epernay) mais je ne l'avais pas encore rangé. Il était resté près du tourne-disque, pas tellement parce que je l'ai adoré quand je l'ai écouté, plutôt parce que je trouve que c'est un bel objet, l'un de ces disques dont la pochette est imprimée en France (avec des notes signées Kurt Mohr) alors que le disque est le pressage américain sur lequel on a juste collé le timbre montrant que les droits afférents ont bien été réglés au BIEM. Cerise sur le gâteau, le timbre est ici (presque) assorti au bleu du label Blue Note.

J'attendais donc de savoir si j'en ferais quelque chose (c'est à dire : si j'en parlerais ici) et c'est finalement l'interview avec Herbie Hancock à l'occasion de ses 70 ans parue dans le n° 203 de Mojo (daté d'octobre 2010 mais disponible depuis la fin août). Herbie y explique notamment que Watermelon man fait partie des six compositions qu'il a présentées en deux jours aux responsables du label pour être signé chez Blue Note. Six titres qui ont formé la matière de son premier album, Takin' off. Il explique aussi que la chanson lui a été en partie inspirée par le chant du vendeur de pastèques qui passait dans son quartier quand il était jeune et le rythme des roues de sa carriole sur les pavés.
Pour ma part, à Châlons, au tournant des années 70, on avait aussi une carriole qui passait dans le quartier (tirée par un cheval ou à bras, je ne sais plus). C'était celle du chiffonnier qui criait "Peaux de lapin, peaux", suivi d'une liste de quatre ou cinq autres choses qu'il était susceptible d'acheter (ferraille, chiffons,...). C'était une époque où les lapins étaient encore vendus avec la peau, on pouvait donc en tirer quelques centimes en la revendant, mais quand même, la carriole faisait un sacré contraste dans le quartier H.L.M., digne de celui entre la banlieue de M. Hulot et celle de son beau-frère dans Mon oncle.
Du coup, j'ai réécouté mon 45 tours et en fait il se trouve que j'aime vraiment bien Watermelon man, et si je l'aime bien (alors que j'ai du mal à aller au bout de la face B Three bags full avec ses trois solistes qui se succèdent) c'est sûrement parce que la base de cette composition est un simple blues en seize mesures (selon Wikipedia) avec un piano presque New Orleans et un équilibre quasi-mathématique (Hancock a fait des études scientifiques).
Cette version originale a eu un succès modéré mais notable lors de la sortie (vers la 84e place des charts, se souvient Herbie Hancock) mais la chanson est devenue un véritable tube quand Mongo Santamaria en a fait une reprise dans un style cubain quelques mois plus tard.
Par la suite, Watermelon man est devenu une sorte de classique du jazz, souvent repris. Hancock y est revenu lui-même en 1973 pour une version plus jazz-funk sur son album Head hunters, un autre immense succès. Il y a peu de chances que je cherche un jour à me procurer cette deuxième version : pour Herbie Hancock, ce 45 tours et son expérience hip hop Rock it me suffisent largement.

Salut à Pascal D. sur ce coup là.

2 commentaires:

KMS a dit…

Ah tiens je lisais justement cette interview d'Hancock dans Mojo hier soir en me disant qu'il faudrait que je raconte cette histoire un jour :-)
Je suis plus attaché à sa propre reprise sur Headhunters mais peu importe.

Pol Dodu a dit…

KMS,
Je ne suis pas surpris qu'on ait les mêmes bonnes lectures...
Ce n'est pas la première fois qu'il raconte cette histoire, puisqu'elle figure apparemment quasiment mot pour mot dans le livret de la réédition CD.
Pour la version de "Head hunters", j'avoue (honte sur moi !) que je n'ai même pas pris la peine de chercher à l'écouter !