06 juin 2009

CHHUN-VANNA & IM-SONG-SOEUM : Quand tu me comprendras


Acquis sur le vide-grenier de Chavot le 1er juin 2009
Réf : H 2903 -- Edité par Indépendance au Cambodge vers 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Quand tu me comprendras -/- L'aigrette vole seul, l'épervier vole en couple

Saison difficile pour les vide-greniers : soit le temps ne s'y prête pas du tout, soit je rentre bredouille.
La semaine dernière à Chavot, je n'ai trouvé que ce seul disque. Il y a encore peu d'années, je ne me serais pas du tout intéressé à ce 45 tours cambodgien, "offert à Mme Cibert qui connaitra le Cambodge par ses chansons et musiques" à Paris le 3 juin 1966, si l'on en croit la dédicace qui figure au dos.
Mais depuis quelques temps, Internet nous a ouvert les oreilles. Il y a eu les relectures du groupe de San Francisco Dengue Fever, les articles comme ceux de La Blogothèque ou de WFMU, les compilations comme celles de Sublime Frequencies, les sites comme Radiodiffusion Internasionaal.
C'est grâce à tout ça que je me suis intéressé de près à ce 45 tours quand je suis tombé dessus au milieu d'un petit lot de disques quelconques, puis que je me suis décidé à l'acheter. Et c'est suite aux retombées de la colonisation française du Cambodge que l'on trouve sur la pochette la traduction du titre des chansons en français ainsi que la translittération du nom des artistes. S'il n'y avait eu que la version khmer sur la pochette, j'aurais bien été en peine de vous dire quoi que ce soit d'autre sur ce disque que mes impressions à l'écoute.
Chhunn Vanna chante sur les deux faces du disque. Je ne m'attendais pas en l'achetant à trouver du rock sur ce disque (et ce n'est effectivement pas du rock), mais Chhun Vanna, chanteuse très populaire au Cambodge, a fait partie de la vague dite "khmer rock" dans les années 60. Elle l'est l'une des rares artistes populaires à avoir survécu au régime khmer rouge et vit désormais aux Etats-Unis.
La face A est un duo avec Im Song Soeum (Oeum Song Soeum pour les anglais, apparemment), également un chanteur très populaire au Cambodge, qui a enregistré de nombreux duos avec diverses chanteuses, si j'en crois ceux qui sont disponibles sur Youtube, dont Ph'Kor Lorn Doerm Chh'Nam, avec Chhun Vanna justement.
Les deux titres de ce disque sont des Ramvong, une des danses traditionnelles les plus populaires du Cambodge, qui se danse en ronde, comme on peut le voir sur la pochette du 45 tours et sur cette vidéo karaoke, sur une chanson de Chhun Vanna.
C'est beaucoup moins funky et moins fou, mais quand je cherche un point de comparaison pour cette musique je pense à la musique éthiopienne de la fin des années 60/début années 70, telle qu'on a pu la découvrir grâce à la série Ethiopiques. Sans s'en tenir à l'exotisme pur, il y a un rythme et un groove communs aux deux traditions musicales.
Pour Quand tu me comprendras, le duo, les deux voix se complètent de façon dynamique , accompagnées notamment par une guitare électrique (discrète) et surtout une trompette solo bien embouchée.
Les cuivres (saxophones et/ou trompette) sont aussi présents sur L'aigrette vole seul, l'épervier vole en couple (quel titre !), pour une chanson tout aussi réussie que la première.
Et même si le temps ne s'annonce encore pas folichon, avec un peu de chance un fragment du bout du monde et d'un autre temps viendra encore (quasiment) frapper à ma porte demain matin...

De nombreux titres de Chhun Vanna sont disponibles sur Khmernet Radio, notamment les deux faces de ce 45 tours, Quand tu me comprendras sous le titre Ma-dong Niss Main Haeuy et L'aigrette vole seul, l'épervier vole en couple sous le titre Kok Heur Teh Aeng.
Trois titres sont aussi disponibles sur Archive.org.

2 commentaires:

jacques debout a dit…

J'ai écouté ce titre sur la radio de votre blog... le genre de disque pour l'écoute duquel je me ferais couper les deux bras ! Fabuleux ! Absolument merveilleux ! Cette diction, ces trémolos discrets haut perchés, ce contre chant, l'orchestration parfaite, les jeux de timbre.... waoouhh ! Je traque les rééditions d'enregistrements de variété asiatique des années 40, 50, 60 et 70 en me demandant si ça n'est pas là-bas, dans ce musée de la musique "coloniale", que j'aimerais tout bonnement finir.

Pol Dodu a dit…

Jacques,
Comme il est très rare de découvrir des titres pop-rock excellents et complètement inconnus, c'est ce genre de pépites un peu décalées qui font les délices des vide-greniers pour moi depuis quelques temps, comme le P'Tit Frère tout récemment ou Les Maxel's.
Il y a les asiatiques, mais pour les musiques du monde entier maintenant on a des sources d'information à disposition inimaginables il y a encore peu. Je recommande notamment Radiodiffusion Internaionaal (http://radiodiffusion.wordpress.com).