03 août 2008

AN DER SCHONEN BLAUEN DONAU


Acquis chez AYAA à Reims vers 1989
Réf : GT011 -- Edité par Home Produkt en Belgique en 1987
Support : 33 tours 30 cm
30 titres

AYAA était un label indépendant, mais son autre activité consistait à distribuer par correspondance des productions indépendantes. Privilège de rémois, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de me rendre dans leur entrepôt, rue Ponsardin, à une ou deux entrées d'écart d'avec les Aubaines, où l'on pouvait voir les disques comme chez un disquaire et bénéficier des conseils avisés de Dominique Diebold.
Parmi les achats que j'y ai fait, celui-ci est sûrement le plus bel objet discographique, vu que j'avais finalement renoncé à acheter l'une des productions de Zoviet France, notamment celle dont la pochette était en papier goudronné.
Ce n'est peut-être pas très clair sur la photo ci-dessus (ça va beaucoup mieux en cliquant dessus pour l'agrandir, et il y a d'autres images ), mais la pochette, due à Albert, est en papier calque sur lequel sont dessinés des flots bleus, avec à l'intérieur un carton épais et imprimé plié en deux sur lequel est fixé une ficelle avec attaché à l'autre bout une représentation assez fidèle d'un poisson.
Si mon choix s'est porté sur cette compilation à 73 F. entièrement centrée sur Le beau Danube bleu, c'est tout autant parce que l'objet me plaisait que parce qu'on y trouvait des inédits de Sttellla et de Look de Bouk.
Je n'avais pas fait le lien à l'époque, mais avant cet album le label indépendant Home Produkt avait déjà produit un objet assez sympa, que j'avais emprunté à Dorian Feller, une compilation double cassette intitulée Brabançonnes, dont la pochette cartonnée était une photo de pommes de terre découpée en forme de carte de la Belgique !
Sur la pochette de ce An der schonen blauen Donau, on trouve l'anecdote suivante :
"En 1872 la valse "Le beau Danube bleu" avait déjà été jouée un peu partout. Elle avait déjà fait la gloire de son compositeur, Johann Strauss. Un chef d'orchestre américain, P. S. Gilmore, décida de faire exécuter cette pièce par un gigantesque orchestre de 2000 instrumentistes et 20000 choristes, des carillons formés de tronçons de rails suspendus à des cadres, des enclumes... C'est Johann Strauss lui-même qui devait conduire "la chose". Ses mouvements étaient retransmis aux exécutants par des dizaines de sous-chefs l'observant à la jumelle. Le signal de départ devait être donné par un coup de canon. Le coup partit trop tôt...".
C'est tellement gros qu'en relisant ça la semaine dernière j'ai pensé que c'était une grosse blague. Mais non, ce "concert" a bien eu lieu, et c'était déjà un concert pour la paix dans le monde ! Comme quoi le show-business était déjà atteint de gigantisme dès le XIXe siècle...
La première compilation qui a inspiré ce genre de projet est sûrement Miniatures, initiée par Morgan Fisher, qui regroupait 51 titres d'une minute, avec notamment les Residents et Andy Partridge. Ce n'est donc pas un hasard si Morgan Fisher figure parmi les trente participants à ce disque cosmopolite, puisque outre des belges, français et autres européens, plusieurs participants sont japonais ou américains.
A l'écoute, s'agissant à la base pour la plupart des contributions du même morceau de musique de Strauss, interprétée de façon plus ou moins bizarre ou ironique, on n'a pas l'impression d'écouter une compilation de différents artistes, mais plutôt une longue oeuvre unique sur deux faces triturant le thème du Beau Danube bleu, un peu à la manière du Third Reich'n'roll des Residents ou de la face B de l'album des Imperial Pompadours.
Quelques plages se détachent, bien sûr, notamment celles qui sont chantées, et au premier rang la contribution de Sttellla. Il n'y a pas d'instrument de musique à proprement parler, juste une bande sonore documentaire qui illustre cette version cyclotouriste de la célèbre valse, chantée par Mimi, avec Jean-Luc et peut-être bien aussi les Bidou-Bidets aux choeurs, dont je ne résiste pas au plaisir de vous livrer les paroles :
J'ai garé mon nouveau vélo bleu
sur les bords du beau Danube bleu.
Des petits cons ont crevé mes pneus,
maintenant à pied rentrer je peux.
Je devrais acheter des nouveaux pneux
pour rouler sur mon beau vélo bleu,
avant de pouvoir retourner
sur les bords du beau Danube bleu.
Je fais du vélo,
je suis un cyclo-touriste qui sais
que sans pneu on ne sait rouler à vélo.
Comme Bernard Hinault, je ne suis qu'un Hinault sans ses pneux.
On trouve pas mal d'extraits de ce disque sur le blog de WFMU (évidemment !).