01 août 2008

CHUCK BERRY : St. Louie to Frisco to Memphis


Acquis sur le vide-grenier de Sillery le 27 juillet 2008
Réf : 6619 008 -- Edité par Mercury en France vers la fin des années 1970
Support : 2 x 33 tours 30 cm
24 titres

C'était l'un des derniers vide-greniers intéressants pour moi avant le grand creux du mois d'août. Il y avait du monde, mais pas trop. Il faisait très beau, et comme je suis arrivé assez tard dans la matinée, j'ai pu constater une fois de plus combien les vendeurs peuvent laisser sans s'en soucier fondre leurs disques au soleil !
J'ai acheté quelques disques de Chuck Berry ces dernières années, dont deux de ses derniers albums originaux pour Chess dans les années 70 que j'ai refilés de bon coeur à Philippe R., plus intéressé que moi par les prouesses de M. Berry et par ces disques, qui ont surtout valeur de document.
Habituellement, je ne m'intéresse guère aux rééditions en série économique de ce genre, mais il y a encore quelques semaines j'avais fait des recherches en ligne pour trouver trace de My tambourine, le titre qui, une fois retravaillé et enregistré en public sous le nom My ding-a-ling, a fourni à Chuck Berry un numéro 1 inattendu en 1972. Je savais donc que My tambourine était sorti à l'origine en 1968 sur l'album From St. Louie to Frisco, c'est pour ça que, lorsque j'ai vu le titre de ce disque en tête d'une petite caisse sur le stand sympathique d'une famille installée devant sa maison, j'y ai tout de suite prêté attention et j'ai vite eu la confirmation que ce n'était pas une compilation de tubes de plus et qu'il y avait bien My tambourine dessus. Alors, malgré la pochette cornée (les disques sont en bon état) et à 1 € le double album, j'en ai fait l'acquisition.
Les deux disques de ce double sont bien différents : le premier est la réédition complète et exacte de l'album Live at Fillmore Auditorium, sorti en 1967. Le second est une compilation studio qui reprend des extraits des albums Chuck Berry in Memphis (1967, 5 titres), From St. Louie to Frisco (1968, 7 titres) et Concerto in B. Goode (1969, 1 titre), tous sortis chez Mercury, où Berry a fait un passage entre deux contrats chez Chess.
Il suffit de voir la pochette pour avoir la confirmation que ce disque a non seulement été enregistré dans le temple du psychédélisme, mais qu'en plus il est sorti au plus fort de cette période. Pourtant, pas trace de LSD sur cet album, qui est un disque de blues électrique sur lequel Chuck Berry est accompagné du tout jeune Steve Miller Band. Berry n'avait visiblement pas très envie de chanter ce soir-là et, hormis pour les fans impénitents de blues, il n'y a que quelques moments à sauver sur ce disque, principalement des instrumentaux sur lesquels le complément guitare-orgue est bien réussi, Feelin' it, Flying home (très bonne reprise pour le coup d'un standard du jazz signé Lionel Hampton et Benny Goodman !) et Fillmore blues. Il y a quand même un bon moment de surprise à la fin quand, pour annoncer la fin du set, Chuck entonne, en français s'il vous plait, une version de Goodnight, it's time to go des Spaniels : "Bonjour chérie, je dois partir now, Bonjour chérie, je dois partir, Je vous aime beaucoup chérie mais je dois, je dois, je dois". Malheureusement, la version de Johnny B Goode sur laquelle ils enchaînent aussitôt est décevante, Chuck ne se fatiguant même pas à la chanter jusqu'au bout. Le pire moment du concert, c'est It hurts me too, chanson que j'aime beaucoup, jouée notamment par Big Bill Broonzy et Elmore James. C'est censé être un duo avec Steve Miller : ils chantent tous les deux, effectivement, mais pas ensemble...!
Bien que seule une partie du deuxième disque est extraite de Chuck Berry in Memphis, l'ensemble des titres sélectionnés a une forte teinte rhythm'n'blues, avec des cuivres qui se marient bien à la guitare de Chuck Berry. Malheureusement, sur certains titres la production est un peu étriquée, ce qui fait regretter que Chuck n'ait pas carrément signé ou enregistré chez Stax. Tous les titres ne sont pas excellents non plus, loin de là, mais c'est beaucoup plus intéressant que l'album live. Mon titre préféré est Soul rockin', avec un solo de guitare frénétique, ponctué de cuivres. J'aime aussi beaucoup Ma dear, My tambourine, I do really love you et It's too dark in there, un blues funk lent qui me fait penser que, à un ou deux ans d'écart, Chuck empruntait le chemin qu'allait trouver Bo Diddley au début des années 70.
La série Succès 2 disques, avec cette maquette horrible, a été utilisée pour publier des compilations d'artistes du groupe Phonogram (Philips, Fontana, Mercury,...) à la fin des années 70 ou au début des années 80. C'est donc de cette période que date mon disque avec sa belle (malgré la maquette) photo de pochette signée Jean-Pierre Leloir, mais l'édition originale de cette compilation est de 1972, et la pochette originale ressemblait sûrement à ça :

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