09 mai 2025

JEFFERSON AIRPLANE : White rabbit


Acquis sur le vide-grenier de Mardeuil le 27 avril 2025
Réf : 45.617 -- Édité par RCA en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : White rabbit -/- Somebody to love

La semaine précédente, quelqu'un avait fait circuler la pochette de la réédition de 1971 de ce 45 tours, liée à la publication du livre L'Herbe bleue (Go ask Alice), et je m'étais dit que c'était quand même un excellent disque, puisqu'on y trouve les deux plus grands tubes de Jefferson Airplane, qui se trouvent être mes deux chansons préférées du groupe (dont j'ai dû écouter deux ou trois albums et un best-of).

Quand je suis tombé  sur ce disque l'autre dimanche, j'étais donc bien sûr de le chroniquer en cas d'achat, mais j'ai hésité un moment à investir 2 € dans ce 45 tours original français de 1967 car il lui manque sa pochette originale. Je me suis vite traité d'imbécile et j'ai conclu l'achat pour deux très bonnes raisons. 1°) Il m'est revenu que, de toute façon il était rare que les 45 tours français deux titres de cette époque aient une pochette illustrée. Et effectivement, celui-ci avait une pochette générique RCA. J'aurais bien aimé l'avoir, mais je m'en passerai, d'autant que 2°) un ancien propriétaire du disque a, en découpant la couverture d'un cahier de travaux pratiques Sciences & Cartographie, fait un superbe travail pour se fabriquer une pochette maison, avec des illustrations trouvées dans des magazines. Le verso est particulièrement réussi et tout à fait de son époque. On a là un très bel exemple ce que Patrice Caillet appelle le discographisme récréatif.
Il existe bien un EP français avec une pochette illustrée, mais bon, je ne compte pas trop tomber dessus prochainement à 2 € dans un vide-grenier...

Il y a une autre chose qui m'intéresse particulièrement dans ce disque, c'est l'histoire de ces deux chansons, que j'ai découverte il y a quelques temps en lisant Mojo ou Uncut.
En effet, elles ont toutes les deux été enregistrées le même jour, le 3 novembre 1966, pendant les sessions du deuxième album, Surrealistic pillow, mais elles n'étaient pas nouvelles. Grace Slick, qui venait d'intégrer le groupe, les a amenées avec elle. Quelques semaines plus tôt, elle les chantait encore avec son précédent groupe, The Great Society, dans lequel jouaient notamment son mari Jerry et son beau-frère Darby Slick.
En février 1966, Someone to love était sorti en 45 tours et, par la suite, un album a été édité sur lequel on trouve une version live de White rabbit enregistrée en 1966.
Sur les deux faces de mon 45 tours, les chansons sont créditées "G. Slick", mais c'est une erreur : White rabbit est bien de Grace, mais c'est Darby l'auteur de Somebody to love. Je suppose que ça lui assure une bonne rente depuis 1967...!
Il est ironique en tout cas que les deux plus grands succès de l'Airplane, sortis en single en février et en juin 1967 et montés à la cinquième et à la huitième place du classement des ventes, soient en fait des reprises de The Great Society.

Ce qui est surprenant avec White rabbit, c'est que la chanson est courte (2'30 à peine), mais que c'est tout sauf une pop song avec couplets, refrain et mélodie qui reste en tête. Au contraire, sur un rythme de boléro, elle est toute en tension, qui monte, qui monte et qui ne se libère que dans les trente dernières secondes. Grace Slick insiste sur le fait que le sujet de la chanson, qui contient de nombreuses références à Alice au pays des merveilles, n'est pas la drogue, mais elle a quand même été écrite à la fin d'un trip au LSD, et Grace pointe le fait que les drogues sont présentes en sous-texte dans de nombreux classiques de la littérature jeunesse.

Somebody to love, pour le coup, est une grande excellente chanson. La version de Jefferson Airplane transforme la chanson originale un peu pataude en un grand moment de rock and roll.

Ce disque fait partie de ceux qui ont annoncé le fameux Été de l'Amour hippie de 1967. Il est aussi innovateur parce que c'est peut-être bien la première fois, avant Big Brother and the Holding Company, qu'un groupe de rock avec une chanteuse qui compose certains des titres rencontre un très grand succès.


Jefferson Airplane, White rabbit et Somebody to love, dans l'émission American Bandstand à la veille de l’Été de l'amour, le 3 juin 1967.


Jefferson Airplane, White rabbit, dans l'émission The Smothers Brothers Comedy Hour.


Jefferson Airplane, White rabbit.


Jefferson Airplane, Somebody to love, en concert au Monterey International Pop Music Festival le 17 juin 1967.


Jefferson Airplane, Somebody to love, en direct à la télévision en 1969 dans l'émission Dick Cavett Show, avec David Crosby en invité au second tambourin et aux chœurs.


Jefferson Airplane, Somebody to love et White rabbit, en concert au Woodstock Music and Art Fair le 16 août 1969.



3 commentaires:

Pol Dodu a dit…

Je l'avais oublié, mais pour le coup je possède l'EP d'Herbert Léonard où il adapte "Somebody to love". Avec un arrangement de Big Jim Sullivan, ça donne "Pour un peu d'amour".

Anonyme a dit…

quelques remarques: 1)dommage, l'artiste qui a créé la pochette n'a pas signé son œuvre c'est du beau travail. 2) hommage :c'est un grand groupe avec des musiciens excellents et originaux 3)fromage: ben je vais en faire hurler qqes uns, moi ce que j'aimais le moins c'était la voix de Grace Slick. 4)naufrage: le bel herbert avait qqe chose en lui pour réussir dans le monde de la pop mais il a vite sombrer dans celui de la variété franchouillarde. Bonne nuit cher ami Ph

Pol Dodu a dit…

Très bel ouvrage, ce commentaire, Monsieur Philippe !