22 décembre 2024
THE ASSEMBLY : Never never
Acquis neuf probablement à Châlons-sur-Marne en 1983 ou 1984
Réf : 101848 -- Édité par Mute en France en 1983
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Never never -/- Stop / start
Vince Clarke était un vrai feu follet dans les premiers temps de son parcours musical : deux ans avec Depeche Mode (qui ont produit le premier album et trois singles, dont New life et Just can't get enough), puis moins de deux ans avec Yazoo, sachant qu'il aurait voulu arrêter après le premier album, qui a produit deux grands succès avec Only you et Don't go, mais là il s'est laissé convaincre d'en faire un deuxième.
Depuis 1985, Clarke est beaucoup plus stable et se consacre principalement au groupe Erasure, avec le chanteur Andy Bell. Mais en 1983, juste après la séparation de Yazoo, il s'était lancé dans The Assembly, en collaboration avec Eric C. Radcliffe.
Le nom de Radcliffe, les fans du label Mute le connaissent bien, puisque la plupart des premiers disques du label ont été fabriqués dans son Blackwing Studio, et il a enregistré, produit voire joué sur des disques de Fad Gadget, Silicon Teens, mais aussi Missing Scientists, Patrik Fitzgerald et Robert Rental.
Le projet de The Assembly ressemblait fort à celui lancé peu de temps auparavant par les ex-Human League Martyn Ware et Ian Craig Marsh avec leur British Electric Foundation : écrire et produire la musique et faire appel à des chanteurs et musiciens différents pour chacun des disques.
Celui-ci est le premier, comme le confirme la pochette, avec le bas de la patte du "A" d'Assembly, qui se transforme en "1" gris, sur lequel est mentionné "Uno". Mais il n'y a jamais eu de "Dos" ni de "Due" : les questions de contrat/d'exclusivité/de rivalités ont rendu les choses difficiles et The Assembly s'est auto-dissoute fin 1984, sa chaîne de production n'ayant produit qu'un unique disque, cet excellent Never never.
J'étais à Londres quand ce single est sorti fin 1983. Ce fut est un assez grand succès (le disque est monté à la quatrième place du classement national des ventes) et, quand le jeudi et l'heure de Top of the Pops venaient, c'était l'une de mes chansons préférées parmi les tubes du moment, comme Karma chameleon de Culture Club, Come back and stay et Love of the common people de Paul Young, Uptown girl de Billy Joel ou Red red wine de UB40. Pourtant, j'ai attendu d'être de retour en France pour acheter ce disque, je ne sais pas trop pourquoi. En tout cas, ça me vaut d'avoir la mention "Original version" ajoutée sur la pochette, et pour le coup, Vogue semble avoir fait du zèle. En effet, ce genre de mention est généralement utilisé pour écarter la concurrence un peu parasite, ou à l'inverse de manière un peu déloyale pour piquer des parts de marché à l'éditeur d'un tube, mais là il n'y avait aucune raison de préciser que c'est la version originale, pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas eu de reprise ni d'adaptation française à l'époque; on note juste, bizarrement, deux versions différentes en suédois en 1984 !
Never never est une excellente chanson. Vince et Eric se chargent de la musique, à base de synthé, de boite à rythmes et de sampler (c'était les débuts du Fairlight), dans la veine électronique et mélodique initiée par Kraftwerk. Vince fait aussi des chœurs (en tout cas je crois que c'est lui) et ils ont fait appel à un musicien pour ajouter de la guitare, Clem Clempson, un gars qui avait de la bouteille, ancien de Colosseum et Humble Pie.
Les paroles sont grosso modo du blues (Je voudrais être avec toi mais je suis tout seul, l'amour c'est jamais pour moi, l'amour est une porte fermée et il n'y a pas de clé), mais en même temps les couplets semblent indiquer que le narrateur fait tout ce qu'il faut pour se retrouver dans cette situation : "I know just what to say, it's just a game I play" ou "I know my every line, it's just a waste of time".
Le coup de maître de The Assembly, c'est d'avoir fait appel pour chanter Never never à Feargal Sharkey, tout juste libéré de son poste de chanteur des Undertones. C'est vraiment un chanteur que j'apprécie énormément, avec une voix et un style de chant très particuliers.
Une version allongée est sortie en maxi et, pour une fois c'est une réussite : pas de percussions ou de son discothèque, juste une longue introduction de deux minutes qui permet de mieux apprécier tous les sons du disque.
C'est une pure coïncidence, mais j'ai dernièrement eu l'occasion d'écouter la version démo d'Enjoy the silence par son auteur Martin L. Gore (elle figure sur ma dernière compilation en date, Ma sélection n'est pas commerciale). Il y a une forme de cousinage entre ces chansons des deux ex-compères de Depeche Mode et je regrette de ne pas les avoir enchaînées.
La face B, Stop start, est un instrumental, plus rythmé, typique des compositions de Vince Clarke. Pas mal, mais il lui manque sûrement un Dave Gahan, une Alison Moyet, un Feargal Sharkey ou un Andy Bell pour passer à la dimension supérieure.
Après The Assembly, Feargal Sharkey s'est lancé dans une carrière solo et il a eu beaucoup de succès en Angleterre. En 1986, accompagné par Kevin Armstrong (ex-Local Heroes SW9), il interprétait Never never sur scène. Il est ensuite passé de l'autre côté de la barrière et a eu un parcours remarquable dans l'industrie musicale. En 2011, il a exceptionnellement rejoint Erasure sur scène pour refaire Never never (voir ci-dessous). Ces derniers temps, il est de nouveau dans l'actualité pour son militantisme en faveur de la qualité des eaux de rivière et notamment contre les rejets d'eaux usées.
Quant à Erasure, le groupe est toujours actif. Son dernier album en date, Day-glo, est sorti en 2022.
The Assembly, Never never, dans l'émission The tube en 1983. La musique est celle du disque, mais le chant de Feargal Sharkey semble en direct.
The Assembly, Never never, dans l'émission Formel Eins en 1983.
Erasure, Never never, avec Feargal Sharkey en invité au chant pour ce rappel, en concert à The Roundhouse à Londres le 14 mai 2011 dans le cadre du festival Mute at Short Circuit.
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