28 mars 2015

J.R. CORVINGTON : Le mandarin chinois


Acquis sur le vide-grenier de l'avenue de Flandre à Paris le 14 mars 2015
Réf : ESRF 1791 -- Edité par Columbia en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Le mandarin chinois -- Lui ou moi -/- Tous seuls parmi les autres -- Dr. Kitch

Voici l'un des 45 tours chinés à Paris plus tôt ce mois-ci. A priori un EP de variétés tout à fait quelconque, par un inconnu à mon bataillon, un bellâtre brun dont c'était quand même la deuxième parution chez Columbia/Pathé Marconi. A l'écoute, ça se confirme, les trois premiers titres sont effectivement de la chanson la plus classique, très orchestrée (Le chef d'orchestre Oscar Saintal travaillait notamment beaucoup pour Adamo à l'époque), surtout Le mandarin chinois, avec beaucoup de cordes.
Mais ce qui m'a décidé d'acheter ce 45 tours, c'est le crédit du quatrième titre, Dr. Kitch, une adaptation en français d'une chanson créditée ici à Blackwell et Kitchener. Et Kitchener, ça me parlait, donc j'ai tenté le coup.
Cette adaptation est créditée à M. Villenoy qui, selon la BNF, n'est autre que Maurice Tézé, qui a une carrière longue comme le bras, avec de nombreux textes pour Henri Salvador (dont Juanita Banana, interprétée par J.R. Corvington sur son premier disque) et une collaboration poussée avec Sacha Distel, pour qui il a adapté en 1965 le calypso Shame and scandal in the family de Sir Lancelot (Scandale dans la famille).
Quelques mois plus tard, on reste dans le même registre puisque l'original de Dr. Kitch est une chanson de l'un des grands noms du calypso, Lord Kitchener, un tube en 1963 sur le label Jump Up, une filiale d'Island. C'est à cause de Lord Kitchener que le disque m'a intéressé. Il s'avère que le Blackwell des crédits français est donc sûrement le Chris Blackwell d'Island. On se demande bien pourquoi car le 45 tours anglais ne mentionne que Kitchener comme auteur de la chanson.
Pour cette version française, Maurice Tézé a choisi de conserver intacte l'expression "Dr. Kitch", qui se comprend en référence à Lord Kitchener mais n'a pas grand sens dans la bouche de J.R. Corvington. En-dehors de ça, l'adaptation des paroles est très fidèle et, pour l'occasion, l'orchestre Saintal nous gratifie d'une batterie percutante, de cuivres et d'orgue.
Dr Kitch, c'est une chanson à double sens qui ne fait pas dans le léger-léger, comme souvent dans le calypso : "Je ne suis pas un docteur ordinaire car les piqûres je ne sais pas en faire. Mais ce soir Doroty est malade et soutient que j'en suis très capable. Puisqu'il le faut je veux bien essayer, mais Dieu sait où l'aiguille va aller. J'enfonce ici, mais elle ressort. J'enfonce encore, mais elle ressort. Docteur Kitch ? Mais par pitié ! Quelle aiguille avez-vous employé ?".
Contrairement au reste du disque, c'est agréable et entraînant, et je suis bien content d'avoir pioché cette obscure version française de Dr. Kitch.

Dr. Kitch et Tous seuls parmi les autres sont en écoute chez Dédé du 59.

A écouter sur BBC Radio 4, un portrait de Lord Kitchener, présenté par Anthony Joseph.

3 commentaires:

debout a dit…

C'est assez drôle que cette chanson salace de Lord Kitchener ait atterri en face B du EP de ce chanteur propre sur lui ainsi qu'il l'est sur les trois autres titres proposés ici à la vente. Les mystère du marketing musical ?

debout a dit…

Je n'avais pas vu le lien permettant d'aller chez Dédé écouter cette french version de "Dr. Kitch", maintenant c'est fait. Si les paroles françaises restent gaudriolesques quoique plus soft que dans l'original de Lord Kitchener, on peut toutefois déplorer le côté "testostéroné" de l'orchestration et, notamment, cette caisse claire tonitruante de la fin qui bat la diane et militarise ce calypso, débonnaire à l'origine.
Sympathique cependant.

Pol Dodu a dit…

La caisse claire, c'est sûrement à ça que je pensais que j'ai évoqué une batterie percutante. C'est sûr que c'est speedé pour du calypso !