05 juillet 2014
THE NORMAL : T.V.O.D.
Acquis peut-être bien chez New Rose vers 1980
Réf : MUTE 001 -- Edité par Mute en Angleterre en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : T.V.O.D. -/- Warm leatherette
C'est par Fad Gadget que je suis venu à The Normal. J'avais dû lire quelque part une référence à ce 45 tours déjà légendaire, le premier de Mute Records, enregistré sous pseudonyme par Daniel Miller. L'histoire de l'enregistrement de ce disque et du lancement inopiné de l'une des plus belles histoires des labels indépendants anglais est largement documentée. Elle est très bien racontée chez French Violation, je vous encourage à aller l'y lire.
Pour ma part, j'ai eu la chance de tomber sur un exemplaire neuf de ce disque au tout début des années 1980. Normalement, un 45 tours indépendant n'était disponible que quelques mois dans les bacs, mais celui-ci a eu un tel succès qu'il a dû être régulièrement repressé pendant un certain temps.
Dans le documentaire Do it yourself : The story of Rough Trade (voir l'extrait ci-dessous), Daniel Miller explique que, fan de Kraftwerk et du krautrock en général mais pas particulièrement musicien, il a voulu se lancer dans l'aventure d'un disque punk avec des synthétiseurs.
Il a parfaitement réussi son coup, avec un disque du niveau des meilleurs Cabaret Voltaire (Nag nag nag) et Throbbing Gristle (United), avec surtout deux chansons aussi excellentes l'une que l'autre, qui abordent deux thèmes emblématiques de la société moderne, la télévision et la voiture.
T.V.O.D. est sorti à une époque où il y avait à tout casser trois chaînes de télé mais, comme son titre l'indique (Overdose de télé), cette chanson est à la télé ce qu'Heroin du Velvet Underground est à..., ben à l'héroïne tout simplement : "pas besoin d'écran télé, je me plante juste l'antenne dans la peau et laisse le signal passer dans mes veines." La boite à rythmes donne la cadence, la mélodie au synthé presque guillerette est contrastée par la voix de non-chanteur de Miller. Les ingrédients sont les mêmes pour Warm leatherette, la mélodie en moins car l'atmosphère est bien plus sombre, avec ces paroles inspirées du roman Crash ! de J. G. Ballard : "Une larme d'essence est dans ton oeil, le frein à main pénètre ta cuisse, vite, faisons l'amour, avant que tu meures, sur du simili cuir bien chaud".
Daniel Miller n'avait probablement pas l'intention de faire une carrière avec The Normal : il a tourné avec Robert Rental fin 1979, ce qui a donné lieu à la publication chez Rough Trade d'une face d'album live en 1980, mais il n'a jamais rien sorti d'autre sous ce nom.
S'il a largement bénéficié, comme d'innombrables autres labels indépendants anglais, de la structure de Rough Trade pour la fabrication et la commercialisation de son premier disque, il semble bien que Daniel Miller n'avait pas non plus vraiment l'intention de créer un label. Mais, suite au succès de The Normal, il a reçu plein de démos et a choisi d'éditer les disques de Fad Gadget. Puis, sous le pseudonyme Silicon Teens, il a sorti avec succès ses reprises électro-pop de tubes des années 1960. En 1981, il a découvert de tout jeunes fans de Fad Gadget et les a signés. Le groupe s'appelait Depeche Mode et c'était le début d'une longue histoire qui dure encore...
Daniel Miller parle de The Normal et des débuts de Mute Records dans le documentaire Do it yourself : The story of Rough Trade.
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