07 décembre 2013

THE TIMES : Lundi bleu


Offert par Creation par correspondance en 1992
Réf : CRESCD 114 -- Edité par Creation en Angleterre en 1992
Support : CD 12 cm
8 titres

Ed Ball a sorti un nombre impressionnant de disques chez Creation, qui l'a employé un temps, sous un nombre délirant d'identités, mais les quatre premiers albums qu'il y a sortis de 1988 à 1992 en tant que The Times (Beat torture, E for Edward, Et Dieu créa la femme et Pure) sont mes préférés de toute sa longue carrière (les premiers disques des Television Personalities auxquels il a participé sont hors catégorie).
Après avoir chanté les louanges de Manchester fin 1989 avec des pochettes qui parodiaient celle de Technique, Ed Ball a à nouveau rendu hommage à New Order en reprenant Blue Monday sur Pure. Pas fou, il n'a pas tenté de rivaliser côté piste de danse avec le légendaire maxi Factory de 1983, non, il a joué sa partition en mode décalé en ralentissant fortement le rythme du morceau et en le chantant en français. Le français, bien qu'il ne le parle pas couramment, ça titillait Ed depuis longtemps : dès 1982, il avait fait chanter à Joni Dee Voici les vacances et l'année précédente, il avait traduit en français tous les titres d'Et Dieu créa la femme, même s'il les chantait en anglais.
Que les choses soient claires : la seule version de Lundi bleu qui est indispensable, c'est celle de l'album Pure, qui dure près de neuf minutes, qui est lacérée de grands coups de guitare de Paul Heeren et qui incorpore de longs extraits chantés d'au moins deux disques chroniqués ici, le Religion I de PIL et la reprise d'After the gold rush de Neil Young par Prelude, mais Ed et Creation se sont quand même bien amusés avec ce single, dont j'ai la version CD 8 titres. Il y a aussi un 45 tours avec la version instrumentale complète de Lundi bleu (inédite par ailleurs) et un maxi avec les remixes qui sont aussi sur le CD.
Le Lundi bleu (Radio edit) est une version resserrée à quatre minutes de l'enregistrement de l'album, qui se concentre sur les parties chantées, même si un couplet a sauté au passage. Viennent ensuite les trois remixes. Le Praise the Lord mix de The Grid prend le parti de ralentir encore un peu plus le rythme, il me semble, pour tendre presque vers l'ambient house et remplace la voix d'Ed par celle d'un prêcheur.  Le World communications mix, de The Grid toujours, n'est pas plus rapide et semble la suite du précédent, sauf qu'on retrouve la voix d'Ed, qui chante en diverses langues. D'habitude, j'aime assez bien Bandulu et ses sons techno reggae, mais leur Smiling remix largement instrumental, qui dure plus de sept minutes, est sans intérêt pour moi.
Ensuite arrivent à la suite les quatre autres versions internationales annoncées sur la pochette : la brésilienne (en portugais j'imagine), la japonaise, l'allemande et l'espagnole. Ce qui est intéressant à noter, c'est qu'il ne s'agit pas de remixes de la version française avec une autre piste vocale. Non, chaque version a été enregistrée avec un producteur différent, mais clairement, l'indigestion guette. Même si j'ai une petite préférence pour telle ou telle version, les rares fois où j'ai écouté ce CD de bout en bout, je n'avais qu'une envie au bout de 40 minutes : balancer le disque contre le mur et ne plus jamais réécouter cette chanson !
Dommage car, répétons-le, la première version de Lundi bleu, celle en français, est excellente. Elle pourrait donner des idées de reprise aux groupes de la vague électro-pop rémoise, ou à d'autres. Et comme tous ces gens sont plutôt habitués aux paroles en français, j'ai même pris la peine de les transcrire :
  • Qu'est-ce que tu ressens à me traiter comme ça ?
  • Dès que tu m'as touché et dis qui tu étais
  • J'ai cru ne rien comprendre et j'ai cru te comprendre
  • Dis-moi ce que je ressens, ce que je sens maintenant
  •  
  • Ceux qui sont passés ont vécu leur destinée
  • Du début à la fin, ils ne reviendront jamais
  • Mais c'est si difficile de dire ce que je veux
  • Je suis ce que tu sais, ce que je sens maintenant

  • Un bateau rentre au port, je ferai ce que tu veux
  • Si ce n'était pour ton malheur, je serais déjà au ciel
  • Mais comme j'ai eu tort de t'avoir écoutée
  • Dis-moi ce que je ressens, ce que je sens maintenant

  • Je t'ai dit de me laisser en descendant vers la plage
  • Dis-moi ce que tu ressens quand ton coeur devient froid
En 2009, le label d'Ed Ball Artpop! a réédité en double CD les trois albums E for Edward, Et Dieu Créa la femme et Pure. Cette édition contient une reprise précédemment inédite de True faith de New Order. Si quelqu'un souhaite reprendre cette chanson en français, qu'il sache que Phil Sex de La Radio Primitive en a trouvé le titre idéal dès 1987 : Trou fesse, bien sûr.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

le disque à écouter, (après ou juste avant un goyette bien sûr) .Le son de lundi bleu est extraordinaire et ce qui m'a marqué c'est qu'on pouvait écrire un texte qui sonne en français, avec des mots simples. Depuis ça n'a fait que se renforcer et je n'écoute plus de groupes français avec un nom anglais ou qui ne chante qu'en anglais, et ça n'a rien à voir avec un quelconque préjugé chauviniste .Ph

Pol Dodu a dit…

Dans le livret de la réédition de l'album chez Artpop!, Ed Ball annonce que, outre Neil Young et PIL, que j'avais repérés, il a incorporé des bouts de Beatles (il m'avait bien semblé quand même) et de Bowie dans sa version de "Lundi bleu".
Pour "True faith", l'idée d'Alan McGee était bien, devant le succès inespéré de "Lundi bleu", d'enregistrer une autre reprise de New Order, toujours en français. Mais le projet n'a pas dépassé le stade d'une première version studio en anglais, restée inédite à l'époque.