01 novembre 2013
ALAIN VIAN : Le piano diabolique d'Alain Vian
Acquis sur le vide-grenier de Saint Remy en Bouzemont le 21 juillet 2013
Réf : 45 S 026 -- Edité par Ricordi en France en 1959
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Yes, Sir, that's my baby -- No, no, Nanette -/- Zaza -- Rosalie, elle est partie
Par un dimanche d'été très chaud, en route vers chez ma maman, j'avais prévu un détour par le vide-grenier de Saint Remy en Bouzemont. Halte fructueuse car j'en ai ramené quelques disques intéressants.
Dans la famille Boris Vian, côté musique, je connaissais le fils, Patrick, de réputation, pour sa musique électronique dans les années 1970, mais pas Alain Vian, le frère, qui a pourtant participé à toutes les aventures musicales de son frère au temps du jazz, plutôt comme batteur d'ailleurs, et qui a écrit des poèmes sous le pseudonyme de Nicolas Vergencèdre. C'est lui qui a offert à son frère une guitare-lyre devenue fameuse. Il a longtemps tenu une boutique d'instruments de musique plus ou moins bizarres, rue Grégoire de Tours à Paris. Il est mort en 1995.
Ce disque par contre ne m'était pas tout à fait inconnu. J'avais eu l'occasion d'admirer sa pochette, tout à fait saisissante, chez Dorian Feller, qui possède depuis longtemps un exemplaire de ce 45 tours.
Un Méphisto tout à fait convaincant, un piano en feu, une chouette posée sur une pique à l'arrière-plan, cela est l'oeuvre d'un grand photographe, plutôt réputé pour ses portraits de musiciens de blues, Jean-Pierre Leloir. On peut voir une autre photo de la même séance, en noir et blanc, sur le site officiel de Jean-Pierre Leloir.
Sachant qu'Alain Vian n'était pas particulièrement réputé pour être pianiste, je me demande bien quelle est l'histoire de l'édition de ce 45 tours, qui semble bien être son seul disque sous son nom. Il a été édité à la toute fin de l'année 1959, quelques mois après la mort de Boris.
Si la pochette est mémorable, le disque mystérieux, les titres des quatre compositions interprétées, toutes des reprises, assez rigolos, l'écoute du disque est assez décevante. Il s'agit bien, comme indiqué sur la pochette, de charlestons, joués en instrumental au piano. C'est échevelé, sûrement impressionnant pour qui sait apprécier, mais pour ma part, hormis le côté rétro qui me fait penser au ragtime, ça ne me parle pas beaucoup.
N'empêche, je suis très content d'avoir sauvé ce disque diabolique de l'enfer des vide-greniers, et si quelqu'un en sait plus sur les circonstances de sa publication, ça m'intéresse.
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7 commentaires:
2 remarques pol:1) ça renvoie la pochette du lp de triangle à une imitation, là où elle paraissait originale, 2 quand je regarde le diable , finalement il est costumé comme un cardinal, seules les deux petites cornes rappellent le côté soufre et diabolique. (qui fait l'ange fait la bête), enfin plus tiré par les cheveux ça aurait pu s'appeler "diablo pianolique".Bon d'ac, c'est pas génial. Ph
Philippe, Je ne connaissais pas bien la pochette de l'album de Triangle, même si cet été, pour préparer le billet sur Les Kelton, j'ai lu cet article où il est précisé qu'il s'agit de l'instrument de la grand-mère de J.-P. Prévotat. Avec le piano seul, la pochette de Triangle est de toute façon bien moins forte. Pour le côté cardinal, je suis entièrement d'accord avec toi. Je suis même allé voir des images et j'ai failli écrire qu'il ressemblait à Mazarin peint par Philippe de Champaigne. sur ALAIN VIAN : Le piano diabolique d'Alain Vian
Bonjour,
Ce disque a été réalisé par Alain Vian comme une démonstration des possibilités du piano mécanique dans l'interprétation d'arrangement absolument impossibles à jouer par un être humain, fût-il virtuose. Les morceaux entendus sont en effet interprétés sur un modèle de piano mécanique à partir de rouleaux perforés par Vian selon des arrangements réalisés par Raymond Crouet et Claude Fohrenbach. ALain Vian donne quelques détails supplémentaires dans le long texte qu'il a rédigé pour le disque "Pianos sans pianiste - l'art de la musique mécanique vol. 4" publié par Arion (n° label ARN 36611). Il ne connaissait manifestement pas le travail de Conlon Nancarrow qui consistait à composer à partir de rouleaux perforés des pièces pour piano mécanique défiant toute possibilité humaine dans la superposition de rythmes irrationnels joués à une vitesse délirante (une musique à l'écoute très rapidement fatigante, en ce qui me concerne). Cordialement,
Bonjour,
Merci beaucoup pour ces informations, qui aident à comprendre la genèse et le concept de ce disque intrigant.
Bonjour,
Voici une anecdote concernant ce piano en feu.
Mon ami vibraphoniste de Jazz Michel HAUSSER est décédé le 25 janvier 2024; il avait presque 97 ans.
J'ai eu la chance d'être son guitariste durant 30 ans.
Il a été l'un des pionniers du Jazz Bebop à Saint-Germain-des-Prés, où se produisait notamment Boris Vian, et a habité durant 8 ans à l'Hôtel du Grand Balcon, à l'intersection de la rue Mazzarine et de la rue Dauphine (actuel café Buci); retourné en Alsace en 1970.
Alors que je l'appelais un jour depuis une terrasse de la rue Grégoire de Tours où je m'étais rendu pour visiter le quartier de son époque, il m'a dit qu'il connaissait bien cette rue où les Vian y avaient un magasin de musique avec des gramophones (me demandant d'ailleurs d'aller voir s'il y était encore...).
Il m'a rapporté qu'un jour, les frères Vian (Boris et Alain) étaient allés sur un terrain vague pour faire brûler un piano et le prendre en photo pour une pochette de disque.
Il s'agissait donc certainement du piano diabolique! Michel HAUSSER était certainement avec (je ne m'en souviens plus précisément) car il m'a dit qu'un piano qui brûle, ça fait un bruit énorme avec les cordes qui pètent les unes après les autres.
Merci pour cette très belle anecdote, Bernard.
J'ai tendance à penser qu'elle est véridique et que Michel Hausser était bien présent.
En regardant bien, à droite au-delà de la cape, le décor de la photo ressemble bien à un terrain vague.
Je n'ai pas beaucoup de disques de jazz, mais j'en ai un sur lequel Michel Hausser a joué sans être crédité, apparemment : "Du chant à la une", le premier album de Serge Gainsbourg.
En tout cas, plus je la regarde et plus je me dis que cette pochette du disque d'Alain Vian est vraiment flamboyante !
belle histoire en effet. Mais du coup ce qui semblait provocateur et chic dans la pochette du LP de Triangle à sa sortie en 70, avec le recul perd totalement de son intérêtet n'est qu'une photo chic. Ce qui est dommage car c'était certainement ce qu'il y avait de plus original dans ce LP! Bon on peut mettre cette rubrique dans le rayon "les belles histoires de l'oncle Pol"?
Ph
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