Offert par Claire B. à Mareuil sur Ay le 7 juin 2025 Réf : 640 206 -- Édité par Stiff en France en 1980
Support : 45 tours 17 cm Titres : Baby come back -/- Georgie
Mais ce disque est paru en 1980, il ne s'agissait plus de concurrencer un grand succès du moment. Et surtout, pour l'occasion Stiff a fait appel comme producteur à Eddy Grant, l'auteur et interprète original de la chanson. Cette reprise n'a donc rien d'une quelconque contrefaçon et a tout le soutien des ayant-droits.
Formé en 1977, même s'ils ont pris ce nom plus tard, The Equators était un groupe de Birmingham composé des quatre frères Brian, Donald, Leo et Rocky Bailey, ainsi que de Cleveland Clarke, Dennis Fletcher et du guitariste Alfonso Renford. Repérés lors d'un concert où ils étaient à l'affiche avec leurs voisins de Birmingham The Beat, ils ont été signés par Stiff. Précédemment, ils avaient enregistré à Paris en juillet 1979, sous le nom de Mosiah, un album de reggae paru uniquement par chez nous. J'aimerais bien connaître l'histoire de ce disque plus en détails...
Cité chez Marco On The Bass, Dave Wakeling explique que The Beat a été influencé par The Equators : ils avaient élaboré avant eux un hybride punk-reggae, qu'ils pratiquaient de manière pleine de "soul" et délicate. Malheureusement pour The Equators, il n'y avait visiblement pas la place pour deux groupes de Birmingham au moment où la vague ska/2 Tone a submergé l'Angleterre.
Mon exemplaire du 45 tours correspond à l'édition originale française de ce disque. Pourquoi deux éditions françaises pour cette parution assez obscure ? Eh bien tout simplement parce que, courant 1980, la distribution française de Stiff est passée de Barclay à Vogue. Barclay a donc arrêté de commercialiser ces disques, et Vogue en a ressorti quelques uns qui étaient récents, comme celui-ci, sous la référence 104 130.
Cette reprise ska de Baby come back est bien sûr accélérée, mais elle reste très fidèle dans l'esprit à la version originale. Ça décolle dans la seconde moitié, quand l'atmosphère se fait d'un coup assez "dubby" et qu'on a droit à une partie de chant toasté, qui pour le coup évoque immanquablement feu Ranking Roger de The Beat. Cerise sur le gâteau, il existe sur un maxi une Dub version de Baby come back : soit d'abord les trois minutes trente du 45 tours, plus quatre minutes de rab pour mon plus grand plaisir.
La face B, Georgie, est produite par Bob Andrews de The Rumour, qui jouait aussi sur Black and Dekker. Elle est de très bonne tenue.
L'année suivante est sorti Hot, l'unique album des Equators, également produit par Bob Andrews. Les deux titres du 45 tours n'y figurent pas. L'aventure Stiff s'est arrêtée là et le groupe s'est séparé. 35 ans plus tard, The Equators s'est reformé. Ils jouent régulièrement et ont publié quelques nouveaux titres.
Acquis chez Emmaüs à Tours sur Marne le 16 octobre 2021 Réf : EGF 169 -- Édité par La Voix De Son Maître en France en 1968
Support : 45 tours 17 cm Titres : Mé-qué, mé-qué -- C'était mon copain -/- Donne-moi -- La ballade des baladins
En 2020, Philippe R. m'a envoyé la vidéo d'un passage de Gilbert Bécaud interprétant Mé-qué, mé-qué en 1972 dans une émission de Philippe Bouvard et Jean Amadou, en soulignant que la chanson s'envole quand il se met au piano et que la grosse section de cuivres façon jazz / rhythm and blues se déchaîne. Les musiciens ont tous l'air de bien s'éclater et détonent par rapport au "public" d'une émission de ce genre. J'ai acheté ce 45 tours l'année suivante et depuis tout ce temps-là il était dans la pile de disques à chroniquer.
Mé-qué, mé-qué est une chanson que j'avais repérée depuis un moment car, à l'écoute de chansons de Tahiti, d'Afrique ou "des îles" dans des langues ou créoles que je ne comprends pas, je me suis souvent imaginé écrire des paroles en français qui colleraient sur ces sonorités. Avec ses rimes en "qué et en "qua", c'est l'exercice auquel Charles Aznavour s'est livré pour ce qu'il qualifiait sur scène en 1954 de "petite fantaisie". C'est certes léger, avec la musique qui va bien avec, mais c'est une réussite. On n'est pas au même niveau de virtuosité, mais ça pourrait annoncer les exploits de Boby Lapointe façon Méli mélodie ou La peinture à l'huile. Sur un thème similaire du départ du port dans une contrée exotique, Marcel Amont enregistrera quelques années plus tard Pleurez-pas, je reviendrai.
J'ai été surpris de découvrir le crédit Charles Aznavour / Gilbert Bécaud pour cette chanson. Je ne savais pas particulièrement qu'ils avaient collaboré à leurs débuts. Aznavour a raconté leur première rencontre à Frémeaux, chez Édith Piah et Jacques Pills, avec qui ils collaboraient séparément tous les deux. En attendant Piaf ce jour-là, ils ont écrit Viens et ils ont fait par la suite une quinzaine de chansons ensemble.
Mon disque est une réédition de 1968 d'un EP paru initialement en 1955, avec une inversion des faces A et B. Sur le disque original, il est bien précisé que deux titres (la face de Mé-qué, mé-qué) sont accompagnés par le Quartette Fred Ermelin et les deux autres par François Vermeille et son Ensemble. En 1968, plus aucune mention de Fred Ermelin.
Autant j'apprécie Mé-qué, mé-qué, une chanson qui a très bien vieilli, autant j'ai du mal avec les autres titres du disque, sauf La ballade des balladins, qui passe pas mal pour moi, avec un arrangement assez dépouillé. Mais pour C'était mon copain et surtout Donne-moi, je trouve le chant emphatique et maniéré. Bécaud n'avait pas encore trouvé sa voix en tant qu'interprète.
Pour ma part, le Bécaud que j'ai connu c'est la grande vedette des années 1970, celle de L'important c'est la rose ou Nathalie qui passait dans les émissions du samedi soir à la télé. Monsieur 100 000 Volts était bien loin. Je vous fais grâce de la version de La ballade des baladins en 1979 à la fin de l'émission Numéro un Raymond Devos ! Ce n'est que plus tard que j'ai pris conscience de son succès international et je n'ai vraiment mesuré son influence que via les reprises d'Et Maintenant / What now my love, Je t'appartiens / Let it be me et Le jour où la pluie viendra / The day the rainscame.
Gilbert Bécaud, Mé-qué, mé-qué, ci-dessus en direct en 1972 dans l'émission Samedi soir de Philippe Bouvard et Jean Amadou, et ci-dessous en concert à la même époque.
Acquis par correspondance chez Momox en juin 2025
Réf : GED21715 -- Édité par DGC en Europe en 1992
Support : CD 12 cm Titres : Come as you are (LP version) -- Endless, nameless -- School (Live) -- Drain you (Live)
En 1991-1992, je me suis pas mal baladé un peu partout en France avec Eric, le directeur de Radio Primitive, pour participer à des réunions de la Férarock, dont la création a été décidée en février 1991, du Réseau des Découvertes du Printemps de Bourges ou du Centre Info Rock. Quand on arrivait en voiture dans une ville, on mettait souvent la radio pour écouter ce que faisait la "concurrence" et, à partir de l'automne 1991 et pendant au moins dix-huit mois, c'est devenu une blague entre nous parce que, systématiquement, on tombait sur Ouï FM, France Inter ou NRJ qui nous annonçait une nouveauté, une découverte, un tube qui vient de sortir... avant d'envoyer Smells like teen spirit de Nirvana ! Plus le temps passait, plus c'était drôle d'entendre annoncer comme nouveauté un disque que la Primitive, comme toutes les radios Férarock, passait depuis sa sortie en septembre 1991. Je précise que, à titre personnel, je n'ai joué aucun rôle dans la découverte et la promotion de Nirvana : j'appréciais le tube, mais je n'ai pas acheté les disques à l'époque et, autant cet automne-là je passais les Pixies presque chaque semaine dans mon émission, autant je n'ai passé Nirvana qu'une fois, pour annoncer leur passage aux Transmusicales.
Les Transmusicales de Rennes 1991, c'est le festival qu'on avait choisi pour présenter au monde notre nouvelle association Férarock, avec une conférence de presse le 7 décembre, accompagnée par un concert mémorable de Billy Ze Kick et les Gamins En Folie. Une fois la conférence terminée, une bonne partie d'entre nous est passée du bar L'Inconnu à la salle Omnisports de la ville pour le grand concert de la soirée, avec au programme, Curve, Momma Stud, James et... Nirvana. En effet, les Trans ont toujours été un festival défricheur plutôt que suiveur et, après avoir vu le groupe à Rotterdam (le 1er septembre, je suppose), l'équipe des Trans avait aussitôt décider de les programmer, et c'était à la fois leur premier gros concert en France et la toute dernière date de leur tournée européenne pour la sortie de Nevermind.
Déjà bien fatigué et avec un salle bien pleine, je ne suis pas allé sur le parterre pour assister au concert de Nirvana. Je me suis installé dans une zone peut-être bien réservée à la presse, tout en haut des gradins, à droite quand on regardait la scène. J'ai donc vu le concert "de côté". Je n'ai pas beaucoup de souvenirs précis de leur prestation ce soir-là. Juste une image, tout à la fin du concert, celle du grand bassiste qui se penche pour ramasser le chanteur écroulé par terre et qui le porte dans ses bras pour sortir de scène. J'ai toujours pensé que Kurt Cobain était à moitié dans les vapes à ce moment-là, mais dans les images du reportage télé ci-dessous on voit qu'il fait au passage un signe d'au-revoir au public. Ce concert est plutôt bien documenté, on peut écouter le son des trois-quarts d'heure de la prestation de Nirvana, et voir, ci-dessous également, deux titres filmés, dont une excellente version de Smells like teen spirit.
Nirvana aux Transmusicales, Salle Omnisports à Rennes, le 7 décembre 1991. Un sujet visiblement diffusé dans une émission de Bernard Lenoir, avec un extrait de Smells like teen spirit et la fin du concert.
Nirvana, Jesus wants me for a sunbeam et Smells like teen spirit, aux Transmusicales, Salle Omnisports à Rennes, le 7 décembre 1991.
Come as you are est le deuxième single extrait de Nevermind. Apparemment, la maison de disques pensait que c'était ce titre qui avait le plus gros potentiel commercial. Smells like teen spirit est sorti en premier dans le but de défricher le terrain et de faire monter la sauce. On sait ce qu'il en est advenu. Personne que ce premier single aurait un tel succès et que c'est lui qui allait devenir un classique. Au moment de confirmer le choix de ce second single, alors que tout le monde savait qu'il ne passerait pas du tout inaperçu, Kurt Cobain n'était pas trop chaud pour le choix de cette chanson, parce qu'il savait très bien que son motif principal avait des accointances marquées avec le titre de 1985 Eighties de Killing Joke. La parenté musicale s'entend bien à l'écoute, mais elle me semble encore plus marquée avec un titre paru encore deux ans plus tôt, Life goes on des Damned, qui avait peut-être, consciemment ou non, inspiré Killing Joke.
Pour la pochette du disque, Cobain avait juste demandé au graphiste Robert Fisher des micro-organismes et du violet. D'où ces petites bestioles qui doivent être du plancton, plus quelques spermatozoïdes. Par contre, il n'y a que Robert Fisher lui-même qui pouvait pointer du doigt que la zone bleutée dans la partie gauche de la pochette est une radio de son visage de quand il s'était cassé le nez à l'école !
Come as you are est vraiment une excellente chanson, que le groupe n'a pas jouée à Rennes. Mine de rien, Nirvana en a quand même produit pas mal de ce niveau en très peu de temps. Celle-ci est dans la veine de Lithium, All apologies ou Rape me, c'est à dire du rock pas trop bourrin, avec pas mal de nuances, enregistré simplement en trio par des gars bourrés de talent. On a même droit à un petit bout de solo de guitare tout à fait bienvenu. Les paroles sont volontairement contradictoires ("Viens en ami, en vieil ennemi", "Prends ton temps, dépêche toi"), mais ce qui marque a posteriori c'est d'entendre Kurt Cobain chanter "Je jure que je n'ai pas d'arme".
Endless, nameless n'est pas un titre inédit : il était caché à la fin des éditions CD de Nevermind. C'est un enregistrement plein de rage et de frustration : le groupe s'était lancé dedans parce qu'il n'arrivait pas à mettre Lithium dans la boite. A la fin, Cobain a cassé sa guitare, ce qui a mis fin à la session car il n'y avait pas d'autre guitare de gaucher disponible... Par la suite, le groupe a pris l'habitude de détruire du matériel à la fin du concert, souvent à la fin de cette chanson. Ils l'ont fait de manière limitée à Rennes, et franchement, je ne vois rien de très malin là dedans.
Les deux derniers titres étaient eux inédits avant la sortie de ce single. Ils ont été enregistrés au Paramount de Seattle le 31 octobre 1991, un concert publié vingt ans plus tard en DVD et CD sous le titre Live and loud, l'une des multiples parutions posthumes du groupe. Ils ont joué ces deux chansons à Rennes.
School est une chanson du premier album Bleach. Pour le coup c'est du rock bien graisseux, pour ne pas dire grunge. Je n'écouterais pas ça tous les jours, mais quand même c'est très bien dans son genre.
Quant à Drain you, c'est l'une des quelques chansons de Nevermind que j'aime beaucoup. Bon riff, et bon rythme, bon chant. Excellent, rien à dire. Encore une preuve que Nirvana n'est pas le groupe d'un seul tube et que ce n'est pas un hasard s'ils ont eu un tel succès.
Nirvana, Come as you are, en concert au Festival de Reading le 30 août 1992.
Nirvana, Come as you are, à New York le 18 novembre 1993 pour l'émission MTV unplugged.
Nirvana, Come as you are, au Pier 48 à Seattle le 13 décembre 1993, publié en DVD en 2013 sous le titre Live and loud.
Nirvana, School, en concert au Paramount à Seattle le 31 octobre 1991.
Nirvana, Drain you, en concert au Paramount à Seattle le 31 octobre 1991.
Nirvana, Drain you, en direct dans l'émission Nulle part ailleurs, en 1994.
Offert par Claire B. à Châlons-en-Champagne le 11 mai 2025 Réf : GKL 152 -- Édité par Comoe en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Papa Houphouët-Boigny -- Côte d'Ivoire an 7 -/- Côte d'Ivoire ya Africa -- Mbula sambo
Après le Jack Scott, Les Barbecues ou le Papoose, voici un autre 45 tours trouvé pas cher et offert par ma sœur Claire. Elle les choisit au feeling plutôt qu'au hasard : elle se doutait bien que ce disque de musique d'Afrique risquait de m'intéresser.
Et elle ne se trompait pas, ne serait-ce que parce que Jean Serge Essous est un artiste dont on a déjà eu l'occasion de parler ici, avec Congo rhythm, un disque de l'O.K. Jazz, un 45 tours des Bantous de la Capitale et un titre qu'il a signé en face B du 45 tours de Moshé.
C'est une façon de souligner le parcours musical impressionnant d'Essous (1935-2009), clarinettiste, saxophoniste, chanteur et chef d'orchestre congolais. En voici quelques étapes, par ordre :
1957 : Membre fondateur de l'Orchestre Rock-A-Mambo
1959 : Membre fondateur des Bantous de la Capitale, qu'il dirige jusqu'à son départ en 1966. Il rejoindra le groupe par la suite dans diverses formations, pendant des décennies.
Fin des années 1960 : Membre important de l'Orchestre RyCo Jazz, dans la période où le groupe est installé aux Antilles, où il diffuse la rumba congolaise.
1969-1970 : Membre de l'Africa Team, qui joue avec Manu Dibango.
La teneur des notes de pochette est assez surprenante :
"Ce disque, réalisé dans des conditions financières particulièrement difficiles, à la suite d'innombrables obstacles qui m'ont été dressés de toutes parts, est ma modeste contribution à l'évolution historique de mon pays. Que la côte d'Ivoire tout entière accepte ici mon humble participation à l'accomplissement du Devoir National."
Ces notes sont signées par Germain K. Loukou. Je m'en doutais un peu à la lecture et ça semble confirmé par le fait que la référence du catalogue porte ses initiales : Germain K. Loukou devait être le patron du label Comoe. Il n'y a qu'une grosse quinzaine de disques du label référencés sur Discogs, probablement une petite partie seulement de sa production, mais trois autres disques contiennent aussi des titres en référence à Félix Houphouët Boigny, par l'Orchestre Agnéby-Jazz, Les Rythmes de la Bia et Laba Sosseh. Il faut essayer de se replacer dans le contexte de la Côte d'Ivoire de l'époque, pays nouvellement indépendant, dirigé dès ses débuts (et pendant 33 ans) par un président autoritaire et un parti unique, un régime qui a a très vite tourné à la dictature, qui devait encourager le culte de la personnalité qui accompagne souvent un pouvoir fort.
Ce 45 tours n'est donc pas simplement un produit culturel et commercial, c'est un acte politique et un signe d'allégeance au pouvoir ivoirien. Mais que vient faire le congolais Jean Serge Essous dans cette histoire, auréolé du succès des Bantous de la Capitale qu'il venait de quitter ? Eh bien, selon Nzolele TV, Les Bantous de la Capitale étaient le groupe préféré d'Houphouët Boigny, et ils ont été invités lors de la première Fête de l'Indépendance en 1961, mais aussi pour la sixième en 1966. Essous et les Bantous figurent également sur un EP compilation publié à l'occasion d'un Grand Prix de la chanson ivoirienne (disque sur lequel on trouve un Merci Président Boigny...). Quand Essous quitte les Bantous en 1966, c'est pour honorer des contrats en France métropolitaine. On sait aussi qu'il séjourne aux Antilles début 1968. Entre les deux, j'imagine que ce disque était pour lui un projet de commande et de circonstance. Mais notons qu'il s'est largement impliqué, puisqu'il signe seul les quatre titres du 45 tours.
Et le disque lui-même ? Eh bien, il n'est pas révolutionnaire, mais il est de bonne tenue. Je regrette de ne pas comprendre les paroles, qui sont dans une langue qui m'est inconnue, peut-être bantoue. Papa Houphouët Boigny, est dans un style purement afro-cubain, qui décolle un peu dans la deuxième partie avec les cuivres. Côte d'Ivoire an 7, emmené par le saxophone, est un titre entraînant. D'une manière générale, je préfère la face B du disque. Pour Côte d'Ivoire ya Africa, on est toujours dans un style afro-cubain pas hyper original, mais c'est mon titre préféré, avec un bon alliage du saxophone et des percussions, et surtout un solo de guitare électrique qui est bienvenu. Dans une veine un peu similaire, Mbula sambo est très bien aussi, avec des percussions, des chœurs et pour finir à nouveau de la guitare électrique.
si l'occasion se présente, sachez que j'accepte en cadeau tout EP de musique d'Afrique, des Antilles, de l'Océan Indien ou d'ailleurs, qu'il soit "politique" ou non...!
Acquis neuf probablement à Paris en 1983 Réf : BEG 91T -- Édité par Beggars Banquet en Angleterre en 1983
Support : 45 tours 30 cm Titres : She's in parties -/- Here's the dub (Special effects by "Loonatik β Drinks"®) -- Departure
Transporter un vinyl 30 cm à vélo ce n'est pas simple. A une période où je n'avais que ce moyen de transport à ma disposition à Châlons, j'optais généralement pour la solution la plus basique : le sac en plastique de disquaire accroché au guidon. La plupart du temps, je n'ai eu aucun problème et le disque n'a pas souffert, même s'il voletait au vent. Sauf une fois. C'était la nuit, je faisais le trajet entre chez mon père aux Grévières et chez mes grands-parents où j'habitais rue Saint Loup. Une fois remontée la rue des Vieilles Postes, j'ai traversé aux feux l'avenue de Metz et, au moment où je suis passé devant l'ancien bureau de l'octroi (qui abritait à l'époque un coiffeur, il me semble), mon sac de disque s'est pris dans les rayons. J'ai oublié plein de choses, y compris des soirées de concert complètes, mais je me souviens très bien de cet incident ! Le sac ne contenait qu'un disque, ce maxi de Bauhaus. La pochette a souffert, avec un coin arraché plus un trou, mais heureusement le disque est intact. Et c'est tant mieux, car je venais quelques semaines plus tôt d'investir 35 francs dans ce disque neuf, ce qui n'était pas rien dans mon budget d'étudiant. C'est le seul disque de Bauhaus que j'ai acheté à sa sortie.
Le gothique, ce n'est pas vraiment mon truc. Ou alors à la marge, avec Joy Division, le Cure de Faith / Pornography ou le troisième Siouxsie and the Banshees. Mais bon, quand le titre (généralement entendu dans l'émission Feedback de Bernard Lenoir) me plaisait, je n'hésitais pas à investir. J'ai notamment le single Anaconda de Sisters of Mercy, que j'ai souvent pensé chroniquer ici (et rien ne dit que ça ne finira pas par se faire).
Donc, She's in parties me plaisait en 1983 et j'aime toujours autant cette chanson aujourd'hui. Il faut dire que tous les ingrédients sont là pour me plaire : la basse énorme façon Jah Wobble dans la Metal Box de PIL, la guitare acérée typiquement new wave, un truc qui ressemble à du mélodica à la Augustus Pablo, l'influence clairement ressentie de Bowie sur le chant de Peter Murphy... Les paroles additionnent les références à un tournage de cinéma. Apprendre son texte, baiser de cinéma, salle de montage, effets spéciaux... : c'est dans la boîte ! Cette version maxi dure deux minutes de plus que le petit 45 tours, mais en fait je crois qu'il s'agit tout simplement de la version intégrale de l'album. Ce temps rajouté, c'est la partie instrumentale finale, une sorte de cold dub excellent, un peu à la Basement Five.
Autant j'apprécie vraiment la fin instrumentale de la face A, autant je trouve assez décevanteHere's the dub, la véritable version dub de She's in parties en face B. Les ingrédients sont les mêmes, mais c'est plus percussif et la mayonnaise ne prend pas aussi bien, à mon goût.
L'autre face B, l'inédit Departure, a été enregistré pour une Peel session. Il y a beaucoup de texte parlé, un peu comme dans The gift du Velvet Underground, ou Love like Anthrax de Gang of Four, mais ce n'est pas du tout du même niveau. Pas étonnant que ce soit resté une expérimentation d'un jour à la BBC.
Ce single est sorti en avril 1983. Il est monté à la 26e place du classement des ventes et le groupe est passé à Top of the Pops. Il est aussi bien sûr parti en tournée, mais a annoncé sa séparation après un ultime concert le 5 juillet, soit dix jours avant la sortie de l'album Burning from the inside. Ils venaient de sortir quatre albums studio en quatre ans, ils étaient peut-être au bout du rouleau...
Depuis, Bauhaus s'est reformé deux fois et a même sorti un cinquième album, mais ça s'est tellement mal fini que ça ne devrait plus se reproduire. Les membres du groupe sont toujours actifs en solo ou avec leurs autres projets (Tones On Tail, Love and Rockets), mais le chanteur Peter Murphy vient juste d'annuler pour raisons de santé la tournée qui devait suivre la sortie de son nouvel album.
Bauhaus, She's in parties, dans l'émission Top of the pops, en 1983.
Acquis sur le vide-grenier de Mareuil sur Ay le 1er mai 2025 Réf : DF 3406 -- Édité par Columbia en France en 1951
Support : 78 tours 25 cm Titres : Souvenirs -/- Tombé levé
Pour l'instant, je fais très peu de trouvailles cette année sur les vide-greniers. Pour la grande broc de Mareuil, à domicile, les amateurs de capsules de Champagne sont plus à la fête que les chineurs de disques. J'ai quand même acheté deux 33 tours d'Everything But The Girl à 1 € pièce, quelques CD à 50 centimes et puis, la bonne surprise, ce disque qui était en bas d'une petite pile de cinq-six 78 tours. C'était le seul disque antillais du lot, malheureusement, mais ça m'a fait un coup au cœur de voir écrit Sam Castendet sur l'étiquette, car ça fait quelques années que je connais ce nom et que je recherche un des disques de cet artiste.
Ce disque que j'ai trouvé a deux défauts. D'abord, il a une petite cassure sur le bord, ce qui fait que le début des chansons n'est pas écoutable. Le propriétaire du stand voulait le jeter quand je lui ai fait la remarque, mais je lui ai dit que je voulais quand même bien payer les 50 centimes qu'il demandait pour ce disque abîmé. Et puis, ce disque ne contient pas la chanson Martinique 48 qui est celle que je recherche. Je l'ai entendue pour la première fois en 2021 sur une compilation double CD assez quelconque intitulée Souvenirs des Antilles. Je l'ai donc, mais j'aurais bien aimé avoir le 78 tours pour le chroniquer ici. Voici ce qu'en dit Jean-Pierre Meunier dans le livret de Biguine à La Canne à Sucre : "...la redoutable biguine Martinique 48, composée par Sam Castendet pour exprimer sa déception et son aigreur au retour de son premier voyage en Martinique, vingt-quatre ans après l’avoir quittée. Aucune classe de la société martiniquaise n’est épargnée dans cette satire incroyablement virulente, chantée par l’auteur en personne. Avec le temps, les choses ont forcément changé, il faut du moins l’espérer. Ne voyons donc plus dans ce document qu’un épisode truculent d’une époque révolue. Si l’on se replace dans le contexte d’alors, on peut cependant imaginer le scandale provoqué par cette irrévérencieuse biguine qui ne tarda pas d’ailleurs à être rigoureusement interdite de diffusion à la radio.".
Avant ça, je crois bien que je n'avais jamais entendu parler de Sam Castendet (1906-1993), qui a quand même un parcours impressionnant. Né à la Martinique, il s'installe en Métropole en 1924. Il débute sa carrière de clarinettiste puis de chef d'orchestre en 1931, en prenant la suite de la grande vedette Stellio à l'Exposition Coloniale. Il travaille ensuite dans de nombreux cabarets, à Paris, en province ou en Suisse. Il est notamment le chef d'orchestre de La Canne à Sucre à Paris de 1946 à 1951. A ce moment là, remarquablement, il est passé en raison de problèmes de santé de la clarinette à la batterie. La majeure partie de sa discographie a été enregistrée entre 1946 et 1954. Elle a fait l'objet d'une réédition "intégrale 1950" Festival Biguine chez Frémeaux et d'une Intégrale 1951-1954 chez Aztec. Sam Castendet a arrêté de jouer professionnellement de la musique en 1962.
A défaut de Martinique 48, je suis bien content quand même d'être tombé sur ce 78 tours, même un peu cabossé. On y trouve deux biguines instrumentales. La face A, Souvenirs, une composition de Sam Castendet, est très bien dans son genre. Je ne sais pas ce que ça signifie, mais la face B, Tombé levé, est décrite spécifiquement sur l'étiquette comme une "Biguine La Haute". C'est une composition de Maurice Noiran (1914-1978), qui avait pris la succession de Sam Castendet à la clarinette dans son orchestre. C'est mon titre préféré des deux.