26 mai 2013
B. GEORGE & MARTHA DeFOE : International discography of the new wave {Volume 1982 | 83}
Acquis chez Harrow Book Shop à Harrow-on-the-Hill fin 1983
Réf : 0.7119.0050.7 -- Edité par One Ten Records / Omnibus Press en Angleterre en 1982
Support : 736 p. 25 cm
14 titres
Voici donc le millième billet de ce blog. Difficile de choisir un disque en particulier pour cette occasion, tant il est évident que, depuis sept ans et demie, j'ai eu l'occasion de présenter ici mes disques les plus rares (parmi lesquels le maxi Upside down de Jesus and Mary Chain et l'album des Justified Ancients of Mu-Mu) et ceux qui me tiennent particulièrement à coeur (tous, presque, mais comme ça de tête je pense à Autobahn et à The whole world's turning Brouchard). Quant aux trouvailles que je continue de faire quasiment chaque semaine (ce qui ne lasse pas de me réjouir mais aussi de m'étonner), elles sont bien entendu chroniquées ici au fil du temps.
Plutôt que de sélectionner un disque en particulier, j'ai donc choisi de contourner l'obstacle en portant mon attention sur un livre, un pavé plutôt, qui est à lui seul un réservoir à disques, un entrepôt qui en contient plus que je ne pourrai jamais en chroniquer ici : la deuxième édition d'International discography of the new wave, publiée en Angleterre en 1982.
La première fois que je suis tombé sur ce livre, c'était dans l'une des librairies Gibert boulevard Saint-Michel à Paris. J'avais passé un bon moment à le compulser. J'avais même pris des notes, mais je ne l'avais pas acheté car le livre en import était assez cher et mon budget d'étudiant ne me permettait pas trop de disperser mes achats en dehors des disques.
Quelques mois plus tard cependant, j'ai eu la chance de tomber dans une petite boutique de Harrow, détruite quelques mois plus tard dans le cadre de la rénovation du centre-ville, sur un exemplaire soldé à 5,99 £. J'ai investi et je n'ai pas regretté mon achat, qui m'a permis, comme j'ai plusieurs fois eu l'occasion de l'indiquer ici (récemment encore avec le 'O' Level) de découvrir des disques et des groupes dont je n'imaginais même pas l'existence.
Il faut se replacer au début des années 1980, quand les principales sources d'information d'un fan de new wave étaient les magazines Rock & Folk et Best (tous les mois), l'émission de Bernard Lenoir Feedback (cinq jours par semaine), quelques autres magazines et fanzines et les hebdomadaires anglais New Musical Express, Melody Maker et Sounds, pour ceux qui avaient la chance de les voir arriver dans leur ville et qui pouvaient se les payer et les comprendre.
Alors, ce pavé était une aubaine pour qui s'intéressait à la production discographique récente en punk/new wave : plus de 700 pages, la discographie de plus de 7500 groupes (soit plus de 16000 disques). Les adresses de 3000 petits labels, les fiches de 1300 fanzines... Un travail de fous, de passionnés en tout cas, démarré par une équipe d'américains coordonnée par B. George et Martha DeFoe, avec une équipe rapprochée comprenant JD Haney, l'ancien batteur de Monochrome Set, et un réseau de correspondants dans le monde entier parmi lesquels on relève Scott Piering et Ira Kaplan, mais aussi l'équipe de Rough Trade, Iain McNay de Cherry Red, John Peel et pour la France Patrick Mathé de New Rose et Jean-François Vallée, correspondant de Radio France/Bernard Lenoir à New-York.
Ecrit tout petit, avec une maquette façon listing informatique, on trouve dans ce livre, avec un taux d'erreurs et d'imprécisions raisonnable, des infos fascinantes qui m'ont tenu occupé des heures durant. J'étais tout content de noter qu'Elvis Costello avait, déjà, la discographie la plus longue, et j'ai longtemps fantasmé sur le Washing the defectives EP des Beatles Costello (jusqu'à ce que Gilles Raffier m'en fasse une copie cassette avec une photocopie de la pochette et que je me rende compte que le nom du groupe et le titre étaient ce qu'il y avait de mieux dans le disque, auquel Andy Paley a pourtant participé).
J'ai aussi longtemps bavé sur la compilation cassette Morocci Klung!, que je retrouvais partout vu qu'à son sommaire il y a une vingtaine de gens qui m'intéressent, de Mark Beer à Robert Wyatt. Sauf que j'apprends aujourd'hui que c'est en fait un magazine audio avec des interviews et principalement des extraits de chansons...
Aujourd'hui comme alors, je peux ouvrir une page au hasard et découvrir une liste de groupes que je ne connais absolument pas. Exemple page 245 : Kurt Maloo, Mama Dada 1919, Mamba Strike, Mickey Mamp, Man, Man Ray Band, Manchester Mekon (avec Dick Witts, de The Passage), Mandango, Mandeville Mike & the Mental Block, Mandible Rumpus, Mandrake Roote, Maneaters, Man Ezeke, Mania D, deux Maniacs et un Manics (aucun n'est le groupe suisse que je connais), Manic-Depressives (avec Mandeville Mike, pour ceux qui suivent) et Manic Jabs.
Evidemment, trente ans plus tard, ce livre n'est plus la source d'information unique et précieuse qu'il était. L'internet est passé par là et aujourd'hui Mandeville Mike est sur Youtube, LastFM et Grooveshark, mais le feuilletage de la discographie reste toujours aussi passionnant et informatif, même si on sait qu'on va taper les références d'un groupe dans Google dès qu'on va découvrir sa fiche. En préparant ce billet, je suis encore tombé sur des noms comme Afghanistan Banana Stand, Giant Sandworms (le 1er disque, avec déjà une version de Steadfast), Laughing Apple (les trois singles sont bien listés), Human Switchboard (avec Paul Hamann), Tagmemics (plus ou moins Art Attacks reformés), Space Negros et Radio Actors, avec un single qui associe des membres de Gong et d'Hawkwind à Sting, ce qui explique sûrement pourquoi ce disque a été édité au moins cinq fois.
On le voit, ce livre reste passionnant. Il n'y a pas eu de troisième édition, la production des labels indépendants étant exponentielle dans les années 1980, et il n'y aura sûrement jamais de réimpression (Discogs est là, maintenant), ce qui fait que les exemplaires d'occasion se vendent à prix prohibitif.
Je ne sais pas ce qu'est devenue Martha DeFoe, mais le parcours de B. George (qui a beaucoup travaillé avec Laurie Anderson et qui a sa propre entrée dans le livre, page 166) est intéressant car, dans la foulée de cette discographie, il a fondé en 1985 The ARChive of contemporary music en y apportant sa collection personnelle de 47000 disques. Aujourd'hui, le dépôt d'archives/bibliothèque musicale/centre de recherche conserve plus de deux millions de documents est la plus grande collection de musique populaire des Etats-Unis (les bibliothèques publiques n'en voulaient pas à l'époque).
Pour ma part, avec ou sans l'apport de la Discographie, je ne manque pas d'idées pour les mille (et plus) prochains billets de Blogonzeureux!.
Plusieurs extraits du livre sont reproduits sur le site de Philippe Andrieu, par exemple à la page sur Snakefinger, Tuxedo Moon et Indoor Life.
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5 commentaires:
Human Switchboard vient d'être réédité en cd (mit bonus) et ça reste aujourd'hui encore de l'excellente musique même si on peut regretter les pochettes des singles et du lp...
Votre billet est parfait et le ton juste pour évoquer ce simple objet (un livre épais, façon annuaire des téléphones et au papier de piètre qualité qui plus est) générateur de tous nos fantasmes musicaux des early 80's...
futé le dodu mais quand même plus fort que tout puisque pour le 1000ème si jojo n'est pas cité, on pense à lui avec l'évocation de Andy P, Dodu c'est mieux du point de vue suspens que Mankell, (et c'est plus drôle aussi). Well done sir!
Les billets de Dodu sont toujours passionnants, voire facinants, et instructifs, que cela soit le millième ou pas. Le bonheur du lundi matin, est de voler quelques minutes à son patron pour aller découvrir la nouveauté doduesque.
Je ne sais pas s'il est question de Pere Ubu dans ce bel ouvrage, mais, si c'est le cas, je suis preneur d'un beau pdf, extrait du livre.
Puisque je suis là, Pere Ubu sera en concert à Marseille le 5 juillet prochain.
Yo Charlie,
Pere Ubu est bien sûr dans la Discography. Il y a un peu plus d'une demie-page. Je ne pense pas que tu y apprendras grand chose mais j'essaierai de te copier ça le week-end prochain.
Yo paul, juste pour rire pas pour faire le moraliste-franchouille-à-la-labro: en musique il existe de DEMI-mesures, mais pas de DEMI-accord les rockeurs boivent moults demis jusqu'à des heures indues style minuit et DEMIE. Ouaf ouaf c'est pas la peine de valider ce commentaire!ph
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