15 avril 2020
TRASHMONK : Polygamy
Acquis d'occasion probablement Londres probablement dans les années 2000
Réf : ccd 301 promo radio -- Édité par Creation en Angleterre en 1999 -- Promotional copy only - Not for sale
Support : CD 12 cm
Titres : Polygamy (7" version) -- Polygamy (Album version) -- P2 -- 29/11
Il est bien certain que, dans les dernières années du label, Alan McGee ne suivait pas de près toutes les parutions de Creation. Il y avait un ou plusieurs directeurs artistiques pour ça et lui-même était bien occupé par ailleurs. Et puis, il y avait ce contrat avec Sony, qui avait racheté 50% des actions, qui faisait que Creation sortait en Angleterre certaines parutions de la major.
Mais à l'inverse, il y a eu à cette période des disques qui n'auraient pas vu le jour sans son enthousiasme et ses coups de folie. C'est le cas pour le fameux album de reprises My beauty de Kevin Rowland et c'est le cas également pour l'unique album de Trashmonk, Mona Lisa overdrive (dont le titre est repris de celui d'un roman de 1988 de William Gibson, devenu Mona Lisa s'éclate en français). La meilleure preuve en est que, l'album ayant fait partie de ceux qui ont sombré très vite dans les derniers temps du label, dont la fermeture a été annoncée fin 1999, Alan a pris la peine d'en racheter les droits à Sony pour le rééditer en 2001 sur son nouveau label Poptones.
Je m'étais déjà procuré l'édition originale de l'album il y a quelques années. Je l'avais écoutée rapidement et rangée dans l'étagère. Il y a deux ans, j'ai acheté pour 10 pence à Londres le CD promo de la réédition, qui attendait depuis sur une pile que je l'écoute avant de le ranger. Ça tombe bien, il se trouve que j'ai un peu plus de temps en ce moment à la maison pour écouter des disques...
Mon promo est intéressant parce qu'il porte le titre très légèrement altéré Mona Lisa overdriven, ce qui convient bien pour une réédition qui compte deux titres et un petit bout de morceau caché en plus. Mais la version commercialisée par Poptones a finalement conservé le titre initial.
C'est peut-être une question d'ambiance et d'humeur, mais j'ai vraiment mieux apprécié l'album lors de cette seconde écoute. Il y a trois ou quatre titres qui m'ont vraiment accroché, particulièrement le deuxième, Polygamy. J'ai même vérifié sur Discogs si ce titre était sorti en single, tout en me disant qu'il me semblait que j'avais un CD single de Trashmonk sans pochette dans ma collection.
A défaut de pouvoir chiner dehors ce printemps, on en est réduit à faire des trouvailles chez soi et j'ai été bien content de constater que j'avais bien un single de Trashmonk et que c'était Polygamy son titre principal !
Trashmonk, c'est un projet de Nick Laird Clowes. Je savais qu'il avait fait partie de The Dream Academy, groupe de pop sophistiquée qui a eu du succès dans le milieu des années 1980, mais je n'imaginais pas que sa carrière discographique avait débuté dès 1977 avec Afalpha, ni qu'il avait joué en 1981 avec The Act, groupe qui comptait dans ses rangs Mark Gilmour, frère de David.
Nick a d'ailleurs collaboré à plusieurs reprises avec David Gilmour et Pink Floyd (il co-signe les paroles de deux chansons de The division bell), et même avec Brian Wilson pour Walkin' the line sur son album solo de 1988.
La période qui a suivi la séparation de The Dream Academy a été assez instable pour Nick Laird Clowes, avec pas mal de consommation de drogues. Il a voyagé, notamment en Inde, et au Népal pour étudier le bouddhisme tibétain. Il a aussi commencé à enregistrer, en appartement, à New York et chez lui à Londres. Ce sont ces enregistrements maison mixés en studio qui font la matière de Mona Lisa overdrive, un album bien barré qui devait s'appeler initialement Trashmonk phenomena. Mais en voyant la scène chez lui, Alan McGee lui a rétorqué : "Trashmonk, c'est toi !".
Nick Laird Clowes présente Mona Lisa overdrive dans un documentaire bien barré réalisé au moment de la sortie de l'album.
Le CD single de Polygamy a beau s'ouvrir avec une version raccourcie pour la radio, le 45 tours et la vidéo, je ne pense pas qu'il y avait beaucoup de chances que ce titre assez allumé soit un grand succès commercial. En tout cas, cette version raccourcie n'a pas d'intérêt et c'est la version album de plus de sept minutes qui compte vraiment. Rythmée par une basse aquatique et des percussions trafiquées, dont des boucles de tabla, c'est une chanson qui est à mon sens dans la droite ligne de l'un des chefs d’œuvre publiés par Creation, Higher than the sun de Primal Scream. Venant après, c'est évidemment moins révolutionnaire, mais tout aussi psychédélique et halluciné, et il y aussi des chœurs qui fonctionnent très bien et qui nous racontent que "Someone told a lie".
Le troisième titre, P2, s'avère être un remix de Polygamy. Il est dépouillé, intéressant notamment parce qu'il sépare un peu les différentes couches de la chanson originale, qui est très touffue d'un point de vue sonore.
Je pense que le dernier titre, l'instrumental 29/11, est aussi en lien avec Polygamy, même si je n'arrive pas à le vérifier de façon concrète à l'écoute. Il met en valeur le violon de Ben Coleman (ex-No-Man).
Depuis 1999, Nick Laird Clowes n'a plus sorti d'album de chansons, que ce soit sous le nom de Trashmonk ou un autre. Il s'est plutôt tourné vers la composition de musiques de film. L'an dernier, il a notamment signé celle du documentaire Marianne & Leonard : Words of Love. Et on y entend, la boucle est bouclée, une version d'It won't be long, l'une des chansons de Mona Lisa overdrive.
A lire :
Un entretien avec Nick Laird-Clowes publié par l'ami Louis dans Soul Kitchen pour les vingts ans de Mona Lisa overdrive.
A écouter :
Trashmonk : Polygamy
Trashmonk : P2
Les deux pochettes sous lesquelles Polygamy a été commercialisé.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire