08 novembre 2015

GEORGES BRASSENS : Les trompettes de la renommée


Acquis à la Bourse BD Disques d'Hautvillers le 1er novembre 2015
Réf : 432.902 BE -- Edité par Philips en France en 1963
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Les trompettes de la renommée -- Jeanne -/- L'assassinat

En-dehors de l'épisode Denis Pépin, je n'ai jamais vraiment eu de période Brassens, mais je l'ai toujours connu, comme tous ceux de ma génération. Je ne suis pas certain que mes parents avaient des disques de lui à la maison, mais à la radio, à la télé ou en colonie, on connaissait certaines de ses chansons, comme L'Auvergnat ou Les copains d'abord.
Je n'ai jamais cherché par la suite à systématiquement combler mes lacunes, mais au fil du temps j'ai découvert et apprécié de nombreuses chansons de Brassens, et je prends ses 45 tours et ses 25 cm quand je les trouve en bon état et pas chers.
La chanson Les trompettes de la renommée, je l'avais sûrement déjà entendue, mais je n'y ai vraiment prêté attention que le jour où l'INA a mis dans l'une de ses lettres d'information un lien vers une vidéo où on le voit la jouer seul au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis, le 17 décembre 1964 :



On comprend bien que des incitations de gens bien intentionnés à accepter la rançon de la gloire et à se prêter au jeu de la célébrité ont inspiré cette chanson à Brassens. En réponse, il fait fort côté paroles, avec notamment tout un couplet sur son service trois pièces. C'est aussi avec cette chanson que le Père Duval a récolté le surnom de "calotte chantante".
Cela n'a pas empêché sa maison de disques Philips d'en faire le titre principal, de son 9e album, paru fin 1962 et de son 17e 45 tours quatre titres, au printemps 1963. Malgré son côté provocateur, cette chanson a même reçu l'accolade de la SACEM, qui lui a attribué le Prix Vincent Scotto 1963 de la meilleure chanson.
J'ai du coup pour la première fois porté vraiment attention aux paroles en regardant cette vidéo, mais surtout j'ai apprécié le fait que, même deux ans après la sortie du disque et alors qu'il avait déjà dû interpréter cette chanson des dizaines de fois, il s'amuse encore de ses propres paroles et réprime un rire au moment où il se demande "combien de Pénélopes passeront illico pour de fieffées salopes", puis encore quand il parle de "battre le tambour avec mes parties génitales". Pareil encore pour "Madame la Marquise m'a foutu des morpions". Par la suite, le sourire pointe encore à plusieurs reprises et il baisse le menton pour ne pas rire.
Voilà vraiment ce qu'on appelle du spectacle vivant, comme on l'a vu tout récemment avec Chuck Berry ou bien il y a quelques temps avec David Thomas, qui se met à rire lui aussi pendant We have the technology après un solo de métronome ou d'un autre instrument/jouet bizarre.
Cette chanson a plus de cinquante ans mais, en nos temps de télé-réalité et de célébrité qui ne repose surtout pas sur un incroyable talent, elle prend un relief particulier.
Pour la pochette, Philips n'est pas allé chercher trop loin des trompettes de la renommée. Georges est pris en photo au Jardin des Tuileries devant La renommée par Coysevox. Sur l'album, on voyait la même statue, mais c'était visiblement un photo-montage car tout était net.
En face B, on trouve deux autres titres de l'album. Jeanne, en référence à Jeanne Planche, épouse d'un Auvergnat, est un peu pour Brassens l'équivalent de la Suzanne de Leonard Cohen. Quant à la complainte L'assassinat, c'est une composition originale, pas une chanson folklorique, mais c'est tout ) fait ce que les anglo-saxons appellent une "murder ballad".

3 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai un peu de mal avec le passage sur les tapettes qui ne me semblent trop cliché de la culture de cette époque, mais bon pas de quoi faire un procés en sorcellerie de jojo. De toutes façons il a jamais cherché à être politiquement correct et c'est effectivement quelque chose qui manque à bien d'autres de ses collègues du jour. A sa décharge (!) il a un sacré abattage parce que c'est pas évident de jouer sur une rythmique pareille tout en chantant un texte fleuve.
Brassens musicalement pose un sacré problème à mon avis: celui de le reprendre sans l'imiter, je ne connais pas de reprises convaincantes d'une de ses chansons (mais je ne demande qu'à en entendre). ph

Pol Dodu a dit…

D'accord avec toi sur ce passage. Sur ce point, il ne se distingue pas de son époque...

Charlie Dontsurf a dit…

Les grands esprits ... Hier matin (8 novembre), j'entends un extrait de chanson de George Brassens qui m'a bien fait poiler : l'histoire d'un gars qui veut se suicider (je crois), en tout cas il n'en peut plus parce qu'il "a trouvé sa maîtresse dans les bras de son mari".
Merci encore une fois pour tes chroniques, ami Pol.