22 octobre 2012

RICKY NELSON : Restless kid


Acquis sur le vide-grenier de Germaine le 26 août 2012
Réf : 27.704 -- Edité par Polydor en France en 1960
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Restless kid -- Old enough to love -/- It's all in the game -- You tear me up

Avant de trouver les disques de Lou Reed et Geraldo La Viny à Germaine, j'avais fait une première emplette intéressante. Oh, mon exemplaire du disque est loin d'être dans un si bon état que celui dont j'ai mis la pochette ci-dessus, mais j'étais quand même bien content d'être tombé dessus. Si l'image du recto est à peu près préservée sur le mien aussi, la pochette est quand même très abimée car elle a pris l'humidité sur un bon quart inférieur droit, et ce qui reste du papier est très fragilisé. En plus, la tranche du bas est complètement ouverte. Quant au disque, il n'est pas rayé mais il y carrément une entaille qui rend impossible d'écouter le début du premier morceau de chaque face.
N'empêche, c'est le tout premier disque de Ricky Nelson que j'achète, et cette pochette, avec une photo de promotion du film Rio Bravo, est très réussie.
Et puis, il y a le premier titre du disque, Restless kid, qui est signé Johnny Cash. Un morceau très court (1'45), tout à fait dans le style Cash, qui avait en fait été composé dans le but d'être intégré à la bande originale du film Rio Bravo : la chanson présente le personnage de Ricky Nelson dans le film. Au bout du compte, elle a été écartée de la BO du film mais s'est retrouvée quelques mois plus tard sur le troisième album de Nelson, Ricky sings again. Les trois autres titres de ce 45 tours sont aussi extraits de cet album. Aucun d'entre eux n'a été édité en single aux Etats-Unis. Cette version par Ricky Nelson est tout à fait honnête, mais elle n'arrive pas à la cheville de la démo originale de Johnny Cash, qui a fini par sortir en 2011 sur la compilation Bootleg, vol. 2 : From memphis to Hollywood.
Les deux titres suivants sont des ballades. Il n'est pas impossible que Françoise Hardy ait beaucoup écouté Old enough to love you. En tout cas , c'est le genre de morceau qui a pu l'inspirer ou qu'elle aurait très bien pu reprendre en français. It's all in the game lui est inférieur et en tout cas ce n'est pas trop ma tasse de thé.
You tear me up est le seul titre rock 'n' roll du lot. C'est un rockabilly léger, avec les Jordanaires aux choeurs et un excellent solo de James Burton. La chanson a été écrite par Baker Knight, qui est aussi l'auteur de Lonesome town, sûrement ma préférée de Ricky Nelson. Elle figurait aussi sur Ricky sings again, mais malheureusement elle a été éditée en France sur un autre EP que celui-ci. J'attends un autre coup de chance pour me la procurer...!


Ricky Nelson, You tear me up, dans l'émission de ses parents The adventures of Ozzie and Harriet qui l'a rendu célébre.

21 octobre 2012

TELEVISION PERSONALITIES : How I learned to love the bomb !


Acquis probablement chez Vitamine C à Reims en 1986
Réf : DREAM 4 -- Edité par Dreamworld en Angleterre en 1986
Support : 45 tours 30 cm
Titres : How I learned to love the bomb ! -/- Then God snaps his fingers -- Now you're just being ridiculous

Après la sortie de The painted word au printemps 1984, certains événements sont survenus, comme le départ presque immédiat de Joe Foster et Dave Musker et l'arrêt de du label Whaam!. Les concerts ont continué avec une formation en trio stable pendant plusieurs années (Dan Treacy, Jowe Head et Jeff Bloom), mais les parutions de disques se sont faites plus rares, le temps notamment de lancer un nouveau label, Dreamworld. Il faudra attendre plus de cinq ans pour un nouvel album studio des TV Personalities, Privilege, et quand même presque deux ans pour que sorte ce maxi inédit.
Malgré cela, je ne me suis pas précipité pour acheter cet import assez cher dès qu'il est arrivé à Reims, mais une fois qu'il a été soldé quelques mois plus tard je ne l'ai pas laissé traîner plus longtemps dans les bacs !
Dan Treacy avait déjà fait référence aux manifestations du CND (Campagne pour le désarmement nucléaire) dans les paroles du précédent single, A sense of belonging. Là, avec des références au film Docteur Folamour de Stanley Kubrick, sous-titré "How I learned to stop worrying and love the bomb", il aborde la question des missiles de croisière et de l'escalade de l'armement nucléaire avec beaucoup d'humour et sans trop d'illusions.
Côté pochette, on est dans les références habituelles du groupe, avec au recto une photo dont je ne doute pas qu'elle soit tirée d'un film ou une série télé, même si je ne saisis pas la référence, et au dos le groupe sur scène, et deux sortes de Frankenstein, dont une est Andy Warhol.
Cette chanson est particulière dans l'oeuvre des Television Personalities : elle est bâtie sur un gros groove, efficace et surprenant. On pourrait dire qu'elle s'insère dans leur discographie comme Sidewalking dans celle de The Jesus and Mary Chain. En tout cas, avec son rythme de batterie, son gros riff de basse et ses choeurs, elle est excellente et très efficace.
En face B, on trouve deux titres au son pas très éloigné de celui de The painted word. Then God snaps his fingers, sans être mauvais, n'est pas transcendant... Par contre, Now you're just being ridiculous est une excellente chanson d'amour lente, avec un clavier orientalisant qui donne une légère touche psychédélique à l'ensemble.
De façon assez surprenante, le groupe a réenregistré How I learned to love the bomb dans une version rallongée de trois minutes, proche de l'originale mais au son un peu plus garage, et l'a ressortie quelques mois plus tard. Comme le titre faisait maintenant 8 minutes, le petit single 17 cm s'écoute en 33 tours, alors que
ce grand single 30 cm s'écoute en 45 tours... Les deux achats étaient indispensables car les faces B sont différentes.

Aux dernières nouvelles, les titres des deux versions du single pouvaient se télécharger chez Forgotten Songs.


L'excellente vidéo de How I learned to love the bomb, avec comme bande-son les quatre premières minutes de la deuxième version de la chanson, pas celle de ce maxi.

12 octobre 2012

CHRISTOPHE : Daisy


Acquis sur le vide-grenier du parking Leclerc à Pierry le 30 septembre 2012
Réf : 2097 209 -- Edité par Motors en France en 1976
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Daisy -/- Macadam

A Pierry,une fois Psyché rock dans ma besace, c'est d'un pas léger que j'ai fini mon tour de la brocante. Même si je n'avais rien trouvé d'autre, ma quête du jour était satisfaite. Mais quelques minutes plus tard, je suis arrivé sur un stand où une dame avait un carton plein de 45 tours, la plupart sans pochette illustrée, qu'elle vendait 50 centimes à l'unité, mais 20 centimes en lot à partir de cinq.
Parfait, sauf qu'une cliente m'avait précédé de peu dans le carton, elle n'a pris que trois ou quatre disques, me laissant entre autre un Otis Redding et un James Brown,mais j'ai aperçu qu'elle empochait un 45 tours avec une pochette en papier du label Atco, sûrement un import. Je n'ai pas vu de quel disque il s'agissait, mais ça a suffi à me donner des regrets !
Je me suis rattrapé en achetant vingt-cinq 45 tours, pour la plupart annotés par un DJ d'une discothèque du milieu des années 70, avec plusieurs disques importés par Givaudan. Beaucoup de choses naviguant entre soul et disco là-dedans, mais c'est de l'un des rares disques français du lot que j'ai choisi de vous parler aujourd'hui.
J'avais justement acheté deux autres 45 tours de Christophe quinze jours plus tôt, que je n'avais pas encore eu le temps d'écouter. Je les ai écoutés les trois à la suite. J'ai accroché à La petite fille du 3e à la deuxième écoute, avec ses cordes dirigées par Karl-Heinz Shäfer qui sonnent plus Vannier que Mes passagères, plutôt décevant, mais sur lequel on entend effectivement l'orchestre de Jean-Claude Vannier. Ces deux-là sont de 1971. Daisy est de 1976, et des trois c'est celui qui a la pire des pochettes.
Je partais donc avec un a priori assez défavorable, mais j'ai été assez agréablement surpris dès l'écoute de Daisy. C'est l'un des quelques disques de Christophe de ces années-là dont les paroles sont signées par Jean-Michel Jarre. En tordant un peu les choses, on pourrait presque faire croire que ces paroles font référence au tube Aline ("Rejoue-moi ce vieux mélodrame, tes longs couplets à fendre l'âme, je n'en voyais jamais la fin"), mais pour le coup la mélodie de refrain de ce slow me rappelle plutôt le plus grand succès du duo Jarre-Christophe, Les mots bleus.
Le choc et la plus grosse surprise, je les ai eus à l'écoute de la face B, Macadam. En intro, une basse saturée et un synthé qui jouent l'indicatif de Peter Gunn. Pour les gens de ma génération, ça renvoie illico à Planet Claire des B-52's, mais là c'était trois ans plus tôt. Viennent ensuite les paroles, ce qu'il y a de plus naze dans la chanson, typique déclaration d'amour à sa voiture et à la vitesse (mais bon, c'est un disque Motors !) : "Je plane sur l'macadam, au fond d'cette caisse, je n'suis plus l'même. Couché sur l'arbre à cames, entre elle et moi, c´est passionnel. Comme je suis mélomane, je l´aime au son de J.J. Cale". Je n'ai pas trop compris la référence à J. J. Cale, que j'associerais plus au farniente sous un arbre qu'à un sprint sur le macadam. Une mention de ZZ Top m'aurait moins étonné.
Après l'intro, je me suis pincé. Je me suis dit que ça n'allait pas durer tout le morceau. Mais si. La basse Peter Gunn est bien présente tout au long, et au moment des solos, on part dans des sons de synthés et de guitares dignes de Brian Eno, ou plus précisément de 801, le groupe rock qu'il a formé un temps avec Phil Manzanera. Surprenant et décapant !
Sur ce disque, Christophe est accompagné par le groupe Bahamas (Roger "Bunny" Rizzitelli, Patrice Tison, Dominique Perrier, Didier Batard), qui jouait souvent avec lui à cette époque. Sous ce nom, ils ont sorti en cette même année 1976 un album, Le voyageur immobile, visiblement très progressif.
Peu de temps après la sortie de ce 45 tours, Jean-Michel Jarre s'est isolé en studio pour composer Oxygène. De leur côté, deux membres de Bahamas se sont lancé avec succès dans le projet électronique Space Art. La collaboration Jarre-Christophe touchait à sa fin et les deux titres de ce 45 tours ont été repris en 1977 sur le troisième et dernier album qu'ils ont composé ensemble, La dolce vita.



07 octobre 2012

LES YPER SOUND : Too fortiche


Acquis sur le vide-grenier du parking Leclerc à Pierry le 30 septembre 2012
Réf : 460 233 ME -- Edité par Fontana en France en 1967
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Too fortiche -- Teen tonic -/- Psyché rock -- Jericho jerk

Eh bien, on dirait que ce vide-grenier organisé par le comité d'entreprise de l'hypermarché Leclerc de Pierry me porte chance. L'an dernier, j'y avais trouvé un très bel album de Big Bill Broonzy et la semaine dernière, par un beau temps presque inespéré, j'y ai mis la main sur un disque de légende, que je n'espérais pas non plus trouver sur un vide-grenier, en bon état, et à ce prix.
Après quelques allées infructueuses, il y avait un stand avec une dizaine de 45 tours sans intérêt, sauf celui-là, glissé dans le lot au milieu. J'ai demandé le prix des disques. Le gars a d'abord essayé de me vendre le tout (3 €, pas cher, finalement), avant de me proposer 1 € les deux (j'ai pris pour compléter un 45 tours de 1968, Race with the devil de The Gun). Même si je n'avais rien trouvé ensuite, cette ballade aurait été un succès, mais en plus j'ai acheté une vingtaine de 45 tours 70's plutôt obscurs, venant d'un DJ de discothèque, à 20 centimes pièces !
J'étais plus que content d'avoir trouvé cette pépite sixties d'avant-garde car on ne trouve pas des disques de ce calibre tous les dimanches sur les brocs, et surtout parce que les "jerks électroniques" de Pierre Henry et Michel Colombier pour la Messe pour le temps présent de Maurice Béjart nous ont éclatés en famille pendant une bonne partie des années 70.
Nous avions acheté la réédition de l'album sorti à l'origine en 1967, pas très ragoutante avec sa photo en noir et blanc de danseurs sur la pochette. C'est sûrement à cause de ces danseurs que je croyais me souvenir que nous avions découvert cette musique lors d'une activité de péri-catéchisme (Club Formule 1 ou Fripounet) ou en centre aéré (pendant plus d'une semaine à cette époque, une équipe de moniteurs, sûrement en train de cuver et d'atterrir après des nuits agitées, nous a fait "travailler" des matinées entières sur Atom heart mother de Pink Floyd pour préparer une performance d'expression corporelle ! Ca m'a dégoûté à jamais de la danse...).
Je ne me trompais pas de beaucoup car c'est bien en colonie que mon frère avait découvert cette musique : là, les moniteurs utilisaient ce disque pour les réveiller le matin ! Ça avait dû marquer mon frère, qui n'est pas un lève-tôt, au point qu'il avait demandé les références du disque et convaincu ensuite mes parents de l'acheter.
Comme le montrent les autres pièces compilées sur l'album (y compris un "rock électronique" un peu décevant mais de 1963 pour La reine verte), Pierre Henry a composé de longue date des musiques pour les spectacles de Maurice Béjart. La principale différence pour Messe pour le temps présent, créée au Festival d'Avignon en 1967, c'est qu'Henry a collaboré avec Michel Colombier, qui a enregistré avec son orchestre des bases musicales à partir desquelles Pierre Henry a travaillé pour ses manipulations sonores et concrètes et ses ajouts de sons électroniques.
On était en 1967, année hallucinée s'il en est, et cette musique qui se voulait à la fois de danse et d'avant-garde était aussi en essence psychédélique, comme l'indique Gérard Davoust dans ses notes de pochette : "[Cette musique] s'écoute dans l'obscurité, ou elle se danse... elle possède beaucoup de vertus cachées... celui qui sait "partir" avec elle, se trouve dans une sorte d'état second qui lui ouvre un monde de couleurs et de sons inconnus...".
C'est Too fortiche qui a été choisi comme titre principal de ce disque. Pas forcément un bon choix, parce que, en parlé jeune, "Fortiche" a bien plus mal vieilli que la musique que ce titre désigne, et surtout parce que le titre le plus fort des quatre proposés ici, c'est Psyché rock, qui sera d'ailleurs placé juste après le Prologue (absent de ce 45 tours) en ouverture de l'album.
Sur Psyché rock, l'alliance est parfaite entre les bases orchestrales de Michel Colombier, dont la guitare saturée, et les sons synthétiques de Pierre Henry, avec en plus les cloches qui font beaucoup pour la réussite de ce titre, dont les ingrédients se mélangent et s'additionnent pour produire un tout supérieur à ses différentes parties. Le résultat est effectivement d'avant-garde et innovant, même si la structure musicale est apparemment librement inspirée de Louie Louie, et n'a pas pris une ride en 45 ans.
Les trois autres titres sont excellents eux aussi, mais la magie fonctionne un peu moins bien. On sent plus la juxtaposition de sons électroniques sur des musiques qui sonnent pour le coup très 1967, proches des musiques pour scènes de danse des films de l'époque. Too fortiche marque cependant pour la batterie, la guitare saturée, la ligne de basse et les breaks. Jericho jerk sonne un peu comme de l'easy listening parsemé de synthé et Teen tonic groove bien avec son orgue et ses cuivres. Comme autre exemple d'association réussie de psychédélisme et d'électronique, un peu plus tard dans les années 60, je ne voix qu'An electric storm de White Noise.
Psyché rock est devenu un classique, utilisé, repris et remixé à toutes les sauces (il y a même eu en 2000 un double-CD entier de Psyché rock sessions). Dans les disques chroniqués ici, il est clair que Le rock du roc du Chant de la terre, disque publicitaire pour des outils à percussion, était concrètement très inspiré de Pierre Henry. Pierre Henry qui s'apprête à fêter ses 85 ans et sort pour l'occasion Odyssée, une rétrospective de son parcours en 10 CD.