25 mai 2019

BOBBY BOYD CONGRESS : The sun is shining


Acquis d'occasion dans la Marne dans les années 2000
Réf : SG 373 / AZ 10 772 -- Édité par Disc'AZ en France en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The sun is shining -/- There it is

L'autre jour, j'ai vu chez Discogs qu'ils donnaient la liste des 30 disques les plus chers vendus en mars sur leur site. J'y ai repéré un exemplaire d'un album de Bobby Boyd Congress vendu 1460 $. Ça m'a interpellé car j'ai depuis quelques années ce 45 tours du groupe que je chronique aujourd'hui.
J'ai donc cherché à en savoir plus. Il s'avère que Bobby Boyd Congress, l'unique album du groupe, édité uniquement en France en 1971 et à très peu d'exemplaires (on parle de 300), est très recherché. Ceci pourrait expliquer ces prix délirants, si l'album n'avait pas été réédité en 2011, en 33 tours en tirage limité, certes, mais aussi en CD, qu'on trouve chez Discogs pour une dizaine d'euros. Va comprendre, d'autant que c'est pareil pour le 45 tours dont les deux titres sont extraits de l'album, avec une pochette identique, qui s'échange en moyenne à près de 200 €.
Cerise sur le gâteau, le groupe donne dans un funk-rock parfois à la limite du progressif et globalement l'album, quasi intégralement en écoute sur YouTube, n'est pas ma tasse de thé, à quelques exceptions près comme Straight ahead ou Are you gonna stay the while ?.
Et avec mon 45 tours, l'ultime production du groupe, sortie l'année suivante en 1972, est-ce que je vais faire fortune ? Ce n'est pas du tout dans ce but que j'accumule des disques, mais la réponse est non, en tout cas pour le moment : The sun is shining n'est sûrement pas aussi rare, d'autant qu'il a été édité dans trois pays (France, Italie, Canada), et pour l'instant on le trouve pour quelques euros seulement.
Et pourtant, et pourtant, quand j'écoute mon disque je ne vois pas pourquoi on s'y intéresserait moins qu'à l'album.
La face A, The sun is shining, démarre plutôt lentement, dans un style soul. Dans un commentaire de la vidéo sur YouTube, Bobby Boyd a indiqué qu'il avait Levi Stubbs et The Four Tops en tête quand il l'a écrite et ça s'entend. Dans sa deuxième moitié, la chanson décolle vraiment, avec les chœurs qui chantent "I think I'm gonna have a happy day", des cuivres et une voix parlée qui vient s'ajouter, pleine d'écho au point qu'elle semble sortir d'un mégaphone.
Très bien, finalement, mais la face B, There it is, est pour moi encore mieux. Là, y a pas à tortiller, c'est une pépite funk de moins de trois minutes, qui accroche dès l'introduction, avec un rythme implacable, une production claire et nette, et des bons délires sonores aussi. Le chant est excellent et l'ensemble est très accrocheur. C'est de loin mon titre préféré du groupe et un de mes titres funky préférés tout court, avec le King Kong de The Jimmy Castor Bunch par exemple. C'est tout à fait je crois ce qu'on appelle dans la scène soul-funk un "rare groove", un titre obscur que les DJs se réservent pour faire danser dans les soirées. Assez rare d'ailleurs pour que je ne le trouve nulle part en ligne : j'ai dû copier mon exemplaire pour vous faire écouter cette chanson.
Mais au fait, comment se fait-il que de la musique soul-funk de cette qualité soit sortie spécifiquement en France ? Ce n'est pas vraiment notre spécialité... La réponse est toute simple et elle nous est notamment donnée par Vincent Turban chez Funkysoulroots : The Bobby Boyd Congress était un groupe New Yorkais venu s'installer en France car la concurrence était rude chez eux.
Après l'album et le 45 tours The sun is shining, Bobby Boyd, chanteur et saxophoniste, a choisi de retourner aux États-Unis. Il y a notamment sorti en 1976 l'album Bobby Boyd, lui aussi recherché et réédité.
Quant aux autres membres du groupe, cinq d'entre eux  (Arthur Young, Frank Abel, Lafayette Hudson, Larry Jones et Ronnie Buttacavoli) sont restés à Paris et ont continué à jouer ensemble. Sous la houlette du producteur Pierre Jaubert (dont je n'avais jamais entendu parler mais qui a un parcours impressionnant), ils ont enregistré à la fois en session pour d'autres mais aussi comme artiste principal, sous plusieurs noms différents, dont surtout Lafayette Afro-Rock Band et Ice. Ils ont sorti plusieurs albums dans les années 1970, qui se sont peu vendus mais dont la réputation a grandi au fil des années, notamment parce que le milieu du hip hop a beaucoup samplé certains de leurs titres comme Hiache et Darkest light. C'est l'intérêt pour les productions de Lafayette Afro-Rock Dance et Ice qui explique que l'album de leur premier groupe soit lui aussi très recherché.
Il me semblait bien avoir récemment vu mentionner le Lafayette Afro-Rock Band. Eh bien, c'était pas plus tard qu'au début du mois, quand j'ai préparé ma chronique du 45 tours de Radiah. Eh oui, le fameux groupe américain qui accompagne Nino Ferrer sur l'album Nino and Radiah (à la seule exception de South), c'est justement Ice !
En tout cas, j'aurais beau retourné toutes mes étagères, je ne pense pas y trouver beaucoup de pépites de funk américain made in France de la trempe de There it is.

A écouter : Bobby Boyd Congress : There it is.

2 commentaires:

soul quinquin a dit…

Si vous êtes intéressé par l'album Bobby Boyd Congress 1971 - Bobby Boyd Congress LP Okapi Records T 36 505 [ FR ] , faite-le moi savoir . Je posséde un blog de Soul Music , mais il est vrai que je ne l'ai pas encore posté , tout comme les Lafayette Afro Rock Band . Amicalement.
Soul Quinquin

Pol Dodu a dit…

Bonjour Soul Quinquin,
Ce sont des disques rares, et je suis sûr qu'il y a des fans qui seront intéressés, merci !