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30 décembre 2007

LITTLE WINGS : Light green leaves


Acquis par correspondance aux Etats-Unis via la Nouvelle-Zélande en octobre 2007
Réf : KLP 139 -- Edité par K aux Etats-Unis en 2002
Support : 33 tours 30 cm
11 titres

Depuis que j'ai fait l'acquisition de ma première platine CD en 1989-90, je n'ai quasiment plus acheté de nouveaux albums vinyl au prix fort, mais là, j'ai fait sans hésiter une exception. Il faut dire que c'est un cas très particulier.
Comme pour Architecture In Helsinki et plein d'autres groupes, c'est grâce à des MP3s que j'ai découvert Little Wings. Dans ce cas précis, c'était en 2003, grâce à toute une série de titres mis en ligne gratuitement par K Records sur leur site. Comme je l'ai déjà raconté ici, ce n'est que bien plus tard que j'ai fait le lien entre le Kyle Field de Little Wings et le Fieldmouse de Rodriguez, le groupe dont il a fait partie pendant plusieurs années avec M. Ward et Mike Funk.
En préparant mon billet sur Rodriguez, j'ai aussi recherché des infos sur Little Wings, et je suis notamment tombé sur un blog qui avait mis en ligne l'intégralité du CD Light green leaves. J'en connaissais déjà plusieurs excellents titres, mais je l'ai téléchargé en entier et, la première fois que je l'ai écouté, au casque dans le train, j'ai été littéralement bluffé tellement je l'ai trouvé bon, de bout en bout.
Suite à ça, je me suis promis d'acheter le disque, mais au moment où j'ai commencé à faire mon marché en ligne, plusieurs sites m'ont rappelé que Light green leaves était en fait une trilogie, sortie simultanément en cassette, 33 tours et CD, avec plus ou moins les mêmes morceaux enregistrés dans des contextes totalement différents (Kyle Field s'explique là-dessus dans cette excellente interview). La cassette contient des démos enregistrées directement sur... cassette, dans divers endroits : voitures, campings, chambres,... Le CD a été enregistré à Portland, là où Kyle Field a habité. Quant au vinyl, il a été enregistré à Olympia, au Dub Narcotic Studio, l'antre de K Records, avec un groupe de musiciens qui comprend notamment Calvin Johnson. Quand je me suis aperçu qu'on trouvait encore la version 33 tours en neuf à un prix tout à fait correct, je n'ai pas hésité à la commander de préférence au CD, que je connaisssais déjà.
Je prenais ainsi le risque d'être déçu, et ce d'autant plus que quatre des meilleurs titres du CD sont absents de la version vinyl : Boom !, Next time, Uh-Oh (It's morning time again) et What wonder. Mais non, et ce parce que l'ambiance de ce disque est très proche de celle du CD, bien que les groupes et les conditions d'enregistrement soient différents. Une ambiance de folk acoustique détendu joué entre amis, comme si Will Oldham et Herman Düne faisaient un boeuf autour d'un feu de camp. On n'est pas loin non plus du Jonathan Richman acoustique de Rock'n'roll with The Modern Lovers ou de Back in your life.
Dès les premières notes de Fall flood, le charme opère et dure jusqu'à la fin du disque, avec d'excellents titres tels que I I I, The way I deux, Light green leaves, The gloom et Look at what the light did now.
Ces temps-ci, Kyle Field poursuit en parallèle sa musique et ses travaux graphiques (l'adresse de son site ne s'intitule pas pour rien "Kyle dessine" : à part un lien vers le site de K, je n'y ai rien trouvé en rapport avec la musique). Une exposition de ses oeuvres sera présentée à l'Atelier Cardenas Bellanger à Paris en janvier-février 2008.

29 décembre 2007

PSYCHIC TV : The magickal mystery D tour E.P.


Acquis à Londres fin 1986 ou début 1987
Réf : TOPY D23 -- Edité par Temple en Angleterre en 1986
Support : 2 x 45 tours 17 cm
Titres : Good vibrations -- Interzone -/- Roman P. -- Hex-sex & Godstar (Ugly mix) -/- Je t'aime (Menstrual mix)

J'ai quelques éléments de la discographie plus que conséquente de Throbbing Gristle, mais je n'aime vraiment en fait que leur titre United, que je ne dois justement pas avoir. C'est un peu pareil pour Psychic TV, le groupe que Genesis P. Orridge a formé après Throbbing Gristle : ils sont très prolifiques, mais je ne dois avoir que deux disques d'eux, un CD de remixes de leur période techno-rave et ce superbe double 45 tours, probablement assez atypique dans leur parcours car il rassemble toute une série de titres "pop" et accessibles, que j'aime beaucoup et que je devrais peut-être classer dans mes étagères pas trop loin du Sunspots de Julian Cope.
Je pense que j'ai dû entendre Godstar chez un de mes amis de Londres alors que j'y séjournais, et je me suis aussitôt précipité pour acheter cet objet, qui a presque failli donner un véritable tube à Psychic TV !
Le disque est présenté comme contenant des extraits de la bande originale d'un film nommé Godstar, consacré à Brian Jones, dont le tournage est censé avoir débuté en février 1986 à la date anniversaire de la naissance de Jones. Ceci explique que ce disque soit noyé dans les références à la seconde moitié des années 60, du Magical Mystery Tour des Beatles à Je t'aime moi non plus de Gainsbourg et Birkin, en passant par le Good vibrations des Beach Boys et Roman Polanski. A ma connaissance, ce film, tout comme le White room de KLF, n'a jamais été diffusé.
Les six titres de ce disque peuvent être classés en trois lots de deux : deux instrumentaux, deux reprises et deux chansons originales.
Les instrumentaux, plutôt synthétiques, sont sans aucun intérêt pour moi.
Les reprises sont bien exécutées techniquement mais n'apportent pas grand chose d'intéressant par rapport aux versions originales. Je t'aime est donnée dans une version principalement instrumentale, mais avec quand même les gémissements d'usage. La version de Good vibrations est par moments étonnamment proche de l'originale, mais ce que je trouve le plus intéressant c'est le passage où Genesis P. Orridge fait un monologue parlé.
Les deux chansons originales sont toutes les deux excellentes et ce sont bien sûr elles deux qui font tout l'intérêt du disque.
La Godstar c'est donc bien sûr Brian Jones, et les paroles ne sont pas tendres avec les autres Rolling Stones ("And where were all of your laughing friends ? Where were they at the very end ? They started to steal your glory They never even told your story"). Cette chanson était déjà sortie en single en 1985, je n'en ai écouté que les remixes maxi, beaucoup trop délayés et moins puissants que cette version 45 tours, dont on peut voir le très bon clip ici.
Roman P. est une chanson presqu'aussi bonne que Godstar, avec son refrain très accrocheur, "Are you free ? Are you really free ? Are you really really free ?". Evidemment, avec un sujet comme Roman Polanski, elle donne l'occasion à Genesis P. Orridge de donner dans la provoc à fond, avec des paroles qui mettent en scène Sharon Tate après sa mort commentant la vie sexuelle de Roman P. Ce titre était lui aussi précédemment sorti en 45 tours, en 1984 sur Sordide Sentimental, mais dans une édition très limitée, suivant la tradition bien établie par ce label français.
Je n'ai pas eu l'occasion de l'écouter, mais Psychic TV a édité en 2004 l'album Godstar : Thee director's cut, qui reprend sur deux CDs l'intégralité de la bande originale prévue à l'origine pour le film Godstar.

28 décembre 2007

KEVIN AYERS : The unfairground


Acquis par correspondance chez Glitterhouse en Allemagne en septembre 2007
Réf : TIN 0130 2 -- Edité par Tuition en Allemagne en 2007
Support : CD 12 cm
10 titres

J'aime beaucoup la pochette et aussi le titre de cet album, un mot-valise formé à partir de "Fairground" ("Fête foraine" en anglais) et de "Unfair" ("Injuste", il me semble que c'est le terme qu'utilise Calimero pour dire "C'est vraiment trop injuste" en anglais"). En français, on pourrait trouver un équivalent du style "Défaite foraine", un qualificatif qui conviendrait bien à la carrière de Kevin Ayers dans la société du spectacle, et précisément à la destinée de cet album.
Qu'on en juge : Le précédent disque de Kevin Ayers, Still life with guitar, était sorti en 1992. Depuis, il s'était fait très discret, vivant sa vie apparemment entre les Baléares et le sud de la France. Mais entre-temps, depuis une dizaine d'années, son catalogue discographique s'est enrichi d'un paquet de publications d'archives inédites (concerts, sessions pour la BBC, concerts pour la BBC,... auxquelles il faut ajouter les excellentes sessions BBC de Soft Machine de 1967, avec Kevin Ayers), complétée en 2005 par la réédition remasterisée avec titres bonus de ses quatre premiers albums, unanimement saluée dans le monde entier, puis par la réédition en un double-CD de son intégrale chez Island.
Il y avait donc un bon coup à jouer pour Kevin Ayers, pour essayer de revenir sur le devant de la scène et profiter de sa réputation et de l'estime qu'il suscite. J'ai pensé que c'était ce qui allait se passer quand un nouvel album à venir a été annoncé début 2006, mais non, rien de ça. Déjà, le disque n'est jamais arrivé en 2006, il y a juste eu quelques concerts isolés, en Belgique ou en Angleterre. Début 2007, l'album était annoncé pour mai, il est finalement arrivé tout à la fin de la période des vacances d'été, noyé dans la masse des sorties de la rentrée, mais il a quand même été beaucoup chroniqué, souvent positivement, fréquemment associé à la chronique du nouvel album de son vieil accolyte de Soft Machine, Robert Wyatt. Et puis plus rien, l'album est passé à la trappe, oublié. On peut remballer le Kevin Ayers contemporain, ressortir la légende des années 60 et 70, et attendre tranquillement une quinzaine d'années pour avoir des nouvelles du bonhomme.
Bon, on se doute bien que le premier responsable de cette situation, c'est probablement Kevin Ayers lui-même. On sait depuis au moins 1968, quand il a quitté Soft Machine après une tournée américaine en première partie de Jimi Hendrix, qu'il ne tient pas au succès à tout prix. Ce n'est sûrement pas un hasard si la sortie de The unfairground n'a été suivie d'absolument aucune tournée !
De même, bien que l'enregistement du disque se soit déroulé pendant deux ans sur deux continents et dans cinq studios, on a presque l'impression que la sortie du disque a été précipitée : la liste des titres est tellement bien cachée sur la pochette intérieure qu'un auto-collant a dû être rajouté au dernier moment sur l'emballage et, si on a bien la liste complète des participants à l'enregistrement, c'est sans aucune autre précision que leur nom ! Il faut chercher attentivement sur le site officiel de Kevin pour dénicher le détail des crédits du disque qui aurait dû figurer dans l'emballage et constater que les vieux potes (Bridget St John, Phil Manzanera, Hugh Hopper, le Wyattron) font de courtes apparitions sur le disque, alors que la jeune génération, de Ladybug Transistor à Architecture In Helsinki, en passant par les écossais de Teenage Fan Club et du Bill Wells Trio et le gallois Euros Childs, fournit l'essentiel des orchestrations. A l'écoute de ses disques en solo ou avec Gorky's Zygotic Mynci, je m'étais souvent dit qu'Euros Childs, qui fait les choeurs ici sur plusieurs titres, avait une voix et un style qui le placent dans le droit fil de Kevin Ayers.
Et puis, il semble que Kevin Ayers ait vraiment du mal à écrire de nouvelles chansons : après quinze ans, son nouvel album compte dix titres, dont deux, c'est Pinkushion qui me l'a appris, avaient déjà été préalablement publiés dans d'autres versions, Run run run, sous le titre Take it easy (sur l'album Deja vu, sorti en 1984 mais enregistré en 1980) et Only heaven knows, qu'on trouvait sur l'album As close as you think en 1986.
Autant je trouve que Run run run est le titre le plus faible de The unfairground, autant je comprends qu'Ayers ait ressorti Only heaven knows pour en donner une version superbe qui, dans une ambiance de musique de cirque, bien sûr, et avec de superbes arrangements, ouvre l'album sur ces mots :
What do you do when its all behind you
Everyday something else reminds you
When the times were sweet
Wings on your feet
And bells on you toes ?
Only heaven knows
Les interrogations continuent avec Cold shoulder ("I don't understand anymore, as I grow older nothing seems to be clearer than before") ponctuées là encore de superbes arrangements, de cordes interprétés par l'ensemble de cordes de l'Orchestre Philharmonique de Tucson, qui rappellent évidemment le travail de David Bedford avec Ayers au début des années 1970, de cuivres dus aux membres de The Ladybug Transistor, plus la voix samplée de Robert Wyatt et une scie musicale que mes oreilles n'ont pas encore repérée.
Dès les premières notes, on sent que le troisième titre, Baby come home, est le joyau de l'album. C'est une chanson d'amour, et dans les premières secondes la guitare acoustique, l'accordéon et le chant de Kevin Ayers font immanquablement penser à Puis-je ? (May I ?), un de ses grands classiques. Le refrain est excellent, avec les cuivres d'Architecture In Helsinki qui arrivent à point nommé, puis Ayers nous sort d'un seul coup une botte secrète, en la personne de Bridget St John (déjà présente en 1970 sur Shooting at the moon pour l'excellent The oyster and the flying fish) qui transforme une excellente chanson en un duo mémorable qui aura désormais sa place dans toutes les anthologies de Kevin Ayers.
L'album se poursuit ensuite avec le rapide Wide awake et globalement sur un très bon niveau, même si celui-ci baisse graduellement plus on approche de la fin de l'album et même si la voix d'Ayers est parfois limite. N'empêche, au bout du compte on tient là ce qui est à mon sens l'album le plus solide de Kevin Ayers depuis... Bananamour en 1973 (!) et je ne saurais trop vous conseiller d'y jeter une oreille sans attendre ni un ni quinze ans...

25 décembre 2007

CARTE DE SEJOUR : Halouf nar


Acquis au Carrefour de Châlons-sur-Marne en 1982
Réf : 600570 -- Edité par Mosquito en France en 1982
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Halouf nar -- Zoubida -/- Saâmou -- La moda

C'est sûrement une grande part de curiosité qui m'a fait acheter au moment de sa sortie ce premier disque de Carte de Séjour, dont le chanteur était Rachid Taha. J'imagine que j'avais dû entendre Zoubida une paire de fois à la radio (Ce n'est pas le premier titre du disque, mais il me semble que c'était celui qui était le plus mis en avant à l'époque. Cette chanson qui raconte l'histoire d'un suicide provoqué par un mariage forcé est d'ailleurs la seule à avoir ses paroles traduites en français et reproduites au verso de la pochette). Un groupe franco-arabe, une musique mélangée, ça devait m'attirer, alors qu'on ne parlait pas encore de rock-raï et que je ne suis pas sûr qu'on parlait encore beaucoup des beurs (La "Marche des beurs", c'était en 1983).
Pour ce premier disque, les lyonnais de Carte de Séjour sont allés enregistrer à Rennes, avec le producteur de Starshooter (entre autres) Michel Zacha. On sent à l'écoute un groupe encore jeune musicalement, avec un disque probalement enregistré rapidement.
Halouf nar est le seul titre qui n'a pas du tout d'aspect plus ou moins reggae. Il a même un petit côté new wave qui n'est évidemment pas du tout pour me déplaire. Pareil pour La moda qui, en l'écoutant d'une oreille neuve, n'est pas si loin de groupes comme Marquis de Sade (qui enregistrait dans le même studio, je crois) ou les Urban Verbs.
Zoubida était donc le titre que j'écoutais le plus à l'époque. je l'aime toujours bien, même si le son de la guitare solo, quasiment progressif, est assez insupportable.
Mon titre préféré aujourd'hui, ce serait plutôt Saâmou. C'est le seul qui laisse vraiment apparaître des influences musicales orientales, mais assez distanciées pour que la mélodie me fasse fortement penser au premier Monochrome Set !
La pochette aux couleurs très flashy, dont les couleurs s'accordent excellemment avec le logo "Pol Dodu" qui doit se trouver ci-contre, est créditée à Cathy Millet, un pseudonyme derrière lequel se cache le dessinateur Christian Roux.



23 décembre 2007

THE VELVET UNDERGROUND AND NICO : Pop history vol. 12


Acquis d'occasion probablement dans l'Aube le 29 novembre 1987
Réf : 2012 021 -- Edité par Polydor en France en 1972
Support : 2 x 33 tours 30 cm
17 titres

Je crois me souvenir avoir acheté ce disque dans une bourse aux disques, baucoup moins cher que les 60 francs que semble indiquer la toute petite étiquette manuscrite qui subsiste sur la pochette. Je sais en tout cas très bien pourquoi j'ai fait l'achat de ce disque : il n'était pas très cher, donc ; il y avait dessus des titres que je n'avais pas (publiés sous le seul nom de Nico) ; et surtout, ce n'est pas tous les jours qu'on tombe sur un double album du Velvet Underground qu'on n'a jamais vu, même s'il ne s'agit que d'une compilation (La bonne preuve, c'est que je n'ai jamais revu ce disque ailleurs depuis).
Pop history était une collection de doubles albums édités par Polydor. De Cream à Mountain en passant par Frank Zappa & The Mothers of Invention ou Richie Havens, c'était plus une occasion pour le label de sortir des compilations d'artistes de son catalogue qu'une première véritable encyclopédie de l'encore jeune histoire du pop-rock. Toutes les pochettes bénéficiaient de couleurs post-psychédéliques flashantes de ce début des années 70 triomphantes, mais toutes n'avaient pas une photo coloriée au milieu comme celle-ci, la photo de pochette du troisième album du Velvet retravaillée, avec une cigarette qui remplace le magazine que Lou Reed tient sur la pochette originale. M'est avis que l'explication est peut-être tout simplement à chercher dans la rareté des photos en couleurs du Velvet !
Quand j'ai commencé à étudier le choix de titres de ce Pop history vol. 12, je suis resté un bon moment perplexe. Bon, on comprend vite que le "and Nico" crédité sur la pochette n'est pas là seulement en référence à l'intitulé du premier album du Velvet Underground : on retrouve ici 7 des 10 titres de Chelsea girl, le premier album de Nico paru sous son nom en 1968, auquel ont participé plusieurs membres du Velvet comme compositeurs et comme accompagnateurs. Non, ce qui m'a intrigué, c'est les critères de sélection des 10 titres du Velvet qu'on trouve ici : un seul titre du premier album, I'll be your mirror, chanté par Nico, certes, mais si c'était un critère, pourquoi pas Femme fatale, le titre emblématique de leur association ? Et pourquoi pas d'autres extraits de ce qu'on peut considérer comme un classique ? Ensuite, 2 titres de White light/White heat et carrément 7 titres (sur 10) du troisième album, avec dans le lot quand même des titres ardus de plus de huit minutes comme The murder mystery et The gift.
Je n'ai trouvé la réponse aux questions que je me posais que ce matin lorsque j'ai consulté la discographie des compilations du Velvet pour savoir quand était sortie la double compilation Andy Warhol's Velvet Underground featuring Nico avec une bouche et une bouteille de Coca dessinées sur la pochette, un disque que pour le coup j'ai souvent vu dans les rayons des disquaires à la fin des années 70 ou au début des années 80. Je pensais que ce disque était sorti quelques temps après ce Pop history, plus vers le milieu des années 70, mais non, il est sorti moins d'un an plus tôt, fin 1971. Et, quand on examine en détail la liste des titres de cet album, on constate qu'il comporte 17 des 27 titres publiés par le Velvet sur leurs trois premiers albums. Ce qui en laisse 10 de côté qui sont, bingo !, précisément les 10 titres présents sur Pop history vol. 12 !!
Je crois ne pas me tromper en pensant que, de 1967 à 1969, quand les trois premiers albums du Velvet sont sortis, ils se sont peu vendus en France et n'étaient connus que d'une poignée de spécialistes. Par contre, en 1972, la roue commençait à tourner. Le mythe Velvet prenait de l'ampleur, avec par exemple la sortie de l'album Live at Max's Kansas City, Lou Reed entamait sa carrière solo, le concert de Lou Reed à Paris au Batalan avec la participation de John Cale a été un événement, et Polydor a visiblement voulu surfé sur cette vague avec cette deuxième compilation de suite. Certes, ils se sont refusé à faire le moindre doublon avec la précédente compilation, mais c'est le seul scrupule qu'ils ont eu. Pas assez de titres pour un double ? Allez, on en prend chez Nico vu que son album était sur le même label. Et puis, on ne va pas s'embêter à trop travailler l'ordre des titres : si le disque s'ouvre avec l'excellent et quasi-psychédélique Lady Godiva's operation, un de mes titres préférés du Velvet, l'enchaînement avec le pénible Eulogy to Lenny Bruce de Nico est assez insupportable, alors que le troisième titre, What goes on, aurait parfaitement fait l'affaire.

Je n'ai absolument pas cherché à voir le Velvet Underground au moment de sa reformation en 1993, mais quelques mois plus tôt, le 19 février 1992, je n'ai pas raté le concert de Moe Tucker à Reims, qui était en tournée avec Sterling Morrison pour la promotion de son album I spent a week there the other night. Ce fut même le cadre de l'un de mes plus grands "exploits" radiophoniques puisque j'étais ce soir-là l'envoyé de La Radio Primitive pour faire l'interview dans les loges de cette légende du rock. L'interview s'est très bien passée, Moe était très sympa, mais une fois revenu dans les studios de la radio je me suis rendu compte que les piles du magnéto qu'on m'avait confié pour l'interview était complètement à plat et que l'enregistrement était carrément impossible à diffuser ! Heureusement que ce n'est pas ce soir-là (c'est le lendemain, à Paris, alors qu'il faisait relâche lors d'une série de concerts au Casino de Paris) que Lou Reed a rejoint Moe et Sterling sur scène pour y interpréter le titre Bo Diddley !

22 décembre 2007

ARCHITECTURE IN HELSINKI : Places like this


Acquis par correspondance via PriceMinister en France en octobre 2007
Réf : TBD-004P -- Edité par Cooperative Music en Europe en 2007 --
For promo use only, not for sale
Support : CD 12 cm
10 titres

Architecture In Helsinki fait partie de cette génération récente de groupes dont je découvre la musique d'abord grâce à des MP3s glanés de-ci de-là sur le réseau, sur des sites de groupes ou de labels ou sur les blogs MP3. Dans leur cas, ça s'est passé il y a deux ans au moment de la sortie du deuxième album In case we die, puis l'an dernier avec les remixes de cet album.
Quand je me suis rendu compte que je trouvais excellents les trois extraits que j'avais téléchargés du troisième album Places like this, je me suis dit qu'il était grand temps de me mettre en quête d'un disque de ce groupe australien pendant que c'est encore possible (sous-entendu tant que les groupes éditent encore des disques).
Après avoir hésité sur l'achat de l'un ou l'autre des singles ou des albums, j'ai finalement jeté mon dévolu sur cet album promo pas cher à pochette cartonnée. A part le dessin de la pochette, que je ne trouve pas très efficace pour le carré d'un recto de pochette de CD de 12 cm de côté, la seule petite déception à l'écoute de cet album a été de constater que, parmi mes quatre titres préférés, il y avait les trois que je connaissais déjà, les deux singles Heart it races et Hold music plus Debbie. Le quatrième, c'est Like it or not, un délire enjoué qui mélange allègrement rythmes latino-afro-cubains et pop synthétique, un peu comme si David Byrne en solo rencontrait Tom-Tom Club sans que l'association ne conduise à une reformation de Talking Heads, le tout étant touillé avec une bonne dose de cuivres et de choeurs. Je ne dois pas être le seul à préférer ces quatre titres puisque c'est exactement cette sélection qui figure aujourd'hui même en écoute sur la page MySpace du groupe !
Il n'y a absolument rien de mauvais dans le reste du disque, simplement des bonnes chansons un peu moins transcendantes qui m'ont un peu fait penser à des They Might Be Giants plus funkys ou, plus fugacement, au XTC de l'époque Barry Andrews.
Signalons aussi que plusieurs membres d'Architecture In Helsinki sont présents aux cuivres sur l'album The unfairground de Kevin Ayers, sorti quelques semaines après celui-ci.

16 décembre 2007

WOODHEAD MONROE : Identify


Acquis dans l'un des Record & Tape Exchange de Londres probablement dans la seconde moitié des années 1980
Réf : Lot 2 -- Edité par Oval/Stiff en Angleterre en 1982
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Identify -/- The good life

On ne peut pas gagner à tous les coups ! Je suis tombé en arrêt sur ce disque parmi des dizaines d'autres dans la cave à 10 pence d'un Record & Tape Exchange parce que le jeu de couleurs utilisés sur les différentes lettres du nom du groupe et du titre sur la pochette me rappelait énormément celui utilisé par Devo sur nombre de ses pochettes de disque. Quand j'ai vu au dos la mention de Stiff, le premier label anglais de Devo, j'ai empoché le disque sans plus hésiter.
Malheureusement, une fois rentré chez moi, j'ai déchanté dès les premières notes. Les Woodhead Monroe n'étaient pas Devo sous un pseudonyme bien caché, ni un groupe qui leur rendrait hommage à la manière de la compilation Devotees de Rhino. Non, la face A, Identify, c'est de la pop synthétique quelconque, mais passable quand même à mon goût, avec un refrain correct. La face B, par contre, est assez insupportable. C'est toujours de la pop synthétique, mais avec en plus une basse funky et un solo de guitare quasi-progressif. Berk !
Mais je ne suis pas près de lâcher ce disque car je trouve les deux faces de sa pochette très réussies, avec ces illustrations qui me font penser au meilleur de Bazooka Production.
Il n'y a aucune indication quant à la composition du groupe sur la pochette. Les seuls éléments dont on dispose sont les noms des auteurs des chansons, Sirrs & Wix. Une rapide recherche d'information nous livre que Messieurs Ed Sirrs et Paul "Wix" Wickens figurent tous les deux dans les crédits de l'album Supply and demand de Dagmar Krause, sorti en 1986.
Wix y joue du synthé, ce qui colle bien à notre propos. En fait, Paul Wickens est un musicien très chevronné, qui accompagne notamment Paul McCartney depuis 1989.
Ed Sirrs, lui, est un photographe renommé, ce qui peut expliquer la qualité de la pochette, mais ne garantit pas qu'il ait été membre de Woodhead Monroe. Sauf que, on découvre assez vite que ledit Ed Sirrs a sorti un 45 tours en 1979, I think I think too much, édité par Oval, le label de Charlie Gillett, justement le label qui a co-édité mon 45 tours des Woodhead Monroe avec Stiff ! (et aussi, notamment, mon album des Local Heroes).
J'en déduis donc que Woodhead Monroe était une collaboration entre Ed Sirrs (probablement chanteur et parolier) avec Paul Wickens et probablement d'autres musiciens.

Voici les éléments que j'ai pu rassembler sur la discographie d'Ed Sirrs :
  • Ed Sirrs : I think I think too much / Santa Claus has died (Oval, 1979, OVAL 1014)
  • Woodhead Monroe : Mumbo-jumbo / (She's a) Vampire (Oval, 1980, WOOD 17)
  • Woodhead Monroe : Identify / The good life (Oval / Stiff, 1982, LOT 2)
  • Woodhead Monroe : Mumbo-jumbo / B-Side (Oval / Stiff, 1982, LOT 3)
  • Via Marconi : Serious dancing / What a joke ! (ZimZam, 1983)
Il y a bien un LOT 1, mais il n'est pas attribué à Woodhead Monroe.
En 1983, Ed Sirrs et Paul Wickens ont largement participé à l'enregistrement de l'album Perfect strangers d'Eddie & Sunshine.

15 décembre 2007

WARUM JOE : Chloro Fluoro Carbone


Acquis par correspondance auprès de Rock Hardi en France en 1989
Réf : RH 007 -- Edité par Rock Hardi en France en 1989 -- Fourni avec le n° 19 de Rock Hardi -- N° 0385
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Chloro Fluoro Carbone -- Music box -/- Bogota -- T.bird

Bien que j'ai souvent vu leurs premiers disques en présentation dans la boutique New Rose, je ne les ai pas achetés, parce que mon budget ne me permettait pas de tout acheter et surtout parce que je ne connaissais pas du tout leur musique, que je n'ai découverte qu'avec leurs deux titres sur la deuxième compilation New Rose en 1983. Je me suis rattrapé en 1987 en achetant la compilation Le train sifflera, crois-moi sortie sur la filiale de rééditions de New Rose Fan Club.
Pendant longtemps, Warum Joe a été un groupe très mystérieux : peu de presse, pas de photos, peu de concerts, pas d'information sur le groupe sur les pochettes,... Aussi, quand ils ont été annoncés en concert à L'Usine de Reims le 4 novembre 1988, avec Les Requins-Marteaux en première partie, je n'ai pas raté l'occasion de les voir sur scène ce soir-là pour un concert excellent.
Pour situer Warum Joe, si on restreint la comparaison au champ très restreint des groupes punk new wave français à boite à rythmes, ils se situent chronologiquement entre Métal Urbain et Bérurier Noir et musicalement je dirais plus proches des premiers que des seconds. Plus près de nous, il y a bien sûr un lien avec mes amis Les Boum Bomo's, les deux groupes ont d'ailleurs tous les deux repris Beat on the brat des Ramones, mais l'humour de Warum Joe est beaucoup plus à froid et retenu que celui des Boum Bomo's (N'empêche, puisqu'on parle des reprises de Beat on the brat, Du riz des pâtes des BB m'éclate vachement plus que le Gut gespielt de WJ). Globalement, le choix de reprises de Warum Joe, la plupart du temps adaptées en français, parle pour eux : les Ramones donc (x 2), les Damned, les Buzzcocks, les Dead Boys, mais aussi Barbara et Johnny Hallyday pour une version décapante de Gabrielle.
A l'époque, j'étais abonné à Rock Hardi, le fan magazine Rock & BD de Clermont-Ferrand (le fanzine existe toujours aujourd'hui, ce qui doit en faire l'un des plus anciens en activité : ils viennent de fêter leurs 25 ans et de sortir leur n° 36). Ma boîte à lettres était quelque peu étroite, si bien que ce 45 tours, rigide, pas souple, m'est arrivé littéralement plié. C'est un miracle qu'il n'ait pas cassé et surtout qu'il soit écoutable, à part une rayure au début d'une des faces. Quelques années plus tôt, un 45 tours de Ich Libido chez Réflexes qu'on m'avait envoyé en promo n'avait pas eu la même chance et m'était arrivé en mille morceaux !
La face A est enregistrée en studio. Chloro Fluoro Carbone est la chanson qui vaut au 45 tours d'être qualifié d'écolo sur la couverture du fanzine. Vingt ans ou presque après, au lendemain de la conférence de Bali qui a vu les Etats-Unis persister à réclamer les mêmes contraintes pour les pays moins riches qu'eux afin qu'ils ne bénéficient pas d'un avantage économique indû, les paroles semblent d'une actualité touours plus chaude, si je peux me permettre :
"Les méchants s'organisent en cellules de crise
Ils tiennent conférence pour sauver la banquise
Ils nous ont enseigné à bien trouer l'ozone
et comment modifier le cours de l'Amazone
Chloro Fluoro Carbone
Ultraviolets pour tous les hommes
Déjà les deux pôles en décongèlent
On ne peut plus y flâner sans ombrelle"

L'autre titre de la face est une nouvelle version de leur reprise des Damned, Music box et sur la face B on trouve deux de mes titres préférés des débuts de Warum Joe, Bogota et T.bird, enregistrés en public... à ce fameux concert à L'Usine le 4 novembre 1988 !
Le disque suivant de Warum Joe sera l'album La revanche de Montezuma en 1990, sur lequel on retrouve Chloro Fluoro Carbone dans la même version. L'album est sorti en simple CD et en double 33 tours, avec trois titres studio en moins, contrairement à ce qui est indiqué sur l'étiquette du disque (Sang famille, Gabrielle et Evil ximer), mais avec toute une face live en plus sur laquelle on trouve huit titres, dont Bogota et T.bird. Il n'y a aucune indication sur la pochette mais, étant donné que les enregistrements sont exactement les mêmes que sur le 45 tours, j'affirme sans trop de risque de me tromper que toute la face a été enregistrée à Reims.
Comme d'autres groupes des années 80, Warum Joe s'est reformé, ou en tout cas a repris ses activités depuis au moins 2003 avec l'album Au milieu de ta forme. Ils étaient d'ailleurs en concert il y a deux jours à peine au Glaz'art à Paris.

PS : On trouve sur le site officieux de Warum Joe un documentaire vidéo inédit intitulé Warum Joe va à l'usine. Je me suis bien sûr précipité dessus, pensant qu'il y avait dessus des images de Reims, mais malheureusement je n'ai pas réussi à voir les images et le commentaire audio ne fait aucune référence à ce concert du 4 novembre 1988, ni à Reims d'ailleurs.

09 décembre 2007

ELMORE JAMES : The great Elmore James


Acquis probablement à la FNAC Montparnasse à Paris fin 1979 ou en 1980
Réf : UPF-122 -- Edité par Up Front aux Etats-Unis en [1970]
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Je me suis intéressé à Elmore James parce que j'aimais beaucoup l'album Move it on over de George Thorogood and the Destroyers et qu'il n'y avait pas une seule chronique de disque, pas une seule interview par un seul article sur Thorogood qui ne mentionne Elmore James. Il faut dire qu'il y avait trois reprises d'Elmore James sur ce disque, ma favorite étant The sky is crying.
Je me suis d'abord rendu à la discothèque de Châlons-sur-Marne où, après avoir fait inspecté le saphir de ma platine disque, j'ai pu emprunter deux ou trois disques, dont celui-ci, de ce bluesman mort en 1963 réputé pour son jeu de guitare slide. Par la suite, en remontant la lignée d'inspiration, je suis vite arrivé à Robert Johnson et je me suis procuré en solde les deux fameux albums King of the Delta blues singers chez Columbia, mais le son électrique d'Elmore James me convient mieux.
Entre-temps, à l'occasion de voyages parisiens, j'étais tombé à la FNAC sur deux volumes vraiment pas chers de l'Anthology of the blues chez Musidisc consacrés à Elmore James et sur cette réimpression de The great Elmore James, mon préféré de ceux de la discothèque.
Ce qui m'étonne, c'est que je ne retrouve pas sur ce qui est visiblement la page de référence sur les sessions d'enregistrement d'Elmore James la trace de tous les titres de ce disque. Il y a notamment aucune référence à Catfish blues, un de mes titres préférés de l'album. Les notes de pochette de Lenny Goldberg sont également à approcher avec prudence. On nous dit que les titres de l'album ont été enregistrés par Elmore James début 1963, peu de temps avant sa mort, ce qui correspond aux sessions produites à New-York fin 62 début 63 par Bobby Robinson et même, plus précisément, à l'enregistrement dans des conditions live en studio auquel fait référence Wikipedia. De ces sessions proviennent visiblement un bonne partie des titres typiquement blues 12 mesures, très électriques et avec beaucoup d'écho, de l'album. Mais des enregistrements plus anciens ont visiblement été ajoutés, comme l'excellent Bleeding heart, avec ses cuivres, qui ne peut être que le single de 1960. Quant à Catfish blues, il n'est pas impossible que ce soit l'autre face de Dust my broom, le premier 78 tours d'Elmore James en 1951. Seul problème, cette face était interpétée par Bobo Thomas, pas par Elmore James !
Indépendamment de l'origine des titres, une bonne moitié des titres de cet album me plait énormément et me donne la pêche encore aujourd'hui. Outre Catfish blues, il y a sur la face A It hurts me too et toute la face B avec le politiquement pas correct Shake your money maker, l'excellent instrumental Pickin' the blues, le classique Dust my broom, le déjà mentionné Bleeding heart et Look on yonder wall.
Il y a deux ans, j'ai eu l'occasion de faire un stage à la Bibliothèque Georges Pompidou de Châlons-en-Champagne, qui conserve notamment dans ses réserves les anciennes collections de 33 tours de la discothèque de Châlons. Vu le nombre de disques conservés, il y avait peu de chances que je tombe sur des disques que j'avais empruntés des années plus tôt, mais c'est pourtant arrivé, notamment avec le premier album de Pere Ubu et, vous l'avez deviné, avec cet album d'Elmore James !

08 décembre 2007

1000 MEXICANS : The last pop song


Acquis probablement au Virgin Megastore de Londres en janvier 1984
Réf : 12 ABS 021 -- Edité par Abstract en Angleterre en 1984
Support : 45 tours 30 cm
Titres : The last pop song -/- Manipulating the dummy -- Statistics -- Chinese whispers

J'ai eu la chance de voir les 1000 Mexicans en concert trois fois en sept mois, en 1983-84.
La première fois, c'était le 10 décembre 1983, pour mon deuxième concert à la Living Room. Ils étaient en "tête d'affiche" et ont joué après Kissed Air, un groupe irlandais et un duo dont j'ai compris le nom comme "Deep Six" (J'avais bien fait rire le gars qui était à côté de moi ce soir-là quand je lui avais demandé confirmation du nom du groupe : avec mon accent, ça sonnait comme "Deep sex" ! Par la suite, je me suis persuadé, sans en avoir confirmation, que ce groupe était le même que celui qui a sorti en 1984 sous le nom de Jeremy's Secret un album sur Deep Six Records. Jeremy's Secret était composé de Simon Fisher Turner et Colin Lloyd Tucker).
Les 1000 Mexicans m'ont tout de suite plu. J'ai eu l'impression en les voyant qu'ils auraient eu tout à fait leur place au Festival des Musiques de Traverses de Reims. Les trois membres du groupe changeaient d'instruments très souvent, avec à leur disposition une guitare, une basse, une trompette, peut-être bien une batterie et un mélodica, et un clavier et une boite à rythmes posés sur une table à repasser. Ces souvenirs visuels que j'ai du groupe datent surtout du deuxième concert du groupe que j'ai vu, le 5 mai 1984 dans le sous-sol du Clarendon à Hammersmith, une salle depuis longtemps détruite que j'aimais bien, où j'ai vu pas mal de groupes de styles différents. Ce jour-là, la première partie était assurée par The Bomb Party, alors encore débutant, un groupe d'un style très différent des Mexicains, mais qui était à ce moment là aussi chez Abstract Records.
Le troisième concert, c'était le 9 juin 1984, à nouveau au Living Room, qui entre-temps avait changé de lieu. Un concert historique, mais j'ai peu de souvenirs de la prestation des 1000 Mexicans ce jour-là car je me souviens surtout de la réaction enthousiasmée d'Alan McGee à la fin de la prestation du premier groupe à l'affiche ce soir-là, The Jesus and Mary Chain, dont c'était le deuxième concert (le premier ayant eu lieu la veille dans le même lieu). Entre les deux, Khartomb avait joué, encore un groupe avec qui les 1000 Mexicans ont partagé un label puisque leur premier single, comme l'unique disque de Khartomb, était sorti chez Whaam! Records, le label de Dan Treacy.
Après le premier concert, j'avais réussi à trouver ce premier 45 tours chez Rough Trade. Ensuite, j'ai acheté leurs disques au fur et à mesure de leur sortie. Celui-ci est le deuxième, c'est mon préféré et le plus uniformément excellent. Il ya eu ensuite un autre single chez Abstract, Under construction, puis en 1985 ils ont inauguré à la fois le catalogue singles, avec l'excellent Diving for pearls, et le catalogue albums, avec Dance like ammunition, de Fire Records. Malheureusement, cet album m'a beaucoup déçu, en grande partie parce qu'on n'y retrouvait ni The art of love, ni The last pop song ni Under construction et que rien dessus n'égalait Diving for pearls, le seul single à y figurer. Même s'il a eu un relatif succès en Europe continentale au moment de l'album, le groupe s'est séparé sans ressortir un autre disque.
Dommage, car The last pop song notamment est un classique inconnu des années 80, un hit indépendant très mineur (classé deux mois, pas à une meilleure place que la 24ème). Le riff de basse en intro est très proche dans l'esprit de celui de Gigantic des Pixies, mais comme c'était trois ans avant on pensera plutôt à Gang of Four. Ensuite le chanteur entre en scène, bien remonté, un peu comme les Jasmine Minks à leurs débuts, puis la batterie, du glockenspiel, de la guitare et, sans qu'on s'y attende du tout, vient un solo de trompette pour emballer l'affaire !
Les trois titres de la face B sont tous de qualité, et le maxi dans son ensemble aurait fait une très bonne face d'album. Manipulating the dummy comporte une boite à rythmes rapide, et encore une bonne ligne de basse et de la trompette. Statistics part dans tous les sens, comme souvent le groupe sur scène, avec des chanteurs qui se répondent, tout comme Chinese whispers, qui est peut-être le meilleur titre de la face.

1000 Mexicans est séparé depuis une vingtaine d'années, mais le groupe a un site officiel et une page Myspace, sur laquelle on peut bien sûr écouter quelques chansons, dont Diving for pearls et des clips pour les deux faces du premier 45 tours.
Le blog The Last Pop Song, dont vous imaginez bien d'où il a tiré son nom, propose deux titres inédits en téléchargement offerts par un membre du groupe, dont une version live de Manipulating the dummy, proche de la version studio, qui n'a comme seuls défauts que de saturer un peu et d'être abruptement écourtée.

L'entrée du Clarendon Hotel à Hammersmith, Londres, mai 1984 (Photo : JC Brouchard)

03 décembre 2007

FELT : Space blues


Acquis chez Vitamine C ou à La Clé de Sol à Reims en 1988
Réf : CRE 060T -- Edité par Creation en Angleterre en 1988
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Space blues -- Be still -/- Female star -- Tuesdays secret

Après le concert du 24 avril 1987 à Londres, je n'ai plus eu de contact direct avec Felt, et Creation ne m'a plus envoyé leurs disques. Du coup, je n'ai acheté le maxi The final resting of the ark que quelques mois après sa sortie, en solde, et j'ai carrément fait l'impasse sur l'album instrumental Train above the city enregistré par Gary Ainge et Martin Duffy sans Lawrence (Je regrette juste de n'avoir toujours pas eu l'occasion de l'écouter depuis). Par contre, j'ai acheté The Pictorial Jackson Review au moment de sa sortie, tout comme ce Space blues, qui se trouve être le dernier disque sorti par Felt chez Creation, un peu plus d'un an avant le disque des adieux de Felt, Me and a monkey on the moon.
C'est dans le livre de David Cavanagh The Creation Records story : My magpie eyes are hungry for the prize (Virgin, 2000) que j'ai trouvé, pages 246-248, des informations intéressantes sur le contexte de l'enregistrement de Space blues. Figurez-vous qu'à cette époque Lawrence s'était installé à Brighton, en co-location avec... Alan McGee ! Après son divorce et avec les débuts de l'acid-house, Alan entamait sa période hédoniste, mais la cohabitation avec Lawrence s'est visiblement bien passée. Cependant, Creation traversait une de ses nombreuses périodes de difficultés financières, et Alan n'était apparemment pas très chaud pour que Lawrence s'offre pour deux jours les services du célèbre producteur John Leckie, qui avait déjà produit Felt en 1984 pour l'album The strange idols pattern and other short stories, et qui figure dans mon panthéon personnel comme producteur du Real life de Magazine, des premiers XTC et de l'album de Mr. Partridge. John Leckie, lui, était désolé de voir Felt obligé de travailler avec un budget aussi réduit alors qu'un des autres groupes avec qui il travaillait au même moment dépensait des sommes énormes avec le soutien de son label Silvertone. Ce groupe, c'était les Stone Roses, qui enregistraient alors leur premier album.
Space blues est un disque excellent.
Une fois n'est pas coutume, commençons par parler du dernier titre, Tuesdays secret, le seul sur lequel Felt est au complet dans une formation traditionnelle (Lawrence, Martin Duffy, Gary Ainge et Mick Bund à la basse). La chanson, que Felt a interprétée sur scène à partir de la fin 1987, est très bonne. Elle aurait tout à fait eu sa place, peut-être pas en face A de single, mais à tout le moins sur un album comme The strange idols pattern ou, plus exactement, vu que Martin Duffy est présent, sur Ignite the seven cannons ou Forever breathes the lonely word.
Les trois autres titres ont une tonalité musicale très particulière, due à l'absence de batterie, à l'utilisation d'un piano Fender Rhodes Bass acheté par Lawrence pour 25 livres à Birmingham et d'un vieux synthé Yamaha qui traînait dans le studio de John Leckie.
Dans cette ambiance, Felt a enregistré l'excellente chanson Space blues, avec le renfort de Rose McDowall aux chœurs et de Francis Sweeney, le violoniste des June Brides. De la musique qu'on dirait littéralement hallucinée. David Cavanagh cite Douglas Hart, de Jesus and Mary Chain, qui compare le son de ce disque à ce qu'il entendait dans les premières raves, et effectivement ces trois titres sonnent un peu comme de l'ambient house avant l'heure. Je me demande bien à qui Lawrence fait référence dans les paroles : "I'm your greatest fan 'cause you don't give a damn".
Be still, un extrait de l'album Friends des Beach Boys, est la seule reprise de la discographie studio de Felt. L'orgue et le saxophone soprane de Richard Thomas y sont en évidence. Pour Female star, c'est surtout le solo de slide de Neil Scott qui est remarquable.
Selon David Cavanagh, Lawrence était très content de Space blues, mais il s'est rendu compte qu'il aurait un mal fou dans l'avenir pour réunir le budget nécessaire pour enregistrer dans d'aussi bonnes conditions, et c'est à partir de ce moment qu'il aurait commencé à organiser la fin de Felt.
Comme une comète qui revient à intervalle régulier, on a eu à nouveau le blues de l'espace en 2002 quand Martin Duffy a rendu hommage à Lawrence avec Space blues #2 sur l'album Evil heat de Primal Scream. Pour l'occasion, Martin s'est fait chanteur, avec des paroles pas gaies qui parlent de choix à faire au moment du jugement dernier. Brrrr.

02 décembre 2007

BRIAN WILSON : Good vibrations


Acquis à la Bouquinerie du Centre à Paris le 24 octobre 2007
Réf : PRO15083 -- Edité par Nonesuch en Europe en 2004 -- This is for promotional use only -- Not for sale
Support : CD 12 cm
Titre : Good vibrations

Comment détruire un mythe ? En le faisant entrer de plein pied dans la réalité bien sûr. La religion chrétienne doit être une exception, qui a réussi avec le succès que l'on sait à "vendre" le concept de son Dieu devenu un humain presque comme les autres, mais pour ça ils ont dû utiliser une ficelle de science-fiction très grosse en prétendant que Dieu était carrément triple, Dieu, humain et Saint-Esprit pour faire bonne mesure ! (si je me plante, merci de ne surtout PAS me corriger dans les commentaires, mettez-moi juste une mauvaise note de cathéchisme...).
L'album Smile des Beach Boys est un mythe du rock parce qu'il n'existe pas. Un peu à la manière des disques virtuels de Vivonzeureux!, et même un peu plus, il aurait pu exister : la pochette et le livret ont été imprimés à 400 000 exemplaires, des publicités ont été diffusées pour annoncer sa sortie en janvier 1967, mais le disque n'est jamais sorti, tout simplement parce qu'il n'a jamais été terminé. Brian Wilson voulait réaliser une sorte d'album-concept à base de multiples collages, des dizaines d'heures d'enregistrement ont été réalisées, mais les neurones du cerveau de Wilson ont grillé avant qu'il réussise à mener son projet à bien. Sans compter qu'une partie du groupe et le label ne le soutenaient pas, ce qui a notamment entraîné le départ du parolier Van Dyke Parks.
Pourtant, après Pet sounds, les Beach Boys avaient réussi un coup de maître en publiant le single Good vibrations, une "symphonie de poche" enregistrée avec cette technique de collages multiples, numéro 1 un peu partout et leur premier single vendu à un million d'exemplaires.
A l'origine, Good vibrations ne faisait pas partie du projet Smile. Sa première version a été enregistrée pendant les sessions de Pet sounds, et les paroles originales sont du collaborateur de Pet sounds Tony Asher, pas de Van Dyke Parks. Fin 1966, Brian Wilson avait cédé aux pressions de la maison de disques qui, pour des raisons commerciales évidentes, voulait inclure l'énorme tube Good vibrations sur Smile. Le single figurera d'ailleurs bien en septembre 1967 sur Smiley smile, le remplaçant par défaut de Smile.
Quand, en 2004, un Brian Wilson plus ou moins requinqué a décidé, après la tournée Pet sounds live et après un concert à Londres pour lequel il a interprété les chansons de Smile, d'éditer pour la première fois un enregistrement studio de l'album, Brian Wilson presents Smile, il a une fois de plus cédé à son label en collant à la fin du disque une nouvelle version de Good vibrations. Et évidemment, c'est cette chanson que le label a choisie pour être sortie en single pour faire la promotion de l'album !
Que les choses soient claires, cette nouvelle version de Good vibrations, comme tout l'album j'imagine, n'a pas d'autre intérêt que de détruire le mythe Smile. Elle n'est pas mauvaise du tout, loin de là, elle est compétente et je suis sûr qu'en l'écoutant distraitement, à la radio par exemple, on pourrait la confondre avec la version originale, même si elle a la particularité de comporter un couplet supprimé de la version single de 66. Mais bon, il y a déjà assez affaire avec les versions notamment disponibles en bonus de Smiley smile ou sur le coffret Pet sounds sessions pour ne pas en rajouter une supplémentaire, d'autant plus que Brian Wilson n'est plus au meilleur de sa forme vocale et, si on l'entend bien sur les couplets, il m'a l'air quasiment absent des refrains, noyé derrière ses vocalistes compétents...
Je n'ai pas été déçu par ce disque parce qu'en gros je m'attendais à un enregistrement de ce type. Si je l'ai pris dans le bac des promos à 1 €, c'est avant tout pour sa pochette, avec ce soleil qui me rappelle le logo de Vivonzeureux!, avec ce grand sourire découpé sur le devant et le "Good vibrations" qui laisse la place à "Smile" quand on sort la sous-pochette du disque. Il n'y a pas de crédit, mais le graphiste Mark London a été primé pour son travail sur la pochette de l'album Brian Wilson presents Smile, et c'est très certainement à lui qu'on doit aussi cette très belle pochette promo.

01 décembre 2007

THE RICH.R.TONE STORY - THE EARLY DAYS OF BLUEGRASS - VOLUME 5


Acquis chez Emmaüs à Essey-les-Nancy le 17 novembre 2007
Réf : 1017 -- Edité par Rounder aux Etats-Unis en 1974
Support : 33 tours 30 cm
16 titres

Le rayon disques de cet Emmaüs n'est pas très grand ces temps-ci, mais la plupart des disques sont en bon état. J'y ai trouvé quelques trucs que j'ai eu envie d'acheter, dont un album fin années 60 de Jouvin que je n'avais pas, mais c'est ce disque, trouvé tout à la fin, coincé entre deux disques de classique, qui est vraiment ma trouvaille du jour.
Déjà, il est comme neuf, avec une pochette d'un beau vert et une superbe photo de séance de signature de folie de Charles Bailey, des Bailey Brothers, dans un magasin de disques. Et puis, il y a le label, Rounder, que je connais surtout parce qu'il a édité les albums de Jonathan Richman aux Etats-Unis de 1988 à 1995, mais qui s'est fait connaître à ses débuts en 1970 surtout comme un label de folk, éditant notamment une série de dix albums sur les débuts du bluegrass, dont celui-ci constitue le volume 5 (dans la série, il y a d'autres compilations et des volumes consacrés à un seul artiste ou groupe).
A peine assis dans le tram, j'ai commencé à lire les notes de pochette au dos. J'ai eu un coup au coeur quend j'ai lu "Lire la suite dans le livret à l'intérieur". J'ai ouvert la pochette frénétiquement et j'ai poussé un soupir de soulagement en y découvrant effectivement le livret de 12 pages, très détaillé, avec de nombreux témoignages et un bon choix de photos.
Ce disque est consacré à Rich.R.Tone, un label fondé en 1946 par Jim Stanton, et c'est en fait l'un des tous premiers labels indépendants, fondé peu de temps après King Records. Stanton avait revendu sa boite de juke-boxes pour créer ce label, et pendant longtemps il livrait lui-même les disques en voiture chez les disquaires de la région (des 78 tours à l'époque). Contrairement à King, qui a connu un grand succès, Rich.R.Tone est resté un label régional, son siège faisant des aller-retour entre Johnson City et Nashville dans le Tennessee, en partie par choix et en partie aussi parce que Stanton n'a jamais voulu retenir les artistes qu'il avait sous contrat et que les majors souhaitaient signer. De grandes stars comme les Stanley Brothers et Stoney Cooper & Wilma Lee ont ainsi fait leurs débuts chez Rich.R.Tone avant de poursuivre leur carrière ailleurs.
A l'époque où les disques compilés ici sont sortis (de 1946 au début des années 50), on ne parlait pas de musique bluegrass. On parlait de musique d'antan (old-time), de musique de bouseux (hillbilly) ou de musique avec banjo et violon (banjo and fiddle). La Bluegrass, c'est à l'origine une herbe du Kentucky prise comme emblème, comme marque commerciale et comme nom de groupe par Bill Monroe, une star tellement grande du genre que le nom de son groupe a fini par "déteindre" sur son appellation !
On retrouve sur cet album à la fois des titres typiquement bluegrass, avec banjo, violon, mandoline prédominants, et des titres très religieux à plusieurs voix, qui ont plus généralement ma préférence, même si la version de Blue moutain rag par Glen Neaves and the Grayson County Boys est excellente. Buster Pack and his Lonesome Pine Boys proposent avec Better late than never une excellente synthèse des deux styles. Les quelques lignes d'auto-biographie très candides d'époque ("Je ne suis pas marié, même si j'aimerais avoir une femme pour aimer et un cheval pour labourer", en référence à l'un de ses titres, A wife to love and a horse to plow) et le témoignage de sa maman recueillis au moment de la rédaction du livret ("Il s'est remarié et a un bon boulot. Il joue aussi encore de temps en temps. Il n'a jamais complètement abandonné la musique.") sont très touchants.
Certains des meilleurs titres de l'album sont dus à des inconnus, amateurs ou semi-professionnels, Stanton ayant été l'un des premiers à éditer des disques à compte d'auteur, sur des sous-labels tels que Folk Star ou Champion. C'est le cas par exemple de la très bigote Caudill Family avec les excellents Ain't no grave gonna hold my body down et I'll be no stranger there. Pee Wee Lambert and Curley Parker with their Pine Mountain Ridge Boys ont droit à deux titres, dont Just a memory, et à propos de souvenir, Curley Parker raconte dans le livret l'histoire d'un certain "Georgia Slim" Rutland, qui n'avait pas de quoi se payer de la gomina et qui pour se coiffer gardait donc constamment sur un poêle une boite de conserve dans laquelle il faisait fondre du saindoux !
Les vedettes s'en sortent très bien aussi sur ce disque, notamment les Stanley Brothers avec Little glass of wine, Stoney Cooper and Wilma Lee avec Wicked path of sin, un titre qui me rappelle le Just inside the pearly gates des Anglin Brothers et qui fut l'objet d'une belle polémique avec l'auteur de la chanson, Bill Monroe, Stoney Cooper et Wilma Lee ayant involontairement sorti leur reprise avant l'original de Bill Monroe ! Les deux excellents titres de Cecil Surratt and his West Virginia Ramblers, The bright crystal sea et surtout Where will you spend eternity ? sont les deux seuls qu'il a sortis chez Rich.R.Tone avant de signer chez King.

Le livret du disque (ci-dessous) a été précieux pour la rédaction de ce billet. Certaines infos du livret sont reprises dans le livre Bluegrass : A history de Neil V. Rosenberg, dont on peut consulter de larges extraits en ligne et dont je me suis moi-même servi pour ce billet.

25 novembre 2007

JUAN & MARIA : Juarez blues


Acquis dans l’un des Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres dans les années 1980
Réf : JJ 1 -- Edité par [Shelter] probablement en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : JUAN & MARIA : Juarez blues -/- JUAN : Katy kool lady

Pourquoi donc ai-je eu le –très bon- réflexe de choisir ce 45 tours sans pochette parmi des centaines d’autres à 10 pence dans une cave de Londres ? Est-ce que je gardais un vague souvenir de la chronique de l’édition française de ce disque dans Best ou Rock & Folk, avec une pochette qui mentionnait «JJ Cale presents» ? En tout cas, sur mon disque sans pochette, seule la référence catalogue «JJ» a pu réveillé ce souvenir. Mais même : je ne me suis jamais particulièrement intéressé à J.J. Cale
Car il s’agit bien d’un disque sous pseudo transparent de J.J. Cale (Juan) et Christine Lakeland (Maria), probablement enregistré pendant les sessions de l’album 5. Une autre édition anglaise de ce 45 tours, chez Island, est d'ailleurs créditée directement à J.J. Cale.
On peut imaginer que Juarez blues, l’excellente face A, une balade paresseuse entre le sud des Etats-Unis et le Mexique, à l’ambiance évidemment hispanique soulignée par des cuivres, a été écartée de l’album parce qu’elle fait trop ouvertement l’apologie des drogues.
Ça commence doucement par «I need marijuana to make it to mañana», puis tout un éventail de substances illégales est passé en revue, de la cocaine au reefer en passant par le speed, les qualudes et un médicament qui rime avec Phoenix dont je ne comprends pas le nom. Tout ça n’est évidemment pas à prendre au premier degré -les deux compères rigolent à la fin de la prise- mais a peut-être suffit à effrayer la maison de disques.
Katy kool lady, la face B, est créditée à Juan seul, bien que Christine Lakeland ait participé à l’enregistrement. Cette chanson, un reggae très moyen, beaucoup moins bonne que Juarez blues, figure, dans la même version, sur l’édition originale de l’album 5 de J.J. Cale sorti la même année. Mais il doit quand même y avoir quelque chose de particulier avec ce titre puisqu’il a été enlevé de certaines rééditions en CD de l’album !

La pochette française du 45 tours de Juan & Maria

ARAB STRAP : There is no ending


Acquis chez Parallèles/Gilda à Paris le 24 octobre 2007
Réf : PCHEM094CD -- Edité par Chemikal Underground en Ecosse en 2006 -- For promotional use only
Support : CD 12 cm
Titre : There is no ending

Pas facile de publier un billet de blog quand on doit faire face aux défaillances techniques de son fournisseur d'accès internet et surtout à l'incompétence et au mépris de son service dit d'assistance téléphonique. Dans mon cas, il s'agit de France Télécom/Orange, mais le pire c'est que je crains que ce ne soit pas mieux ailleurs. Enfin...

A part au moment de leur premier album, je n’ai pas suivi de très près le parcours des écossais Aidan Moffat et Malcolm Middleton et de leur groupe Arab Strap. Ici et là, il y a des chansons qui m’ont plu, parmi leurs histoires d’amour glauques, noyées dans l’alcool mais qui s’apitoient rarement sur leur sort. Musicalement, les orchestrations sont devenues plus élaborées et parfois plus enjouées au fil du temps et de leur parcours discographique qui les a vus débuter chez Chemikal Underground, passer chez une major avant de revenir au bercail.
Alors qu’ils avaient déjà tous les deux lancé des projets solo depuis plusieurs années, les deux membres du groupe ont décidé en 2006 de marquer les dix ans de la sortie de leur premier album par un best-of intitulé avec leur humour habituel Ten years of tears (Dix ans de larmes), une compilation à la fois d’anniversaire et d’adieu, puisqu’ils ont annoncé leur séparation au moment de sa sortie.
Sur cette compilation, ils ont choisi d’inclure There is no ending, sorti à l’origine sur l’album The last romance en 2005. Et ce n’est évidemment pas un hasard si, pour leur toute dernière parution, Arab Strap a choisi de sortir There is no ending en single, disponible en téléchargement sur iTunes et en 45 tours limité à 1000 exemplaires, avec un design reprenant celui de leur tout premier single en inversant le noir et le blanc : vinyl blanc au lieu de noir, pochette à dominante noire au lieu de blanche (en face B, ils ont aussi mis un remix de ce premier single, The first big week-end. C'est ce qui s'appelle achever un cycle...!
L’humour est encore plus appuyé pour ce CD promo envoyé à la presse. La pochette est différente et annonce, logiquement, There is no ending by Arab Strap (Il n’y a pas de fin par Arab Strap), tandis que le verso, moqueur, laisse le dernier mot au groupe : «Actually , there is. Goodbye !» («En fait si, il y en a une. Adieu !»).
La chanson elle-même n’est pas mal, mais pas renversante. Elle est assez typique du groupe : une intro à l’ambiance enjouée, avec des cuivres, plombée par le chanteur dès qu’il entre en scène. L’ambiance s’améliore un peu par la suite et la chanson se termine par une minute d’instrumental enlevé et assez réussi.

21 novembre 2007

RODRIGUEZ : Swing like a metronome


Acquis par correspondance probablement chez Devil In The Woods aux Etats-Unis en 2001
Réf : DIW #22 -- Edité par Devil In The Woods aux Etats-Unis en 1999
Support : CD 12 cm
15 titres

J'imagine que la première fois que j'ai noté dans un coin de ma tête le nom de ce groupe, Rodriguez, c'est vers le moment de sa sortie en 1999 quand j'ai appris que leur album, comme le premier de Fiver, était en partie produit par Jason Lytle de Grandaddy. Jason Lytle a expliqué par la suite que ce type de travail de production lui servait entre autres à s'entraîner à maîtriser les nouveaux équipements de son studio personnel.
Peu de temps après, en 2000, je faisais la connaissance de M. Ward et j'ai tout de suite craqué pour son premier album Duet for guitars # 2. J'ai eu aussi la chance de le voir en concert plusieurs fois de suite à ce moment, seul ou en groupe, en première partie de Giant Sand ou Grandaddy ou en tête d'affiche. Je pense que j'ai dû à l'époque l'interroger sur Rodriguez, mentionné dans toutes les bios comme le groupe dont il faisait partie avant de se lancer sous son nom, mais il avait été assez évasif, ne souhaitant probablement pas trop s'apesantir sur le passé au moment où il se lançait dans une nouvelle aventure, d'autant plus que - je ne le savais pas à l'époque - la séparation du groupe devait être récente puisqu'elle n'était pas effective au moment de la sortie de l'album en 1999 (Duet for guitars # 2 a plus que probablement été enregistré alors que Matt jouait encore avec Rodriguez).
Malgré tout, j'ai assez vite commandé l'album de Rodriguez chez Devil In The Woods, label qui éditait aussi à l'époque l'excellent magazine D.I.W., accompagné parfois de 45 tours avec titres inédits de gens comme Jason Lytle ou Sparklehorse, mais je l'ai mis de côté trop vite après quelques écoutes, ne le trouvant pas aussi bon que les excellents disques que Matt sortaient à un rythme soutenu.
Au fil du temps, je suis revenu vers ce disque et je me suis mis à l'apprécier de plus en plus. A commencer par les meilleurs des titres chantés par M. Ward (le chant est pris à part équitable par Matt et l'autre chanteur-compositeur du groupe, le bassiste Fieldmouse; le trio est complété par un batteur, Mike Funk), dont deux au moins, Teresa et Must be waiting, auraient eu tout à fait leur place sur Duets, tout comme le très bel instrumental For Kat be true, qui me fait aussi penser aux titres acoustiques de Dearling darling, le second album des Feelings. J'appréciais aussi plusieurs des chansons chantées par Fieldmouse, en me faisant d'ailleurs la remarque que son chant n'était pas très différent de celui de Matt, au point d'avoir du mal à les distinguer sur certains titres.
En fait, cet unique album de Rodriguez n'est pas le premier disque d'un groupe débutant. Il a été composé sur cinq années, de 1992 à 1997, comme l'explique Matt ici, et, étant donné que le groupe s'est séparé peu de temps après, il a le mérite d'avoir conservé pour la postérité la production d'un jeune groupe tirant à sa fin, qui a quand même existé pendant huit ans, de 1991 à 1999.
En tout cas, en plus de la dualité de compositeurs-chanteurs et de producteurs (Jason Lytle et l'ami Adam Selzer de Norfolk & Western), le fait que ces chansons aient été composées sur une longue période explique peut-être le manque d'unité de cet album, dont mes titres préférés sont plutôt au milieu ou en fin de disque, et dont la diversité est aussi illustrée par son choix de reprises, Loretta, en hommage à Townes Van Zandt peu de temps après son décès (pas géniale) et Tom Violence de Sonic Youth (pas mal, mais je ne connais pas la version originale).
Outre les trois titres à la M. Ward cités ci-dessus, il y en a plusieurs autres que j'aime beaucoup sur ce disque, et la liste s'allonge à chaque écoute au fur et à mesure que je rédige ce billet : All night long qui fait un tout petit peu penser à Grandaddy, Fountain avec son intro à la Feelies et surtout Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub.
J'en étais resté là jusqu'à il y a quelques mois quand, au détour de mes lectures, je suis tombé sur une nouvelle bien bonne. Je n'avais pas reconnu sa voix (pourtant, quand on le sait ça devient évident), je n'avais pas fait le lien avec le Kyle qui avait fait les dessins de la pochette, mais le Fieldmouse qui chante une bonne moité des chansons de cet album n'est autre que Kyle Field, également connu sous le nom du projet musical qu'il a lancé après la séparation de Rodriguez, Little Wings !!! (Et pour le coup, Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub auraient tout à fait leur place sur un disque de Little Wings !).
Et Little Wings, même si jusque récemment je n'avais pas de disque de ce groupe, je connais et j'aime beaucoup, grâce notamment à une série de titres excellents diffusés par son label K Records pendant un temps, Faith children, What wonder, Next time, Look at what the light did now... (Et pour le coup, Take a rest et (More like an ocean than a) Bathtub auraient tout à fait leur place sur un disque de Little Wings !)
Alors, ne me faites pas dire que cet album de Rodriguez, parce qu'il est peu connu et pas si facile à se procurer, surtout depuis que Devil In The Woods a connu une période de difficultés, est un chef d'oeuvre négligé et qu'il faut remuer ciel et terre pour se le procurer, mais bon, un disque sympathique avec au moins une moitié d'excellentes chansons, par un groupe qui a fait éclore en son sein des talents comme ceux de M. Ward et Little Wings, ça mérite au moins que les fans de l'un ou l'autre de ces artistes tentent de s'y intéresser.

Rodriguez : M. Ward, Fieldmouse (Kyle Field), Mike Funk (Photo : Peter Ellenby)