Pages

27 juin 2011

STEPHIN MERRITT : The man of a million faces


Acquis chez Parallèles / Gilda à Paris en 2009
Réf : PRO400036 -- Edité par Nonesuch aux Etats-Unis en 2008 -- For promotion only. Not for sale
Support : CD 12 cm
Titre : The man of a million faces

Il n'est pas trop surprenant que les producteurs de l'émission All songs considered du réseau public de radio américain NPR aient d'abord fait appel à Stephin Merritt quand ils ont lancé leur Project song en 2007. En effet, entre son groupe The Magnetic Fields, ses enregistrements sous son nom et ses projets comme les 6ths ou les Gothic Archies, Stephin a mérité sa réputation d'auteur-compositeur prolifique, et pas seulement pour son fameux 69 love songs.
Hors, pour le Project song il s'agit d'être rapide et efficace car l'idée est d'écrire et d'enregistrer un titre en seulement deux jours en partant de rien ou presque (un mot ou une expression et une photo à choisir parmi les propositions des producteurs). Je sais bien qu'au début des années 1960 deux jours auraient suffi pour enregistrer un album en entier, mais on est au 21e siècle et là c'est presque une performance.
Stephin Merritt a sélectionné pour The man of a million faces l'année 1974 (je n'ai pas trop saisi le rapport, à part peut-être un vague côté Sparks ou Roxy Music dans le produit fini) et une photo de Phil Toledano qui représente un homme habillé d'un costume constitué de dizaines de poupées.
Au bout du compte, si la chanson proposée est très agréable et tout à fait dans les style des Magnetic Fields, il n'y a pas eu de miracle et il n'en est pas sorti un chef d'oeuvre.
La chanson commence par une longue partie instrumentale, marquée par une guitare orientalo-psychédélique et le son échantillonné d'un Mellotron. Elle prend une autre dimension dès que Merritt ouvre la bouche pour chanter, même si la construction est assez bizarre : pas de structure couplets/refrain mais une courte série de vers avec un changement de mélodie au moment de prononcer le titre de la chanson qui fournit l'accroche.
Comme l'indique la mention 'Thanks for shopping at indie retail' au verso de la pochette, ce CD a été fourni aux premiers clients qui ont acheté l'album Distortion des Magnetic Fields chez les disquaires américains indépendants en janvier 2008. The man of a million faces a ensuite été commercialisé en avril, en téléchargement mais pas en disque et ce ne sera toujours pas le cas après la parution chez Merge en août d'Obscurities, une collection de raretés et d'inédits antérieurs à 1999.

25 juin 2011

MICKEY BAKER : Back to the blues


Acquis sur le vide-grenier de Mareuil-sur-Ay le 1er mai 2011
Réf : BS 3011 -- Edité par Blue Silver en France en 1981
Support : 33 tours 30 cm
8 titres

Cet album provient du stand où j'ai acheté le plus de disques cette année à Mareuil, quelques instants avant de trouver le disque de Sheriff "Dad" un peu plus haut dans la rue.
La dame âgée qui tenait le stand m'a annoncé qu'elles vendaient tous les disques à 50 centimes. Comme à mon habitude, j'ai commencé par les 45 tours et j'ai commencé à tirer du lot un bon tas de disques intéressants. Jusque là, j'étais seul au stand, mais une habituée des vide-greniers, que j'ai régulièrement l'occasion de croiser, s'est alors pointée. Elle a demandé le prix des disques à la dame, 50 centimes le 33 tours, et s'est alors attaquée à l'un des deux cartons d'albums pendant que je me dépêchais de finir les 45 tours. Elle s'est mis à en sortir des disques, Brassens, Brel, Lavilliers, du jazz à un rythme poussé. Un oeil sur mes 45 tours, l'autre sur son manège, j'ai eu un coup au coeur quand je l'ai vu regarder cet album de Mickey Baker. Heureusement, elle a eu la bonne idée de le reposer et je me suis précipité pour le récupérer quand elle a changé de carton.
Entre-temps, le mari de la dame était revenu au stand et il s'est mis à lui faire de vifs reproches quand il a découvert qu'elle nous avait proposé les disques à ce prix. La fille a dû acheter une bonne vingtaine de disques. Pour ma part, je suis reparti du stand avec douze 45 tours, dont certains très intéressants, et onze albums, dont plusieurs d'Haiti ou d'Afrique du début des années 1980.
Sur la pochette, Mickey Baker est photographié par Christian Rose dans un bâtiment en attente de démolition ou au moins d'une grosse rénovation, assis sur un tonneau, les pieds dans des gravats. Sur le disque, Mickey Baker est aussi (sûrement) assis tout seul, mais dans les locaux du Hot Club de France, où ce disque a été enregistré en public en 1981.
Comme le titre l'indique, Mickey Baker, avec juste sa guitare acoustique et un pied qui bat la mesure comme percussion, revisite un répertoire strictement blues, après avoir donné au fil des années dans le jazz, la pop ou la chanson.
Il chante d'une voix douce, placée assez haut, et semble assez charmeur quand il s'adresse au public en français, pendant et entre les morceaux.
Hormis deux reprises de Robert Johnson, tous les titres sont crédités à Mickey Baker, plus Memphis Slim pour le très classique Blues fell this morning qui ouvre le disque, mais avec le folk ou le blues, on sait comment ça marche : le dernier qui l'interprète ne se gêne généralement pas et s'approprie la chanson, traditionnelle ou non. Je ne suis pas un immense spécialiste du genre, mais bon, il est clair que les paroles de Can't find my baby sont mot pour mot les mêmes que celles de Take a walk around the corner, tel qu'enregistré par Leroy Carr en 1934. Quant à E— easy rider, il me semble bien qu'on pourrait aussi bien l'appeler See see rider. Pour Whoa back buck, c'est justement la revue du Hot Club de France qui m'a mis sur la piste dans sa chronique de la réédition CD d'un autre album live de McHouston 'Mickey' Baker, The real folk blues, enregistré live à Montreux en 1973 : il s'agit d'un morceau folklorique présent notamment dans le répertoire de Leabelly.
Ces précisions données, ça n'empêche pas d'apprécier pleinement cet album très calme et très détendu. Whoa back buck, en fin de face A, procure d'ailleurs l'un des meilleurs moments du disque. On n'entend pas la 'répétition' qui a dû avoir lieu juste avant, mais Mickey fait chanter le public et les échanges qu'il a avec lui sont très sympas.
En début de face B, pour Terraplane blues de Robert Johnson (ici bizarrement orthographié Terry Plain blues même s'il est correctement crédité) et B.Z. Jail House blues, Il sort son bottleneck et c'est excellent.
Je crois que Back to the blues n'a jamais été réédité en CD. Mon exemplaire est en parfait état, complet avec son livret de tablatures. Je suis bien content de l'avoir, même si je me doute bien qu'il ne me sera guère plus utile que ma Méthode de guitare S.L.C. de Mickey Baker !

21 juin 2011

JONATHAN RICHMAN & THE MODERN LOVERS : I'm a little airplane


Consulté par correspondance sur YouTube le 21 juin 2011
Réf : [sans]-- Mis en ligne par MultiVetzak sur YouTube le 17 juin 2011
Support : 1 fichier FLV
Titre : I'm a little airplane

Ça c'est vraiment ce que j'appelle la fête de la musique : découvrir de bon matin grâce à un billet du Jojoblog cette vidéo des Modern Lovers jouant live en 1978 dans l'émission de télé hollandaise Top Pop. Youpi !!
Quand YouTube a démarré il y a quelques années, j'étais assez dubitatif et très peu intéressé. Avec le recul, j'y vois désormais au moins un grand intérêt : celui d'avoir permis de ressortir des placards des prestations télé dont on n'imaginait même pas l'existence. Ah, ces émissions de télé américaines des années cinquante avec des chanteurs country ou ces prestations de Kevin Ayers...
L'album Modern Lovers Live ! est sûrement mon album live favori, toute époque et tous artistes confondus. Mais si le son est excellent, il a quand même un gros défaut : on n'a pas l'image. Par exemple, avant de voir des vidéos, on ne pouvait qu'essayer d'imaginer ce que ça donnait quand Jonathan se met à quatre pattes pour faire le petit dinosaure. Depuis, on a eu la chance de voir I'm a little dinosaur filmé dans un parc en Californie (mais cette vidéo ne semble plus en ligne) ou en live en 1984 ou 1985 dans une compilation VHS Rough Trade présenté par Ivor Cutler.
I'm a little airplane fait partie des quelques chansons de cet album live qui n'ont été publiées sur aucun autre disque. Elle est aussi réputée pour avoir été utilisée pour une séquence de 1, rue Sésame. Jusqu'à ce matin, je n'avais jamais vu de prestation filmée de I'm a little airplane. Et quelle prestation ! Les Modern Lovers sont dans leur formation de l'album live avec D. Sharpe à la batterie, Asa Brebner à la basse et Leroy Radcliffe à la batterie. Les producteurs de l'émission ont fait un minimum de mise en scène, avec des avions en modèle réduit (sur la batterie, sur scène, dans le public) et des avions en papier qui volent dans une classe en chahut.
Côté musique, on est tout à fait dans l'esprit du dernier album studio en date du groupe à l'époque, Rock 'n' roll with the Modern Lovers, sauf que là les guitares (Fender et Gibson) sont plus électriques : on a droit à une minute de petits solos sur guère plus de deux minutes de chanson !
L'autre chose que je retiens, c'est Jonathan. Il fait l'avion et il se marre de bout en bout tant il est content de son coup. A plusieurs reprises, il a des mimiques que je ne lui ai jamais vu quand je l'ai vu sur scène à partir de 1984 : il rentre la tête dans le cou, fait des effets d'yeux. Le terme anglais qui me vient c'est "coy"; en français je dirais qu'il fait le timide. Déjà qu'à 27 ans il en fait en gros dix de moins, ça accentue encore plus son côté Grand Duduche.
L'émission de Top Pop a dû durer vingt minutes-une demie-heure. Ils ont joué : Egyptian reggae, New England, Abominable snowman in the market, Abdul & Cleopatra, Buzz buzz buzz, Affection, I'm a little airplane et encore Egyptian Reggae encore. Etant donné que MultiVetzak a déjà mis en ligne deux autres titres, Egyptian reggae et Buzz buzz buzz, on peut espérer voir l'intégralité petit à petit. Voilà qui aidera à faire de tous les jours la fête de la musique !

19 juin 2011

? / LE JOYEUX GANG DE MONSIEUR MO-MO : Monsieur Maurice


Acquis sur le vide-grenier de Chouilly le 19 juin 2011
Réf : 0 47 -- Edité par Majestic en France en 1969 -- Encarté exclusivement et gratuitement dans le numéro 10 "Spécial MIDEM" de la revue Le Métier - Vente rigoureusement interdite
Support : 45 tours 17 cm
Titres : ? : Monsieur Maurice -/- Le Joyeux Gang de Monsieur Mo-Mo : Monsieur Maurice

Le printemps caniculaire semblait bien loin ce matin : 12°, temps noir, bise glaciale... mais pas de pluie. J'avais les mains bleues mais j'ai fait quelques bonnes affaires sur le petit vide-grenier de Chouilly, avec notamment un album en pressage original anglais de Johnny Cash and the Tennessee Three. Certes, il s'agit probablement du tout dernier album crédité aux Tennessee Three, il est paru en 1976 et n'a que trente-cinq ans, mais étant donné que je me disais justement cette semaine que ça faisait bien longtemps que je n'avais pas trouvé d'album de Johnny Cash, ça tombait bien !
C'est à un autre stand que j'ai acheté ce 45 tours. La dame n'avait pas l'air sûre d'elle quand elle m'a annoncé un prix d'1 € pour ses disques. Je lui ai dit que le prix le plus courant était 50 centimes, elle a acquiescé et du coup je lui en ai pris cinq, dont un Frères Jacques et un Ray Tchicoray (alias Georges Jouvin) et deux paris, un disque danois de 1967 de Keld & The Donkeys (de la soupe, en fait) et ce disque-concours mystère de 1969, qui prouve que Jacques Canetti, et sa fifille Mademoiselle Françoise, tentaient des coups marketing pour convaincre les professionnels du disque à l'occasion du MIDEM.
Une fois rentré à la maison, c'est ce disque que j'ai mis en premier sur la platine. Une chanson légère très sympathique, avec un arrangement marqué par la présence d'un cuivre au son grave. La vedette avec qui le gagnant du concours allait passer un week-end de rêve à Tanger offert par l'Office Marocain du Tourisme à Paris se trouve être une chanteuse, ça je l'ai trouvé tout seul. La voix me disait vaguement quelque chose mais je ne pense pas que je serais parvenu à l'identifier. Paulette, qui passait par là, n'a entendu que quelques vers du dernier couplet et m'a dit tout de suite qu'elle avait bien l'impression que c'était Marlène Jobert qui chantait.
Fort bien. J'ai toute confiance dans les capacités de Paulette à identifier les voix. Je me suis donc mis en quête d'une confirmation en ligne, ne disposant pas sous la main du numéro de la revue Le métier dans laquelle les résultats ont été très certainement publiés... en 1969.
La chanson est créditée à Joss Baselli, Armand Canfora et Michel Jourdan. Première piste : Marlène Jobert a tourné en 1968 dans le film L'astragale, dont la musique originale est signée Joss Baselli. Elle a aussi tourné, toujours en 1968, dans le film de Michel Audiard, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, un film qui compte à son générique un certain Michel Jourdan, mais je ne suis pas sûr qu'il s'agisse du même que le célèbre parolier. De toute façon, la "preuve" suffisante me sera très vite fournie par le seul exemplaire de ce disque que j'ai trouvé en vente en ligne : il ne dispose pas de sa pochette originale ouvrante en papier mais par contre quelqu'un a pris soin d'écrire sur l'étiquette, par-dessus le ? qui désignait la vedette à découvrir, le nom de Marlène Jobert. Qu'est-ce qu'elle forte, Paulette !! A 42 ans et quelques mois près, et avec un peu de chance au tirage, elle gagnait un week-end à Tanger avec Marlène !
Je n'ai pas l'impression que cette chanson ait bénéficié d'une véritable sortie commerciale en-dehors de ce jeu concours et c'est presque dommage. Si la face B instrumentale, où l'accordéon (de Joss Baselli je présume) remplace la voix de Marlène, sonne tout de suite très musette et très quelconque, la face A est vraiment très fraiche et sympathique. Cependant, je m'interroge juste un petit peu sur les paroles et l'objectif publicitaire. Il est évidemment question à la fin, avec un passage qui sonne oriental, que Monsieur Maurice rejoigne la narratrice au soleil de Tanger, mais le portrait qui est fait auparavant de ce Monsieur Maurice pose question sur sa profession. Voilà un gars en "costume à carreaux" avec "tout plein de bagues aux doigts". Bizarrement, les copines de l'ingénue chanteuse se méfient de lui. Un seul mot lui fait peur et le met en colère, "le travail". Marlène chante : "Souvent vous insistez afin de vite m'envoyer dans un pays chaud pour me reposer" et finit en demandant "Rejoignez-moi vite car sans vous j'aurais peur toute seule à Tanger". J'ai peut-être l'esprit mal placé, mais s'il se trouve que Monsieur Maurice est un souteneur, c'est une drôle de façon de vanter Tanger et, au bout du compte, il vaut peut-être mieux pour Paulette que le concours n'ait pas eu lieu dernièrement...

18 juin 2011

THE STATUS QUO : Technicolor dreams


Acquis sur le vide-grenier du Pressoir à Epernay le 12 juin 2011
Réf : 7010 -- Edité par Cadet Concept aux Etats-Unis en 1969
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Technicolor dreams -/- Spicks and specks

Habituellement, la brocante organisée par l'association de commerçants Copro Ouest au centre d'Epernay rassemble une bonne partie de bradeurs et d'antiquaires professionnels. J'y suis donc allé sans trop d'espoirs. Pourtant, même s'il n'y avait guère plus de stands d'amateurs que d'habitude, j'ai fait des achats intéressants à trois d'entre eux.
Ce 45 tours, je l'ai acheté avec deux autres, négociés à 1 € les trois, sur un stand tenu par trois jeunes gens. Ils n'avaient qu'une poignée de disques, dont quelques-uns de variété, mais j'imagine que ceux que j'ai choisis ont appartenu au même propriétaire car il y en a un de Grand Funk et un autre pressage américain, un promo 'special disc jockey' de Roy Orbison.
Tout le monde ou presque sait que, avant d'être les rois du boogie, Status Quo a débuté dans le rock psychédélique. J'ai toujours plus ou moins fui ce groupe, mais j'ai aussi toujours pensé que Pictures of matchstick men, leur premier tube, était ce que je préférais d'eux.
Après ce succès, leur label anglais Pye s'est dépêché de sortir un album, Picturesque matchstickable messages from The Status Quo, et en a extrait deux autres singles, qui ont plus ou moins bien marché. Le quatrième, qui devait être Technicolor dreams, a été annulé au dernier moment au profit d'un nouvel enregistrement. Mais Technicolor dreams a été édité en 45 tours un peu partout dans les autres pays du monde (pas en France, cependant), parfois avec une autre face B que celle-ci.
Aux Etats-Unis, les disques de Status Quo étaient édités sous licence Pye par Cadet Concept, une filiale de Chess Records dirigée par le fiston de la maison, Marshall Chess, qui en a profité pour sortir des disques de blues psychédélique comme ceux de Rotary Connection ou le Electric mud de Muddy Waters.
Psychédéliques en 1968, les Status Quo étaient sûrement un peu plus suiveurs que précurseurs. N'empêche, si leur Technicolor dreams respecte strictement les canons du genre sans innover, c'est un titre qui me plait beaucoup. Tout comme la face B, Spicks and specks, dans un style plus pop. Je connais cette chanson depuis quatre-cinq ans, quand j'ai acheté la compilation CD de reprises sixties de titres composés par les Bee Gees, Maybe someone is digging underground. Il s'agit du premier n°1 des Bee Gees en Australie. Le groupe l'avait déjà enregistré une première fois en 1967, quand il s'appelait encore The Spectres, mais leur version était restée inédite.
Je sais bien que ces deux titres ne sont absolument pas rares, puisqu'ils sont tous les deux sur l'album Picturesque matchstickable messages from The Status Quo qui, vu le succès subséquent du groupe, est constamment réédité (Une version Deluxe est actuellement disponible, mais on peut lui préférer le double CD The technicolor dreams of The Status Quo: The complete 60s recordings chez Castle/Sanctuary), mais quand même, je serais très content si je pouvais trouver des 45 tours sixties psychédéliques toutes les semaines au coin de ma rue.

17 juin 2011

LE SHERIFF "DAD" ET SES ENFANTS DE SALOON : Modern Country and Western


Acquis sur le vide-grenier de Mareuil-sur-Ay le 1er mai 2011
Réf : TIV 230 -- Edité par Tivoli en France en 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Midnight special -- I'm gonna leave Old Texas now -/- Act naturally -- Love's gonna leave here

J'ai acheté plein de disques au vide-grenier de Mareuil cette année, notamment à  un couple de personnes âgées qui du coup s'engueulait parce que la dame avait annoncé un prix trop bas, mais je m'étonne de constater qu'aucun d'entre eux n'a encore eu droit à sa chronique ici, même si j'ai mentionné au passage l'achat d'un EP de Ronnie Bird à 20 centimes sur la place de la Mairie.
Celui-ci, je l'ai acheté à un autre stand encore, où il n'y avait que quelques disques, parce que j'ai trouvé très réussie la pochette de ce disque en parfait état, dans un style pseudo-exotique proche de la reconstitution historique, dont j'ai noté également en consultant le verso qu'il contenait deux reprises de Buck Owens. Quant au nom de la bande qui accompagne le Sheriff "Dad", Les Enfants de Saloon, il est bien trouvé. Je me demande juste qui en a eu l'idée le premier, du groupe ou de la chanteuse Stella, qui a sorti une face B portant ce titre en octobre 1964.
Un seul coup d'oeil à la photo et on comprend que ce groupe ne se contente pas de jouer de la country, mais qu'il vit quasiment comme dans un film de western. Suivant les informations que j'ai pu trouvées, notamment sur la page Myspace de Jesse PWC, le banjoïste des Enfants de Saloon sur ce disque et sur des forums, Il se trouve que ce groupe était lié au Paris Western Club, fondé par Dad et présidé par lui jusqu'à son décès. Ils participaient à des animations, des fêtes sur le thème western et jouaient apparemment souvent à La Vallée des Peaux-Rouges, l'un des parcs à thème créés par Jean Richard (Il existe un 45 tours des Farwesters, le groupe de La Vallée des Peaux-Rouges, dont on peut voir la pochette en grand format , et je ne serai pas surpris que plusieurs membres des Enfants de Saloon soient de la partie).
Ici, outre Jesse Sourentz au banjo, qui joue actuellement avec les Country Ramblers, on trouve au chant et au Dobro Pat Winther, qui a joué du temps du Golf Drouot avec Les Satellites, Les Champions et Les Sounders, et qui se produit toujours avec son groupe The Bunch.
Ce qu'il y a de bien avec ce disque de Sheriff "Dad", c'est que le groupe ne se contente pas de reprendre des square dances ou autres danses western, ou des standards de chansons de cow-boy, comme les Farwesters. Non,  à l'exception de I'm gonna leave old Texas now, du coup le titre le plus faible du lot à mon goût, leur répertoire, placé sous la figure tutélaire de Buck Owens, tire sur une country influencée par le rock. C'est le cas notamment avec le premier titre du disque (il y a une inversion sur la pochette), une version de Midnight special, sans refrain chanté bizarrement, qui tient autant de Chuck Berry que de la country. Sur la face B, le groupe enchaîne les deux gros tubes de 1963 de Buck Owens, Act naturally, rendu encore plus célèbre en 1965 après sa reprise par les Beatles, et I'm gonna live here, sauf que là la faute d'orthographe qui transforme 'live" en 'leave' sur la pochette fausse complètement la compréhension du titre, et je ne pense pas que ce soit volontaire !
Les bals costumés et les reconstitutions historiques ce n'est absolument pas mon truc, mais je ne regrette absolument pas l'acquisition de ce bel objet, publié à une époque où les fans d'Americana devaient être ultra-minoritaires par chez nous, mêm si, comme moi, nous étions nombreux à rêver d'avoir une Winchester au canon scié comme Josh Randall.


Sur scène, la deuxième génération des Enfants de Saloon, celle qui a enregistré ce disque. Source : www.myspace.com/jessepwc

13 juin 2011

SNAKEFINGER : Kill the great raven


Acquis par correspondance via eBay en Angleterre en juin 2011
Réf : VS 312 -- Edité par Virgin / Ralph en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Kill the great raven -/- What Wilbur ?

Je ne sais plus pourquoi je farfouillais dans les disques de Snakefinger en vente sur eBay, mais j'ai vu cet exemplaire de ce 45 tours mis en vente à un pris très raisonnable, port compris. J'ai enchéri, gagné l'enchère et je suis bien content d'avoir désormais ce disque que j'ai acheté, je l'avoue, avant tout pour sa pochette, puisque les deux faces sont extraites de l'album Chewing hides the sound, que j'ai depuis 1979 ou 1980. Cette pochette, je l'avais aperçue reproduite en monochrome sur la pochette intérieure de l'album, une des fameuses "Buy or die innersleeves" de Ralph, mais je ne l'ai vraiment découverte qu'il y a quelques années sur internet : après l'avoir téléchargée, je me suis vite rendu compte que ce dessin très coloré était l'un de ceux qui restent les plus marquants et les plus lisibles une fois réduits à la taille d'une icône sur le bureau d'un ordinateur. Depuis, je l'utilise à toutes les sauces, pour mon disque dur, mon logiciel de courrier...
Ce que je ne savais pas en commandant le disque, et encore moins il y a quelques semaines quand j'ai lu un article de Libération à propos d'une exposition de ses oeuvres à Paris, c'est que cette pochette, avec son espèce de yéti rigolo à béret, n'est pas signée Pore No Graphics, comme l'album et de nombreuses pochettes Ralph, mais Gary Panter, qui en a réalisé quelques autres pour Ralph, comme celle de la compilation Subterranean modern, et plein d'autres pour des gens aussi divers que Frank Zappa ou That Petrol Emotion.
Etant donné que je n'ai jamais vu ce 45 tours dans les bacs à l'époque de sa sortie, et que quand j'ai vu l'album c'était à chaque fois dans son pressage original américain chez Ralph, je n'avais aucune idée que Virgin avait sorti ces deux disques sous licence en Angleterre. Cela ne fait qu'ajouter à la qualité du catalogue de Virgin dans ces années-là, le must du must pour un fan de new wave. La seule différence entre ce pressage anglais et l'américain, c'est que les faces A et B ont été inversées.
Comme pour l'ensemble de Chewing hides the sound, ces deux titres co-produits, co-écrits et co-interprétés par The Residents proposent une version "accessible", plus rock et plus pop, du son du mystérieux groupe de San Francisco, auquel Snakefinger a de son côté souvent apporté une touche essentielle.
Kill the great raven est un exemple de ce qu'on appelait en 1979 un "reggae blanc", omniprésent à l'époque de The Clash à The Police en passant par Joe Jackson. Mais là, on est sur le haut du panier, genre Watching the detectives d'Elvis Costello passé à la moulinette des Flying Lizards. On est sur le ton d'une comptine cauchemardesque, avec comme une voix d'enfant qui demande à propos du grand corbeau "Dad, Dad, does he really have to die ?" et Snakefinger qui répond "Oh yes, he really has to suffer".
Pour What Wilbur ?, je ne comprends pas le quart des paroles, notamment le refrain, il m'est donc impossible de savoir de quoi il est question. Pas grave, ça rajoute au mystère de l'ensemble. En tout cas, c'est un titre quasiment rock avec, comme pour la face A, un solo - probablement de guitare - au son improbable et indescriptible, soutenu par une basse monocorde. Quand je fais référence à Snakefinger à propos de Rock Feller, c'est principalement à cette chanson que je pense.
Les disques de Snakefinger, principalement ses deux premiers albums, réédités ou non, sont très peu disponibles de nos jours et donc horriblement chers. C'est dommage et ça n'aide pas à perpétuer le souvenir de Snakefinger, mort en 1987. En attendant que les disques soient disponibles, vous pouvez allez écouter deux autres 45 tours de Snakefinger chez Learning To Share.



12 juin 2011

PIERRE DUDAN : Pénétrez-vous bien de ceci Madame...


Acquis sur le vide-grenier Boudonville Scarpone à Nancy le 5 juin 2011
Réf : MA 122 -- Edité par Disques Macheprot en France en 1968 -- [Hors commerce] -- N° 0939
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

J'avais au moins une bonne raison de passer par la Lorraine, en plus des amis à y voir, puisque Howe Gelb y passait le week-end, invité par le festival Musique Action de Vandoeuvre-les-Nancy. Entre le concert 'solo' en duo du samedi soir et celui avec Giant Sand du dimanche, j'avais repéré ce vide-grenier de quartier pour m'occuper le dimanche de bon matin. Un vide-grenier pas très grand, mais où j'ai acheté des disques sur cinq stands, donnant dans le Marino Marini, le Franco et même le discographisme récréatif.
Le stand où j'ai acheté ce disque était tenu par un semi-professionel qui avait huit caisses de 33 tours à 2 €. En me restreignant un tout petit peu car je n'avais plus assez de liquide sur moi, j'y ai acheté le deuxième 33 tours des Walkabouts, sorti en Europe chez Glitterhouse sous licence Sub Pop, et cette véritable pièce de collection.
Il s'agit en effet d'un album en carton très épais, presque entièrement noir, sauf au recto deux vers de la chanson-titre qui sont comme éclairés par un projecteur. Au recto toujours, le carton est découpé en forme de verres de jumelles, ce qui permet de voir un gondolier chantant à pleine voix qui vogue sur une onde qui se révèle une fois l'album ouvert être le corps d'une femme.
Cet album est édité par les Disques Macheprot. L'étiquette du rond central est très belle, avec des sillons de disque qui semblent bien dessiner une gidouille.

Macheprot, c'est un nom qui devrait rappeler des souvenirs aux moins jeunes d'entre nous : c'est celui qu'utilisait Francis Blanche dans les années cinquante et soixante pour ses canulars téléphoniques à la radio. Et sans surprise, les Disques Macheprot, aux tirages souvent confidentiels, ont été créé par Francis Blanche pour éditer certains de ses sketches et ceux d'autres artistes, comme Sonia Laroze. Deux albums de Pierre Dudan ont été édités par les Disques Macheprot en 1968, Mon ami... et celui-ci.
Très franchement, le nom de Pierre Dudan m'était inconnu jusqu'à ce que j'achète ce disque. C'est pourtant quelqu'un qui a écrit les paroles et composé plus de 1500 chansons et qui a également été interprète, auteur et même acteur.
Si Mon ami... est visiblement un disque de chansons dans la veine la plus traditionnelle, qui donne l'occasion à Pierre Dudan d'interpréter deux de ses plus grands succès des années 40 et 50, On prend le café au lait au lit, repris par Jacques Hélian en 1940, et Clopin clopant, créée par Henri Salvador en 1947, Pénétrez-vous bien de ceci Madame est d'un style un peu particulier, et la meilleure présentation nous en est donnée par Francis Blanche lui-même, dans son introduction autographe :
'Il fallait bien qu'un jour soit révélé le fil secret qui va de l'érotisme au jazz...
Ce disque de Pierre Dudan, sensuel avc élégance, vient à point nous montrer, dans le contre-jour de l'alcôve, le rythme et les mots secrètement complices.
Il ne suffit pas d'aller loin encore faut-il ne pas en revenir...'
A part le fait que les douze chansons sont illustrées par des dessins de Wolinski, aucun crédit complémentaire n'est donné pour ce disque. En furetant un peu, on apprend qu'il a été enregistré au Québec en 1967, là où Dudan vivait à l'époque, avec à la direction artistique Roger Pilon et au piano Rod Tremblay.
Du temps des cerises aux feuilles mortes nous précise également que, avant d'être réédité en CD en 2004 par XXI-21 Productions, cet album a fait partie de trois catalogues distincts de maisons de disques sans être distribués. Comment cela s'explique-t-il, et si c'était vraiment le cas, comment un exemplaire du disque a-t-il bien pu se retrouver à Nancy ?
Eh bien, une explication possible nous est fournie par le site www.chansons-paillardes.net qui, outre une reproductions de l'intégralité du livret avec les dessins de Wolinski, propose une plaquette publicitaire pour le disque :

Voilà comment un disque peut être "hors commerce" (on comprendra hors des circuits classiques de distribution) mais disponible contre la somme de 50 Francs (très cher pour l'époque) sur commande à la Librairie du Palimugre, la librairie de Jean-Jacques Pauvert.
Après tous ces préliminaires, parlons quand même un peu du contenu de cet album. Étonnamment, vu le contexte, les descriptions de Francis Blanche et de la plaquette publicitaire ne sont pas infidèles. Nous avons affaire ici à de la chanson jazzy de très bonne tenue, aux paroles sensuelles qui n'ont rien de graveleux ni de paillard. Côté titre, ma préférence va à Alcôve toujours tu m'intéresses et sinon mes chansons préférées sont Pénétrez-vous bien de ceci, Madame et La complainte en ré mineur, celle du pauvre commis voyageur qui, en plus de subir les ébats d'un couple dans la chambre d'à-coté, s'énerve d'entendre la femme crier « Mais qu'est-ce que tu me fais ? ».
La carrière d'auteur-compositeur-interprète de Pierre Dudan a été couronnée en 1977 par un prix de l'Académie Charles Cros attribué pour l'album Les ballades du temps, préfacé par Georges Brassens. Par contre, même si cela va contre l'esprit qui anime ce disque, nous jetterons un voile pudique sur les prises de position politiques de Pierre Dudan à la fin de sa vie, qui l'ont vu se rapprocher d'une certaine extrême-droite française.

Pierre Dudan a publié en 1977 son autobiographie, Trous de mémoire. Outre le CD chez XXI-21, qu'on doit povoir trouver, on peut écouter deux titres de cet album sur le site dédié à Pierre Dudan.

03 juin 2011

HAROLD SMART AT THE THOMAS ORGAN: Smart latin


Acquis dans une boutique de charité d'Ashford le 25 mai 2011
Réf : ARP-S2002 -- Edité par Ad-Rhythm en Angleterre vers 1970
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Je n'engrange pas systématiquement tous les disques d'easy listening que je vois, et j'ai déjà beaucoup de latineries à la maison, mais là, plusieurs petites choses ont fait que je me suis arrêté sur cet album et que j'ai décidé de l'acheter. La pochette d'abord, avec Harold, qui a l'air très smart, si je peux me permettre. Et même si une jeune femme en robe en tissu imprimé est allongée sur son orgue, l'ensemble reste de très bon goût. Sans compter que je crois reconnaître les congas qu'on trouvait sur la pochette du disque de Marcel Amont ! Il y avait aussi la présence d'une version d'Ob-la-di, ob-la-da, même si ce n'est pas absolument une référence, et un prix presque donné.
Harold a dû commencer à apprendre à jouer de l'orgue avant même de savoir marcher : son père Charles était organiste, il jouait notamment sur des orgues de cinéma, comme le seul exemplaire installé en Europe du Publix One de Wurlitzer (c'est un petit film d'Alan Ashton sur les organistes célèbres qui m'en a appris le plus sur Charles et Harold Smart).
Harold Smart, qui est mort le 6 décembre 1980, jouait plutôt de l'orgue électronique. Il a notamment participé dès les années cinquante à des émissions de télévision de la BBC, des jeux comme Take your pick ou des émissions musicales. Cet album fait partie d'une série d'au moins quatre qu'il a enregistrée au tournant des années 70 alors qu'il était sous contrat avec la branche anglaise du fabricant d'orgues Thomas. A ce titre, il était l'équivalent anglais de Lawrence Welk, qui avait un contrat équivalent outre-Atlantique. A tel point que le modèle d'orgue dénommé "Lawrence Welk" a été commercialisé en Angleterre en tant que "Harold Smart".
La musique gravée sur le disque se tient très bien et est assez à l'image de la pochette. C'est sûrement en grande partie grâce au fait qu'Harold n'est pas accompagné par un orchestre gluant et envahissant mais par une formation resserrée composée d'un bassiste et de trois percussionnistes.
Le disque commence très fort avec une version pleine de punch de Tea for two (Un titre qui, ce n'est pas un hasard, est celui qui a été le plus souvent joué pendant toutes les années qu'a duré le Lawrence Welk Show), enchaînée avec Besame mucho (et j'ai tendance à craquer pour à peu près toutes les versions de Besame mucho). Sur la même face, j'aime aussi beaucoup le sautillant Soul safari, une composition originale de Smart, et pas mal Quando quando (le seul des titres de ce disque dont j'ai trouvé une version en ligne).
Alors qu'il ne s'agit franchement pas d'une grande réussite des Beatles, je trouve très réussi l'arrangement qui est donné ici d'Ob-la-di, ob-la-da, à l'orgue et aux percussions latines. J'aime aussi le titre plus lent qui suit, une version de More, un air tiré du film Mondo cane.
Dans un style de musique instrumentale populaire où il y a quand même énormément de déchets, voici en fin de compte une belle trouvaille...

02 juin 2011

THE PATRON SAINTS OF TEENAGE (NME)


Acquis au Record & Tape Exchange de Camden dans les années 2000
Réf : CRENME 001 -- Edité par Creation en Angleterre en 1994
Support : CD 12 cm
10 titres

Upside down : the movie, le documentaire sur Creation Records réalisé par Danny O'Connor, était projeté pour la première fois en France hier à Paris dans le cadre du festival Filmer la musique. Il raconte très bien l'histoire du label, même si j'aurais évidemment préféré qu'il insiste encore plus sur les débuts (les Jasmine Minks sont sous-représentés et Felt est absent, mais un autre documentaire, Lawrence of Belgravia, est en préparation depuis des années). Principal défaut du film, comme pour la plupart des documentaires dits "musicaux", il n'y a pas assez de musique ! C'est frustrant d'entendre quelques notes d'un excellent titre et de ne jamais avoir une chanson entière, ni même à moitié.
J'ai apporté une contribution infinitésimale à cette réalisation en fournissant quelques photos d'Alan McGee, de Joe Foster et des Television Personalities, qu'on aperçoit fugitivement. Je fais moi-même (je pense), une apparition encore plus fugace à l'écran, presque un fantôme, sur un film Super 8 muet tourné début 1984 à la Living Room : 9'22" après le début du film, je suis à gauche de l'écran, en manteau et écharpe, comme il se doit à un mètre du chanteur d'un groupe que je suis bien incapable de nommer !
Le film est d'ores et déjà disponible en DVD en Angleterre (sans sous-titres : attention à l'accent écossais). HMV distribue exclusivement une édition double DVD avec des interviews plus longues en bonus.
"Les saints patrons des ados"... Cette compilation date des années mégalo de Creation, celles où Alan se faisait appeler "The President", celles où ils ont sorti d'autres compilations avec des titres comme Creation for the nation ou Priceless Creation. Ce n'était sûrement pas encore le cas avec Doing God's work en 1987, mais Alan explique dans le film que, dans les années 90, sous le coup du succès et des drogues, il s'est vraiment cru tout-puissant. Pour ma part, à distance, j'ai toujours pris ça à la rigolade...
Il est précisé sur la pochette que "The Patron Saints Of Teenage originally appeared as an exclusive reader offer in the NME". Dit comme ça, je comprends qu'il s'agit d'une deuxième édition et que l'édition originale de cette compilation a été soit distribuée avec le NME, soit envoyée aux lecteurs renvoyant un coupon, des sous ou des points. Ce qui m'étonne, c'est que je trouve nulle part en ligne de versions différentes de ce CD du NME (Il existe une autre compilation intitulée The patron saints of teenage, éditée aux Etats-Unis par Tristar après la signature du deal de Creation avec Sony, mais à part le titre ces deux compilations n'ont pas grand chose en commun). Par ailleurs, s'il ne comporte pas de mention du style "For promotion only. Not for sale", ce disque n'a pas non plus de code-barres, ce qui indiquerait qu'il n'a pas été commercialisé. (Petit) mystère, donc.
Ce qui est sûr, vue l'illustration de couverture toute moche, c'est que ce disque a été diffusé à l'occasion (grosso modo, le label ayant démarré en fait fin 1983) des dix ans de Creation. Et franchement, pour un résumé en seulement dix titres de dix ans de parutions du label, c'est une réussite.
Déjà, par chance, la compilation étant sortie peu de temps avant leur signature sur le label, on évite Oasis. Ensuite, les grandes étapes de l'évolution de la Creation sont bien marquées. Upside down de The Jesus and Mary Chain, le premier gros succès indépendant, qui a vraiment lancé le label au bout d'un an. Up the hill and down the slope de The Loft, un autre succès indépendant, le premier édité en maxi, par l'un des premiers groupes à passer à la télé. Shine on de The House of Love, l'un des grands succès de Creation, avec l'album correspondant qui a monté très haut dans les charts nationaux (Shine on, comme Upside down, a été "vendue" aux majors qui ont signé les deux groupes. On a donc pris la peine de signer des licences avec Fontana et Warner pour inclure ces deux titres. Bel effort.).
On a aussi You made me realise, le premier single de My Bloody Valentine chez Creation, juste après qu'Alan McGee et Dick Green se soient rendus compte, comme c'est dit dans le film, que le sous-groupe noisy qu'ils connaissaient et moquaient avait muté en un excellent groupe innovateur. Ils se sont du coup retrouvés tout cons d'avoir exigé que Biff, Bang, Pow ! passe en tête d'affiche et non en première partie de My Bloody Valentine lors d'un concert en Angleterre ! A l'inverse, Space blues de Felt est leur tout dernier disque chez Creation, un disque halluciné, un excellent single hors album. 
Loaded de Primal Scream est un excellent choix pour ce groupe pilier du label, le point de rencontre entre leurs débuts pop-rock et leur collision avec les raves, l'escstasy et la house music.
Leave them all behind de Ride est le premier single Creation à être entré dans le Top 10 des charts nationaux anglais (bien que ce titre dure plus de huit minutes !). Quant à What you do to me, c'est l'un de mes titres préférés de Bandwagonesque, l'album à succès de Teenage Fan Club.
Comme pour les Pixies, Husker Dü a été une grande influence pour Creation, ce qui explique leur satisfaction d'avoir réussi à signer avant tout le monde Sugar, le groupe de Bob Mould. L'épatant premier album Copper blue a été un grand succès et on trouve ici l'un de ses singles, If I cant' change your mind, qui se trouve être aussi mon préféré de Sugar.
En fait, à la lecture des titres, je pensais que le seul faux-pas de ce CD était le choix de Barney (... and me) comme titre des Boo Radleys (J'aurais préféré Lazarus ou d'autres titres de Everything's alright forever ou Giant steps), mais j'ai été agréablement surpris à la réécoute. J'ai fort apprécié la chanson qui, comme celles de My Bloody Valentine, Ride, Teenage Fan Club et Sugar, a de forts relents de Byrds ou autre concoction sixties survitaminée.
Pour ma part, j'ai édité en 2003, pour le vingtième anniversaire de la fondation du label, qui a fermé ses portes entre-temps fin 1999, une compilation virtuelle de 24 titres, I believe in rock'n'roll. Sans trop de surprise, les dix groupes sélectionnés de ce CD se retrouvent sur ma compilation, mais comme je préfère souvent les chemins de traverse, seules quatre chansons sont en commun.