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31 décembre 2006

JONATHAN RICHMAN : Jonathan goes country


Acquis probablement à La Clé de Sol à Reims en 1990
Réf : SPDCD 1037 (NETCD 16) -- Edité par Special Delivery en Angleterre en 1990
Support : CD 12 cm
12 titres

En 1989, Jonathan Richman a abandonné, définitivement il semble, le nom de groupe "Modern Lovers" pour l'accompagner, et a sorti un album sans titre très dépouillé sous son seul nom.
En 1990, par surprise, il a sorti un disque où il est accompagné par un groupe au complet, un disque "country" qui plus est. Quand on voit le titre, "Jonathan vire country", et surtout la pochette, qui montre Jonathan se faisant refiler une paire de bottes de cowboy rouges chez Western Wear, on peut penser qu'on a à faire à un disque parodique ou au second degré. Mais non, surtout pas. Je pense que le titre du disque et sa pochette servent à indiquer que Jonathan a décidé de sortir un disque de country ("J'avais une série de chansons qui pouvaient bien sonner en country", a-t-il déclaré alors sur une radio anglaise) sans se prendre au sérieux, mais par contre il a pris très au sérieux la musique qu'il a enregistrée pour ce disque.
Les producteurs du disque et principaux accompagnateurs sont membres de deux groupes réputés, les Morells et les Skeletons, mais ce n'est indiqué nulle part, et je ne le savais pas à l'époque. Le disque est enregistré non pas à Nashville, mais chez les Morells, dans le Missouri. Philippe R. me l'a rappelé récemment, et c'est spécifié dans les notes de pochette, mais come je n'avais jamais entendu parler de Buck Owens en 1990, je n'y avais pas prêté attention : il y a une vraie vedette invitée sur ce disque, le joueur de pedal steel guitar Tom Brumley, qui a fait les beaux jours des Buckaroos de Buck Owens. Aujourd'hui, maintenant que je connais un peu les productions de Buck Owens des années 60, je dirais que c'est de ce style de country que ce disque se rapproche le plus.
Le son et la qualité de jeu sur ce disque sont excellents, et les vocaux de Jonathan Richman le sont tout autant : on sent que par rapport à certains autres de ses disques, enregistrés dans une ambiance plus "live", il s'est particulièrement appliqué au chant (Je veux dire par là qu'on a l'impression, par exemple, qu'il n'a pas enregistré ses parties de voix en même temps qu'il jouait - excellemment - de la guitare).

Les douze titres de l'album se répartissent en trois groupes : trois nouveaux originaux, quatre nouvelles versions de chansons déjà précédemment enregistrées dans les années 80 (c'était la première fois, mais c'est depuis devenu systématique : à chaque nouvelle chanson Jonathan revisite au moins une de ses propres chansons).

Des nouvelles chansons, ma préférée est celle qui ouvre l'album, "Since she started to ride". Pour le coup, elle est complètement country, dans le son et le thème, mais d'un autre côté, je ne suis pas sûr qu'il y ait tant de chansons que ça qui parlent d'une épouse de plus en plus indépendante depuis qu'elle s'occupe de chevaux ("Je ne la vois plus beaucoup depuis qu'elle a commencé le cheval, elle est fatiguée le soir et partie le matin", "Les chevaux, les humains, si elle devait donner sa préférence, vous pouvez parier qu'elle irait à ceux qui galopent et on besoin d'anti-mouches"). On pourrait craindre l'exercice de style, mais on sent qu'il y a du vécu là-dedans et on n'a pas l'impression d'entendre un pied-tendre s'essayer à la country. C'est la même chose avec "Reno" (Chérie, on trouve une babysitter d'urgence et on va s'éclater tout le week-end à Reno) et "You're crazy for taking the bus" ("T'es cinglé de prendre le bus, Oui et alors, Deux jours entiers dans ce bus puant, Oui et je dors bien, alors vous prenez l'avion et moi je prends le bus cette fois-ci").

Les anciennes chansons sont très réussies dans leurs nouveaux arrangements country. Ça marche notamment très bien pour les chansons d'amour "You're the one for me" et la presque-à-l'eau-de-rose "I must be king" ("Puisqu'on est comme des petits oiseaux, ça doit être le printemps, Puisqu'elle est ma reine, je dois être roi"). Pour la nostalgique "Corner store", ça marche très bien aussi.
J'aime aussi beaucoup la version de "The neighbors", qui n'est pas ratée comme "Los vecinos" sur l'album en espagnol", mais je garde une petite préférence pour la version originale sur l'album "Jonathan sings !". Elle est l'une des plus réussies des chansons "adultes" de Jonathan. Grosso modo, ça commence presque comme du théâtre de boulevard : Jonathan passe la nuit chez une amie dont le mari est absent, et l'amie lui conseille de partir pour éviter que les voisins jasent. Jonathan répond que sa propre femme le connaît bien et qu'il refuse de laisser les voisins gérer sa vie. Et après il raconte l'épisode à sa femme en lui expliquant qu'il a passé la nuit à discuter avec son amie parce qu'ils avaient beaucoup de choses à se dire. Evidemment, très vite l'auditeur se demande s'il s'est passé quelque chose entre Jonathan et son amie cette nuit-là, et du coup il se retrouve exactement dans la position des-dits voisins qui se posent des questions. Mais, loin de s'en tenir à la comédie de situation, les vrais thèmes de cette chanson de moins de trois minutes sont la confiance entre partenaires dans une relation amoureuse et le refus de la pression sociale !!

Des cinq reprises, seule "Rodeo wind" est une chanson sympathique, mais un peu quelconque. "Your good girl's gonna go bad" et "I can't stay mad at you" sont données dans d'excellentes versions instrumentales qui sonnent autant rock'n'roll sixties que tout ce que Jonathan a pu enregistrer par ailleurs. Quant à "Man walks among us" et "Satisfied mind", ce sont deux joyaux qui traitent de thèmes que Jonathan aurait pu aborder dans certaines de ses chansons ("Ancient long ago", "Up in the sky sometime" par exemple). "Man walks among us", avec ses très beaux choeurs, est une chanson de Marty Robbins de 1963 écrite du point de vue des animaux qui voient les hommes s'avancer et gagner du terrain sur leur désert. Quant à "Satisfied mind", qui clôt magistralement l'album, c'est une chanson philosophe presque zen, un classique. J'en connais des versions par les Byrds et les Walkabouts, et même par Johnny Cash, et il y en a des dizaines d'autres, mais seule celle-ci me semble essentielle.
Un seul regret à l'écoute de ce disque : que Jonathan Richman n'ait pas eu les moyens, l'envie ou l'occasion de tourner en Europe avec le groupe qui a enregistré ce disque...

30 décembre 2006

LEE PERRY : Scratch on the wire


Acquis dans une boutique spécialisée en reggae à Paris vers 1980-1981
Réf : ILPS 9583 -- Edité par Island en Angleterre en 1979
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Je ne sais plus vraiment pourquoi j'ai acheté cette compilation de productions de Lee Perry à l'époque. Je pense que la seule vraie raison c'est que j'avais commencé à m'intéresser sérieusement au reggae, que je connaissais déjà la réputation de Lee Perry comme producteur, et que je connaissais un seul titre sur ce disque, le "War ina Babylon" de Max Romeo.
En tout cas, je n'ai jamais eu l'occasion de regretter mon choix : cette compilation est excellente de bout en bout et je l'ai souvent écoutée pendant des années, jusqu'à ce que le coffret 3-CD "Arkology" la supplante en 1997. Et surtout, grâce à ce disque j'ai découvert le Lee Perry chanteur, celui que je préfère. Avec lui, c'est exactement la même chose que pour Brian Eno. Les deux sont avant tout réputés pour être des bidouilleurs de son et des producteurs, mais ce que je préfère chez eux ce sont leurs disques solo, les quatre premiers albums chantés d'Eno, notamment "Taking tiger moutain (By strategy)", et les chansons de Lee Perry qu'on trouve notamment sur les albums "Roast fish, collie weed and corn bread" et "Return of the Super Ape" sortis en 1978 et 1977.
On retrouve trois de ces titres ici, "Bird in hand", un dub calme et poétique, sur lequel Lee Perry chante très bien et très doucement, "Big neck police man", une version de son propre "Dreadlocks in moonlight" avec une trompette en intro, qui fait la part belle à de superbes choeurs féminins absents de l'autre version, et "Soul fire", un tube sautillant presque ska, avec tous les ingrédients sonores des productions Perry, dont l'espèce de corne de brume/meuglement qu'il mettait à toutes les sauces.
En plus de ça, on a droit à "Soldier and police war", un toast de Jah Lion sur le "Police and thieves" de Junior Murvin, à deux excellents reggae entraînants d'Erroll Walker, "John Public" et "In these times", et au "No peace" des bien-nommés Meditations. Tout cela sans compter avec "Vibrate on", la magistrale collaboration entre Augustus Pablo et Lee Perry The Upsetter qui ouvre l'album.
Huit des dix titres de "Scratch on the wire" sont repris sur "Arkology", un coffret bien entendu plus complet que je vous conseille fortement de vous procurer pendant qu'il est encore à peu près disponible. Les deux titres manquants sont la reprise de "Diana" de Paul Anka par George Faith, mais ça c'est pas trop grave, même si c'est une très bonne reprise, car l'album "To be a lover" sur lequel on trouve "Diana" a été réédité. C'est plus dommage pour "Big neck police man". J'imagine que le seul endroit où on touve ce titre en CD, abrégé en "Big neck police", c'est sur "Roast fish, collie weed and corn bread".

29 décembre 2006

JIM JASMINE : I wish I was unpopular


Offert par Jim Jasmine par correspondance fin décembre 2006
Réf : iWish 049 -- Edité par I Wish I Was Unpopular en Angleterre en 2006
Support : CD 7,5 cm
Titres : Breaking out of the circle -- We make our own history -- A little story -- The mountaineer

Depuis au moins dix ans, Jim Jasmine, alias Jim Shepherd des Jasmine Minks, alias Sandy Burnett, fait de la musique tout seul à la maison. C'est plus facile à gérer comme ça quand on a une vie de famille, plutôt que de répéter en groupe dans un local ou de jouer les samedis soirs dans un bar.
C'est comme ça que les titres de "Popartglory", le dernier album en date des Jasmine Minks, avaient été créés avant d'être réenregistrés en studio et en groupe en 2001.
Ces quatre titres de Jim Jasmine ne datent pas d'hier : ils font partie d'une douzaine de nouveaux titres enregistrés pendant les vacances de Pâques d'avril 2002. "The mountaineer", attribué à Sandy Burnett, a même déjà été publié en 2003 sur la compilation "Surprise partie hoptimiste" de Vivonzeureux! Records ! On ne peut que féliciter I Wish I was Unpopular, le micro-label d'Alistair Fitchett, de diffuser plus largement ces enregistrements.
Musicalement, on a une impression de calme et de tranquilité, comme s'il s'agissait d'enregistrer sans réveiller les enfants qui dorment à côté, et c'est vrai même pour le seul titre chanté du lot, "We make our own history".
L'instrumentation est à base de synthés, de guitare, de boite à rythmes discrète. On pense bien sûr à d'autres disques à dominante instrumentale, le Felt des débuts ("Breaking out of the circle"), ou bien le Felt de "Let the snakes crinkle their heads to death", voire même The Durutti Column ("A little story"). Pour "The mountaineer", il y a un petit côté folk écossais fort bienvenu.

Ce disque en édition limitée peut être commandé directement sur le site du label. Les titres sont en écoute sur la page Myspace de Jim.

28 décembre 2006

ELVIS COSTELLO : My aim is true





Acquis via Eric M. dans un magasin militaire en Allemagne vers 1979
Réf : 6.23 318 (SEEZ 3) -- Edité par Teldec/Stiff en Allemagne en 1977

Acquis à La Clé de Sol à Reims à la fin des années 1980
Réf : FIEND 13 -- Edité par Imp/Demon en Angleterre en 1986

Acquis je ne sais plus où probablement dans les années 1990
Réf : SEEZ 3-NP -- Edité par Nova/Stiff au Portugal en 1977

Support : 33 tours 30 cm
12 titres

Lorsque j'ai rangé mon exemplaire de "This year's model" dans l'étagère après avoir fini mon billet pour ce blog, j'ai été très surpris de découvrir que j'avais trois exemplaires différents de "My aim is true", et non pas deux comme je le pensais ! (et c'est sans compter le CD qui figurait dans le coffret "2 1/2 years") J'avais complètement oublié ce pressage portugais, acheté justement parce qu'il n'était pas cher et que sa pochette n'avait pas les mêmes couleurs que les deux autres.
J'ai quelques disques en exemplaires identiques multiples (des Lewis Furey notamment), de nombreux autres en éditions/rééditions légèrement différentes, souvent avec des titres en plus ou en moins, mais le même disque avec les mêmes titres (aucun de mes exemplaires n'a même "Watching the detectives", qu'on trouve en bonus sur certaines éditions) et trois pochettes de couleurs différentes, c'est unique chez moi.
C'est le premier exemplaire qui compte, bien sûr. Ayant opté pour "This year's model" plutôt que pour cet album le jour où j'ai eu à choisir pour acheter mon premier album de Costello au Hifi-Club à Châlons, je cherchais donc quand même après coup à acheter "My aim is true" pas trop cher. Eric M. faisait son service en Allemagne, et il m'avait dit que dans les magasins réservés aux militaires il pouvait avoir des disques à prix intéressant. Je lui ai donc confié une trentaine de francs et une liste de quelques disques que je recherchais et il m'a ramené cet exemplaire allemand de "My aim is true". Il y a je ne sais combien de variations de couleur pour le teintage de la photo au recto et le fond du verso de cet album. Contrairement aux apparences, je n'ai pas cherché à les collectionner, mais j'ai l'impression que la version avec photo en noir et blanc, lettrage en bleu et verso en fond rouge n'est pas courante hors d'Allemagne : je ne l'ai trouvée reproduite nulle part sur le réseau.
Pour ce qui est de la réédition de 1986 chez Imp, J'ai dû la trouver à 10 F. lors des fameuses soldes de la Quasimodo, à l'époque où La Clé de Sol liquidait ses vinyls pour faire de la place aux CDs, et je ne pouvais tout simplement pas laisser passer ça !

"My aim is true" a été enregistré il y a trente ans tout pile. Outre que Declan Patrick McManus a pris Elvis comme prénom de son pseudonyme, les damiers noirs du fond de la pochette épellent des dizaines de fois "Elvis is king"... et un mois après la sortie de l'album en juillet 1977, le King Elvis Presley cassait sa pipe.
Cet ensemble de circonstances a permis aux journaux de jaser un peu, mais ce ne sont pas ces mini-scandales qui ont permis à Elvis Costello de se lancer dans une carrière toujours florissante aujourd'hui. C'est avant tout sa rage et ses chansons.
Ce disque est celui d'un employé de bureau amer, fils d'un musicien reconnu, sûrement mal marié, qui rêve depuis longtemps de faire une carrière musicale, et qui profite de l'occasion qui lui est donnée de sortir un disque pour évacuer une partie de la bile qu'il a accumulée contre le monde entier. Ce n'est sûrement pas un hasard si le disque s'ouvre avec une chanson intitulée "Bienvenue dans la semaine de travail" et se termine par "En attendant la fin du monde". Le titre de chanson le plus drôle c'est bien sûr "I'm not angry" : si Elvis n'est plus en colère, comme il le prétend, c'est parce qu'il est carrément enragé ! Ce sont cette bile et cette colère, et surtout le fait que le disque est sorti en 1977, qui expliquent qu'on a pu associer Costello au punk et à la new wave, alors que son album est produit par Nick Lowe, un vétéran du pub rock, comme le premier album des Damned, d'accord, mais le Damned n'a pas été enregistré avec un groupe de country-rock américain de la côte ouest, Clover.
Il y a sur le disque quelques titres un peu plus faibles, "Pay it back" ou "Sneaky feelings" par exemple, que la rage et les paroles de Costello ne parviennent pas à transcender. Les paroles, d'ailleurs, même après avoir acheté le "Singing dictionary" qui les reproduisait avec des partitions, j'étais bien loin de les comprendre en totalité, sauf peut-être celles hilarantes du rockabilly "Mystery dance", avec un Roméo et Juliette qui ne savent pas comment s'y prendre une fois qu'ils se retrouvent au lit : "Sous les couvertures en pleine nuit, j'essayais de différencier mon pied gauche de mon pied droit. On voit ces photos dans tous les magazines, mais à quoi ça sert de les regarder si on sait pas ce qu'elles veulent dire".
Reste le slow des slows, "Alison", sauf que dans ce cas précis il est écrit du point de vue du gars qui ne le danse jamais, le slow, et qui rumine en regardant les autres danser : "C'est drôle de te revoir après si longtemps, et à ton regard je devine que je ne te fais pas trop d'effet, mais j'ai entendu ce pote à moi t'enlever ta robe de soirée. Je ne vais pas devenir trop sentimental comme ces autres amoureux collants, car je ne sais pas si tu aimes le corps de quelqu'un, mais je sais en tout cas que ce n'est pas le mien." Quand on pense que la grande vedette américaine Linda Ronstadt a repris cette chanson en 1978 sur un album où figurait aussi "Love me tender" !!



24 décembre 2006

ALBUM MABOUL 2


Acquis auprès d'un membre de l'Union pour la Maboulissimo Party à Nancy le 8 décembre 2006
Réf : 2 -- Edité par L'Union pour la Maboulissimo Party en France en 2006
Support : CD 12 cm
18 titres

Bob Morlock, des Boum Bomo's, m'avait prêté son exemplaire de cette compilation. Je l'écoute une première fois, je la trouve pas mal du tout, et le soir même, au Royal où Bob Morlock faisait le DJ, il me présente une paire de compères de l'UMP (Union pour la Maboulissimo Party), qui avaient justement sur eux quelques exemplaires du disque. Une affaire fut vite conclue, et quelques minutes plus tard je me trouvais en possession de cette excellente compilation de jeunes talents.
L'Union pour la Maboulissimo Party s'est constituée en 2001 à Nancy avec un objectif simple, organiser tout ce qui peut ressembler à un festival amateur de qualité supérieure ! Ça se traduit souvent par faire la fête à tout prix, et l'association a d'ailleurs marqué les esprits sur la ville en organisant pendant quatre ans de suite la Saint-Nicolas Sarkozy (et la Saint-Nicolas, en Lorraine, c'est pas rien), mais ça implique aussi, par exemple, de militer pour la vélorution à Nancy.
La présentation que fait l'UMP de l'Album Maboul 1 dans le tract ci-dessous s'applique parfaitement au volume 2 : C'est "un recueil de productions musicales micro-bidouillées et micro-locales. Fabriqué sans argent et sans prétention, sa grande et surprenante audibilité sert à financer l'assoc' maboule afin de pouvoir continuer cette démarche en version enregistrée ou en live".
Des compilations du FAIR, des CQFD, des Découvertes du Printemps de Bourges, j'en ai écouté des paquets, et c'est rarement gai, mais effectivement celle-ci est une compilation d'un surprenant bon niveau, drôle, dansante et de qualité supérieure.
Ça commence très fort par un remix technowboy du générique de Dallas par Sébastien Sonrel, puis on enchaîne avec le titre emblème du groupe Electroberfest (S'ils s'étaient appelés Electrobierfest ils auraient parfaitement décrit leur musique), avant la chanson antisociale de Jean Marc ("Ma vie n'est pas à vendre, arrêtez de m'emmerder, j'veux pas d'argent j'veux ma liberté").
Ensuite, on tombe sur un premier et excellent titre punk par Soul Accelerator, le premier d'une série de bons instrumentaux, le premier titre chanté faux (ils ont gardé la version live du "Surveillant des classes secondaires" de Michel Sardou pour la fin"), et une première excellente chanson pour enfant, "La mabouline", dans un style acadien : "Invite ton copain, invite ta copine, viens danser le maboulin, invite ta copine, invite ton copain, viens danser la mabouline." et ainsi de suite.
C'est un sans-faute alors qu'on a déjà dépassé le tiers du disque, et il reste encore quelques-uns des meilleurs titres à écouter, comme "S'envoyer en l'air" de Roolta'Boss, un duo qui me fait un peu penser à Mansfield Tya, et le déjà classique hommage des Boum Bomo's à Joey Ramone, "Suzy Wan is a punk rocker".

Le site de l'UMP n'a pas été mis à jour depuis un an et demi (ils sont occupés à faire la fête), mais leur forum fonctionne toujours, et je suppose qu'ils répondent à leur courrier. Vous pouvez donc facilement les contacter et leur commander l' "Album maboul 2" pour 5 € plus un peu de port.

23 décembre 2006

FAMILY FODDER : Greatest hits


Acquis à la FNAC Montparnasse à Paris fin 1982
Réf : CRAM 016 -- Edité par Crammed Discs en Belgique en 1981
Support : 33 tours 30 cm
12 titres

L'avantage des étiquettes de la FNAC, quand elles sont restées collées sur les disques, c'est que pendant des années elles comportaient la date de mise en rayon. C'est comme ça que je sais que ce disque a été mis en vente le 27 octobre 1982. Je savais de toutes façons que je l'avais acheté fin 1982, puisque je me souviens bien que c'est pendant l'hiver 1983, avant de partir en stage en mars, que j'ai entrepris de réaliser un clip vidéo à partir de "Playing golf". Yves Ménager, notre prof de communication à l'IUT, acceptait de nous laisser accéder à la régie vidéo en dehors des cours, et "Playing golf", le premier morceau de ce disque et aussi la face A du premier single de Family Fodder, me fascinait tant que j'avais eu envie de faire cette vidéo. Visuellement, je ne sais plus du tout ce que j'avais bien pu y mettre. Je me souviens juste qu'au début, quand on entend plus ou moins un ronflement, j'avais filmé quelqu'un en train de dormir (moi, comme je le pensais en 99, ou Bruno R. ?), et que je m'amusais avec la palette d'effets vidéo chère à "Platine 45" et aux trois-quarts des programmes télé de l'époque. Je n'arrive pas du tout à me souvenir, par contre, de la façon dont j'avais pu illustrer ma phrase préférée de la chanson : "I want to be dead and with you watch the television every Monday", mais j'imagine que ça impliquait un écran télé. De toutes façons, je n'ai jamais dû finir ce clip, et les cassettes U-matic sont restées dans la régie, où elles ont probablement été effacées ou jetées quand le matériel a été renouvelé (pas facile de se faire une copie perso : quasiment personne n'avait de magnétoscope VHS en 1983...).
De la même façon que la compilation "Hatful of hollow" des Smiths est un disque cent fois plus réussi et enthousiasmant que leur premier album paru quelques mois plus tôt, ces "Greatest hits" sortis en Belgique par l'alors jeune label Crammed sont beaucoup plus réussis et mieux dosés que le premier album de Family Fodder, "Monkey banana kitchen".
On trouve ici trois inédits, dont l'excellent "No fear, no sorrow", trois titres de "Monkey banana kitchen", dont les excellents "Cerf volant" et "Love song", et surtout une bonne sélection de titres parus en single chez Fresh Records : "Savoir faire", les deux faces de "Debbie Harry", "Film music",... Comme oubli criant par rapport à ce qui était disponible à l'époque je ne vois guère que la reprise de "Sunday girl" de Blondie.
J'ai parlé en détails de Family Fodder dans un long article de Vivonzeureux! en 1999. Le CD "Savoir faire : The best of Family Fodder" n'a pas l'air d'être disponible chez les vendeurs en ligne, mais le label Dark Beloved Cloud existe toujours, son site a été mis à jour il y a quelques mois, et il semble toujours proposer ce CD, qui reprend la plupart des titres de l'album chez Crammed, pour 10 $. Si vous préférez les vinyles originaux, le label Jungle Records en propose toujours quelques-uns en vente neufs, dont le "Greatest hits" au prix raisonnable de 7,75 £.
Alig Fodder a l'air d'aller bien, il a même sa page sur Myspace. Quant à Dominique Levillain, si j'en crois l'adresse donnée sur son site, elle a quitté les Etats-Unis pour revenir vivre en France.

17 décembre 2006

HANK SNOW : Tracks & trains


Acquis dans une boutique de la British Heart Foundation à Douvres le 29 juin 2006
Réf : LSA 3045 (LSP 4501) -- Edité par RCA en Angleterre en 1971
Support : 33 tours 30 cm
11 titres

Il fut un très long temps où j'aurais complètement dédaigné un disque de ce genre dans une pile. Je ne connaissais pas la country, et ça ne m'intéressait pas de la connaître. Mais là, à peine arrivé à Douvres, dans ce grand magasin caritatif de la British Heart Foundation qui se prenait presque pour un supermarché, le seul disque que j'ai retenu au prix demandé (3 ou4 € quand même), c'est celui-ci.
Il m'intéressait parce que j'aime bien "I'm movin' on", le classique des classiques de Hank Snow, parce que le disque était en bon état et la pochette pas mal dans son style, parce que les notes de pochette sont signées Johnny Cash et que la production est de Chet Atkins. Mais il ne m'intéressait quand même pas au point que je saute dessus tout de suite pour me le trimballer toute la journée ! Je l'ai donc mis de côté, et suis repassé l'acheter dans l'après-midi.
Avec une discographie qui débute en 1936 dans son Canada natal, et un premier numéro 1 en 1950 avec "I'm movin' on", on se doute bien qu'en 1971 la carrière de Hank Snow entamait sa dernière phase, ce d'autant plus qu'il refusait d'enregistrer une country surproduite et sirupeuse qui était en train devenir la norme. C'est ce qui rend ce "Tracks & trains" tout à fait écoutable : c'est enregistré à Nashville au début des seventies, le son est propre, lui chante très bien, et ne fait peur à personne (c'est flagrant notamment dans la version de "Folsom Prison blues", un peu western, où le "I shot a man in Reno just to watch him die" passe sans aucune menace, comme une lettre à la poste), mais comme on reste dans un style pas trop éloigné du honky-tonk, c'est tout à fait agréable.
Hank Snow est réputé pour ses chansons de voyages, et cet album sur le thème des rails et des trains n'est pass son premier (loin de là !) ni son dernier sur le sujet. Le seul truc un peu pénible c'est ce cliché employé un peu trop souvent de la pedal steel qui joue le sifflet du train.
Il y a plein de chansons que j'aime bien là-dessus, notamment la première, "Duquenne, Pennsylvania", la nouvelle version de "I'm movin' in", une chanson qu'il avait enregistrée en 1961 pour la première fois et qui est plus ou moins la suite de "I'm movin' on", ainsi que "Canadian Pacific" et "The engineer's child" (déjà enregistrée en 1951 !), toutes les deux surtout pour la mélodie et le chant, et "Lonely train" aussi.
Cash ne s'est pas foutu du monde pour les notes de pochette, avec un poème à la gloire de Hank ("My finest work was inspired by Hank Snow") et un texte assez long où il raconte quelques anecdotes, notamment la première fois où il a entendu "I'm moving on", qui sortait d'un juke-box dans une gare... routière.

16 décembre 2006

FALL OF SAIGON


Acquis au Festival des Musiques de Traverses à la Maison de la Culture André Malraux de Reims en 1983
Réf : ATEM 7013 -- Edité par Atem en France en 1983
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Visions -- Blue eyes -- She leaves me all alone -/- So long -- On the beach at Fontana -- The swimmer

Fall Of Saïgon, pour moi, c'est d'abord une apparition. Au 4ème jour du 3ème Festival des Musiques de Traverses de Reims, bien fatigué, notamment après avoir vu la veille rien moins que Etron Fou Leloublanc, This Heat, Kas Product, les Raincoats et Tuxedo Moon (!!!), je m'enfonçais doucement dans les fauteuils confortables dans la grande salle de la Maison de la Culture André Malraux. J'attendais le premier concert prévu ce dimanche après-midi, celui de Lol Coxhill, l'invité d'honneur permanent du festival. Et au lieu de voir arriver le petit bonhomme chauve avec ses lunettes et sa clarinette, ce sont trois personnes qui se sont installéees sur la scène et ont commencé à jouer. Et là, le choc ! C'est comme si les Young Marble Giants étaient revenus du cimetière des groupes séparés pour un concert exceptionnel ! J'étais fasciné, subjugué, par la musique, et peut-être bien aussi par la chanteuse du groupe, Florence Berthon.
Ce concert surprise ne l'était qu'à moitié. Le programme annonçait effectivement un concert de Pascal Comelade & The Fall of Saïgon dans le hall (il mentionnait également que chaque abonné au festival recevrait un disque de Pascal Comelade ; j'ai toujours ma carte d'abonnement, mais je ne crois pas avoir reçu de disque en échange, en tout cas pas de Pascal Comelade).


Fall Of Saigon à Reims en 1982. Photo prise sur l'avenue qui passe devant la Maison de la Culture, avec au fond une magnifique pub pour le Radar Géant cher à L'Incohérent (photo publiée dans le magazine Vinyl en Hollande)

L'année suivante, le samedi 14 mai 1983, Fall Of Saïgon s'est à nouveau produit aux Musiques de Traverses, cette fois-ci dans le cadre de la programmation principale du festival. Certes, l'effet de surprise n'a pas joué cette seconde fois, mais ce concert ne m'a pas déçu non plus, il était tout à fait à la hauteur de mon souvenir du premier.
Ce groupe est vraiment très lié aux Traverses : leur nom est tiré d'une chanson du premier album de This Heat, et en 1982 ils ont joué le lendemain de This Heat ; leur musique est ouvertement inspirée par les Young Marble Giants, et en 1983 ils ont précédé sur scène Phil Moxham, qui jouait de la basse pour David Thomas au sein des Pedestrians.



Photo (de Philippe Cibille) et article (de David Vincent) parus dans le magazine Néo en 1983.

Dans son livre Ecrits monophoniques submergés, Pascal Comelade mentionne plusieurs reprises qui figuraient au répertoire de Fall Of Saïgon, "May I ?" de Kevin Ayers, 96 tears" de ? & The Mysterians et "The end" des Doors. J'avoue que je n'ai aucun souvenirs de ces reprises. Les seules chansons de Fall Of Saigon qui restent avec moi, ce sont les six de leur seul et unique disque, ce maxi que je pense bien avoir acheté au festival le jour du concert de 1983.
De fait, il n'y a que trois chansons sur les six qui sont vraiment dans la lignée des Young Marble Giants, toutes trois chantées par Florence Berthon, "So long" et "Visions" mes deux préférées, parfaites, et "Blue eyes", très bien aussi. La boite à rythmes rudimentaire est bien en avant, la voix est détachée, il y a des mélodies à l'orgue et à la guitare. Les deux chansons chantées par Terry Den, "She leaves me all alone" et "On the beach at Fontana", sonnent plus cold wave/industrielles. Quant à "The swimmer", également chantée par Florence Berthon, avec son piano c'est la seule du disque qu'on aurait pu facilement imaginer se retrouver sur un des autres disques de Comelade.
Fall Of Saïgon a dû se séparer assez vite après la parution de ce disque. Depuis, Pacal Comelade est resté constamment présent dans l'actualité musicale. Terry Den, de son vrai nom Thierry Tannière (en anglais, "tanière" se dit "den"...) avait déjà eu une activité musicale avant Fall of Saïgon, ce que je ne savais pas à l'époque, comme guitariste de Joli Garçon et des Démodés. Je ne sais pas ce qu'il a fait par la suite, mais il était présent en septembre 2005 pour un concert de reformation de Joli Garçon. Quant à Florence Berthon, en fouinant le réseau sur ce nom, la seule référence qu'on trouve est celle de la traductrice en français de "Dépendances", un roman de Kaylie Jones. Cette traductrice est peut-être (ou peut-être pas) la même personne que la chanteuse de Fall Of Saïgon.
So long my dearest friend, I've known you for so long
I'll never see you the same, but tell me who's to blame
And I want to remind me things he used to say
But in a way it's all gone away
Memories will be safe, always kept inside
And from now on, all has been saved
And I want to remind me things he used to say
But in a way it's all gone away
There's a place for emotion in my recollection
And from now on, all has been said
And I want to remind me things he used to say
But in a way it's all gone away

Article paru dans le n° 16 de Vinyl en juillet 1982, en version originale hollandaise et en traduction anglaise.

PS : Cette page est une page de fan, et les membres du groupe n'en sont visiblement pas responsables.

14 décembre 2006

BILL DRUMMOND : 45


Acquis par correspondance en Angleterre via Amazon en octobre 2006
Réf : 0 316 85385 2 -- Edité par Little, Brown en Angleterre en 2000
Support : 361 p. 17 cm
40 titres

Ça y est. Il délire ! Un livre dans Blogonzeureux!
Bon OK, je veux bien l'admettre, j'ai théoriquement choisi de parler uniquement de disques ici. Mais s'il y a jamais eu un livre qui ressemble d'aussi près à un disque, c'est bien celui-ci ! Et pas parce qu'il y aurait un 45 tours ou un CD inclus dans ses pages. Rien de tout ça. Mais outre qu'il s'intitule "45", comme dans "45 tours" ou "45 ans", ce livre est au format d'une pochette de 45 tours, et il en existe même cinq exemplaires hors commerce au format 33 tours ! (Avec plus de pages, bien sûr. Bill Drummond les a présentés en public au moment de la sortie du livre en fournissant des stylos aux lecteurs pour qu'ils puissent faire des commentaires directement sur les pages).
"45" n'est pas un livre sur la musique, mais la musique y est très présente. On l'a parfois comparé à "Une année aux appendices gonflés" de Brian Eno, et effectivement c'est le probablement le livre qui se rapproche le plus de "45", à la fois dans la forme adoptée et le contenu. Mais là où Eno restait proche de l'idée d'un carnet de bord écrit pendant un an, Bill Drummond a choisi d'élargir son propos. Certes, les textes ont été écrits sur une période d'environ un an avant et après son 45ème anniversaire, le 29 avril 1998, mais les histoires qu'il raconte couvrent une période qui va de sa jeunesse à ses activités dans sa quarante-sixième année. Il compte les relire lorsqu'il aura 78 ans.
L'amateur de musique trouve son bonheur dans ce livre. Bill Drummond y revient sur le Liverpool de la fin des années 1970 et du tout début des années 80, quand il a monté le label Zoo avec David Balfe et s'est retrouvé à manager Echo & The Bunnymen et The Teardrop Explodes, et il est aussi question, entre autres, de l'enregistrement à Nashville des vocaux de Tammy Wynette pour le "Justified and ancient" de KLF, de comment Robbie Williams a failli se joindre ponctuellement aux Justified Ancients of Mu Mu en 1995, d'une rencontre impromptue avec Peter Green, le guitariste original de Fleetwood Mac (voir ci-dessous), de l'erreur que fut le retour très ponctuel de The KLF sous le nom de 2K pour le single et le spectacle de 23 minutes "Fuck the millenium" ou de la déception causée par la réalisation, à l'occasion d'un concert des Residents au début des années 80, que les membres de ce groupe mythique n'étaient après tout que des américains moyens d'êge moyen.
Pour ce qui est des activités plus récentes de Bill Drummond dont il est question ici, elles se divisent en deux camps : les "coups" montés avec sa bande (son compère de KLF Jimmy Cauty, Z., alias Zodiac Mindwarp, et Gimpo) et ses interventions dans le milieu de l'art, dans lesquelles il s'implique de plus en plus (il est co-propriétaire d'un centre d'art à Londres, The Foundry, et fédère ses propres projets sur le site Penkiln Burn). Cela nous vaut quelques récits savoureux, comme cette veille de Noël qui a vu la bande entreprendre de distribuer un cube de 6750 cannettes de bière à des pauvres dans les rues de Londres, ou cette action artistique dans un centre d'art en Irlande qui a principalement consisté à faire de la soupe pour une trentaine de jeunes artistes.
Les récits sont présentés comme ayant été vécus, et on dispose de suffisamment d'éléments pour savoir que c'est bien le cas pour une grande partie d'entre eux. Mais avec Bill Drummond, on n'est jamais sûr de rien. Il échafaude tellement de coups plus improbables les uns que les autres (comme avoir un tube n° 1 au hit-parade chanté une voiture), et en réalise effectivement un si grand nombre (comme être n° 1 au hit-parade avec "Doctorin' the Tardis" des Timelords, dont le leader est une voiture), qu'on ne sait jamais trop bien où se situer. Il est plus que probable cependant que certains des projets dont il est question ici n'ont pas connu d'autre réalisation que de passer du cerveau fertile de Bill Drummond à l'encre des pages de ce livre, comme "Gimpo's 25", où il est question de rouler 25 h en camionnette sur l'autoroute périphérique circulaire de Londres M25 pour voir où elle mène, ou ce projet, qui aurait été annulé au dernier moment, d'accrocher sur un pylône au bord d'une autoroute deux cadavres de vache, en pleine crise de la vache folle.
D'un bout à l'autre, Drummond commente son projet d'écriture de ce livre, et se présente comme un quarantenaire un peu dépassé, père de jeunes enfants, qui boit du thé à longueur de journée et se réfugie à la bibliothèque locale pour travailler à son livre, comme il le décrit avec un luxe de détails dans "My modern life".
Cette édition originale a fait l'objet d'au moins trois tirages. "45" a également été édité en poche, avec à chaque fois d'excellentes chroniques, mais il n'a malheureusement pas été traduit en français (Si jamais un éditeur qui lirait ces lignes est intéressé, je suis prêt à envisager de me lancer dans l'aventure de la traduction de ce pavé !). En attendant, et surtout pour les non-anglicistes, je vous en propose quand même un court chapitre ci-dessous.


Bill Drummond en 2004 (photo : Jason Bye)

Les dix meilleurs extraits de "45" selon le label Fierce Panda.


Le chassé d'autographe
J'ai le siège près de la fenêtre. L'avion s'incline. En-dessous, je vois les rues ternes et sinistres de Düsseldorf. C'est une aube grise sur le cœur industriel de l'Allemagne. Nous grimpons dans les nuages, et le Vaterland disparaît. Je me sens bien dans un sens un peu suffisant et auto-satisfait. J'ai dans les mains un exemplaire de Das handbuch (Der schnelle Weg zum nr 1 Hit). C'est la traduction allemande du Manuel (Comment avoir facilement un n° 1 au Hit Parade). Il est superbe. Les éditeurs allemands ont fait du bon boulot. Vraiment mignon, au format poche. Je le feuillette, en scrutant ces mots allemands que je ne comprends pas, et je biche. Ce sont des mots que j'ai écrits, et quelqu'un a pensé qu'ils étaient tellement bons qu'ils méritaient d'être traduits dans une autre langue. Vous comprenez bien à la façon dont je décris cette situation que j'ai bien conscience de la futilité de mon auto-satisfaction, mais je ne peux pas m'en empêcher. Ce que je veux dire, c'est qu'on a tous le droit d'être content de soi de temps en temps. Un peu de vanité inoffensive n'a jamais fait de mal à personne. Je suis resté en Allemagne moins de vingt-quatre heures. Les éditeurs ont payé pour me faire venir, ils m'ont bien nourri, l'hôtel était bien et les gens amicaux et intéressés. Mon égo a été caressé dans le sens du poil.
Je soulève le livre et prends une grosse inspiration au-dessus de ses pages toutes neuves. Il sent fort, comme c'est le cas pour tous les livres qui sortent de chez l'imprimeur. L'encre est à peine sèche. J'ai aussi un exemplaire de l'édition originale anglaise de 1988. Je lis les paragraphes d'introduction. Ils sonnent toujours aussi juste pour moi que lorsque je les ai écrits, il y a plus de dix ans. Dans le siège à côté de moi il y a un homme d'un peu plus de quarante ans. Une touffe épaisse de cheveux grisonnants, un jean moulant, des boutons de chemise suffisamment ouverts pour révéler une poitrine de mâle. Un téléphone portable dans une housse à la ceinture et un gros trousseau de clés qui pend à côté du téléphone. L'image éternelle du roadie anglais typique. A une époque, je l'aurais méprisé pour être un tel cliché rock'n'roll. Maintenant, je ressens une chaleur nostalgique pour la survivance de cette sous-espèce, pas comme une pièce de musée ou un acteur tenant ce rôle dans Wayne's world II, mais bien vivante, marchant, parlant et sans aucune ironie en vue. Il flirte avec l'hôtesse de l'air. Il feuillette son exemplaire du magazine de la compagnie aérienne. Le chariot du petit-déjeuner approche.
"Hé, Pete, tu veux un petit-déj ?" S'il est bien un roadie, je suppose qu'il s'adresse à celui dont il s'occupe. Je jette un coup d'œil pour voir quel jeune loup peut bien être assis sur le siège de l'autre côté de l'allée. Mais son compagnon n'a rien de rock'n'roll. C'est un homme qui approche du troisième âge, en surpoids, chauve au-dessus avec des mèches de cheveux désordonnées sur les côtés. Sa lèvre épaisse et son nez épais et arrondi sont du genre de ceux qu'un caricaturiste d'une époque moins politiquement correcte aurait utilisé pour décrire un juif vieillissant de l'East End. Ses habits, propres et bien repassés, ne sont pas du tout déplacés pour un homme de son âge et de sa stature physique.
C'est quand ce Pete tourne la tête pour répondre à son "roadie" que toutes les pensées futiles de Das Handbuch s'évacuent de mon corps, trente ans de ma vie s'évaporent, et je suis en présence de God. Non, pas Eric Clapton : c'est l'authentique, c'est Peter Green. Oubliez Clapton , Jeff Beck et toutes les centaines d'autres bidouilleurs et bras cassés blancs des douze mesures. C'est le seul guitariste (et chanteur) britannique qui ait jamais pu prétendre être un joueur de blues blanc sans passer pour une blague du Bonzo Dog Doo Dah Band. C'est inutile d'essayer d'expliquer ça rationnellement. Ça a à voir avec le fait d'avoir 15 ans en octobre 68 et d'écouter "Albatross" pour la première fois tard le soir à Radio Luxembourg alors que j'étais allongé dans mon lit, incapable de me sortir les jambes de Linda Ballantyne de la tête. Ça a à voir avec le fait qu'un groupe de blues underground a parcouru tout le chemin jusqu'au Numéro 1 avec le meilleur single instrumental depuis "Telstar", sans avoir à sacrifier ses principes de puristes en enregistrant un titre gai, kitsch et formaté pour la radio. Attendez une minute, ce n'était pas seulement le meilleur instrumental depuis "Telstar", c'était le plus touchant, original, évocateur, étrange… En fait, c'est le meilleur numéro 1 anglais de tous les temps.
Comme tout bon citoyen de centre-gauche, je déteste cette idée que les gens soient impressionnés par la notion de célébrité, le culte de la personnalité, les listes de vedettes de premier, second et troisième plan. Je lis le Guardian, merde ! En tant qu'homme moderne déboussolé, je ne peux pas être plus politiquement correct que je le suis. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Je pourrais essayer de jouer le coup à l'ironie en disant "Je ne suis pas digne de vous, je ne suis pas digne", mais ce serait facile et irrespectueux. Peter Green décline l'offre de petit-déjeuner de son accompagnateur et s'endort au lieu de manger. Sa tête tombe en avant sur sa poitrine. C'est le sommeil d'un homme vieilli et fatigué. Je rassemble mon courage et je me tourne vers mon voisin immédiat.
"Excusez-moi, est-ce que vous travaillez avec M. Green ?"
"Ouais, Je suis son ingénieur du son."
"Est-ce qu'il a joué en concert en Allemagne ?"
"Ouais. On a fait une émission télé en direct hier soir. Comment l'avez-vous reconnu ?"
"Les yeux." Je ne veux pas dire que j'ai vu des photos de lui de temps en temps au fil des décennies, des photos qui témoignaient des ravages de la vie.
"C'est à cause de lui que j'ai acheté ma première guitare."
"Ouais, vous et des milliers d'autres."
Ma fierté est un peu piquée par ça. J'ai envie de lui dire, "Mais moi j'ai persévéré et j'ai obtenu un succès international dans la pop." Mais j'entends alors dans ma tête le refrain trépignant de "Doctorin' the Tardis", et je repousse furtivement l'exemplaire de Das Handbuch sous ma veste comme si c'était une revue cochonne. J'étrangle ma petite musique interne trépignante et je la remplace par l'envahissante mélancolie d' "Albatross" ; les deux guitares slide qui se répondent, le battement de la basse en trois temps sur une note, les roulements de cymbale assourdis qui montent et qui descendent. Il n'y avait rien d'autre sur le disque, à part le désir parfaitement humain de vivre autre chose qu'un retour de concert dans les Midlands en camionnette, avec encore un petit déjeuner graisseux à la station-service de Watfod Gap à cinq heures du matin.
"Albatross" s'enchaîne avec l'intro à la guitare de "Man of the world". C'est le single suivant, sorti le mois de mon seizième anniversaire, qui a culminé à la deuxième place.

Shall I tell you about my life
They say I'm a man of the world
I've flown across every time
I've seen lots of pretty girls

I guess I've got everything I need
I wouldn't ask for more
And there's no one I'd rather be
I just wish I'd never been born

(Est-il utile que je te raconte ma vie
On dit que je suis un homme du monde
Je l'ai survolé de part en part
J'ai vu des tas de belles filles

Je suppose que j'ai tout ce qu'il me faut
Je n'en demanderais pas plus
Il n'y a personne d'autre que je souhaiterais être
J'aimerais seulement ne jamais être né)

Ensuite il y avait quelque chose à propos d'une femme qui le faisait se sentir comme un homme, un vrai.

I could tell you about my life
And keep you amused I'm sure.
About all the times I've lied
And how I don't want to be sad any more
And how I wish I was in love

(Je pourrais te raconter ma vie
Et bien te faire rire j'en suis sûr.
A propos de toutes ces fois où j'ai menti
Et comme j'aimerais ne plus jamais être triste
Et comme j'aimerais être amoureux)

Ce sont des paroles dans lesquelles un garçon qui vient d'avoir seize ans, vierge dans tous les sens du terme, pouvait se projeter. L'accord harmonique final en mineur sur l'octave est mon accord enregistré préféré de tous les disques de tous les temps. Les autres groupes de British Blues de l'époque étaient soient en train d'inventer le heavy metal soient en train de partir en couilles. Je caressais l'idée que seul Peter Green ressentait la douleur sous-jacente du blues des noirs, parvenait à transcender tout ce côté condescendant de merde du gars blanc qui chante le truc du noir, se débarrassait de l'imitation du cri et du grognement des noirs et du cadre des douze mesures pour le faire évoluer vers quelque chose qui sonnait vrai pour un jeune blanc-bec de Londres.
Je fais une tentative pour ingérer mon petit-déjeuner aérien. Le capitaine annonce que nous sommes actuellement à 32 000 pieds au-dessus de Rotterdam. Peter Green s'est réveillé. Il a un magazine sur les genoux et il rigole tout seul. Je me tords le cou pour voir ce qu'il lit. Loaded. Peter Green lit Loaded, le magazine le plus détestable de tous les magazines actuellement publiés en Grande-Bretagne, et il prend du bon temps. Le riff de guitare d'intro de "Oh well" me vient en tête. Un riff de guitare que j'ai passer l'hiver 69-70 à essayer de maîtriser alors que j'aurais dû être en train d'écrire mes dissertations d'histoire médiévale pour le bac. " When I talk to God he said 'I understand', He said 'Stick by me, I'll be your guiding hand' " (" Quand j'ai parlé à Dieu il a dit 'Je comprends', Il a dit 'Suis-moi, je te guiderai' "). C'étaient presque les seules paroles d'une performance par ailleurs instrumentale de près de sept minutes. Comment a-t-il bien pu persuader sa maison de disques que ce titre bizarre et non commercial devait être la première sortie de son groupe sur un nouveau label ? Ça a été numéro deux dans les charts la même semaine que "Bad moon rising" de Creedence Clearwater Revival a été numéro un. Ces vers très peu pop me sont restés en mémoire au fil des années, me revenant de temps en temps au moment où je m'y attends le moins, quand j'attends le bus ou que je regarde un film. Il est clair que le petit déjeuner de la compagnie est immangeable ; je lève les yeux pour voir ce que fait Peter Green. Il déplie le poster de la pin-up Emma B. (un jeune mannequin qui monte, pas la Spice Girl) des pages centrales de Loaded. On voit sa belle et ample poitrine s'extirper de sa robe de soirée noire et moulante. La nana parfaite pour Loaded. Ils savent ce qu'on veut. Peter Green rigole encore dans sa barbe.

Je rassemble mon courage pour demander à l'ingénieur du son (notez bien, pas un simple roadie) à côté de moi "M. Green accepterait-il de signer un autographe pour moi ?"
"Hé, Pete, ce gars voudrait que tu lui signes un autographe."
"Pas si c'est pour qu'il le mette en boule et le jette."
"Non ! Jamais je ne ferais ça." Je lui tends mon carnet et mon stylo.
"Qu'est-ce que vous voulez que j'écrive ?" Peter Green me parle directement, moi qui n'ai jamais réussi à apprendre à jouer "Man of the world" de bout en bout, et encore à déchiffrer toutes les paroles.
"Pour Bill – C'est tout." Je le regarde alors que sa main gribouille inconfortablement quelque chose sur la couverture intérieure de mon carnet noir. Puis il me le repasse. "Pour Bill de la part de Peter…" et je n'arrive pas à déchiffrer ce qu'il a écrit comme nom de famille.
"Qu'est-ce qu'il y a d'écrit ?" Je demande à l'ingénieur du son.
"Greenbaum. C'est son vrai nom."
Sa signature n'a pas particulièrement d'emphase artistique. Rien d'affecté ni de travaillé. Quand c'est arrivé à l'occasion qu'on me demande un autographe, je détestais ça. C'était détestable, gênant et merdique. Jimmy et moi expliquions au chasseur d'autographe, quel qu'il fut, que tout le concept de l'autographe était un truc méprisable favorisant l'élitisme, et ensuite on tentait de persuader le chasseur que nous serions très heureux de lui serrer la main, cela nous semblant plus équitable. Bien que nous réussissions généralement à leur imposer d'accepter notre poignée de main sans valeur, ils avaient toujours l'ai désappointés. Un jour, alors que je quittais les studios de la BBC après avoir enregistré un passage à Top of the Pops, une fan s'est approchée, son carnet ouvert et tout prêt. J'allais me lancer dans mon argumentaire de la poignée de mains quand elle a dit, "Etes-vous quelqu'un de célèbre ?"
L'index de ma main droite trace les lettres de Peter Greenbaum. La main qui a écrit et joué ces accords hurlants de "Green Manalishi" a touché ce papier. "Green Manalishi" est le dernier du plus parfait des quartets de hit singles jamais enregistrés par un seul groupe. C'est quelque chose que même les Beatles n'ont pas réussi à faire. En tout cas, aucun de ces comiques maquillés dont la décennie suivante a été encombrée ne s'en est jamais approché. (Sachant que moi j'étais trop Vieux et Sage pour marcher dans quelque chose d'aussi facile que le glam rock.)
"Green Manalishi" est sorti en mai 1970, le même mois que le proviseur m'a surpris à lire un exemplaire d'Oz dans le CDI et a recommandé que je quitte le lycée pour chercher du travail dans la sidérurgie. Ma mère, très inquiète, a payé pour que j'aille dans un coûteux cabinet-conseil privé à Londres. J'ai passé une journée entière à faire des tests alambiqués et à répondre à des questions. Ils ont découvert que j'étais adroit de mes mains et que j'aimais la musique. Après avoir empoché l'argent de ma mère et étudié mes tests ils ont suggéré que je m'oriente vers le métier de facteur de violon. "Et comment je fais ?", je pense que j'ai demandé. "En allant dans une école d'arts appliqués." J'ai appelé l'école d'arts appliqués d'High Wycombe. Ils ont dit qu'ils seraient d'accord pour m'inscrire, mais qu'il fallait d'abord que je passe un diplôme à Bac + 2 aux Beaux-Arts. Ce que je n'ai dit à personne c'est qu'un disque intitulé "Green Manalishi" venait de sortir, et que la seule chose que je voulais vraiment faire c'était faire un disque qui essaierait d'une façon ou d'une autre d'être aussi étrange, effrayant et séduisant que ça.

Je n'ai jamais su ce qu'était un Green Manalishi. Ce n'était pas dans le dictionnaire d'anglais d'Oxford. Une sorte de démon, je me disais. "Green Manalishi" n'a été que dixième dans les hits parades. C'est pas longtemps après la sortie du disque que j'ai appris en lisant le Melody Maker que Peter Green avait quitté le groupe, fait don de tout son argent et était devenu fossoyeur. De mon point de vue, c'était la chose la plus cool au monde à faire. Bien mieux que le gâchis pathétique dans lequel les Beatles s'étaient retrouvés. Un million d'années lumière de fois mieux que ses acolytes guitaristes du British Blues Boom mentionnés plus haut, qui ont entrepris de produire le plus gros catalogue de merde prétentieuse qui a jamais rempli les bacs du magasin HMV près de chez moi et les stades dans le monde entier. Comme tout vieux rocker érudit vous l'expliquera, après avoir quitté son groupe, Peter Green a sombré pendant des années dans la maladie mentale, la quasi-clochardisation et le purgatoire pop. Dans le même temps, les membres de son groupe ont cherché de nouvelles recrues, se sont installés en Californie, et sont devenus le groupe le plus vendeur des années 70. Dans les vingt-huit années qui se sont écoulées depuis que Peter Green a empoigné une pelle de fossoyeur, il est arrivé qu'on retrouve sa trace, qu'on le mette dans un studio et qu'on lui colle une guitare dans les mains avec la lampe rouge allumée. Le résultat, d'après ce que j'en sais, n'a jamais été que le lointain écho de ses réussites passées. Bien que je possède un exemplaire du premier de ces disques, "The end of the game", et qu'il occupe effectivement une place étrange et affectueuse dans mon cœur, en aucun cas je n'aurais envie d'écouter la moindre note de tous les autres.
"Puis-je poser une question à M. Green ?"
"Hey Pete, il veut te poser une question."
"On me pose toujours les mêmes questions." je l'entends marmonner. J'essaie désespérément de penser à quelque chose qu'on ne lui aura jamais demandé avant de toute sa vie, quelque chose de profond. Quelque chose qui lui fera penser que je suis quelqu'un qui vaut la peine qu'on lui réponde, que je suis en phase avec son âme torturée. Que je comprends. Une fois de plus, comme vous pouvez le deviner à la façon dont je laisse cette histoire s'embringuer, je veux que vous le lecteur vous vous rendiez compte que je suis tout à fait capable de me tenir à côté de moi-même et de penser , "Quel trou du cul tu fais, Drummond." Je suis ce type de fan bavantr d'admiration qui veut faire de l'objet de son adulation un héros de quelque Mont Olympe du rock'n'roll. Il y a eu des moments dans le passé où les rôles ont été complètement inversés, quand je poussais mon caddie dans un supermarché ou que je chargeais les gosses à l'arrière de la Volvo et qu'un individu mal préparé dont la vie quotidienne entrait momentanément en collision avec la mienne me demandait :
"Pardon, vous n'êtes pas Bill Drummond ?"
"Si."
"Je voulais juste vous dire…" ou "Excusez-moi, est-ce que je peux vous demander…", et quoi que ce soit qu'ils disent ou demandent et quelle que soit ma réponse, ce n'est pas ce qu'ils veulent entendre. Il y a généralement quelque chose dans leur regard que j'ai été impliqué quelque part dans le passé dans quelque chose qui a eu un impact sur leur évolution à l'adolescence, une évolution qui les embarrasse peut-être maintenant, ou dans le meilleur des cas elle leur inspire une certaine nostalgie. Mais ils ne peuvent pas s'en empêcher, et maintenant, bien que je sache tout ça, je ne peux pas m'en empêcher non plus. J'essaie désespérément de trouver une question qui n'a jamais été posée à Peter Green, mais qui ne sera malgré tout pas mal interprétée comme méprisante pour sa réputation blessée. Mais aucune question géniale de me vient avant que je bafouille : "Je parie qu'on ne vous a jamais demandé combien de tâches a le léopard sur la pochette de End of the game ? Il ne dit pas, "Quelle question intéressante ! Vous avez raison, on ne me l'a jamais posée auparavant." Ce qu'il dit, c'est "Je n'ai rien eu à voir avec le choix de la pochette." Si je n'étais pas dans un avion, je m'enfoncerais bien dans le sol.
Je ressors mon exemplaire de Das Handbuch et je commence à le parcourir page à page, en comparant les titres originaux des chapitres avec leur traduction et en me demandant ce que donne ma description du génie que fut Steve Wright en allemand. Page cinquante-huit, titre de chapitre, "Groove". Il n'existe apparemment pas de traduction allemande pour ce mot. Je tourne la page soixante-trois en m'attendant à voir la traduction de "Refrain et titre" sur la page soixante-quatre. Ce que je découvre est "Tonarten, noten und akkorde". Même avec ma connaissance rudimentaire de la langue allemande je sais que c'est plus probablement la traduction du titre de chapitre "Clés, notes et accords". Il y a un problème. Je compare l'édition allemande avec l'édition originale anglaise. Onze pages de traduction manquent à l'appel. Onze pages qui, de la façon la plus précise et la plus cynique, traitent de l'écriture d'un Numéro Un au Hit Parade en décrivant minutieusement chacun de ses composants : le refrain et le titre mentionnés plus haut, les couplets (ou le facteur du riff de basse), l'intro, les ponts, les breaks, le final et les petits trucs qui traînent. Tous sont expliqués, désacralisés, mis à nu pour que tout lecteur un peu entreprenant puisse tenter le coup et atteindre le succès. Sans ces pages, le livre n'a aucun sens, même comme un témoignage de son époque dix ans après sa date de péremption. Sans elles, tout critique allemand qui voudra le chroniquer percevra inévitablement Das Handbuch comme le délire incompréhensible d'un autre des artistes mineurs de l'Histoire de la Pop qui essaie de s'attribuer une part plus grande qu'il ne mérite de la Légende Dorée de la Pop.
Assis là alors que le capitaine annonce notre descente imminente sur Heathrow et le mauvais temps qui nous y attend, je sens la volonté divine s'abattre sur mes petites vanités. Le livre est déjà dans les librairies allemandes. Il est trop tard pour faire quoi que ce soit, je peux me plaindre tant que je veux, trépigner, et montrer du doigt tous ceux que j'estime responsables. "Bien fait pour moi de toutes façons.", c'est la seule conclusion valable à laquelle je peux arriver. Alors que l'avion roule vers l'aérogare, je remarque que le chapitre "Le chant et les chanteurs" manque aussi à l'appel.
Alors que mes co-passagers se dirigent vers la zone de récupération des bagages, je remarque la silhouette voûtée et traînant des pieds de Peter Green devant moi. J'ai l'habitude de chercher une signification aux incidents hasardeux qui se présentent à nous alors que nous titubons dans la vie, en espérant découvrir une sagesse poignante qui sera utile pour le reste de mes jours. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui je ne ressens rien.

11 décembre 2006

CRAZED AND CONFUSED


Acquis peut-être bien chez Danceteria à Paris en 1994
Réf : NING 02 -- Edité par Fierce Panda en Angleterre en 1994
Support : 2 x 45 tours 17 cm
6 titres

J'ai acheté plusieurs compilations double single de Fierce Panda par correspondance, mais la première j'ai probablement dû l'acheter dans un magasin. New Rose était fermé en 1994, je l'ai donc probablement acheté à Danceteria, à moins que ce ne soit à Londres.
Les productions de Fierce Panda en 1994/1995 m'ont donné la pêche, comme en témoigne l'article ci-dessous, paru dans le Vivonzeureux! papier n°2 d'août 1995.
Une grosse dizaine d'années plus tard, Fierce Panda existe toujours. Sans surprise, c'est devenu un label indépendant "normal", mais qui est toujours défricheur de talents (les Maccabees ou Art Brut figurent à leur catalogue).
Rétrospectivement, on ne peut que louer le flair qui les a fait sélectionner la brochette de groupes débutants qui figurent sur ces deux 45 tours :
Ash avec "Punkboy", sa reprise d'Helen Love, est excellent. Jusqu'à "Girl from Mars" inclus ils ont fait un sans faute. Après, ils ont tourné gros rock trop produit et je ne les ai plus suivis.
Supergrass était au tout début de sa très longue carrière, tout comme Gorky's Zygotic Mynci. "She said", le titre de Noise Addict, n'est pas parmi mes préférés de ce groupe, mais il est bien quand même. Quant à Tribute To Nothing, ils ont été signés sur la foi de "Before", un excellent titre très énergique (batterie/guitare notamment), mais à ma connaissance ils ne sont jamais approchés de ce niveau par la suite.
A l'époque, j'ai très peu écouté le titre live de Credit To The Nation qui ouvre cette compilation, et j'ai bien eu tort. C'est un excellent rap live très rarement, qui vous fait effectivement brandir le poing, et c'est le seul titre qui n'est pas dans une lignée noisy pop qui va des Buzzcoks à Jesus and Mary Chain en passant par toute la production des anorakeux C86.

L'article sur Fierce Panda paru dans le n° 2 de Vivonzeureux! en août 1995 (cliquez pour agrandir) :

FELT : Ignite the seven cannons


Acquis d'occasion à Reims vers 1986-1988
Réf : B RED 65 -- Edité par Cherry Red en Angleterre en 1985
Support : 33 tours 30 cm
11 titres

Je n'ai pas acheté ce disque au moment de sa sortie. Je n'avais déjà pas acheté l'album précédent, "The strange idols pattern and other short stories", et je trouvais que ces titres d'albums faisaient vraiment prétentieux. Ce n'est pas que je n'aimais plus la musique de Felt, mais quand on n'a pas un budget extensible il faut faire des choix, et il se trouve que j'ai eu l'occasion en novembre 1985 de me faire une copie cassette de l'album chez mon pote Alan McG.
C'est un album bizarre, placé sous le signe du label 4AD. Tout d'abord, au lieu de faire appel à un producteur professionnel habituel, comme John A. Rivers ou John Leckie, Felt a embauché cette fois-ci un collègue musicien, Robin Guthrie, vedette de 4AD avec ses Cocteau Twins, qui fait là un de ses premiers pas dans la production en-dehors de ses propres enregistrements, et qui a amené aves lui sa chanteuse Liz Fraser pour deux titres.
Ensuite, il y a la pochette. Toutes les pochettes de Felt sont réalisées par Lawrence sous la marque Shangai Packaging Company. Là, la pochette n'est pas signée, mais comme pour le single "Sunlight bathed the golden glow", de la couleur à la typographie, on jurerait qu'on a à faire à une pochette de Vaughn Oliver/23 Envelope pour Modern English ou un groupe de ce genre.
C'est un album charnière pour Felt : son guitariste solo historique, Maurice Deebank est présent sur ces enregistrements, mais il quittera le groupe définitivement juste après, et on fait connaissance avec un petit jeune, l'organiste Martin Duffy, qui marquera la seconde moitié du parcours de Felt. On trouve aussi à la basse Marco Thomas, pas encore officiellement un membre du groupe, mais il l'intégrera après le départ de Deebank et y restera jusqu'à la séparation, tenant la basse puis la guitare.
L'album est loin d'être parfait. La patte de Guthrie, surtout les effets la batterie et sur le son déjà très travaillé de Deebank, donne un son très daté à l'ensemble, et ce n'est pas toujours facile d'intégrer l'orgue de Duffy à tout ça. La face A se tient très bien, pourtant, avec ses cinq titres chantés. Elle culmine avec le chef d'oeuvre "Primitive painters". Ce qui est bien, avec "Primitive painters", c'est que si on devait résumer la discographie de Felt ET des Cocteau Twins, ce seul titre ferait parfaitement l'affaire. Après une intro avec des harmoniques à la Cure ("10.15 Saturday night"), on est pris dans un tourbillon hypnotique pendant près de six minutes . La ligne de basse tourne sur elle-même, la guitare scintille, l'orgue nous enveloppe et Lawrence est parfaitement lui-même : "I just wish my life could be as strange as a conspiracy (...) I'm just me I can't deny I'm neither here, there nor anywhere"). Et puis vient le refrain. Au moment où Lawrence se lance dans un exercice d'auto-flagellation ("Tu devrais voir la trace de ma disgrace, assez longue pour effrayer toute l'espèce humaine"), Liz Fraser entre en scène, la véritable banshee, la messagère de l'autre monde qui sert d'intermédiaire entre les dieux et les hommes. Pendant la deuxième moitié du titre, il n'y a plus de construction de la chanson. C'est un maelstrom, avec les voix qui se répondent sans dialoguer ("There's a look on your face it's the human race" / "You should see my trail of disgrace" / "I just wish my life could be").
Après ce sommet, la face B déçoit au plus haut point. "Black ship in the harbour" vaut bien les chansons de la première face, mais il y a quatre instrumentaux sur six titres, ce qui déséquilibre complètement le disque.

J'ai passé une bonne partie du mois de novembre 1985 en Grande-Bretagne. Le 13, j'étais avec Dick Green à Glasgow pour emmener Primal Scream et les Meat Whiplash donner un concert à Aberdeen, avant de ramener tout ce beau monde à Londres le 17 pour d'autres concerts. Pendant ces quelques jours à Glasgow, j'ai récupéré un exemplaire d'une affiche de concert qui me faisait baver : Felt à Glasgow le dimanche 24 novembre, au club Splash 1, dont la programmation était assurée par Bobby Gillespie et ses potes. A une semaine près, ça aurait été l'occasion parfaite de voir Felt en concert pour la première fois.

Le mardi 26 novembre, je me suis retrouvé dans l'entourage qui accompagnait The Jesus and Mary Chain au départ de Londres pour une mini-tournée de deux concerts à Manchester et à Leeds. On avait carrément deux camionnettes : avec le premier album "Psychocandy" qui venait de sortir, "Just like honey" qui avait pas mal marché, les Mary Chain pouvaient se payer ça. Et on était pas mal à accompagner le groupe : les petites amies de trois des membres du groupe, Dave Evans et Luke Hayes en équipe technique, Alan le manager, Joe Foster et moi-même.
Juste avant d'arriver à Manchester, je demande à Joe Foster s'il y a une première partie de prévue le soir. Il me répond oui, Felt et les Shop Assistants ! Le problème avec Joe Foster, c'est qu'il est toujours à raconter des histoires, à parler des légendes du rock qu'il connait et qu'il fréquente, et il donne souvent l'impression de beaucoup broder, mais j'ai souvent eu l'occasion de vérifier que, derrière la truculence et l'hyperbole de ses propos, se dissimulait la plupart du temps une très grosse proportion de vérité ! Mais là quand même, alors que ça fait plusieurs jours que je radote sur le single "All day long" des Shop Assistants, qui caracole en tête des charts indépendants, et sur Felt, que je n'ai jamais vu en concert et que j'ai raté de peu à Glasgow, j'ai vraiment l'impression qu'il me fait marcher, ou qu'il me tire la jambe comme disent les anglais. Alors, un peu plus tard, alors que je donnais un coup de main à Luke et Dave pour amener les amplis sur la scène de l'Hacienda (pratique : la porte arrière de la scène ouvrait sur la rue, et il n'y avait qu'à garer la camionnette en marche arrière le long pour décharger), j'ai reposé la question, et j'ai eu la confirmation inespérée : Oui, l'affiche du soir était bien Shop Assistants, Felt et The Jesus and Mary Chain !!
Au moment des balances, j'ai donc fait connaissance avec les membres de Felt. Maurice Deebank n'était plus dans le groupe, et je pense qu'ils n'étaient que quatre ce soir là : Lawrence, Gary Ainge, Martin Duffy et Marco Thomas. Au cours de la conversation, quelqu'un a raconté comment j'avais fait l'introduction des Television Personalities au micro lors du dernier concert de la Living Room à l'Adam's Arms l'année précédente. Ça a bien plu à Lawrence, et quelques temps plus tard je me suis retrouvé sur la scène de l'Hacienda, à annoncer formellement l'arrivée sur scène de Felt, du style, "And now ladies and Gentlement, from Birmingham, here's Felt", sauf que j'ai fait l'annonce en français bien sûr.
J'ai relativement peu de souvenirs précis du concert lui-même. Les Shop Assistants c'était très bien. Felt aussi. J'imagine qu'ils ont joué "Primitive painters", mais je ne m'en souviens plus, je me souviens juste qu'ils ont dû jouer "The day the rain came down". Quant à Jesus and Mary Chain, la période des émeutes à leurs concerts était heureusement terminée, mais ils n'étaient pas pour autant devenus un grand groupe de scène.
Ça m'a fait tout drôle de voir la reconstitution de l'Hacienda dans le film "24 hour party people". Je me souvenais effectivement de la déco façon signalisation de sécurité anglaise (hachures jaune et noir), je n'ai pas rencontré Howard Devoto aux toilettes (ou alors je ne l'ai pas reconnu), et surtout, en-dehors de l'excellent concert, le principal souvenir que j'en garde, c'est que c'était une boîte, une discothèque, branchée certes, mais une discothèque, et les discothèques c'est pas trop mon truc.
Je garde un souvenir très vivace de la nuit qui a suivi. Il y avait trois chambres réservées pour les Mary Chain dans un bed & breakfast situé dans un quartier excentré (une grosse maison reconvertie en hôtel de 8-10 chambres), ce qui n'était pas énorme pour un groupe de quatre musiciens et huit accompagnateurs. Mais rien n'était prévu pour Felt et les Shop Assistants, en tête des charts indépendants à l'époque, je le rappelle, qui étaient payés une misère (50 ou 75 livres pour Felt, ce qui veut dire qu'une fois payée la location de la camionnette et l'essence pour venir de Birmingham il ne restait rien) et qui nous accompagnaient pour le concert du lendemain à l'université de Leeds.
On est donc tous rentrés discrètement dans le B & B pour s'entasser à 21-22 dans les trois chambres ! Il y avait du monde partout, sur les lits, par terre, et sûrement dans les salles de bain aussi. Bizarrement, il n'y avait pas de verrou à notre porte, et on n'avait pas la clé. On se lève tard après un concert, et il n'était pas question de laisser le personnel de l'hôtel entrouvrir la porte pour voir si la chambre était vide pour y faire le ménage. Je dormais par terre les pieds contre la porte, et j'ai l'impression d'avoir passé la matinée à repousser la porte de mes pieds à chaque fois que quelqu'un essayait de l'ouvrir !
Au réveil, ça a été un ballet incessant pour aller au petit-déjeuner (ceux qui pouvaient le faire) et sortir discrètement pour rejoindre les camionnettes (les autres), avec des propriétaires de l'hôtel qui n'étaient pas dupes (!) et qui faisaient la gueule...



The Jesus and Mary Chain et les Shop Assistants pendant les balances sur scène à l'Université de Leeds, le mercredi 27 novembre 1985, après une mauvaise nuit de sommeil ! (photos : JC Brouchard)

Ajout du 9 juin 2010

Une version revue et traduite en anglais de ce billet vient d'être publiée dans Foxtrot Echo Lima Tango, un livre-fanzine consacré à Felt,auquel contribuent aussi notamment Phil King, Alistair Fitchett, Kevin Pearce, Gary Ainge et Marco Thomas.

09 décembre 2006

GANG OF FOUR & FIVE OR SIX : Vinyl flexidisc



Acquis chez A l'Automne Alité à Reims en 1982
Réf : SHOL 3279 -- Edité par Vinyl aux Pays-Bas en 1982 -- Fourni avec le n° 16 du magazine Vinyl, juillet 1982
Support : 45 tours souple 17 cm
Titres : GANG OF FOUR : Lord make me a cowboy -/- FIVE OR SIX : Black balloons drop

N'allez pas croire qu'A l'Automne Alité avait une boutique de disques à l'époque, ou même un local. Non, c'est chez Dorian Feller que j'ai acheté ce magazine hollandais, et je sais bien pourquoi ils en avaient pris quelques exemplaires en dépôt : on y trouve un compte-rendu complet du Festival des Musiques de Traverses de Reims de 1982, avec des articles sur Jacques Berrocal, Fall of Saigon, Etron Fou Leloublan et Univers Zero. Au sommaire également, rien moins que Felt, The Passage, Material, Mathilde Santing et Philip Glass, plus bien sûr les deux groupes qui figurent sur le disque souple joint au magazine, Five Or Six et Gang Of Four, qui forment à eux deux la bande des quatre, cinq ou six !
Evidemment, je ne comprends pas le hollandais, mais heureusement il y a un cahier central avec une traduction approximative en anglais des articles.
J'aime bien les magazines qui fournissent un disque ou une cassette, encore plus quand la musique est inédite par ailleurs. C'était le cas pour les deux faces de ce flexi à l'époque, et ce qui est très surprenant, c'est qu'aucun de ces deux titres n'a jamais été réédité depuis.
Pour Five Or Six, groupe des plus confidentiels, ce n'est qu'une demie-surprise, d'autant plus que le groupe était visiblement sur le point de se séparer. Comme le note le journaliste, les membres du groupe ne sont d'accord sur rien ! Ils veulent toucher le plus grand nombre et ne pas être enfermé dans une image d'avant-garde et d'underground, mais le moins qu'on puisse dire c'est que "Black balloons drop", que j'aime bien, est loin d'être du Abba. Il y a une boite à rythmes et des voix martiales vaguement tribales pour le gros de la chanson, quelques notes de basse façon Jah Wobble pour tout refrain et une orgie de boite à rythmes et de cuivres pour le final.
Pour Gang Of Four, je m'étonne depuis des années que "Lord make me a cowboy" n'ait jamais été placé sur une compilation ou ajouté en bonus à une réédition en CD. Ma théorie préférée c'est qu'EMI, leur label, ne sait même pas que ce titre existe, à moins que ce soit le groupe qui l'ait oublié !
L'interview de Vinyl a été faite à Londres pour la promotion du troisième album, "Songs of the free", mais le son de "Lord make me a cowboy" le rapproche beaucoup plus de "Solid gold", le deuxième album du groupe, sorti en 1981, quelque part entre "What we all want" et "Paralyzed".
Les paroles font probablement référence à Ronald Reagan, l'acteur de westerns qui venait d'entamer son premier mandat de président des Etats-Unis, mais avec un cowboy texan belligérant à Washington depuis six ans, elles résonnent encore bizarrement aujourd'hui : "O Lord make me a cowboy When I rise from bed, Revolver in my hand, Wild thoughts inside my head (...) Someday I will be president And set the world on fire"...
En tout cas, ce vinyl souple, le flexidisc que j'ai le plus écouté au fil des années, est étonnamment résistant : il passe encore bien après toutes ces écoutes.

PS : "Lord make me a cowboy" est en écoute sur le radio-blog de Vivonzeureux!