Pages
▼
31 décembre 2010
ANDRE VERCHUREN : La danse des célibataires
Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne vers 2007
Réf : AV 1 -- Edité par Festival en France en 1970 -- Disque interdit à la vente
Support : 45 tours 17 cm
Titres : La danse des célibataires -- La moiss batt de la CUMA -/- Les concombres -- On n'est pas fait pour travailler
J'imagine que le 31 décembre est avec le 13 juillet l'un des jours où l'on danse le plus en France. Alors, si vous manquez d'idée pour votre programme ce soir, voici un disque fait spécialement pour danser.
Je l'ai trouvé chez Emmaüs à un moment où ils avaient dû récupérer un lot venant d'un fan d'accordéon, ou plutôt d'un musicien. Il y avait des disques de divers accordéonistes, y compris de petites productions et des échantillons. J'ai sélectionné celui-ci parce que c'était un hors commerce et aussi parce que le titre La moiss batt de la CUMA me plaisait bien.
Ce disque est donc "interdit à la vente". Au verso, un court texte nous explique que "Cet enregistrement spécialement réalisé pour les Editions "André Verchuren" par les disques "Festival" est réservé à nos amis les chefs d'orchestre de nos fichiers (feuilles ou cahiers S.A.C.E.M.)". Si je comprends bien, il s'agissait d'inciter des professionnels qui avaient déjà joué du Verchuren, en public ou sur disque, à récidiver en leur proposant une sélection de quatre titres récents.
Ce disque promo est très lié à une série de trois 45 tours "Spécial Verchuren" commercialisés par Festival et également orientés vers la danse : la photo de pochette est celle du premier Spécial Verchuren, deux titres sont extraits du n°2 et les deux autres se trouvent sur le n°3.
Quelques temps plus tard, André Verchuren allait sauter le pas : en plus d'avoir sa propre maison d'édition, il sortirait ses disques sur son propre label. Ce label allait aussi diffuser des promos, référencés comme celui-ci avec les initiales AV, ce qui fait qu'il existe un autre disque numéroté AV 1, Un tout petit bisou, qui n'a rien à voir avec celui-ci.
Et cette moiss batt, alors ? Et bien, elle ne déçoit pas. Certes, ce n'est pas léger léger, mais ses aventures nous sont contées sur un rythme de samba : "La moiss batt de la CUMA, c'est la reine de tous les gars (...) Elle se prête d'abord à Jean, puis c'est le tour de Fernand, chacun peut en profiter du moment qu'il peut payer". A ce moment, les danseurs de bal citadins risquent d'être intrigués, suit alors un avertissement : "Ne soyez pas indigné en écoutant tout cela, la moiss batt de la CUMA n'est pas celle que vous croyez", aussitôt suivi de l'explication finale :
"- Sil vous plait mon brave, la moiss batt de la CUMA, qu'est-ce ?
- Eh ben, pardi, c'est la moissonneuse batteuse de la Coopérative d'Utilisation du Matériel Agricole."
La danse des célibataires, enfin "Ceux qui veulent se marier", est une square dance façon western. La guimbarde accompagne l'accordéon et, évidemment il est question de changer de cavalier, jusqu'à ce qu'on trouve chaussure à son pied, et d''embrasser sa cavalière au moment indiqué.
La face B n'arrive pas à soutenir ce rythme de folie. On n'est pas fait pour travailler est une marche sur un thème éternel ("La preuve c'est que ça nous fatigue") qui n'est qu'un sous-produit du tube Le travail c'est la santé d'Henri Salvador.
J'ai surtout été peu déçu par Les concombres. Avec ce titre, annoncé comme un jerk, j'espérais bien pour le coup avoir un sous-produit des excellents Cornichons de Nino Ferrer. C'était sûrement l'idée mais, bien que la chanson soit ponctuée du cri du concombre qui est bien à plaindre ("Plaignez les concombres, les pauvres cucu-cucurbitacés"), les paroles sont au ras du potager et le côté jerk n'est pas assez prononcé à mon goût.
Que cette petite réserve ne vous empêche pas, si vous faites le DJ ce soir au réveillon ou prochainement pour un mariage, de prévoir un peu de Verchuren. Ça plaira aux grands-parents et avec un peu de chance ça pliera le reste de la famille.
26 décembre 2010
PATRIK FITZGERALD GROUP : Tonight EP
Acquis au Record and Tape Exchange de Notting Hill Gate à Londres fin 1983 ou début 1984
Réf : FS EP 001 -- Edité par Final Solution en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Mrs & Mrs -- Animal mentality -- Tonight -/- A superbeing -- Waiting for the final cue
Ceci est le premier disque de Patrik Fitzgerald après son contrat chez Polydor, chez qui il avait sorti son premier album Grubby stories et deux excellents 45 tours. Pour l'occasion, il a monté un "groupe", un trio où il est accompagné de Colin Peacok au synthé et à la guitare et de Lester Broad, très discret au saxophone.
Ce maxi est le seul disque sorti par ce groupe. Leur destin n'a peut-être pas été facilité par le fait que le label Final Solution qui l'a édité n'a pas fait long feu : il semble avoir sorti quatre disque en tout et pour tout, dont deux albums des Gadgets. C'est bien dommage car c'est l'un de mes disques préférés de Patrik Fitzgerald.
C'est un disque sombre comme sa pochette, existentiel et dépressif, bien dans l'air du temps de 1980. En ouverture, Mrs & Mrs fait la transition avec les disques précédents car la guitare acoustique est presque toute seule, à part un son de xylophone, pour ce titre court et rapide. Il est apparemment question d'une aventure homosexuelle, mais entre deux hommes, contrairement à ce que le titre pourrait faire penser.
L'atmosphère change et se glace dès les premières notes de guitare électrique d'Animal mentality. Il y aussi un piano, mais l'ensemble est très dépouillé, comme sur tout le disque. Et l'ennui arrive dès les premières paroles, "It's only being given time to think that creates boredom, I could be better off some other way". La solution ? Avoir une mentalité d'animale pour ne pas trop penser et ne plus s'ennuyer...
Tonight est le sommet du disque. Là encore, rien de très gai, mais entre les disques de Joy Division et ceux de The Cure, on adorait ça à l'époque, et surtout ça permet souvent de faire de grandes chansons :
"Dying slowly, feeling ill
I can't explain the way I feel
People die, and so will I
It could be slow, it could be quick quick slow
(...)
But people die, I will soon
And then I won't write any more tunes
And I won't stand here and talk to you
And wonder what the fuck to do
Tonight".
Le tempo plus lent que sur la majorité des chansons de Patrik Fitzgerald sert la chanson, tout comme l'accompagnement, toujours minimal.
La face B continue sur cette lancée, peut-être juste un petit ton en dessous, mais A superbeing avec sa boite à rythmes et sa guitare électrique et Waiting for the final cue avec finalement du saxophone sont d'excellentes chansons qui restent dans le ton et complètent parfaitement ce demi-album.
C'est d'ailleurs l'un de mes regrets que ce Patrik Fitzgerald Group n'ait pas sorti d'album à l'époque (en 1995, Patrik a repris l'intitulé Patrik Fitzgerald Group pour l'album Pillow tension, mais ce n'était pas la même formation). Un nombre suffisant d'enregistrements a pourtant sûrement été réalisé puisque, à ces cinq titres, on peut ajouter Breathing's painful et le sublime One by one, sortis par Armageddon en 1981 et 1982 sur des compilations du Moonlight Club, Straight boy, la face B du single Personal loss en 1982, mais aussi une première version de One little soldier, éditée en 2006 sur la compilation Floating population mais enregistrée en 1980, soit deux ans avant de se retrouver, dans une autre version, en ouverture de l'album Gifts and telegrams.
Dans les notes de pochette de Floating population, Patrik explique qu'il a pris comme point de départ les versions du groupe pour enregistrer Punch et My death sur Gifts and telegrams, entièrement en solo comme tout l'album. Etant donné que Grey echoes sur cet album est co-signé par Colin Peacock, on peut penser que le groupe l'a également enregistré. Ce qui fait si je compte bien un total potentiel de douze titres pour un album du Patrik Fitzgerald Group qui, s'il avait existé, aurait sûrement rivalisé avec Drifting towards violence pour le titre de mon album préféré de Patrik Fitzgerald...
Le Tonight EP est disponible sur la plupart des plate-formes de téléchargement payant.
Floating population est toujours disponible.
Une version acoustique de 2006 de Tonight est en écoute sur la page Reverbnation de Patrik Fitzgerald.
Patrik Fitzgerald et Colin Peacock, Tonight, à l'Alaska Studio en 1980.
C'est dans ce même studio que Biff, Bang, Pow ! et la plupart des premiers groupes Creation ont enregistré, mais là l'isolation des murs n'a même pas l'air d'être terminée !
Cet extrait du film Rough cut and ready dubbed comprend également des interviews de John Peel, Charles Shaar Murray et Tony Wilson.
24 décembre 2010
HARRY HOUGASSIAN, JEAN JACONELLI ET LEUR ENSEMBLE DES MERS DU SUD : Danses des mers du Sud
Acquis probablement chez Parallèles/Gilda à Paris vers 2009
Réf : 76.311 -- Edité par RCA en France en 1959
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Hula cha -- Bonjour chérie -/- Si t'as été à Tahiti -- Hula téquila
Allez, puisqu'il semble bien que nous soyons en hiver, évadons-nous vers le soleil et le bleu des mers du Sud. Evadons-nous, oui, mais pas en bateau, ça ne se fait plus trop de nos jours, et surtout pas en avion. Prenons le même moyen de transport que les musiciens qui ont enregistré ces quatre titres sans quitter la France, évadons-nous en musique !
Ce disque, qui fit partie pendant un temps des collections de la Discothèque centrale de la Radiodiffusion-Télévision Française, est l'un des multiples enregistrements de Harry Hougassian, maître français de la guitare hawaïenne.
Peu de temps après s'être attaqué sur un précédent 45 tours au Hula hoop, Harry Hougassian, Jean Jaconelli et leur Ensemble des mers du Sud de la banlieue parisienne abordent ici d'autres rivages, ceux de Cuba et du Cha-cha-cha avec Hula cha, une version hybride cubano-hawaïenne du célèbre Hawaiian war chant, et ceux de Tahiti avec le toujours excellent Si t'as été à Tahiti. Loin des musiques traditionnelles des îles, ils reprennent à la sauce hawaïenne un autre succès de 1958, Bonjour chérie, la version française d'un titre intitulé Return to me en anglais. Je ne sais pas qui l'a faite en français le premier, mais rien que cette année là, Sacha Distel, Tino Rossi et Dario Moreno en ont tous sortis leur propre version ! Le dernier titre n'est pas une reprise, mais c'est presque tout comme. Signé Jean Jaconelli, Hula téquila est un titre quasi rock, évidemment informé par le Téquila des Champs, un autre tube de 1958.
De bout en bout, le disque est excellent, avec un très bon son. Ce n'est pas évident avec ce type de répertoire, mais c'est énergique et plein d'attaque. En plus de la guitare hawaïenne, il y a de la guitare électrique, notamment une partie sur les cordes basses presque saturée sur Hula cha. On note aussi des cuivres bien tempérés sur Bonjour chérie et Si t'as été à Tahiti, et tout au long des percussions efficaces, notamment sur Hula téquila.
Ce n'est d'ailleurs sûrement pas un hasard si, en-dehors de Harry Hougassian et de Jean Jaconelli, le seul musicien de l'ensemble crédité par son nom, sur l'étiquette du disque, est le percussionniste Elie Touitou à la darbouka.
Touitou, ce nom m'a interpellé. Je ne connais qu'un seul Touitou dans le monde de la musique, Jean Touitou de la société A.P.C., dont la section musicale a notamment réussi avec Think about Mustapha l'exploit d'associer sur un même disque Pascal Comelade et Jonathan Richman. Jean Touitou qui organisa en 1978 un concert Jonathan Richman and the Modern Lovers au Théâtre Mogador.
Pour ce qui est d'Elie Touitou, Libération dans son édition du 15 février 2000 nous apprend en annonçant son décès qu'il a surtout fait carrière sous le nom d'El Kahlaoui Tounsi. On trouve une biographie plus détaillée dans le programme de la soirée organisée au Bataclan pour lui rendre hommage le 13 mars 2002. Une salle particulière car, en plus d'une longue carrière de musicien, chanteur et chef d'orchestre, Elie Touitou a longtemps été propriétaire de la maison de disques Dounia, qui a édité un très grand nombre de chanteurs judéo-arabes, et il avait aussi acquis Le Bataclan et un petit studio d'enregistrement à la fin des années 1970.
Lili Boniche a longtemps enregistré chez Dounia mais, quand il est revenu sur le devant de la scène, c'est chez A.P.C. que ses disques sont sortis. Est-ce une simple coïncidence due à une homonymie ou bien Elie Touitou et le Jean Touitou d'A.P.C. sont-ils apparentés ? Si c'était le cas, cela aurait tendance à prouver que le gène de la musique et de la passion pour la musique est héréditaire !
23 décembre 2010
THE SOUND IS OUT THERE
Acquis au Record & Tape Exchange de Camden le 18 novembre 2010
Réf : FN CD 334 -- Edité par Flying Nun en Nouvelle-Zélande en 1995
CD 12 cm
12 titres
Je pensais en avoir bel et bien fini avec ma série de billets sur les compilations Flying Nun puisque j'avais fait le tour de toutes celles en ma possession. Oui mais voilà, je n'avais pas imaginé que, toute petite et perdue dans sa pochette cartonnée parmi des centaines de boitiers en plastique du rayon des disques à 1 £, je tomberais sur cette compilation venue d'ailleurs que je n'avais jamais vue auparavant.
Il s'agit d'une compilation-catalogue du Flying Nun de 1995 qui a le gros avantage de n'avoir absolument aucun titre en commun avec toutes celles que j'avais déjà. Il n'y a rien d'écrit dessus mais je me demandais s'il s'agissait d'un disque vendu dans le commerce ou d'un CD promo. Une publicité de l'époque m'a apporté la réponse : ce disque en édition limitée était vendu pas cher, mais il était aussi offert en promo aux acheteurs d'une des trois parutions de Flying Nun de septembre 1995. Il y a également eu une tournée Flying Nun en Australie sous cette bannière The sound is out there, qui fait référence à X Files.
Il n'y a pas un mauvais titre dans le lot. Le son est varié mais le style de pop-rock qui a fait la réputation du label dans les années 80 est assez peu présent, sauf dans une reconfiguration un peu folky avec Sweet angel des Magick Heads, ce qui n'est pas surprenant car l'un des membres du groupe est Robert Scott (The Clean, The Bats). Il y a aussi l'inamovible Chris Knox, qui réussit comme toujours un sans faute avec juste sa voix, une boite à rythmes et une guitare saturée pour Half man half mole.
Globalement, les groupes ont un son plus lourd, comme Garageland avec l'excellent Pop cigar, qui ouvre l'album, Bailterspace, Superette ou Loves Ugly Children avec le punky Messing things up. Snapper signe avec Hammerhead une belle réussite dans un style Jesus and Mary Chain à boite à rythmes. Il y a une une tendance post-rock assez marquée, qui est renforcée par les groupes "internationaux" signés sous licence par Flying Nun pour les antipodes : Labradford, avec un titre un peu mou du genou qui est pour moi le plus faible du lot; Stereolab, avec un très bon et énergique Farfisa, chanté en français, qui a le bon goût de s'arrêter au bout de deux minutes alors qu'on s'attend à ce que le groupe parte en transe pour un quart d'heure; et enfin la bonne surprise Cul de Sac avec The Kim Parker report, un titre à la PIL extrait d'une compilation de cassettes démos et de répétitions. On n'est pas trop surpris d'apprendre que le groupe a collaboré avec Faust. Un peu plus de savoir qu'ils ont fait de même avec John Fahey !
La distinction "Mon morceau préféré du disque" est attribuée à un instrumental, 76 comeback de King Loser, du surf garage d'anthologie, un croisement entre Lucifer Sam et Jonathan Fire*Eater qui me rappelle évidemment The whole world is turning Brouchard ! et qui est parfaitement à sa place au même catalogue que le Fish de The Clean.Allez, au revoir Madame la Nonne Volante, et à une prochaine peut-être, sait-on jamais ?
21 décembre 2010
THE MODERN LOVERS : New England
Offert par Dorian Feller à Villedommange en 2009
Réf : BZZ 14 -- Edité par Beserkley en Angleterre en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : New England -/- Astral plane
J'ai de la chance : c'est le deuxième exemplaire de ce disque qu'on m'offre.
La première fois, c'était en avril 1987 à Londres. J'avais été tellement excité en découvrant une version live d'Astral plane en face B du 45 tours que Paul Rosen de Twelve Cubic Feet venait d'acheter qu'il avait décidé de me l'offrir. Il faut dire que je n'avais même pas idée avant cet instant de l'existence de cet enregistrement. Mais le 45 tours de Paul était sans pochette et craquait pas mal, alors c'est avec grand plaisir que j'ai accepté ce deuxième exemplaire chiné par Dorian Feller au cours de ses pérégrinations.
Le principal intérêt de cet exemplaire, outre qu'il ne craque pas, c'est qu'il est accompagné de sa pochette. Je ne dirais pas que cette pochette est belle, mais elle nous propose 18 petites photos des Modern Lovers sur scène, elle a donc un intérêt documentaire. On voit même sur deux clichés Jonathan faire le dinosaure à quatre pattes, la seule occasion qui nous est donnée d'associer le son de l'album Modern Lovers live ! ("I come back !") avec une image. Les photos d'Adrian Boot pour la pochette de l'album étaient des Kodak couleurs. Là, il s'agit d'Ilford noir et blanc mais elles ont probablement été prises le même soir (Et par le même photographe ? Aucun crédit n'est donné), c'est à dire probablement encore à l'Hammersmith Odeon de Londres les 17 et 18 septembre 1977.
New England, qui est donc extrait de l'album Modern Lovers live !, met très bien en valeur l'excellente qualité de la formation des Modern Lovers de l'époque : Jonathan, Leroy Radcliffe à la guitare, Asa Brebner à la basse et D. Sharpe à la batterie. Par rapport à la version studio de l'album Jonathan Richman and The Modern Lovers de 1976, le jeu est plus fin, notamment la batterie, et les choeurs encore plus réussis (Ils chantent tous les quatre). Quant aux paroles, c'est amusant avec le recul d'entendre Jonathan Richman chanter "I've been out West to Californ—, but I missed the land where I was born." quand on sait qu'il a quitté la Nouvelle Angleterre depuis des années pour justement s'intaller en Californie.
L'enregistrement d'Astral plane qu'on trouve en face B est une rareté. Parce que ce titre ne figure pas sur l'album live mais surtout parce que c'est l'une des rares occasions où Jonathan Richman a publié un titre du répertoire des premiers Modern Lovers. En effet, je pense qu'on peut avancer sans trop se tromper qu'il n'a jamais vraiment souhaité que l'album The Modern Lovers sorte en 1976 avec des vieux enregistrements de 1971-1973. De tête et sauf erreur, il n'a sorti en-dehors de cet album qu'une poignée de versions de titres de cette époque : Roadrunner (twice) et Government center en1975 sur Beserkley Chartbusters, Hospital et Roadrunner (thrice) en live sur des faces B de 45 tours de 1977-1978 et Old world en 2008 sur Because her beauty is raw and wild. Je ne compte pas le Monologue about Bermuda sur Having a party with Jonathan Richman en 1991 où il se moquait de lui-même à l'époque des premiers Modern Lovers. Et Astral plane donc (Il parait qu'ils jouaient aussi She cracked lors de cette tournée de1977, alors que dans les années 2000, c'est Pablo Picasso que Jonathan et Tommy Larkins ont souvent joué sur scène).
J'ai longtemps cru qu'il était question d'un avion dans cette chanson, comme pour I'm a little airplane, un autre titre de l'album live. Plus tard, j'ai pensé qu'il y avait un jeu de mots sur les deux sens de "plane", soit "plan" et "avion". En fait, il n'est pas du tout question d'avion dans cette complainte d'un solitaire la nuit dans sa chambre: sa rencontre virtuelle avec son amoureuse se fait sur le seul "plan astral", pas dans un avion ni dans une fusée. Là encore, l'interprétation du groupe est fine et précise. Même sans l'orgue d'Ernie Brooks, la chanson garde quelque chose de l'ambiance à la Doors de la version de la version studio, rendue par le jeu de la basse et des guitares.
J'ai maintenant chroniqué ici toutes les faces B inédites live issues de cette tournée anglaise de 1977. On a failli en avoir beaucoup plus en 2004 quand Castle a annoncé la réédition en double CD de l'album Modern Lovers live !, avec l'intégralité des deux concerts de Londres, dont notamment une version d'un autre vieux titre, Girlfriend, mais cette édition non autorisée a été bloquée à la dernière minute. En tout cas, Astral plane, Roadrunner (thrice) et Hospital ne figuraient pas dans la liste des titres, ce qui indique qu'ils ont dû être enregistrés ailleurs qu'à Londres.
Les Modern Lovers, New England, à Top of the Pops en avril 1978.
Sur l'étiquette du 45 tours, il est indiqué "(p) 1977", mais plusieurs sources indiquent que ce disque serait en fait sorti en avril 1978, au moment d'un concert à Londres et de ce passage télé.
20 décembre 2010
CHARLES TRENET : Joue moi de l'électrophone
Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne vers 2008
Réf : CBS 7957 -- Edité par CBS en France en 1972
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Joue moi de l'électrophone -/- Prenez le temps de chanter
J'ai pris ce 45 tours à la pochette lettriste car l'association des titres des deux chansons, Joue moi de l'électrophone et Prenez le temps de chanter suscitait quelques espoirs en moi. La face A allait peut-être contenir des références à des disques des années cinquante ou soixante. Ou mieux, ce serait peut-être une ode visionnaire au platinisme, une anticipation du hip hop.
L'association des deux titres pouvait même laisser imaginer un concept 45 tours, un dyptique sur le son et la musique rivalisant de drôlerie avec Donne moi le micro d'IAM.
A l'écoute du disque, le retour à la réalité a été brutal. Ce 45 tours extrait de l'album du même titre d'un Charles Trenet déjà très loin de sa meilleure période mais encore loin de la retraite, même s'il allait faire ses premiers adieux sur scène trois ans plus tard, est très décevant.
Pour la face A, si Trenet demande bien qu'on lui joue de l'électrophone, ce n'est pas pour écouter des disques relativement récents mais pour entendre les airs de ses vingt ans à lui. On a donc droit à une marche qui évoque la musique militaire, les fanfares des fêtes et des défilés, avec un refrain assez énigmatique, "Rien n'est à moi, Tout est à eux, A eux, à eux, à eux, à eux.", qui contient peut-être une référence littéraire ou musicale que je n'ai pas saisie.
Prenez le temps de chanter démarre en valse avec des violons typiques de l'orchestrateur du disque, Caravelli. Trenet y fait son fou chantant optimiste, mais sans aucune énergie ni vraie gaité : "Prenez le temps de chanter, de rire, de vous amuser. Tout le monde sait bien qu'après tout la vie est souvent jolie quand on la prend du bon côté."
Au bout du compte, on a un disque de variété de style pompier, de la variété française revendiquée, dans le son et dans les paroles avec des références à la France avec un grand F sur les deux faces ("Des airs purs, gais et charmants, Des airs qui disent qu'on est en France, A présent et comme avant." et "Tout le monde sait bien qu'après tout en France nous avons la chance de pouvoir dire une vérité."). Le disque d'un chanteur poète déjà à bout de souffle, parfaitement dans le moule des émissions de télé des années 70 dans lesquelles Trenet a eu l'occasion de l'interpréter, en play-back la plupart du temps, notamment deux fois à deux mois d'écart au printemps 1972 dans Midi Trente, l'émission de Danièle Gilbert, dont une fois où l'émission était co-présentée par Dalida, ce qui convient parfaitement à l'esprit du disque. On peut jouer de l'électrophone et laisser chanter ce Trenet là. On n'est simplement pas obligé de l'écouter.
18 décembre 2010
BORN IN THE USA
Acquis à la boutique des Havens Hospices d'Alexandra Road à Southend le 17 novembre 2010
Réf : [2100002605345] -- Edité par Q en Angleterre en 2010 -- Given away free with Q August 2010. Not to be sold separately.
Support : CD 12 cm
15 titres
Samedi dernier à Vincennes, la discussion en est venue à tourner aux listes de disques préférés de fin d'année et je me suis rendu compte, sans surprise, que je serais bien incapable de fournir un Top 5 de mes albums préférés de 2010.
Il y a les gens dont j'achète tous les disques, que je pourrais donc presque lister à chaque fois qu'ils en sortent un, mais la liste se réduit au fil du temps et le nombre d'albums concernés a fortement chuté depuis que Will Oldham est petit à petit sorti de la liste. En 2010, ça nous laisse Giant Sand et Jonathan Richman, mais dans les faits il n'y aurait qu'une seule vraie découverte dans ma liste, dont j'ai évidemment parlé ici, Les Frères Goyette.
Pour autant, je continue à écouter des nouveautés, mais il s'agit la plupart du temps de titres isolés, glanés en ligne ou compilés sur des CD de magazines comme Mojo ou Abus Dangereux. Quant à Q, c'est est un magazine musical qui ne m'intéresse pas particulièrement et que je ne lis pas, mais j'ai été bien content d'acheter pour presque rien (pour les CD "gratuits" diffusés sans boitier par la presse, la plupart des boutiques de charité n'affichent pas de prix mais demandent juste un don dans une tirelire près de la caisse) dans une sympathique boutique des Havens Hospices cette compilation Born in the USA, qui a peu à voir avec Bruce Springsteen mais dont l'intérêt est de présenter une sélection de quinze groupes et chanteurs contemporains américains.
L'ensemble s'écoute très bien. Il n'y a guère que ceux qui penchent trop vers une sorte de folk progressif que je ne goûte pas du tout, comme Joanna Newsom, Blitzen Trapper ou Midlake.
Parmi mes titres préférés, il y a What's in it for ? d'Avi Buffalo, dont j'avais lu beaucoup de bien ces derniers temps. C'est une chanson que je connaissais déjà, sûrement parce que leur label Sup Pop la propose en téléchargement gratuit depuis plusieurs mois. J'aime aussi énormément Night might des Strange Boys, un des titres les plus rock du lot avec un sympathique air de garage mal rangé, et aussi Factory, le titre qui ouvre le premier album de Band of Horses et qu'on trouve ici dans une version inédite qui a des airs de Radar Brothers en plus énergiques.
Parmi les groupes que je connaissais déjà et dont j'aime bien les titres proposés ici, il y a Phosphorescent avec The Mermaid Parade, qui me fait fortement penser à la fois à Neil Young et à Herman Düne, les Black Keys et les Avett Brothers, dont le And it spread est marqué par l'utilisation d'un violoncelle.
Avec tout ça, il me faudrait l'équivalent en Born in the UK et en Nés en France , sans parler du reste du Rocko Mondo, et j'aurais un bon panorama de la production de 2010.
14 décembre 2010
GEORGES JOUVIN : Toi ma trompette
Acquis sur le vide-grenier de Carquefou fin 2003 ou début 2004
Réf : 2C 016-10.262 M -- Edité par La Voix De Son Maître en France en 1969
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Toi ma trompette -- Oh ! Lady Mary -/- A demain sur la lune -- Face au soleil (Run for the sun)
Toi ma trompette tient une place très particulière au sein de la multitude de titres enregistrés par Georges Jouvin. En effet, comme il est indiqué sur la pochette, ce titre est non seulement joué par Jouvin avec sa trompette d'or, mais aussi chanté, un cas presque unique dans sa discographie longue comme quatre bras !
Ce disque, je l'ai longtemps cherché après que, vers la fin des années 1990, L'Incohérent m'eut expliqué que, dans cette chanson, Jouvin, le coeur brisé, se confiait à sa trompette suite à une déception amoureuse :
Toi, ma trompette, je n’aime que toi
Toi, ma trompette, ne me quitte pas
Quand je suis triste, tu es près de moi
Tu connais tous mes amours, tous mes chagrins, toutes mes joies
Comme une femme, je n’aime que toi
Dans la vie, la plus fidèle de toutes mes amies, c’est toi
Oui tu es, toi ma trompette, mon éternel soleil de joie
Toi, ma trompette, ne me quitte pas
Quand je suis triste, tu es près de moi
Tu connais tous mes amours, tous mes chagrins, toutes mes joies
Comme une femme, je n’aime que toi
Dans la vie, la plus fidèle de toutes mes amies, c’est toi
Oui tu es, toi ma trompette, mon éternel soleil de joie
Ce disque, L'Incohérent ne l'avait pas chez lui à cette époque. Il est devenu presque mythique pour moi alors que, de vide-grenier en Emmaüs, je me suis mis à le chercher, ramassant au passage tous les Jouvin que je trouvais, ce qui fait que Jouvin est depuis longtemps devenu l'artiste le plus présent en quantité dans ma discothèque, loin devant l'ancien tenant du titre, Elvis Costello.
Entre-temps, inspiré par les pochettes largement illustrées des disques de Jouvin, je m'étais lancé dans une autre aventure, celle d'imaginer Tu m'as trompette mon amour, l'histoire d'amour discographique de Georges Jouvin et de sa complice de nombreuses pochettes, la chanteuse Dominique.
Ce n'est qu'alors que j'avais quasiment fini la rédaction de mon texte que j'ai enfin fini par trouver ce disque, à la fin de mon parcours sur un vide-grenier assez vert dans le parc du château de la Fleuriaye à Carquefou.
Je n'ai pas été déçu par Toi ma trompette, une ballade à faire rouiller sa trompette tellement on y verse de larmes. Elle est suivie par une version de la scie de David Alexandre Winter, Oh ! Lady Mary, avec son refrain chanté.
Un refrain chanté, il y en a aussi un pour A demain sur la lune. C'est un peu surprenant à écrire, mais cette reprise d'Adamo est le titre le plus swinguant du disque, qui se conclut par une reprise d'un titre de Sylvie Vartan composé par Tommy Brown et Mick Jones, Face au soleil.
Quelques temps plus tard, j'ai fini par trouver l'album qui s'ouvre avec Toi ma trompette. Avec des titres comme La chanteuse et le trompettiste, Qu'est-ce qui se passe dans mon coeur ? et Où tu veux, quand tu veux, il contenait largement de quoi alimenter Tu m'as trompette mon amour.
POL DODU : Tu m'as trompette mon amour
Acquis par correspondance chez The Book Edition à Lille en décembre 2010
Réf : 978-2-9536575-1-7 -- Edité par Vivonzeureux en France en 2010
Support : 60 p. 20 cm
11 titres
Quelques mois après Mes disques improbables, j'ai le plaisir de vous annoncer que mon deuxième livre est disponible.
Cette fois-ci, il s'agit d'un petit livre de 60 pages centré sur Tu m'as trompette mon amour, un court texte publié initialement sur Vivonzeureux! en 2004.
Tu m'as trompette mon amour, c'est une histoire d'amour en chansons (le texte est composé en grande partie de titres de chansons interprétées par Georges Jouvin), presque un roman photos illustré de pochettes de disques (reproduites en couleurs). Peut-être la naissance d'un nouveau genre littéraire, la fiction discographique !
Le texte principal est précédé d'un tout nouveau préambule, mais la postface originale, Pascal Comelade et le trompettiste, est reproduite telle quelle. La discographie a été revue et le tout, complété par de nouvelles annexes, constitue un hommage à Georges Jouvin, l'homme à la trompette d'or, et à sa complice des années cinquante et soixante, la chanteuse Dominique.
Plus d'infos et téléchargement gratuit sur Vivonzeureux!
Livre imprimé en vente chez TheBookEdition :
12 décembre 2010
LE QUARTETTE ELECTRONIQUE : Joue...
Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 4 décembre 2010
Réf : 45 QE 1300 -- Edité par Pretoria en France en 1958
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Venez donc chez moi -- Always -/- Jalousie -- Mon homme
La météo était en alerte orange et il commençait à neiger. Je me suis donc arrêté très peu de temps chez Emmaüs, pour constater que le rayon disques avait été rangé mais qu'il y avait visiblement peu de nouveaux arrivages. J'ai quand même passé en revue sommairement les 45 tours, sans enlever mes gants, c'est dire, et j'ai eu la chance de ne pas rater cette curiosité.
Pourtant, au premier coup d'oeil, entre deux disques religieux de Raymond Fau, j'ai cru que la sympathique pochette dessinée par Anita Civelli représentait des anges et j'ai failli passer mon chemin. En fait, ce dessin très naïf représente des bonshommes avec des scaphandres recouverts d'antennes jouant, c'est sujet à interprétation, sur des portées ou avec les cordes d'une contrebasse. Mais ce qui m'a arrêté net, c'est le nom du groupe. Le Quartette Electronique ! Sur un 45 tours datant visiblement des années cinquante !
Je n'espérais pas avoir découvert par inadvertance d'autres précurseurs de Kraftwerk, mais j'ai été un petit peu déçu en constatant à l'écoute que j'avais acheté un disque de jazz. Pas longtemps cependant, car il s'agit d'arrangements agréables à mes oreilles (surtout la face B, avec Jalousie et Mon homme). Le quartette comporte visiblement un batteur, un contrebassiste et un guitariste. Il me semble aussi entendre un pianiste. C'est sûrement à lui que l'on doit le côté électronique de l'ensemble (désigné en anglais Electronic Quartett sur l'étiquette du disque) puisque, comme le suggérait récemment un vendeur d'un exemplaire de ce disque, qui proposait également d'en écouter des extraits, certaines des parties instrumentales sont jouées à l'Ondioline ou aux Ondes Martenot.
Pour une fois, j'ai trouvé sur le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France des informations intéressantes ne figurant pas sur le disque, à savoir la date de parution (1958) et les crédits des compositeurs des titres interprétés. Cela m'a permis de constater qu'il ne s'agit pas de standards du jazz mais de chansons arrangées dans ce style, à savoir Venez donc chez moi, popularisée notamment par Jean Sablon et Lucienne Boyer, Mon homme, écrit par Albert Willemetz et chanté par Mistinguett, le très célèbre Tango Jalousie de Jacob Gade et Always d'Irving Berlin.
Je ne connaissais pas du tout le label Pretoria. Les maquettes et le style d'impression de ses pochettes sont très proches de ceux du label Pacific, qui oeuvrait à la même époque. Le catalogue présenté au dos est également du même tonneau, avec un large éventail de styles de danses et de noms d'artistes tous plus exotiques les uns que les autres : Rico Truxillo, Jack Starling, R.D. Costario, Jacky Bamboo, Nicky Coldoban... Ce dernier a sorti au moins un disque chez Pacific et je ne serais pas surpris d'apprendre que les deux labels appartenaient à la même entreprise.
Dans ce catalogue Pretoria, la publication quand même avant-gardiste d'un disque de jazz utilisant des instruments pionniers de l'électronique surprend un peu. Outre le détail des instruments utilisés, le vrai mystère qui reste à percer, c'est celui de l'identité des musiciens du Quartette. Scaphandre ou pas, je suis bien certain qu'il ne s'agit ni d'anges ni de robots...
10 décembre 2010
FAMILY FODDER AND FRIENDS : Sunday girls
Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate fin 1983
Réf : KNOT 1 / FRESH 9 -- Edité par Parole / Fresh en Angleterre en 1980
Support : 45 tours 30 cm
12 titres
J'ai été super content de tomber sur ce disque (à 1 £, d'occasion). A l'époque, j'avais déjà Greatest hits et je connaissais Monkey banana kitchen, mais je n'avais jamais vu ce premier grand format de Family Fodder, un maxi 45 tours qui est en fait un mini-album dont seul un titre, le minimaliste Kisses, figurait sur Greatest hits. Ce disque n'a d'ailleurs pas dû se vendre à des dizaines de milliers d'exemplaires car je crois bien que je ne suis jamais retombé dessus depuis.
Il est précisé au dos que Sunday girls dans son ensemble est un hommage à Blondie, et effectivement le disque propose deux versions d'une reprise du tube Sunday girl, l'une enregistrée en seize pistes avec notamment une voix d'enfant et une bonne grosse basse un peu reggae, l'autre enregistrée en quatre pistes, comme tout le reste du disque, avec une voix trafiquée qui la rend encore plus moqueuse. Je pense pourtant que l'hommage prodigué est sincère. Dommage cependant que le meilleur hommage rendu par Family Fodder à Blondie, l'excellente chanson originale Debbie Harry, manque à ce disque. Il ne pouvait probablement pas en être autrement : le single Debbie Harry est sorti quelques mois après Sunday girls et j'imagine que la chanson n'était pas composée et encore moins enregistrée quand ce premier disque est sorti.
En 1999, j'avais mis trois extraits de ce disque sur mon Laissez-faire, un best of volume 2 virtuel, tous des reprises. Outre Sunday girl #2, il y avait No man's land, version d'un titre solo de Syd Barrett, avec un chant à l'indienne dans une ambiance musicale plus reggae que raga, et Street credibility, un arrangement très personnel j'imagine de l'indicatif du monument télévisé anglais qu'est Coronation Street.
Parmi les autres titres du disque, dont plusieurs n'atteignent pas la minute, mon préféré est Good times underwater avec son mélodica.
Sunday girls n'a jamais été réédité en entier mais on trouve six de ses douze titres sur le double CD More great hits.
Family Fodder a sorti Classical music le mois dernier, un tout nouvel album disponible chez State 51 Conspiracy.
Pour écouter l'Oncle Pol raconter ses histoires de new wave, le rendez-vous est samedi 11 décembre 2010 à 16 h 30 à la médiathèque Coeur de Ville de Vincennes pour une conférence musicale intitulée This is pop ? Les années new wave (1978-1982).
05 décembre 2010
BLONDIE : Denis
Acquis à Châlons-sur-Marne en 1978
Réf : 6172 673 -- Edité par Chrysalis en France en 1978
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Denis -/- Contact in Red Square
Ah, Blondie. Je ne pense pas avoir eu beaucoup l'occasion de voir le groupe à la télé au moment où Denis est sorti, mais les photos de Debbie Harry avaient dû suffire à me séduire suffisamment pour que j'achète le disque. Les photos, et la chanson avant tout, quand même. Quand je pense que le label les a obligés à réenregistrer ce titre parce que les paroles françaises n'étaient pas grammaticalement parfaites (finalement, c'est bien la première version qui est sortie) alors que, comme souvent avec les non-francophones, ces approximations poétiques font beaucoup pour l'attrait de la chanson. Encore aujourd'hui, après "Avec tes yeux si bleux", j'entends et je chante "On jette la chaîne à deux". Je sais bien que ça ne veut rien dire, mais c'est ce que mes oreilles se sont habituées à entendre, même s'il appert que Debbie chante "Moi j'ai flashé nous deux".
Ce dont je n'étais pas vraiment conscient à l'époque, même si ça devait être mentionné dans la presse, c'est que Denis était né, comme moi, quinze ans plus tôt. Sauf qu'en 1963 Denis s'appelait Denise (rien à voir avec la Denise de 1978 d'Higelin), une chanson qui fut le principal fait de gloire de Randy & the Rainbows. Mine de rien, malgré les paroles françaises rajoutées, la reprise de Blondie reste fidèle à la version originale, sauf qu'elle a tout perdu de la magie doo wop de Denise. Par contre, je me rends compte aujourd'hui qu'avec son ADN sixties et un son pop-rock ponctué de synthé sur le refrain, ce Denis de Blondie fait partie des titres qui ont pu informer la version d'Amoureux solitaires de Lio produite par Jacno.
Denis est le premier et dernier 45 tours de Blondie que j'ai acheté au prix fort au moment de sa sortie. J'ai complété ma collection depuis mais, même si je pense aujourd'hui que ce sont de bonnes chansons, Heart of glass était trop disco pour moi à l'époque, et Call me encore plus. J'aurais quand même dû craquer pour Sunday girl, d'autant qu'il y avait une version en français sur la face B de la première édition du 45 tours, mais l'argent de poche était rare les
tentations discographiques innombrables. C'est quand même pas de bol si le 45 tours français de Sunday girl que j'ai fini par acheter est une deuxième édition avec la face B anglaise, I know but I don't know.
Pour écouter l'Oncle Pol raconter ses histoires de new wave, le rendez-vous est samedi 11 décembre 2010 à 16 h 30 à la médiathèque Coeur de Ville de Vincennes pour une conférence musicale intitulée This is pop ? Les années new wave (1978-1982).
Blondie, Denis, 1978.
L'album Plastic letters, qui contient les deux faces de ce 45 tours, est en écoute sur le site officiel de Blondie.
03 décembre 2010
STRANGER THAN FICTION
Acquis à La Clé de Sol à Reims au début des années 1990
Réf : S CIFCD 3 01 -- Edité par Fiction en Angleterre en 1990
Support : CD 12 cm
6 titres
Au tournant des années 1990, il y a eu une sorte d'âge d'or au magasin La Clé de Sol de Reims où l'on pouvait faire de bonnes affaires en disques, principalement en avril au moment de la braderie de la Quasimodo mais aussi souvent pendant l'année, même en-dehors des périodes officielles de soldes. Il y avait énormément de 33 tours, souvent à 10 francs, sachant que c'était la période où le vinyl a vraiment laissé la place au CD. Mais il y avait aussi pas mal de CD également, vendus une vingtaine de francs à condition de les acheter en lot. Tous ces disques étaient en tellement grand nombre qu'il parait évident qu'ils ne venaient pas seulement des stocks du magasin de Reims lui-même, mais plus probablement de ceux de Disco Service, une société de distribution du même groupe basée à Reims, avenue Jean Jaures, qui approvisionnait les différents magasins de disques La Clé de Sol et de nombreux points de vente non spécialisés de la région.
Quand je suis tombé sur cette compilation (je ne sais plus si c'était à la Quasimodo ou pendant l'année), je n'achetais plus les disques de Cure depuis un bon moment, mais j'ai quand même sauté de joie quand retourné le disque pour voir au dos ce que cachait cette pochette énigmatique et que j'ai réalisé qu'il s'agissait bien d'un disque du label Fiction et que les deux premiers titres était une des faces du fameux 45 tours de Cult Hero et Janice, un titre de 1979 des Associates dont je n'avais jamais entendu parler !
Aujourd'hui, on peut écouter en deux clics les deux faces du 45 tours de Cult Hero (on peut aussi les avoir en achetant la réédition double-CD de Seventeen seconds), mais à l'époque, bien que grand fan des débuts de Cure, je ne connaissais ce single sous pseudo de Cure, chanté par leur copain Frank Bell, que de réputation et je ne l'avais jamais entendu. I dig you n'est évidememnt pas ce que le groupe a fait de mieux, mais c'est quand même un titre de qualité, enregistré pendant la meilleure période du groupe, entre les deux premiers albums, et The Cure ne s'amusait pas tous les jours en studio !
Il s'est avéré à l'écoute que je connaissais Janice, mais sous un autre titre, Deeply concerned, qu'on trouve sur leur premier album, Affectionate punch. A l'époque, cette version démo précédemment inédite était disponible uniquement sur Stranger than fiction. Elle a depuis été publiée en bonus d'une réédition de The affectionate punch et sur la compilation Double hipness.
Ces deux titres auraient suffi à mon bonheur, mais il se trouve qu'il y en a deux autres sur lesquels jouent The Cure qui sont plus tardifs mais qui sont cependant d'excellente tenue. I want to be a tree tout d'abord, l 'unique single de leur réalisateur de clips Tim Pope, enregistré pendant les sessions de l'album The top. On pourrait citer Kevin Ayers ou Syd Barrett, mais pour rester chez les allumés de 1984, on ne manquera pas d'évoquer un autre trip psychédélique bucolique, celui du Julian Cope de Fried sous sa carapace de tortue.
To the sky est présenté comme étant l'unique enregistrement des sessions du double-album Kiss me kiss me kiss me resté inédit. Je connais très mal cet album, que j'ai dû très rarement écouter intégralement, mais il me semble que ce titre, qui se déroule calmement sur plus de cinq minutes, n'aurait pas déparé dessus.
Pour ses rééditions "deluxe", The Cure a raclé tous ses fonds de tiroir, je suis donc très étonné que To the sky n'ait pas été inclus sur la réédition en double CD de l'album. On le trouve quand même sur le coffret de raretés Join the dots.
Les sites qui présentent Stranger than fiction indiquent tous que cette compilation est un disque promotionnel hors commerce, mais ce n'est mentionné nulle part sur mon exemplaire. Il serait limité à 1000 exemplaires et donc "méga rare". Quelques lignes de commentaires sur le livret permettent de comprendre que ce disque a été diffusé pour marquer les dix ans du label fondé par Chris Parry et surtout pour annoncer, après neuf ans à travailler avec un seul groupe, The Cure, que Fiction se remettait à signer de nouveaux artistes. Les deux qui sont présentés ici, les anglais Eat (leur titre me fait vaguement penser à G. Love, bizarrement) et les américains, malgré leur nom, Die Warzau, ne sont pas mauvais, mais assez ordinaires.
Sachant le clip de I want to be a tree est disponible en ligne (voir ci-dessous), on constate que tous les titres importants de Stranger than fiction sont désormais assez largement diffusés. Ça n'empêche pas les vendeurs de proposer les rares exemplaires de ce CD à plus de 150 €. J'aurais peut-être donc dû en faire des conserves, de ce disque "méga rare", car figurez-vous qu'il y en avait plusieurs exemplaires à La Clé de Sol ! Il me semble que j'ai dû en acheter trois et que j'en ai offert un et vendu un autre à La Petite Boutique Primitive. Ce qui est sûr, c'est que je n'en ai plus qu'un, et que je le garde...
Pol Dodu en tournée en décembre 2010 !
Si vous voulez écouter l'Oncle Pol parler de ses disques improbables avec le rock à Reims comme fil rouge, rendez-vous mercredi 8 décembre 2010 à 18 h 30 à la Cartonnerie de Reims pour le Mercredi du Kiosque.
Pour écouter l'Oncle Pol raconter ses histoires de new wave, le rendez-vous est samedi 11 décembre 2010 à 16 h 30 à la médiathèque Coeur de Ville de Vincennes pour une conférence musicale intitulée This is pop ? Les années new wave (1978-1982).