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28 novembre 2010

THE STRANGLERS : No more heroes


Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate le 18 novembre 2010
Réf : UP 36300 -- Edité par United Artists en Angleterre en 1977
Support : 45 tours 17 cm
Titres : No more heroes -/- In the shadows

En 2010, on peut encore trouver un single classique de la grande époque du punk en très bon état pour 50 pence (0,70 €).  Bon, si le prix de départ était à 1 £ plutôt qu'à 4 ou 5, ça s'explique quand même : si le disque lui-même est nickel, la pochette a subi les assauts au stylo bille de son ancienne propriétaire, Jo Carey, de Stone, au nord de Birmingham, qui a profité des grands espaces blancs de la pochette pour signer son nom deux fois au recto et indiquer ses coordonnées complètes deux fois aussi au dos (une fois rayée, sûrement pas assez bien écrite, et une autre fois entourée d'un grand coeur).
J'avais déjà ces deux titres des Stranglers, mais à ce prix-là j'ai quand même pris ce 45 tours, pour l'objet et pour la collec. Je n'ai pas tant de disques originaux de 1977 de groupes que j'apprécie...
Je ne savais pas que la face B de No more heroes était In the shadows, et une fois sorti de la boutique ça m'a chiffonné un peu parce qu'il me semblait bien que c'était un titre de l'album Black and white et non de No more heroes.
Une fois rentré à la maison, j'ai cru un bon moment qu'en fait les deux versions de In the shadows étaient différentes. La version originale, celle de la face B de ce 45 tours, est sortie en septembre 1977 et fait 4'33. Celle de Black and white, un album dont les crédits indiquent qu'il a été enregistré en février/mars 1978, ne fait que 4'15 et il n'est pas fait mention sur l'album du son 'BARRACUDA BASS' crédité sur l'étiquette du 45 tours.
En fait, après plusieurs écoutes attentives des deux versions, il me semble bien qu'il s'agit d'un seul et même enregistrement, qui a été raccourci (les 18 secondes d'écart ont dû être enlevées au début et à la fin du morceau) et remixé.
In the shadows a toujours été l'un de mes titres préférés de Black and white, grâce notamment à son énorme son de basse. Dans le premier numéro du fanzine Burning up times, qui s'appelle justement In the shadows, il est indiqué à plusieurs reprises que le producteur Martin Rushent détestait ce titre, qu'il ne trouvait pas assez mélodieux et accrocheur. En l'écoutant aujourd'hui, on se dit que les gars de Gang of Four ont dû l'écouter très attentivement en prenant des notes avant d'enregistrer leur premier single !
J'aime aussi énormément la face A, No more heroes qui, après (Get a) Grip (on yourself, Peaches et Something better change, conclut magistralement cette série de quatre singles sortis la même année.
Les claviers font peut-être un peu trop Doors à un moment, ce qui jure un peu dans le contexte, mais c'est le seul petit reproche que je pourrais faire à cette chanson. Le ton du chanteur (J'ai toujours pensé que c'était Hugh Cornwell, mais Burnel chante plusieurs titres sur l'album, du coup j'ai un doute) est plein de hargne et de dédain. On a l'impression qu'il crache les mots. J'aime bien les paroles aussi, notamment le début ("Whatever happened to Leon Trotsky, he got an ice pick") et la rime Heroes/Shakespearoes  qui en a pourtant fait hurler plus d'un.
Si les Stranglers avaient été de purs punks (ce qu'ils n'étaient pas), le propos de la chanson aurait sûrement été de dire "A bas les héros". A l'inverse, ils déplorent ici la disparition  de certains de leurs héros. Mais c'est fait avec une telle énergie, une telle efficacité et suffisamment d'habileté que les punks de 77 qui ont acheté le disque devaient chanter le refrain en pensant qu'il avait un sens similaire au "No Elvis, Beatles or The Rolling Stones in 1977" de Clash.

Pol Dodu en tournée en décembre 2010 ! 

Si vous voulez écouter l'Oncle Pol parler de ses disques improbables avec le rock à Reims comme fil rouge, rendez-vous mercredi 8 décembre 2010 à 18 h 30 à la Cartonnerie de Reims pour le Mercredi du Kiosque. 
Pour écouter l'Oncle Pol raconter ses histoires de new wave, le rendez-vous est samedi 11 décembre 2010 à 16 h 30 à la médiathèque Coeur de Ville de Vincennes pour une conférence musicale intitulée This is pop ? Les années new wave (1978-1982).


No more heroes à Top of the Pops en 1977.

27 novembre 2010

STANLEY BRINKS : The end of the world


Acquis au Record & Tape Exchange de Notting Hill Gate le 18 novembre 2010
Réf : [sans] -- Edité par Ciao Ketchup en Angleterre en 2009
Support : CD 12 cm
Titre : The end of the world

Dans la cave du Music and Video Exchange de Notting Hill Gate, les CD singles d'occasion sont pour la plupart à 50 pence, mais il y a encore un petit bac où les délaissés parmi les délaissés sont à 10 pence. Pour la plupart il s'agit de disques promos avec un seul titre et souvent, pour réduire les coûts ou lorsqu'il s'agit de commercialisations en vinyl, on n'a même droit qu'à un CD gravé, comme c'est le cas ici.
Je ne sais plus trop comment, mais il se trouve que j'avais téléchargé ce titre au début de l'année et qu'il m'avait bien plu. Ce n'est pas précisé sur ce disque promo du label anglais Ciao Ketchup, mais Stanley Brinks/André Herman Düne est accompagné sur ce titre par le groupe anglais Wave Pictures. Le single est d'ailleurs extrait de l'album Stanley Brinks and The Wave Pictures. Il s'agit d'une collaboration parmi beaucoup d'autres entre les deux et en 2006 AHD avait même sorti un album entier de reprises des Wave Pictures.
Il est clair que si j'aime beaucoup End of the world, c'est avant tout parce que ce titre aurait pu figurer sur n'importe lequel des albums de Herman Düne. La voix d'André n'a pas changé, ni sa façon de chanter et de composer. Quant au propos de la chanson, on pourrait s'amuser à le résumer avec le slogan "Aimons heureux en attendant la mort (la fin du monde)". Chez The line of best fit, Alex Wisgard, qui est visiblement un grand fan des Wave Pictures, trouve Stanley Brinks and The Wave Pictures assez décevant. Il indique notamment que End of the world repompe aveuglément le Country death song des Violent Femmes. Du coup, j'ai ressorti mon 33 tours de Hallowed ground, que j'ai acheté assez tardivement et que je connais mal. Il y a effectivement un cousinage dans le rythme, et notamment la basse, mais l'ambiance et le propos sont tellement différents d'un titre à l'autre que j'ai du mal à les associer.
En tout cas, si End of the world reste proche d'Herman Düne, ce n'est visibement pas le cas de tous les albums de Stanley Brinks, qui semblent s'apparenter à des exercices de styles musicaux, puisqu'à un Sings the blues succède un Horns in (avec des cuivres, bien sûr) et que, rien qu'en cette année 2010, Stanley a sorti le très jazzy Hoots et Yodels où, vous l'avez deviné, il agrémente son chant d'ondulations bavaro-country.

Les très nombreux disques de Stanley Brinks sont en écoute et en vente (en téléchargement, en CD et souvent en vinyl) sur le site du label belge b.y.

21 novembre 2010

PRE-RELEASE VOL. 36


Acquis à la boutique YMCA de Southampton le 21 mai 2010
Réf : IPA 36 -- Edité par Island en Angleterre en 1997 -- For promo only - Not for sale
Support : CD 12 cm
15 titres

Au moment d'aller payer mon 45 tours de Chuck Berry, j'ai remarqué sur le comptoir une corbeille avec des CD en pochette cartonnée.
Depuis quelques années, on trouve beaucoup de ces disques en Angleterre, qui sont distribués à des centaines de milliers d'exemplaires avec des journaux et des magazines et qu'on retrouve pour rien ou presque dans les boutiques de charité.
Généralement, il s'agit au mieux de compilations d'oldies ou de réenregistrements live de vieux tubes, mais on a parfois une bonne surprise : c'est comme ça que je me suis finalement procuré Searching for the young soul rebels des Dexy's Midnight Runners !
Cette fois-là, quelques CD à pochette ouvrante ont attiré mon attention car il était évident qu'ils n'avaient pas été diffusés par la presse. Il y en avait notamment un qui reprenait des pochettes des 33 tours Hot Hits de Music For Pleasure, une série anglaise équivalente à notre Pop Hits, le hit-parade chanté cher à Mario Cavallero Jr. Il s'est très vite avéré qu'il ne s'agissait pas d'une réédition des Hot Hits mais d'une simple compilation promo. Ça ne m'a pas empêché de la prendre, ainsi qu'une autre, celle-ci, qui reprend une série de pochettes de disques surfant sur le phénomène James Bond, la plus drôle étant celle de The man from T.A.N.T.E. par James Blonde !
Il y a une chose à retirer de tout ça, c'est qu'on savait s'amuser au département promo d'Island Angleterre dans les années 90 ! Car il fallait oser envoyer ses compilations de nouveautés aux professionnels emballées comme ça dans des reproductions de pochettes qui n'avaient rien à voir. Sans compter qu'à chaque fois le dernier titre listé sur la pochette était une grosse blague.
Ici, il s'agit de Barry John censé nous interpréter Nobody does it better. Ils n'ont pas poussé le bouchon jusqu'à enregistrer spécialement un titre-blague, pas de Barry John sur le CD donc, mais en amateur de disques virtuels, j'apprécie la manoeuvre. Dommage quand même car j'aurais bien aimé écouter "A stunning sideways tribute to one of the world's best loved Bond themes from this ex-member of Barry Adamson and former international rugby star, remixed for the dancefloor by Leon of The Prodigy" !
Côté musique effectivement présente sur le disque, s'agissant d'une sélection de parutions du groupe Polygram en 1997, il y a à boire et à manger. Contentons-nous d'évoquer ce qui est agréable à nos oreilles, le reste étant soit de la dance, soit, pire, des ballades comme celle de Dru Hill, 5 steps.
Dans le lot, il y a deux vieux tubes, Walking on the moon de The Police, intact dans sa version originale, et Didi de Khaled, dans une version 97 énergique et efficace. Le titre le plus beau et le plus pur est sans conteste Inkanyezi nezazi (The star and the wiseman) de Ladysmith Black Mambazo, avec juste des voix et quelques discrètes percussions. Ce morceau de 1992 a eu un très grand succès en Angleterre en 1997 suite à son utilisation dans une série de publicités pour la marque Heinz.
Parmi les autres réussites, il y a surtout les Dust Junkys avec le très hip-pop Dylan Rhymes mix de Non-stop operation, Earl brutus avec The SAS and the glam that goes with it,  les très pop The 'O' avec Get wasted time et un peu de rap pour finir avec Aquasky.
Restent les Tindersticks, qui ouvrent magistralement l'album. Certes, je ne suis pas très jazz, mais la version swing de Rented rooms proposée ici constitue un écrin musical qui convient parfaitement à la voix de Stuart Staples.
En tout cas, toutes mes félicitations à ces anonymes chargés de promotion pleins d'humour et d'audace. Si d'autres pouvaient suivre leur exemple, ça me ferait de belles découvertes à faire...

15 novembre 2010

MOHAMED KANDIL : Gamal we asmar


Acquis sur le vide-grenier de la rue de la Chaude Ruelle à Epernay le 11 novembre 2010
Réf : SC 2206 -- Edité par Sono Cairo en France dans les années 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Gamil we asmar -/- Gamil we asmar (suite)

Dans le froid et juste avant la grosse dépression pluvieuse qui s'annonçait, le vide-grenier de la rue de la Chaude Ruelle a peut-être été un peu moins productif que les autres années pour ce qui me concerne. Heureusement, il y a un stand sur lequel j'ai acheté six 45 tours et même le maxi anglais de Patti Smith de 1976 avec Gloria et My generation (malheureusement, ce maxi n'a pas été édité avec une pochette illustrée, contrairement au 45 tours correspondant).
Dans le lot, il y avait ce 45 tours de musique égyptienne à la pochette bien usée de Mohamed Kandil que j'ai choisi en fonction de mon intérêt grandissant pour les musiques d'ailleurs dans le monde entier.
Autant, en écoutant par exemple les chants et danses des Nouvelles-Hébrides, j'ai pu être surpris par des sons inouïs, autant Gamil wi asmar sonne exactement comme le stéréotype de ce que j'imagine être la musique orientale. Pas de surprise, donc, mais une bonne claque quand même, car c'est excellent et plein d'énergie.
J'ai eu un peu de mal à trouver des informations en français ou en anglais sur Mohamed Kandil, cité parmi une vingtaine de noms comme un des grands chanteurs égyptiens sur la page Wikipédia correspondante.
Mort en 2004 à 75 ans, Mohamed Kandil a écrit ou interprété plus de 2500 chansons. Oum Kalsoum a même dit qu'il avait une des voix les plus douces du monde arabe.
Si j'en crois cette page très mal traduite en français, Gamil we asmar serait sa chanson la plus connue, il n'est donc pas très surprenant que ce soit précisément sur ce disque que je suis tombé. Le titre signifierait Beau et sombre et anticiperait en quelque sorte le slogan "Black is beautiful" !
On trouve de nombreuses vidéos de Mohamed Kandil sur YouTube, dont justement Gamil we asmar. Il n'y a que le son, mais c'est exactement la même version que celle de ce 45 tours. Je vous laisse apprécier.

14 novembre 2010

COWBOYS INTERNATIONAL : Thrash


Acquis au Dépôt à Montchenot dans la deuxième moitié des années 2000
Réf : 2097 817 -- Edité par Virgin en France en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Thrash -/- Many times (Revised)

Je passe très souvent devant ce magasin mais je m'y arrête très rarement car je sais qu'il fait surtout dans le meuble. Mais, Dorian Feller m'ayant prévenu quils avaient touché un gros lot de disques, je me suis dépêché d'y faire une visite.
Et effectivement, il y avait au sous-sol une grande table avec plein de 45 tours et des cartons un peu partout. Le prix n'était pas donné et il y avait surtout de la variété. J'ai quand même acheté quelques disques, dont le plus intéressant pour moi est ce seul 45 tours français de Cowboys International. Il y en avait plusieurs exemplaires mais un seul m'a suffi.
Certes, j'avais déjà les deux titres de ce disque sur le pressage anglais de Thrash mais ce 45 tours, que je ne me souviens pas avoir jamais vu chez les disquaires à l'époque de sa sortie, est un objet intéressant. La musique sur les sillons est donc strictement la même que sur le 45 tours anglais, mais le vinyl lui est transparent (En Angleterre, c'est le premier 45 tours Aftermath qui était en vinyl orange).
Je ne dirais pas que le travail qui a été fait par Polydor, le distributeur français de Virgin à l'époque, est réussi mais c'est un cas d'école intéressant. En effet, la pochette du 45 tours anglais a en quelque sorte été "remixée" avec la pochette française de l'album Original Sin !
Au recto, ils ont conservé l'enfant asiatique assis et le trait des murs d'une pièce, mais le fond noir, la police utilisée et la couleur des caractères sont ceux de l'album. Au verso, on retrouve les couleurs et le dessin de la pochette anglaise, mais l'illustration est remplacée par une reproduction en noir et blanc de la pochette de l'album.
Le sens éventuel à donner à la pochette anglaise est assez hermétique pour moi. Que peut bien signifier cet enfant seul devant une porte fermée ? Porte qui, une fois enlevée au verso, révèle dans son encadrement un grand nombre de visages d'autres enfants... Ce qui est certain, c'est que le sens éventuel de tout ça est obligatoirement perdu sur la pochette française !
Question pochette, Original sin, l'unique album des Cowboys International de l'époque, a lui aussi eu une histoire mouvementée, ce qui est quand même étonnant pour une pochette qui, dans un style très Public Image, ne comporte que du texte comme graphisme. La cause de tout ça est sûrement à chercher dans le fait que la pochette originale anglaise devait coûter cher à fabriquer car elle comportait une surpochette en plastique coloré qui filtrait les lettrages en bleu. Outre la pochette française, il y a a aussi la pochette américaine, avec une photo du groupe au recto, qui a été reprise pour la réédition sous le titre Revisited en 2003. Et enfin, je n'en suis pas absolument certain car je n'en retrouve pas trace sur internet, mais il me semble qu'il y a également eu une édition d'Original sin avec une pochette sur fond blanc et des caractères dans des tons de bleu et de gris. Je croyais que c'était un pressage américain aussi, mais je me trompe peut-être. En tout cas, si elle existe bien, c'est cette édition que Tonio de Funeral Service avait et que je l'ai dissuadé de revendre à un moment dans les années 80.

Ken Lockie a réédité en 2003 une version remaniée d'Original sin logiquement titrée Revisited, toujours disponible, sur laquelle on trouve les deux faces de ce 45 tours, et il a sorti dans la foulée un deuxième album du groupe, The backwards life of Romeo. Il a mis en ligne récemment un remix de Thrash.

Si vous voulez écouter l'Oncle Pol raconter ses histoires de new wave, rendez-vous samedi 11 décembre 2010 à 16 h 30 à la médiathèque Coeur de Ville de Vincennes pour une conférence musicale intitulée This is pop ? Les années new wave (1978-1982).

COWBOYS INTERNATIONAL : Thrash


Acquis au Record & Tape Exchange de Shepherd's Bush au début des années 1980
Réf : VS 293 -- Edité par Virgin en Angleterre en 1979
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Thrash -/- Many times (Revised)

Je n'ai aucun souvenir d'être jamais allé au Record & Tape Exchange du 90 Goldhawk Rd dans le quartier de Shepherd's Bush à Londres, mais étant donné que c'est l'adresse indiquée sur l'étiquette de ce disque et que certains, en commentaire d'un blog, évoquent avec nostalgie la cave à 20 pence de ce magasin, justement le prix que j'ai payé pour ce 45 tours, je me dis que j'ai dû y faire au moins une visite, peut-être lors de mes tous premiers séjours à Londres en 1981 et 1982. A moins que le disque n'ait été transféré d'un magasin à l'autre de la chaîne, ce qui est toujours possible.
Thrash, leur troisième 45 tours, est sûrement le premier titre que j'ai jamais entendu des Cowboys International. Je dis ça parce que je me souviens très bien que c'est cet extrait de l'album Original sin que Bernard Lenoir préférait et qu'il a programmé le plus régulièrement dans son émission Feed back.
Plus de trente ans plus tard, ça fonctionne toujours aussi bien. Une rythmique synthétique oscillante avec la guitare et le synthé en contrepoint, une chanson archétypiquement new wave qui ne ressemble à à peu près rien de ce qui s'était fait avant, des paroles dont on ne saisit pas le sens général mais ce n'est pas grave car "The words they say won't mean anything", un chant sous influence Bowie, comme ce fut le cas pour d'autres groupes de l'époque (Ultravox!, Gary Numan ou les Associates, évoqués par Kill Me Sarah justement hier). Voilà un morceau qui résume parfaitement l'unique album de l'époque de Cowboys International, un classique de la new wave que je ne mettrais peut-être pas sur le même plan que le Colossal youth des Young Marble Giants (pas la même fraîcheur ni la même originalité), mais qui reste le coup de maître isolé de Ken Lockie, autour de qui le groupe s'est fondé avec des personnalités de la scène post-punk proches notamment de PIL et de Clash.
J'ai dû être vraiment content de trouver ce 45 tours car il y a en face B une chanson qui m'était inconnue. Many times, produite comme l'album par Dennis Mackay, est probablement issue des sessions d'Original sin, sur lequel elle n'aurait pas déparé. Si la version est dite Revised, c'est parce que Many times avait été éditée une première fois sur un disque souple joint au précédent 45 tours, Nothing doing. Je n'ai jamais eu l'occasion d'écouter la version originale car, si j'ai bien un exemplaire de Nothing doing, je ne possède du flexi que les morceaux de scotch qui ont servi à l'accrocher au verso de la pochette !

Ken Lockie a réédité en 2003 une version remaniée d'Original sin logiquement titrée Revisited, toujours disponible, sur laquelle on trouve les deux faces de ce 45 tours, et il a sorti dans la foulée un deuxième album du groupe, The backwards life of Romeo. Il a mis en ligne récemment un remix de Thrash.

Si vous voulez écouter l'Oncle Pol raconter ses histoires de new wave, rendez-vous samedi 11 décembre 2010 à 16 h 30 à la médiathèque Coeur de Ville de Vincennes pour une conférence musicale intitulée This is pop ? Les années new wave (1978-1982).

12 novembre 2010

PINK FLOYD : Masters of rock


Acquis d'occasion à Reims le 11 janvier 1988
Réf : 2C 062-04299 -- Edité par Harvest en France en 1974
Support : 33 tours 30 cm
10 titres

Ça fait un moment que j'ai prévu de parler ici de cette compilation de titres des débuts de Pink Floyd. Au début, je comptais dire qu'il s'agit à la fois du meilleur album de Pink Floyd et du meilleur de Syd Barrett, mais c'est franchement trop exagéré. Pour le meilleur de Barrett, il faut les singles du Floyd de 67, qu'on trouve ici, le premier album The piper at the gates of dawn (avec Lucifer Sam, Flaming, The gnome et Bike qui brillent par leur absence sur ce Masters of rock) et aussi ses deux albums solo, sans parler des opales sorties des oubliettes par la suite.
Par chez moi, on connaissait surtout Relics, une première compilation des débuts du Floyd, largement disponible dans les années 70 car elle figurait au catalogue largement diffusé de Music For Pleasure. C'est Relics que mes copains avaient et c'est Relics que j'ai d'abord acheté dans les années 80.
Mais quelqu'un de ma connaissance, j'ai oublié qui, avait un pressage allemand de Masters of rock, et Masters of rock a un gros avantage par rapport à Relics : on y trouve non seulement les deux premiers singles de 1967 de Pink Floyd, Arnold Layne et See Emily play, mais aussi le troisième, Apples and oranges. Pendant des années, c'était à peu près la seule façon abordable de se procurer cet excellent titre, repris par Television Personalities en 1987.
Par rapport à Relics, qui s'égare entre faces A de 45 tours, extraits d'albums et même un inédit (mais de 1969 et signé Roger Waters), la sélection des titres de Masters of rock a le mérite d'afficher une forte cohérence : on y retrouve les huit titres des faces A et B des quatre premiers 45 tours de Pink Floyd, les trois de la période Barrett et le suivant, It would be so nice / Julia dream, avec en complément pour ouvrir l'album deux titres de Piper... (Chapter 24 et Matilda Mother, choix complètement arbitraire mais deux bons titres de toute façon).
Au bout du compte, on a ici des capsules temporelles du psychédélisme anglais de 1967 dans toute sa fraicheur, les meilleures qu'on puisse trouver avec les échappées pop du Soft Machine de Kevin Ayers et Robert Wyatt, qui rendent certainement mieux compte de la scène londonienne de l'époque que le monument Sergeant Pepper's Lonely Hearts Club Band par exemple.

Le mois dernier est sorti An introduction to Syd Barrett, une compilation qui associe six titres de Pink Floyd (dont cinq figurent sur ce disque) et douze titres de sa période solo. Un bon point d'entrée, comme son titre l'indique.


Pink Floyd mime Apples and oranges dans l'émission American bandstand en novembre 1967.

07 novembre 2010

PRIMAL SCREAM : Loaded E.P.


Acquis neuf en 1990
Réf : CRE 070 T -- Edité par Creation en Angleterre en 1990
Support : 45 tours 30 cm
Titres : Loaded -/- I'm losing more than I'll ever have -- Ramblin' rose (Live N.Y.C.)

Le 23 janvier 1990, Primal Scream a joué au New Morning à Paris. Un concert assez affligeant de mon point de vue, le groupe que j'avais vu quatre ans plus tôt en pleine obsession pop sixties ayant entre-temps, comme une bonne partie des troupes de Creation, adopté une attitude rockiste avec futals en cuir et même - pire - pantalon moulant en spandex pour les guitaristes, et solos de guitare quasi heavy metal à l'avenant. La version live de Ramblin' rose proposée ici en face B, modelée sur celle du MC5 je n'en doute pas, est un témoignage de cette tournée. Ce n'est absolument pas ma tasse de thé.
Cette tournée servait à la promotion de Primal Scream, le deuxième album du groupe. Je me souviens que mon titre préféré due ces sessions était I got you split wide open over me, avec une mélodie pop dans le style des débuts du groupe boostée et habillée d'électricité rock adosée de façon supportable. Mais ce titre rappelait sûrement un peu trop la noisy pop de 1986, c'est sûrement pour ça qu'il a été relégué en face B du single Ivy ivy ivy.
Aujourd'hui cependant, quand je réécoute I'm losing more than I'll ever have, proposée ici dans une version légèrement remixée par Pat Collier (le patron d'Alaska Studios, là où tous les premiers disques Creation ont été enregistrés), je me dis que cette chanson est sûrement ce qu'ils ont fait de mieux à l'époque. Certes, la voix de Bobbie Gillespie manque de coffre et de profondeur pour interpréter une ballade soul de cet acabit, ce qui me gênait déjà à l'époque, mais, des bongos à la ligne de basse en passant par la guitare slide, le piano et les cuivres à la fin, l'arrangement est très réussi. On sent bien que les disques d'Aretha Franklin et Otis Redding qu'Andrew Innes avait chez lui en 1987 quand nous avons enregistré Bébé Tchernobyl ont été une importante source d'inspiration.
A la fin du concert du New Morning, Luke Hayes, de Chromatone Design (C'est lui qui a pris les photos de pochette de ce disque) et de Revolving Paint Dream, qui participait à la tournée en tant que chauffeur et technicien son (lui et Dave Evans, de Biff, Bang, Pow !, l'ont souvent fait pour The Jesus and Mary Chain et Primal Scream dans ces années-là), m'a annoncé qu'un très bon remix de I'm losing more than I'll ever have par Andrew Weatherall allait bientôt sortir en maxi. Ce remix a tellement transformé la chanson qu'elle est devenue Loaded, un single qui a inauguré de manière magistrale les années 90, une réussite du psychédélisme ecstatique des années rave qui a mis Primal Scream sur le chemin de son album Screamadelica.
Sans nier le rôle essentiel d'Andrew Weatherall dans cette réussite, il apparait aujourd'hui, à la lumière des articles d'Uncut, en 1999 et dans le numéro daté de décembre 2010, et du Guardian, qu'Andrew Innes, le sorcier fou de Revolving Paint Dream et Biff, Bang, Pow ! et l'architecte sonore de Primal Scream depuis 1987, a joué un rôle non négligeable dans la transformation de I'm losing more... en Loaded.
On apprend ainsi que c'est lui qui a proposé le remix à Weatherall et qu'il en a retoqué une première version trop timide qui se contentait d'accentuer la rythmique. Et si Weatherall a bien fourni les samples de batterie, c'est Andrew qui a amené une cassette vidéo du film The wild angels pour en tirer les fameux dialogues "- Just what is it that you want to do? - We want to be free to do what we want to do... we want to get loaded and we want to have a good time". Et même, vus les moyens techniques rudimentaires à leur disposition, c'est lui qui a joué avec les touches "Play" et "Pause" du magnétoscope pour insérer les extraits au bon moment quand Weatherall a enregistré son remix !
Loaded a rendu possibles sur les singles Come together, Higher than the sun (Le coup de maître de Primal Scream) et Don't fight it feel it, rassemblés en 1991 sur l'album Screamadelica, un disque emblématique de l'impact des raves et de l'ecstasy sur le monde du rock, un classique qui souffre de son côté compilation et de son hétérogénéité, ce qui fait que je suis à peu près incapable de l'écouter de bout en bout. Et pourtant, vingt ans après et suivant en cela une vogue qui a cours depuis plusieurs années maintenant,  Primal Scream vient de reprendre la route (à guichets fermés en Angleterre) pour une tournée mondiale au cours de laquelle ils vont interpréter Screamadelica en intégralité. En dehors du succès commercial quasi-assuré, je ne vois vraiment pas l'intérêt d'un tel projet. D'autant plus que j'ai assisté à l'étape parisienne de la tournée originale de Screamadelica le 19 janvier 1992 et que je n'en garde pas un souvenir particulièrement fort.
Certes, le concert de l'Elysée Montmartre fut bien meilleur que celui qui avait eu lieu deux ans plus tôt presque jour pour jour au New Morning, mais ce ne fut pas la grande expérience espérée. J'ai apprécié les meilleurs des nouveaux titres, il y avait quelques projections, mais j'étais assez loin de la scène dans une salle bien pleine et ce ne fut pas un concert inoubliable.
L' "after" qui a suivi au Rex fut carrément un non-événement. Il y avait un DJ connu (Weatherall ou pas, je ne sais plus) pour une vague ambiance de discothèque. J'ai attendu assez longtemps que les membres de Primal Scream se pointent. Ils ont peut-être fini par arriver, mais moi je n'y étais plus vu que j'avais 150 km de route à faire avant d'aller bosser le lendemain matin !
Je ne serai donc pas aux concerts de 2010/2011. Je préfère de loin m'éclater sur ceux des disques de Primal Scream qui n'ont pas pris une ride, comme ce Loaded ou Higher than the sun.

06 novembre 2010

THE WILD ANGELS (LES ANGES SAUVAGES)


Acquis probablement chez Emmaüs à Tours-sur-Marne au début des années 2000
Réf : EAP 405043 -- Edité par Capitol en France en 1966
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Theme from "The wild angels" -- Rockin' angel -/- Theme from "The wild angels" -- Bongo party

Le disque, qui a notamment appartenu à Josiane La Colla, était en piteux état (ce n'est pas le mien en photo ci-dessus), avec une pochette abimée, recollée avec du scotch qui a ensuite été arraché, et un disque aux sillons marqués. N'empêche, un 45 tours français années 60 de la BO d'un film avec Peter Fonda en biker en Harley sorti trois ans avant Easy rider, ça ne se laisse pas passer. Sans compter que Nancy Sinatra est aussi au générique, tout comme Bruce Dern et Diane Ladd.
La musique de ce Wild angels réalisé par Roger Corman a été confiée aux Arrows, en fait un certain Davie Allan et son groupe à géométrie variable, repéré par Corman après sa première BO pour Skaterdater.
Le thème principal de The wild angels est un titre enjoué, assez pop, plus intéressant dans sa version instrumentale de la face A avec ses différents sons de guitare que dans celle chantée par les Visitors en face B.
Rockin' angel n'est pas si rock que ça, mais c'est un excellent jerk avec une rythmique à l'orgue discret et une guitare solo d'exception.
Quand on voit qu'un titre d'une BO de cette époque s'appelle Bongo party, pas besoin d'avoir vu le film pour imaginer la scène qu'il a servi à illustrer. Ça se passe le soir, au bord de la plage ou dans les bois, les motards sont ivres et ont sûrement même fumé de la marijuana, les filles sont lascives et plus ou moins dénudées, et le musique est avant tout constituée d'une rythmique frénétique aux bongos et d'une guitare surf saturée qui joue un rock sur guère plus d'un accord, digne du Batman theme, de Peter Gunn ou des grands instrumentaux de Jonathan Richman comme Yo Jo Jo ou Tandem jump.
Les anges sauvages n'a pas été le premier film de bikers mais c'est son succès qui a vraiment lancé la grande vogue de ce genre qui a culminé avec Easy rider en 1969. Roger Corman a notamment produit Devil's angels l'année suivante, avec John Cassavetes dans la rôle principal et à nouveau Davie Allan à la musique (Allan a fait une demie-douzaine de BO en quelques années). Dans le genre, il y a aussi Naked angels, dont j'avais trouvé l'album dans une FNAC parisienne.
Voici donc un excellent 45 tours, qui n'est pas parfait cependant. En effet, il ne comporte pas Blue's theme, le titre de la séquence d'ouverture du film (à voir ci-dessous), réputé pour son usage pionnier de la guitare fuzz. Il n'y a pas non plus d'extraits des dialogues du film, on n'entend donc pas ici la célèbre tirade de Peter Fonda ("We want to be free! We want to be free to do what we want to do! (...) And we want to get loaded. And we want to have a good time! And that’s what we’re gonna do. We’re gonna have a good time. We’re gonna have a party!") samplée par Primal Scream pour son Loaded. On trouve peut-être tout ça sur le 33 tours de la BO, également édité en France en même temps que ce 45 tours, mais j'ai eu beau chercher chez Emmaüs et sur les vide-greniers, je ne suis pas encore tombé dessus !


La séquence d'ouverture de The wild angels.

Aperçu vidéo
Cliquer pour voir une bande-annonce de The wild angels.

01 novembre 2010

SOUL COUGHING : Down to this


Acquis d'occasion vers le début des années 2000
Réf : 850 161-2 -- Edité par Slash/London en Europe en 1995
Support : CD 12 cm
Titres :  Down to this (Album version) -- Down to this (Blue jazz mix) -- Down to this (Shakedown to this mix) -- Screenwriter's blues (All tripped out blues) -- Blueeyed devil (Album version)

Le 3 décembre 1994, deux jours après avoir vu dans la même Salle de la Cité de Rennes Vic Chesnutt et Beck, j'ai eu la chance d'assister au premier concert européen de Soul Coughing (un concert actuellement disponible en double-CD chez Kufala). Ce fut un grand moment et j'ai alors eu l'impression d'être transporté quelques années en arrière : je n'étais plus aux Transmusicales mais au Festival des Musiques de Traverses de Reims, au début des années 1980, avec un groupe impressionnant, expérimental et original mais aussi énergique et dansant. On ne savait plus où donner des yeux et des oreilles : fallait-il suivre le contrebassiste avec son instrument énorme ou l'impressionnant batteur ? Oui, mais il y avait aussi le gars aux synthés, qui balançait des samples improbables et des sons extra-terrestres. Au bout du compte, les yeux étaient le plus souvent accrochés par le chanteur, un grand gars filiforme qui chantait, rappait presque, et sautait partout, à tel point qu'il était tout le temps obligé de remonter son froc qui lui tombait sur les fesses. Je ne l'ai jamais vu sur scène, mais c'est surtout à David Byrne des Talking Heads que ce grand échalas de Mike Doughty m'a fait penser ce soir-là.
Juste avant ça, je m'étais fait une copie sur cassette de l'exemplaire de La Radio Primitive de Ruby vroom, le premier album de Soul Coughing, qu'ils ont joué presque entièrement à Rennes, si bien que je ne l'ai jamais acheté. Une erreur, car rien qu'en relisant la liste des titres de ce disque (Sugar free jazz, Bus to Belzeebub, True dreams of Wichita,...), je me rends compte que c'est l'un des grands albums des années 1990.
On trouve heureusement deux des meilleurs titres de Ruby vroom sur ce maxi à la pochette très réussie que j'ai acheté quelques années plus tard.
Down to this et Blueeyed devil sont bien représentatifs des qualités de Soul Coughing : batterie sèche, grosse basse, des samples partout (Toots & the Maytals, Howlin' Wolf, The Roches sur Down to this, mais on remarque surtout les Andrews Sisters), une ambiance entre hip hop et jazz qui les rapproche par exemple de G. Love & Special Sauce. Sur Blueeyed devil, le rythme et la guitare sont plus ceux d'un funk blanc coincé, quelque part entre James White et A Certain Ratio.
Le maxi est complété par trois remixes d'Arthur Baker. Les deux premiers, de Down to this, ne bousillent pas complètement la chanson mais n'y apportent rien. Ils sont donc inutiles, comme la plupart des remixes. Le troisième, présenté comme une version de Screenwriter's blues, l'un des autres excellents titres de l'album, a au moins le mérite d'être une curiosité : si la base musicale semble bien être celle de Screenwriter's blues, les éléments vocaux conservés et les samples sont ceux de Down to this, ce qui fait de ce remix un mash-up avant l'heure !