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23 juin 2023

PRINCESS ERIKA : Trop de bla bla


Acquis chez Emmaüs à Tours-sur-Marne le 24 décembre 2011
Réf : 61947-7 -- Édité par Celluloid en France en 1988
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Trop de bla bla -/- Trop de bla bla (Dub)

Dans quelques jours, la 32e édition du Festival des Musiques d'Ici et d'Ailleurs va s'ouvrir. C'est à mon sens l'un des meilleurs festivals au monde. En plein air, en accès libre, avec un ou deux groupes par soir sur plusieurs semaines, près de chez moi... et surtout avec une programmation éclectique et de grande qualité. Rien que ces dernières années, j'ai pu y découvrir Saodaj', Canailles, Sages Comme des Sauvages, Madalitso Band , O'Sisters ou Ladaniva. J'y ai aussi vu au fil du temps Orchestra Baobab, l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, Saï Saï, Leyla McCalla, Abdul & the Gang, Jupiter & Okwess... A tel point que j'adhère depuis quelques années à l'association organisatrice Musiques sur la Ville.

Depuis 2016, le festival inclut un temps fort de promotion de la création et du talent au féminin. Au programme cette année de Feminista, il y aura notamment Princess Erika le samedi 8 juillet.
En réécoutant pour l'occasion son premier 45 tours Trop de bla bla et en relisant les paroles, je me suis dit que c'était un choix parfait pour Feminista, avec son message de résistance aux mauvais traitements et, au bout du compte, d'espoir pour de meilleures relations entre les sexes : "Et comme l'oiseau fait son nid, un jour se réduira la distance. L'homme et la femme enfin réunis se compléteront dans la différence.".

C'était donc le moment ou jamais de ressortir Trop de blabla de mes étagères.
J'aurais pu choisir l'édition en maxi-45 tours de ce tube de 1988, que j'ai achetée au moment de sa sortie, parce que j'aimais beaucoup la chanson et parce que le remix était signé Dennis Bovell. Mais j'ai préféré cette édition originale du 45 tours, que j'ai trouvée une veille de Noël à l'Emmaüs près de chez moi. La pochette sur fond jaune est illustrée d'une photo prise par Daniel Lainé, l'auteur aussi de la photo de Lawrence utilisée pour la couverture de mon livre sur Felt.
L'histoire de la publication de cette excellente chanson qu'est Trop de bla bla doit être assez compliquée. Apparemment, la chanson, écrite et produite par Erika Dobong'na, a été enregistrée à Londres dès la fin 1986. Ce 45 tours n'est sorti qu'en 1988 chez l'indépendant Celluloid, avec une version dub en face B. Les paroles sont reproduites au verso, mais il n'y a pas de crédits détaillés sur cette édition.

Des crédits, on en trouve sur la réédition un peu plus tard chez Polydor, avec cette fois une pochette sur fond bleu avec une photo prise par Pierre René-Worms. Malheureusement, il y a quelques coquilles dans ces crédits : la batteur Drummie Zeb et le clavier Tony Gad, tous les deux membres d'Aswad, sont orthographiés Drummie Leb et Tony Load, tandis que sur le maxi Dennis Bovell est transformé en Denis Bowell !

Notons que le 45 tours Polydor reprend la version originale de Trop de bla bla et sa face B. La musique du tube est donc exactement la même que celle du 45 tours original, sans intervention de Bovell.
C'est sur le maxi qu'on le retrouve, avec les deux bons remixes  que sont la Bla bla version et la Tracas version.

Le  Nounours et poupée de Zulums!
, paru l'année suivante, peut parfaitement s'enchaîner avec Trop de bla bla.
Le deuxième 45 tours de Princess Erika, Tendress, est sorti lui aussi en 1989, mais il n'a pas eu le même succès que le premier. Son premier album n'est sorti qu'en 1992 et il n'a donc pas vraiment bénéficié de l'effet d'entraînement du tube Trop de bla bla.
Le dernier album en date de Princess Erika, J'suis pas une sainte, est sorti à la fin de l'an dernier. J'ai hâte de la retrouver sur scène à Châlons le 8 juillet.



17 juin 2023

KEVIN COYNE : Marlène


Acquis sur le vide-grenier de Dizy le 28 mai 2023
Réf : 610.137 -- Édité par Virgin en France en 1973
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Marlene -/- Jackie and Edna

Un pote avait déballé ce jour-là sur la broc des disques qu'il vend habituellement dans les bourses aux disques, dont il avait baissé le prix pour l'occasion.
A 2 €, je lui ai pris ce 45 tours paru il y a cinquante ans, car il était en bon état, pochette comprise, et surtout parce que Marlene est ma chanson préférée de Kevin Coyne.

1973, je me disais que ça devait être un des premiers disques Virgin... Et effectivement, Kevin Coyne a été le deuxième artiste signé par le label, après Mike Oldfield, et l'édition anglaise de Marlene est carrément le tout premier 45 tours publié par Virgin Records !

Ce 45 tours est extrait du double album Marjory razorblade. Il n'est pas crédité, comme à son habitude, mais il y a un peu de Barney Bubbles dans cette pochette : ce n'est pas lui qui s'est occupé de la photo de pochette de l'album, mais il a réalisé le logo avec le nom de l'artiste et le titre de l'album. C'est ce logo qui a été repris, en monochrome, par le label français pour la pochette de ce 45 tours. Ce n'est pas très lisible ni commercial. Le disque ne s'est sûrement pas beaucoup vendu, mais pour lui donner une chance il y a eu un retirage de la pochette, avec cette fois-ci "MARLENE" "écrit en gros et très visible, à défaut d'être esthétique.

Je crois que mon premier souvenir de Kevin Coyne, c'est une chronique dans Best ou Rock & Folk de l'album In living black and white. J'avais été marqué par la pochette, où l'on voyait Kevin saluer le public au recto, pour découvrir au verso qu'il cachait un rasoir dans son dos.
Le premier titre de lui que j'ai dû écouter, et apprécier, c'est Love in your heart sur le fameux et excellent Pillows and prayers de Cherry Red, qui avait réédité en 1983 la compilation Beautiful extremes et cetera. Et sinon, dans ces années-là, mes amis fans des musiques de traverses tenaient en haute estime Babble, sa collaboration de 1979 avec Dagmar Krause.

Avec l'accompagnement d'un groupe au complet, Marlene est dynamique et très pop pour Coyne, grâce notamment à l'orgue de Jean Roussel,  qui a notamment joué avec Cat Stevens et Donovan dans ces années-là, et aux coups de guitare électrique. L'ambiance est très différente sur l'enregistrement solo à la maison de 1972, publié sur l'album Nobody dies in dreamland.

Jackie and Edna (encore deux prénoms féminins après Marjory et Marlene...!) est un autre titre de l'album, mais ce n'est pas lui qui était en face B du 45 tours anglais. Là, l'accompagnement est minimal, juste une guitare acoustique, et on apprend en écoutant les paroles que Jacky, avec un "y", et Edna, sont les surnoms que se donnaient Kevin et une amie dont il aimerait bien avoir des nouvelles.

Avec le recul, j'entends l'influence que Kevin Coyne a pu avoir sur la génération qui l'a immédiatement suivi, celle du punk. Marlene c'est franchement très proche des meilleurs titres de Wreckless Eric, et  Jacquie and Edna, ça aurait pu être du Patrik Fitzgerald à ses débuts de poète punk.


Kevin Coyne, Marlene, en direct en 1974 dans l'émission comique hollandaise Discohoek de Sjef van Ockel.


Kevin Coyne et Brendan Crocker, Marlene, en concert à Leffinge en Belgique, en 2002. Une version intéressante pour ses paroles supplémentaires, qui donnent des précisions sur l'inspiration de la chanson : Marlene serait la fille d'un banquier dont il était amoureux en 1958 (Il avait 14 ans).


Kevin Coyne en studio, en concert à Stowe et en entretien. Extrait de l'émission Pop 2, diffusée en 1974.

09 juin 2023

LES JUNIORS : Ce chome la


Acquis chez Emmaüs à Courtisols le 20 mai 2023
Réf : RC 95 -- Édité par Aux Ondes/Disques Célini en France au début des années 1970
Support : 45 tours 17 cm
Titres : Ce chome la -- Sparow dead -/- Tumbélé des Juniors -- No puedo vivir

Ça faisait longtemps que je n'étais pas allé chez Emmaüs à Courtisols.
Une bonne quantité de disques en bon état, bien rangés dans des meubles accessibles, à un prix tout à fait correct : je crois bien que c'est la seule communauté de la Marne qui remplit actuellement tous ces critères.
L'immense majorité des disques étaient d'artistes français. J'en ai trouvé une poignée, dont un superbe EP de Ricet-Barrier, La "Norton".
Et puis je suis tombé sur ce disque des Juniors.

Sur la pochette, les neuf membres du groupe posent sur les marches de l'escalier d'un château. Le donjon très particulier à l'arrière permet de l'identifier comme étant le château de Vincennes.
Il n'y a aucune indication au recto, en-dehors du nom du groupe. J'ai bien sûr noté que tous les membres du groupe étaient noirs, ce qui était plutôt de bon augure, mais je ne m'attendais pas en retournant la pochette à découvrir que j'étais tombé sur un très bel EP 4 titres des Disques Célini/Aux Ondes !

Alors je m'intéresse de près à ce label depuis une quinzaine d'années maintenant, je découvre à cette occasion que j'ai laissé passer l'annonce du décès de son fondateur Raymond Célini, à 84 ans fin 2020. Il faut dire que, même si les labels Debs et Célini suscitent l'intérêt depuis plusieurs années, j'ai bien l'impression qu'aucun média de métropole n'a relayé cette information.

Quatre titres sur ce disque, donc, quatre styles musicaux différents. Les deux morceaux plus intéressants sont ceux qu'on trouve sur chaque début de face.

Ce chome la est indiqué comme étant du cadence rampa,un genre haïtien. Après une partie chantée, ça décolle vraiment dans une partie instrumentale où guitare, cuivres et percussions jouent des coudes pour tenir le premier rôle. On regrette presque que ça ne soit pas un 45t simple et que la piste ne dure pas deux minutes de plus.

Tumbélé des Juniors, c'est bien sûr un tumbélé, la version antillaise de la rumba congolaise. Un motif de guitare entraîne tout le morceau. C'est excellent.

Les deux autres titres ne sont pas tout à fait au même niveau.
Sparow dead est une reprise de Sparrow dead, un titre de 1969 de Mighty Sparrow. Le chant est typiquement calypso, l'arrangement musical un peu moins, mais de fait il est assez fidèle à celui de la version originale.

Pour No puedo vivir, annoncé comme boléro avec un titre en espagnol, on donne sans surprise dans le style cubain. Ici, ça fait un peu figure de style imposée. Dans le genre, il y a mieux.

Ceci est apparemment le seul 45 tours publié par Les Juniors. Sur Discogs, il est associé à la fiche d'un groupe nommé Les Juniors de Paris, qui a sorti sous ce nom un unique album, Regrets. Ça doit effectivement bien être le même groupe : ils sont aussi neuf en photo sur la pochette...!
Tous les titres originaux des Juniors de Paris sont signés Alex Dorothée, qui a sous son nom un palmarès discographique bien plus étoffé. Son album Au Krisma Discothèque et sa collaboration avec la chanteuse Meliza ont été réédités ces dernières années.

Au moment où je passais en revue les dizaines de 45 tours chez Emmaüs, je désespérais de trouver au moins un 45 tours africain ou antillais. Je suis bien content d'être tombé sur celui-là, qui a suffi à faire mon bonheur pour ce jour-là.

02 juin 2023

THE FUN BOY THREE : The lunatics have taken over the asylum


Acquis sur le vide-grenier de Mardeuil le 30 avril 2023
Réf : CHS 2563 -- Édité par Chrysalis en Angleterre en 1981
Support : 45 tours 17 cm
Titres : The lunatics have taken over the asylum -/- Faith, hope and charity

Le temps était bien plus agréable ce matin-là que la météo l'avait prévu, avec même un peu de soleil, mais j'ai bien cru que j'allais repartir bredouille de cette brocante de village plutôt sympathique. Jusqu'à ce que je tombe sur le stand d'un gars qui avait plusieurs boites de 45 tours anglais, la plupart sans pochette. Je lui en ai pris huit, dont celui-ci.

Quand Terry Hall est mort à la fin de l'an dernier, j'ai chroniqué ici un excellent single de The Colour Field, principalement parce que j'avais pensé le faire depuis longtemps. Mais je crois que si j'avais alors eu The lunatics have taken over the asylum dans ma discothèque c'est celui-ci que j'aurais sélectionné.
Il y a une raison bien simple pour expliquer cette absence jusque-là : j'ai acheté le premier album de Fun Boy Three à sa sortie en mars 1982, et on y trouve les deux faces de ce 45 tours. A l'époque, mon budget serré d'étudiant m'incitait à éviter de doublonner mes achats...!

Les choses se sont passées très vite en 1981 pour Lynval Golding, Terry Hall et Neville Staple. En juin, The Specials ont sorti le single Ghost town, un excellent titre et presque un nouveau départ après l'album assez inégal Specials plus. Pendant l'été, le disque est classé n°1 des ventes. Mais il y avait depuis un moment des tensions au sein du groupe et, le 11 octobre, le départ des deux chanteurs Hall et Staple et du guitariste Golding est officiellement annoncé, en même temps que la formation par le trio d'un nouveau groupe, Fun Boy Three, qui sort ce premier 45 tours dès le 30 octobre. Impressionnant de rapidité, donc, mais il faut dire qu'ils avaient initialement composé The lunatics... pour les Specials, qui auraient même commencé à le travailler avant la séparation, peut-être pour le sortir comme prochain single.
Avec leur tenue blanche sur cette pochette et sur celle de l'album, j'ai toujours pensé que Fun Boy Three s'était inspiré de Basement 5 pour son look.

Pas de ska pour The lunatics have taken over the asylum, plutôt ce qu'on appelait à l'époque des rythmes tribaux, avec des percussions, une boite à rythmes, plus un clavier comme instrument mélodique.
Le titre signifie Les cinglés ont pris le pouvoir à l'asile. Terry Hall expliquait à l'époque que chaque couplet était à propos d'un cinglé différent. "I see a clinic full of cynics who want to twist the peoples' wrist, they're watching every move we make, we're all included on their list.". Ces paroles n'ont pas pris une ride.
Avec ces paroles et la musique, notamment la ligne d'orgue presque orientale, The lunatics... se serait parfaitement enchaîné avec Ghost town dans la discographie des Specials.
En 2019, les Specials reformés sans Jerry Dammers ni Neville Staple ont sorti l'album Encore, lui aussi classé n° 1 en Angleterre. On y trouve une nouvelle version de The lunatics have taken over the asylum, avec cette fois l'introduction d'un rythme reggae, qui était complètement absent de la version originale.

Je n'ai pas écouté l'album Fun Boy Three depuis longtemps, mais je me souvenais bien de Faith, hope and charity, et notamment de son refrain "Faith and hope and charity, one for you and one for me".
Ce qui m'a vraiment surpris en réécoutant la chanson, c'est que j'ai découvert que, en plus d'une guitare funky, la chanson a une base synthétique qui m'a semblé carrément proto-techno. Et la preuve que je ne dois pas délirer, c'est que j'ai découvert que, en, 1988, le producteur et remixeur de house Danny D a remixé Faith, hope and charity pour la compilation Fierce dance cuts number two.

En plus d'être réjouissant, Fun Boy Three aura donc eu le temps d'être innovant, même si, comme les Specials et comme The Colour Field, le groupe n'a pas tenu assez longtemps pour publier plus de deux albums.




The Fun Boy Three en direct dans l'émission Rockpalast diffusée le 11 mai 1983. Plus d'une heure de concert, avec Faith, hope and charity, The lunatics have taken over the asylum et même une excellente version de Gangsters, violoncelle compris.