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13 août 2009
SONOKO : La débutante
Acquis probablement à Reims en 1987
Réf : CRAM 056 -- Edité par Crammed en Belgique vers 1987
Support : 33 tours 30 cm
19 titres
C'est avec la compilation It's a Crammed, Crammed World! 2 que j'ai découvert Sonoko. Il y avait dessus Wedding with God, qui reste mon titre préféré d'elle, un OVNI musical de toute beauté (dédié à Nijinsky) : chant velouté comme du yaourt (c'est du japonais, principalement !), choeurs séraphiques (dignes des angelots de la pochette de l'album), instrumentation discrète. A la fin de la chanson, on se sent aussi proche d'être marié avec Dieu qu'un curé dans sa 2cv sur une route de campagne un dimanche matin entre deux messes.
Musicalement, je ne vois qu'un point de comparaison, le Subway de Thick Pigeon, paru sur un autre label belge, Crépuscule. Ce n'est d'ailleurs sûrement pas un hasard : initialement, en 1984, Sonoko n'avait envoyé ses démos qu'à trois labels qu'elle aimait beaucoup, Crépuscule, Cherry Red et Crammed. Après des sessions avortées pour Cherry Red avec Morgan Fisher au Japon, c'est finalement à Bruxelles pour le label aux oreilles curieuses Crammed que Sonoko enregistrera en 1986 pendant six mois son premier -et unique à ce jour - album, avec Colin Newman et le duo Vincent Kenis/Marc Hollander d'Aksak Maboul/Crammed à la production.
Je trouve la pochette du disque très réussie. Sur cette photo, avec la peau très blanche, Sonoko ressemble à une poupée de porcelaine qui dit non, et elle est entourée de colifichets (photo, cassettes, éventail, dentelle,...) qui évoquent le bric-à-brac d'influences et de cultures que constitue le disque. Ici, les musiques occidentales et notamment françaises qui ont marqué Sonoko nous reviennent déformées par l'écho et le choc culturel d'un voyage aller-retour jusqu'au Japon. Juste avant elle, Kazuko Hohki avait un peu fait de même, avec son album de reprises de Brigitte Bardot notamment. Depuis, il y a eu bien sûr les Pascals.
Une grosse moitié de l'album est composée par Sonoko, l'autre consiste en reprises qui, de Nino Rota à Gabriel Fauré, en passant par Brigitte Bardot et Suicide, tissent ce réseau de références/influences qui donne sa couleur aux disques.
Wedding with God a beau s'y trouver, ainsi que Souvenir de la mer, un titre électropop light arrangé par Alig de Family Fodder et une version du In heaven de la BO d'Eraserhead, j'ai tendance à préférer la deuxième face (ou plutôt, pour respecter la dénomination employée par Sonoko la face Garden) à la première (face Heaven) car elle comporte une séquence imparable de sept titres : Cheri cheri (reprise légère du Cheree de Suicide), Une histoire de plage (reprise de Brigitte Bardot), La poupée qui fait non (la deuxième reprise "exotique" de ce classique de Polnareff que j'ai connue, après celle de Cristina sur Ze), Marienbad (l'autre sommet du disque, un original en hommage à Alain Robbe-Grillet), I love how you love me (reprise des Paris Sisters), Les gauloises bleues et BB (plus une berceuse qu'un hommage à BB).
Pour Les gauloises bleues, je m'étais attendu à entendre une reprise de 14 ans les gauloises d'Eric Charden. Mais non. Il est bien précisé sur la pochette qu'il s'agit d'une chanson traditionnelle entendue dans le film Les gauloises bleues de Michel Cournot. Ce n'était pas le cas en 1987, mais aujourd'hui, même si la chanson est pour le coup effectivement interprétée en yaourt, il ne me faut pas plus de quelques secondes pour identifier ici Wayfaring stranger, que je connais désormais dans des versions de Johnny Cash, Howe Gelb ou M. Ward.
Après la sortie de son disque, Sonoko a vécu plusieurs années à Paris avant de retourner au Japon. En 2002, elle annonçait travailler sur du matériel pour un nouvel album.
La débutante a été inclus dans la campagne de réédition Crammed global soundclash en 2003 et est donc disponible en CD. Il y a aussi plusieurs titres en MP3 sur le site de Sonoko.
Je ne sais pas si elles le connaissent, mais sinon ce disque serait une bonne idée de cadeau à faire à Sierra et Bianca de Cocorosie, ce genre d'album devrait leur plaire...
je me souviens avoir acheté ce disque en vynil puis la réédition CD ; me revient aussi en mémoire la voix de Jean Claude B. rapportant ses nombreuses rencontres avec Sonoko au Japon et les CD-r qu'elle lui avait remis alors, disques qui ne cassaient pas trois pattes à un canard (bien qu'ils soient en attente d'une éventuelle post production de Seigen Ono), comme quoi il vaut mieux vivre d'une gloire passée que d'une actualité mitée
RépondreSupprimerMoi aussi j'avais beaucoup aimé cet album, et moi aussi je l'avais découverte sur une compilation dun label belge Crammed avant d'acheter l'album. J'aime beaucoup le titre d'ouverture Balcony scène reprise de Nino Rota. A part la reprise de la "poupée qui fait non", pas franchement écoutable, le reste de l'album es une franche réussite très dépaysante.
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